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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un texte très prenant sur la douleur, les questionnements, les périodes de doute intense que peut traverser un écrivain. Depuis des mois, l'auteure est insatisfaite de ce qu'elle écrit, les mots lui semblent des "coquilles vides"...Michèle Gazier et Marie-Claude Char, créatrices des éditions des Busclats, lui demandent de rédiger un texte parlant d'un "pas de côté" d'un écrivain...
Cela sera l'occasion pour Laurence Tardieu de se poser, de faire le bilan, d'interroger le pourquoi de son impossibilité à retrouver les "vrais mots", la vérité recherchée dans l'écriture...Elle narre ses doutes, son parcours d'écrivain, ses différents romans, chaque fois concrétisation d'une étape à franchir, les écrivains qu'elle admire et qui l'éclairent...ses remerciements et sa reconnaissance à son éditeur, Jean-Marc Roberts, qui bien que déjà gravement malade,l'a encouragée, lui a trouvé le titre de cet écrit consacré aux affres de l'écrivain face à la page blanche...

"Il existe des oeuvres de fiction qui répondent, pour moi, magistralement, à cette exigence de vérité: je pense par exemple à la trilogie des jumeaux d'Agota Kristof. Dans ce texte, Agota Kristof prouve combien la fiction peut s'approcher au plus près, de manière brûlante, de la vérité. A l'instant même me vient aussi Virginia Woolf, je pense à -Mrs Dalloway-: j'ai toujours ressenti, à la lecture de ce texte qui me bouleverse, combien Virginia Woolf est au bord de quelque chose qui me semble être une vérité" (p.62)

Un texte plein de sincérité sur les parcours inconfortables de l'écriture, remplis de remises en question incessantes, de doutes... de malentendus parfois douloureux avec l' entourage, les proches...l'équilibre à trouver entre la maternité et le travail d'écriture, qui exige une très large disponibilité...

"De la même manière que, dans la vie, il est impossible de comprendre sans rupture, sans souffrance, sans erreur, ce que sont l'amour, la perte et l'absence, la solitude, la maternité, on ne peut avancer, sur le chemin de l'écriture, sans innombrables tâtonnements, glissements, doutes, questions" (p.68)

N.B: Un clin d'oeil et un merci à madameduberry qui m'a fait connaître ce petit ouvrage , cité dans sa liste "Livres en danger...Dangers des livres"
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Parce que depuis vingt et un mois, Laurence Tardieu n'arrive plus à écrire, elle décide de livrer ses impressions, sa quête et son cheminement d'auteur dans ce journal. Elle revient sur ses précédents ouvrages. "Après avoir écrit Rêve d'amour, j'ai compris que je ne pourrais plus jamais écrire comme avant : j'ai compris qu'écrire, ce n'était pas " raconter des histoires". En tout cas ce n'est plus ce que je voulais faire. Ca ne m'intéressait plus. La vie d'ailleurs n'est pas une histoire. Elle n'est pas un fil que l'on déroule avec un début, un milieu, une fin.(...) Mes lectures elles aussi ont changé : j'ai cherché celles qui, désormais, m'indiqueraient un chemin. J'ai découvert Annie Ernaux." Dans son dernier livre La confusion des peines, elle revenait sur la condamnation de son père , le décès de sa mère, les mensonges durant plusieurs années. Un livre intimiste qui lui a permis de passer " du statut de fille à celui de femme".

Celle pour qui "l'écriture est sa colonne vertébrale" cherche à travers ce journal à retrouver le sens des mots avec l'obsession du vrai. Il y a aussi la peur de ne pas y arriver mais également sa vision de l'écriture comme la précision du langage mais aussi "le bonheur d'être dans les mots". "C'est depuis Un temps fou que j'envisage chacun de mes livres comme un travail équivalent à celui d'un plasticien, un travail de composition, mon matériau étant celui des mots et du silence, mots et silence qui par leur frottement forment des sons, ces sons devenant eux aussi matériau, tout le travail d'écriture consistant à pétrir cette matière, dans un mouvement, un autre, un autre encore, la pétrir jusqu'à faire apparaître quelque chose. Apparaître voulant dire alors : faire exister. Que, par ce long et lent malaxage, les mots deviennent vie. L'auteur sait à quel moment, soudain, dans le travail, quelque chose existe. Quel bonheur, alors, quel bonheur profond."

Je pourrais citer le livre en entier car chaque mot résonne. Et quand elle parle de ce que l'écriture lui apporte, en remplaçant le mot "écriture" par "livres", j'ai y retrouvé mes sensations de lectrice et cet enivrement, cette extase induit par les lectures.

Et il y a cette phrase terriblement belle "Grâce à ce texte, je suis est passée d'une forme de mort à une vie nouvelle" alors nous ne pouvons que la remercier et lui dire nous vous attendons Laurence.

