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sur 1040 notes
Vaut-il mieux être ou devenir ? (quoi ? peu importe... choisissez, riche, célèbre, grand, fort, président ou ce que vous voulez).
Bien souvent, je crois qu'il vaut mieux devenir. En tout cas c'est l'une des choses que l'on peut comprendre dans ce livre où l'héroïne se pose la question “Comment peut-on devenir quelqu'un si l'on n'a pas d'abord été personne ?”

Ben justement, on ne peut pas. Ou alors c'est beaucoup plus difficile. On pourrait penser a priori que c'est l'inverse, que je raconte n'importe, quoi mais prenez deux secondes pour y penser : quand on “est”, qu'est ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on vise ? C'est quoi le but ? Par contre, quand on veut “devenir”, il y a un chemin à parcourir, un défi à relever, on donne un sens à sa vie et rien ne peut surpasser ce que l'on ressent quand on a réussi. Enfin je crois.

Dans cette histoire par exemple, nous avons d'un côté Paul Sheringham, qui “est” et d'un autre côté Jane Fairchild qui va “devenir”. Lui est fils d'aristocrate, jeune, beau, riche et désoeuvré, il fait des études de droit sans trop se mettre la pression (à quoi bon puisque son avenir est assuré) et pour donner du piquant à sa vie il pilote un bolide et entretient une aventure en-dessous de sa condition avec Jane, domestique dans le manoir voisin. Jane est donc celle qui va “devenir”. Enfant trouvée, placée comme domestique à l'âge de 14 ans, elle est dotée d'un appétit de vivre peu commun doublé d'une soif d'apprendre qui va trouver à s'épancher au travers de la lecture. Car Jane a de la chance, son employeur l'autorise à emprunter des livres dans sa bibliothèque et c'est en partie grâce à cette fenêtre ouverte sur le monde qu'elle va pouvoir devenir quelqu'un, devenir écrivain pour tout vous dire.

Le dimanche des mères est l'histoire d'une unique journée racontée bien des années plus tard par une Jane qui “est” désormais. En effet, la jeune femme de chambre est devenue une vieille romancière à succès qui se tourne vers son passé et nous raconte en détail ce 30 mars 1924 qui a si profondément marqué sa vie. Cette journée est gravée dans sa mémoire, elle l'a vécue certe, mais avec les années elle l'a aussi magnifiée, cristallisée voire fantasmée (c'est normal, après tout c'est son métier que de faire de la réalité une fiction, et parfois l'inverse).

