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EAN : 9782940133840
Empreintes (01/11/2013)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Par la nature scripturale de sa langue poétique, par l'omniprésence d'une subjectivité située, incarnée dans le monde, ne se prévalant d'aucune certitude, l'oeuvre de José-Flore Tappy appartient à l'histoire déjà longue du lyrisme moderne français. Claire Jaquier (extrait de la préface)
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Recueil composé de deux parties :
- Poèmes de l'ombre
- L'île

Poésie sans grandiloquence
saisissante à chaque détour
d'histoires, association
inattendue de mots secs
communs

Poésie parsemée de grains
de lumière :

Ici des sentiers fuient sous les pas
Là rien que " vérité vertébrale "

Aucune ponctuation


Ainsi ces " Poèmes de l'ombre "

" Entre hier et demain
je marche
sur une planche vacillante
dressée par la lumière

Dessous
le vide l'effroi
des profondeurs
un monde fracturé
où miroite la mémoire

lucarne
dans le noir aujourd'hui
p.11

" le ciel si dur si fermé
assiette de fer blanc
où frappe sans répit
le bec avide des oiseaux

Il faudrait
clouer la faim
sur les portes de hêtre
ou l'étouffer
avec un chiffon d'herbes
p.12

" Nerveuse
mon ombre balaie le sol
prête à bondir
à l'affût d'on ne sait
quel mot d'ordre
quelle étincelle

Mais je la tiens
très courte
nouée à mes chevilles
comme bête soumise
couchée dans la poussière
p.13

" Parfois sans raison
traînée de cigare sur la terre froide
cette même ombre
me désigne du doigt
inerte
à moi-même étrangère
p.14

" Comment guérir
mettre en plâtre
cette fracture
comment tenir
l'incoercible

Bander étroitement
les deux parts de moi-même
serrer dur
le présent le passé
unir
   de force
ces deux moitiés
   brisées

Méprise
p.15

" Trop osciller
  a démis
l'os
  de ma raison

folie   folie

Les pensées vrillent
dans leur chant
  dissonant
p.17

" Si vétuste la lumière
à peine quelques grains
jetés
dans la main des vivants

Bienheureuses
les poules
sans esprit

moi je picore
les restes avariés
d'un vieux rêve
passé
que rien ne peut me faire
lâcher
p.19

" Mon ombre
à l'aventure
divague
silhouette
somnambule

D'aller venir
à force d'errer
finira-t-elle
un jour
par user – l'égarée –
sa pointe sa mine obscure
à l'arête vive des pierres

crayon fébrile qu'aucune main
ne dirige
p.30

" Les jardins ont mis
leurs gants de givre
aux clochettes rouillées

absence absence
j'épelle
le rien
j'ânonne

ici   là-bas
de moi   à moi
chancelantes syllabes

et glisse l'chevelée
folie entre mes doigts
livides
p.31


Ainsi ces poèmes " L'île "

" Ouvert dans la pénombre
le cerisier déborde
soulève neige et fontaine
échange contre la pluie
tout le sommeil des merles
repousse le ciel
plus haut toujours plus haut

Respirer    respirer

Sous cette grande jupe d'écume
je caresse l'angoisse
j'amadoue l'ennemie
p.37

" Qui sait
demain peut-être
la lumière durcira

brûlant poignard
sur la table des blés
p.41

" Sous la patte
des figuiers pachydermes
l'île fossile
étouffe

Masser la peur la déraidir
chauffer l'endroit où
tout se fige

L'île soulevée
carapace sur le dos reptile
des vagues
p.42

" Mais qui verse
à travers les ruelles
tous ces seaux de lumière
lavant les pavés
de leur sommeil calcaire ?
p.45

" Hésitant
cherchant nos pieds
comme une bête affamée
le chemin
fuit revient
squelettiques
mord nos talons
et furtif
nous quitte
p.46

" Dos
à dos
avec la pierre

Le plein air
pour tombeau

Rien que
vérité vertébrale
p.52

" À l'insu des regards
j'enfile la cagoule
du vent et je vais
anonyme

Si douce la nuit
son velours élimé
sur mon corps disparu
p.54


Enfin cette toute dernière question :
" Faut-il tenir l'espoir par l'anse pour ne pas le briser ?
p18
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Les poèmes m'embarquent, m'enchantent, me bercent, me sortent de ma torpeur, m'enlisent, m'entraînent, m'émeuvent. Bercée par ce chant lancinant.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
L’île


TANDIS QU’UN NOM DANS MA TÊTE CHANTONNE…

Tandis qu’un nom
dans ma tête chantonne
et que glisse
la poussière
écume grise

penchée dans l’ombre
je compte et recompte
une à une les amandes
j’aligne mes pommes
sur les dalles de pierre
coiffe et recoiffe les heures
et je tresse l’éphémère

Sous l’avant-toit
la lumière
pendue
comme un piment
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L'île


Pain sec
ballotté
par les vagues
rongé
de part en part

l'île

Cuite et recuite
poreuse
sa lignite a noirci
les gencives roses
de la mer

p.51
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Faut-il tenir l'espoir par l'anse pour ne pas le briser ?
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ELLE TRANSPIRE l’HUMIDE LA VERTE TERRE…


Elle transpire
l’humide la verte
terre qui persévère
bol de vapeur où
je plonge mon visage

monte
jusqu’à l’opaque
toute sa moiteur

ne rien dire
peut-être est-ce
juste pour respirer
quand le corps
n’a plus d’ombre
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Poèmes de l'ombre


Roussie la terre
rabougries les pousses
que la poussière étouffe

C'est la pierre crue
au goût de fer et de mazout
c'est l'ortie
qui nous remplit la bouche
c'est la racine d'amertume et
l'épine d'acacia

p.29
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