Plus qu'un coup de coeur (mais vous vous en doutiez) !
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Le livre de Laurence Tardieu pose, à propos de l'écriture, des questions essentielles : qu'est-ce que la vérité ? Comment se distingue-t-elle de la fiction et du « vrai » et pourquoi, à un moment de la vie d'un auteur, n'est-il plus possible de la fuir ? Jusqu'où faut-il aller dans cette quête ? A quels dangers se confronte l'écrivain ?
Comment poursuivre l'oeuvre quand l'essentiel, croit-on, a été dit, tel est le point de départ et l'enjeu de l'Ecriture et la Vie. Restée stérile de création après la publication de son dernier roman, la Confusion des peines, livre aussi salvateur que destructeur, Laurence Tardieu est contactée par deux éditrices pour une commande littéraire. L'auteure entreprend alors la tenue d'un journal, à New-York d'abord où elle se trouve en voyage, puis de retour à Paris (les lieux de travail et le dépaysement ont leur importance). Ce journal sera tout autant espace et temps de réflexion que tentative de réenclencher un processus d'écriture abandonné depuis près de deux ans.
Retrouvant la parole, Laurence Tardieu nous dit, avec un souci constant de clarté et de sincérité, qu'écrire est conquérir une liberté telle que l'acte met en danger. Parce qu'il est seul à même de découvrir des territoires intimes, au contenu inconnu, parfois dévastateur, à tout le moins déstabilisant. Il bouscule toujours un équilibre chèrement acquis et qui peut s'avérer précaire, voire factice. Parce qu'il met aussi en péril l'espace familial (lieu de refuge, mais pas de liberté), amical ou amoureux par son intransigeance, sa violence, et le désordre qu'il sème.
« L'écriture ne cesse de nous placer en position extrêmement inconfortable. Elle nous pousse vers le vrai. Dans la vie, on ne cesse de s'arranger avec nos misérables petits mensonges ».
Laurence Tardieu nous montre qu'écrire n'est pas un passe-temps anodin. Il s'agit d'un engagement de tout l'être, qui demande du courage et laisse derrière lui des perdants, des défaites, des cicatrices. Dépouillement, mise à nu, trahison, il faut n'avoir peur de rien pour atteindre sa vérité, même pas d'aller si loin que c'est l'impuissance qui prend alors le pouvoir. L'écrivain doit savoir se confronter avec lucidité au tarissement.
La fin du livre-journal est ouverte. On ne sait pas encore si l'entreprise aura été une réussite. Mais, dans son questionnement intime, des pistes s'ouvrent à l'auteure pour revenir à elle et à l'écriture.
Frédérique Germanaud
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C'est un texte très fort, presque un "documentaire" sur le travail d'écrivain, sa quête de la vérité, ses risques, sa nécessité vitale, sa mise en danger...C'est à la fois éclairant et effrayant, mais indispensable, pour comprendre ce que écrire signifie, et donc aussi pour le lecteur comprendre le cheminement, ou du moins un des cheminements, de ce mystère de l'écriture.

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Journal d'une quête, "L'écriture et la vie" nous fait toucher du doigt et du coeur ce que peut être la brutale conviction d'une impossibilité à écrire. En fouillant la blessure des mots soudain vides, Laurence Tardieu partage méticuleusement, honnêtement, sa passion de l'écriture-vraie, del'écriture-vie et la question des choix auxquels sont confrontés les créateurs.
Le vrai ne se niche pas dans tous les mots alignés quels qu'ils soient, mais uniquement dans ceux qui portent, qui soutiennent - telles les poutres d'une charpente - et qui expriment au plus près la réalité et l'intégrité d'une expérience humaine. Ces mots-là sont les liens qui se tissent entre la pensée, les émotions d'un auteur et celles de son lecteur.
C'est tout cela qu'approfondit Laurence Tardieu dans une réflexion qu'elle met en mots et ce va-et-vient entre pensée et écriture, cet enrichissement mutuel est une des nombreuses bouffées de bonheur que procure ce livre.
Qu'on ne se trompe pas ! Il n'y a là aucun narcissisme, aucune complaisance ! Il s'agit de vérité crue comme on dit que la viande est crue. La souffrance est présente, palpable, profonde. Elle n'est pas due à un "manque d'inspiration" ou à un "assèchement" ! Laurence Tardieu aborde la question essentielle de la création et de son rapport au vrai. C'est limpide et bouleversant.
"L'écriture ou la vie" de Jorge Semprun est probablement un des livres qui ont changé ma vie. J'ai découvert le livre de Laurence Tardieu comme on découvre un trésor : avec émerveillement, avec émotion et avec le coeur qui bat la chamade et la pensée qui s'envole...
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