Donc voilà, Graham Swift nous offre au final un minuscule roman qu'on lit le temps d'un instant, un roman dénué de toute mièvrerie et qui dégage une subtile odeur de nostalgie, comme un parfum d'orchidée...
J'ai beaucoup aimé ce moment, ce moment raconté et ce moment de lecture. J'ai beaucoup aimé le personnage de Jane qui démontre une fois de plus que la liberté n'est pas là où on croit. Simple domestique, elle est en réalité beaucoup plus libre que ces aristocrates guindés qu'elle sert, prisonniers des convenances, des apparences et des attentes liées à leur rang. Eh oui, quand on n'est personne, il est plus facile de sortir du rang.
Elle fait des choses qu'aucune autre femme, parmi “les maîtres”, ne ferait. Quelle classe tout de même quand - nue comme une reine - elle déambule dans ce manoir vide ! Elle descend le grand escalier, mange une tourte à la viande dans la cuisine, parcourt les étagères de la bibliothèque et nous ne pouvons que la suivre en retenant notre souffle, les yeux écarquillés... Quelle classe et quelle délicate sensualité. On a l'impression de voir bouger les rideaux aux fenêtres et danser les grains de poussière dans les rayons de soleil, on sent le vieux parquet sous ses pieds nus, on respire le parfum suave et un peu entêtant des fleurs dans les vases en marbre du grand hall, bref, on peut vivre cette insolente journée de printemps comme si on y était et ça c'est beau.
Lien : http://tracesdelire.blogspot..
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Une découverte pour moi avec Graham Swift que je ne connaissais pas encore.
Un histoire qui se déroule au XXè siècle en Angletterre, loin des chevaux en guise de moyen de transport mais toutefois on reste dans une famille aristocratique avec ses domestiques, en apparence bien considérés et pour lesquels le fameux jour du "Dimanche des mères" est important puisque c'est une journée dite de repos pour le personnel afin de rejoindre et profiter de sa famille.
Pour ma part, j'ai trouvé ce petit roman bien écrit et très habilement raconté par Jane Fairchild, la narratrice. Un vocabulaire riche en sensualité et intense dans le récit ce qui en a fait une lecture très agréable.
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Dans l'aristocratie anglaise, le dimanche des mères, c'est le jour où les employeurs donnent congé à leurs domestiques pour qu'ils puissent se rendre dans leurs familles.
Ce 30 mars 1924, Jane, orpheline de 23 ans, ne sait pas encore comment elle va occuper sa journée, quand son amant, fils de bonne famille et futur époux d'une fille d'aussi bonne famille l'appelle pour un dernier rendez-vous. le récit est à la troisième personne, mais entièrement vu par Jane ; elle relate à la fois les souvenirs de cette journée et ce qui est advenu d'elle ensuite. En observatrice très fine, elle analyse les relations ancillaires et imagine ce qu'elle ne peut voir elle-même avec un sens aigu de la critique sociale.
Le récit est court, incisif, un peu confus aussi parfois, entre les époques et les personnages, mais ce format lui convient bien car l'intrigue est en elle-même très resserrée autour de ces quelques personnages, d'une journée printanière et de l'imprévisible qui nous y attend.
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Je viens de terminer ce court roman et c'est l'une de mes lectures préférées de cette année 2022.

Au début, j'avoue avoir été un peu sceptique, vu le ton très romantique de l'histoire d'amour entre Jane et Paul. Mais ensuite, au fur et à mesure du déroulement de ce 30 mars 1924, l'histoire devient plus large et englobe de nombreux sujets : première guerre mondiale, lecture et écriture, relations entre classes sociales dans l'Angleterre de l'entre-deux-guerres, etc. Et tous ces éléments donnent un récit riche et profond, qui permet de découvrir l'ambiance particulière à ces années 20 en Angleterre, période où tout semble changer et où des familles comme les Niven et les Sherringham semblent perdues. Jane, en revanche, malgré son statut d'orpheline et de domestique, paraît plus adaptée à cette époque : elle donne plusieurs fois l'impression d'être prête à saisir toutes les opportunités que le destin placera sur sa route. Et c'est un peu ce qu'elle fait, finalement,

L'ambiance lente et rêveuse du roman m'a également beaucoup plu. Cela m'a semblé adapté à cette journée de mars qui nous est décrite comme aussi chaude qu'une journée de juin, et au fait qu'il s'agit d'un jour de repos pour de nombreux domestiques anglais à travers le pays. En l'absence de cuisiniers, jardiniers, femmes de chambre (ou de moins ce qu'il en reste après la guerre et avec l'appauvrissement des grandes familles britanniques qui doivent se serrer la ceinture), les manoirs et autres habitations imposantes tournent forcément au ralenti, et l'écriture de Swift rend bien cette sorte de langueur, ce ralentissement des activités habituelles.

Et malgré cette lenteur, j'ai trouvé qu'il se passait pas mal de choses. C'est probablement dû au fait que l'on a quelques indications sur l'avenir de Jane, sur son passage à l'orphelinat, sur sa carrière et

Un très beau court roman, que je vous conseille !
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Coup de foudre littéraire pour ce roman de Graham Swift qui irradie par son incroyable beauté et sa douceur presque insolente tant il plonge son lecteur dans un état cotonneux et hors du temps.

Le jour des mères, c'est ainsi qu'était appelé ce jour de congé accordé par les grandes familles aristocratiques anglaises à leurs domestiques afin que ces derniers puissent profiter de leur famille. Pourtant, pour Jane, la jeune femme de chambre des Niven, nulle célébration en vue : orpheline, elle s'apprête à passer cette journée seule, avec un livre emprunté dans l'immense bibliothèque de son employeur. C'était sans compté sur l'appel de Paul, son amant de longue date, aristocrate et voisin, qui - s'apprêtant à épouser une riche héritière - lui propose de le retrouver dans la demeure des ses parents. C'est ainsi que Jane se retrouve à jouer les aristocrates, allongée nue auprès de celui qu'elle aime, pour la dernière fois avant son union arrangée. Lorsque Paul part retrouver sa fiancée, il lui laisse la maison le temps de quelques heures et Jane prolonge son dimanche des mères à errer dans des lieux qu'elle n'avait jamais parcourus, en tenue d'Eve. Pourtant, cette passionnée de littérature ne le sait pas encore, mais ce dimanche des mères restera gravé en elle à tout jamais comme celui durant lequel la grâce et l'horreur se seront côtoyés de très près, bousculant son avenir à tout jamais.

Comment vous persuader de vous laisser aller à l'immense plaisir de la lecture de ce roman qui célèbre avec tant de réussite l'amour des lettres et de la lecture ? Car c'est avant tout grâce à une atmosphère surannée et incandescente que Graham Swift élève cette histoire, somme toute basique, au rang de chef-d'oeuvre à la sensualité débordante.

Sous la plume épurée et romanesque de l'auteur, Jane devient cette jeune femme éperdument amoureuse - d'un homme d'abord, puis de la beauté et du pouvoir du langage, ensuite - témoin de la chute d'une aristocratie qui, petit à petit, s'effrite et s'efface pour laisser place à un monde plus moderne et industrialisé.

Un moment hors du temps, qui ravira les adeptes des Cazalet et de Downtown Abbey.
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Attention, gros coup de coeur !

Si le début m'a fait penser au film The Little Stranger (2018), qui parle aussi de cette aristocratie agonisante de début de siècle, la suite ressemble bien comme l'annonce le New York Times à une relecture de Cendrillon.

La narration du début est originale, avec de nombreuses diffractions du sujet, un tournage autour du pot qui revient à l'entrevue de ce couple bien mal assorti, à ce cendrier posé sur le ventre. Une pendule brulée, le temps arrêté. Cela donne quelque chose de presque méditatif, le fait de suivre l'intrigue, et d'être ramené à ce point initial, comme un ancrage dans l'histoire.

Car il s'agit d'un point de départ. C'est la mort des barrières de la naissance, et la naissance d'une écrivaine. Nue, comme un bébé dit-elle, Jane déambule et se révèle, après le départ de son amant. Mais la Cendrillon ne sort pas de la cuisse du prince, mais de ses propres efforts, de son propre talent (elle accouche d'elle-même dirons-nous). Et la figure du prince fascine, obsède du fait de son absence. Des prolepses nous indiquent en effet l'avenir (et on ressent la même mélancolie que dans La ligne verte, mais si vous savez, quand tout le monde meurt et qu'il ne reste que Mr. Jingles). La brièveté de la vie. L'imprévu.

Et ce n'est pas tout. L'écriture est belle, sans trop en faire, avec des pichenettes pour nous réveiller de notre hypnose. Et surtout, elle murmure plus qu'elle ne dit, elle suggère magnifiquement. Il y a écrit sur la quatrième de couv' « un véritable joyau ». Je trouvais ça un peu pompeux, mais j'ajouterais encore plus cliché : c'est un diamant brut. On le lit, et l'auteur a l'intelligence de nous laisser le sculpter nous-même. le résultat ? On le finit et on veut le relire. Et ça, les amis, c'est assez rare pour être souligné.
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Belle journée ensoleillée ce dimanche de mars !

On est envahit par l'émotion sur l'histoire de Jane, presque 100 ans d'existence et un parcours osé, tumultueux en ce début de siècle en 1924.
Un dimanche pas comme les autres, servante retrouvant son amant, voisin des ses patrons.
Journée particulière pour les domestiques qui profitent de ce seul jour de libre pour retrouver leurs familles.
Tout part crescendo dans ce texte d'une richesse des mots, des descriptions de lieux, les sensations de l'héroïne, ses suppositions, ses rêves et la séparation des amants...
Jane devenue romancière, décrit avec malice et sans impudence ses amours, son mari, son ascension dans ce siècle aux 2 guerres sans regrets et toujours avec l'amour de la lecture des grands romans « aventures » réservé en ces temps aux garçons !
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Parfois vendu comme un « Downtown Abbey », ce roman sentimental, un peu paresseux, relate les derniers feux amoureux entre Jane, une femme de chambre, et Paul, l'aristocrate promis à un brillant mariage. Un dernier rendez-vous clandestin avant la noce, le dimanche de l'année où les domestiques ont congé pour se rendre dans leurs foyers.
L'intrigue reste assez banale, portée par une plume alanguie. La lecture de ce roman pourtant assez court, m'a paru paradoxalement longue et pesante.
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La narratrice, à la fin du vingtième siècle, revient sur le dimanche des mères, tradition anglaise qui lorsqu'elle était jeune, consistait à donner leur journée, une fois l'an, aux domestiques, pour qu'ils ou elles aillent rendre visite à leur mère. En ce dimanche de mars 1924, les autres bonnes s'éloignent à vélo ou par le train mais pour Jane, il s'agit d'une journée de liberté puisqu'elle est une enfant trouvée, élevée par les soeurs. Son jeune amant, le fils bien né de la famille voisine, Paul Sheringham, lui fait savoir qu'il l'attend, chez lui. Paul doit épouser une certaine Emma deux semaines plus tard, et ce sera donc la dernière fois où ils se verront ainsi. Il semblerait que le jeune homme ait décidé d'en faire une journée mémorable, il accueille Jane de manière inhabituelle dans sa chambre, la déshabille, et là aussi, c'est plutôt insolite…
Jane ne peut s'empêcher de penser au futur mariage, mais sans rancoeur, juste un peu de tristesse qu'elle cache à Paul, avant qu'il ne commence à se rhabiller pour aller déjeuner avec sa fiancée. le jeune homme ne semble guère pressé. La scène est belle, baignée de lumière, malgré ce qui se trame. Après son départ, Jane prend son temps, elle aussi…
Quel petit bijou que ce roman ! Une pépite de concision et de virtuosité ! Quelle habileté possède l'auteur pour amener, phrase par phrase (et chacune à sa place, avec une signification parfaitement voulue), pour amener donc le lecteur à comprendre ! Il va notamment comprendre de quelle manière ce dimanche contient en quelques heures tout ce qui va devenir la vie future de Jane. Il va saisir bien d'autres choses, mais je ne veux pas en dire trop. Je n'en savais pas trop en commençant le livre, que j'avais d'ailleurs noté sans précipitation, et ce fut vraiment une lecture parfaite ainsi. Ne vous y trompez pas, le livre est court, mais dense, et certaines phrases méritent d'êtres relues, pour mieux s'en imprégner, et pour ne rien rater. Quant aux personnages, et en premier chef, Jane, ils sont hors du commun, et vous ne risquez pas de les oublier.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Un livre relativement court qui nous entraîne dans l'Angleterre des années 20 ou l'ombre de la première guerre mondiale plane toujours. Étrangement, en lisant, j'ai moyennement apprécié ce moment mais après, une impression tenace de ce livre m'est restée avec ces moments et ces lieux décrits si parfaitement par l'auteur... la maison bourgeoise vide de ses occupants, avec l'horloge qui sonne, les fleurs et la poussière légère... ce jeune homme qui s'embarque à toute vitesse pour un rendez-vous manqué...et le devenir si étonnant de cette jeune femme domestique qui sait se taire mais qui réfléchit énormément...un livre très particulier qui a su arrêter la course du temps le temps d'une journée très particulière...
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