Ce premier tome m'a attiré tout particulièrement, notamment par l'écriture très rabelaisienne de
Brice Tarvel, mais également par l'ambiance qui est proposé. Nous sommes bien en présence d'un livre de fantasy mais il n'est pas question de guerrier élu, de dragons, d'elfes et autres gobelins. Encore moins de jolie princesse à sauver des griffes d'un démon.
Brice Tarvel nous propose plutôt une sorte de conte horrifique qu'on se raconterait le soir au coin d'un feu de cheminée pour se faire peur. Il rappelle furieusement les contes locaux, les légendes urbaines, qui font appel aux peurs primaires, et qui dégage bien souvent un sentiment de dégoût. Sentiment exarcerbé par l'atmosphère que dégage ce récit, une atmosphère malsaine, ou la noirceur se confond avec la puanteur des lieux, à l'image du marécage gigantesque qui sert de décor à cette histoire. La noirceur estd'autant plus présente que la population est l'esclave d'une malédiction antique lancée par un alchimiste revanchard, et qu'il n'existe aucune solution pour la contrecarrer. les habitants sont alors sous le coup d'un avenir sur lequel ils n'ont aucune prise. Cette fatalité engendre des comportements et un mode de vie moribonds.
Brice Tarvel joue le jeu de l'écologie puisqu'il dit très clairement que les eaux de son monde fantastique ont été empoisonnés par les produits hautement toxiques que des alchimistes peu scrupuleux y ont déversés.
L'auteur dépeind alors un monde peuplé de monstruosité, d'êtres difformes, qui doivent se battre sans cesse contre les sortilèges de rétrécissement ou de grandissement dont ils sont les victimes. Certains tirent leur épingle du jeu, d'autres ne font que subir. le talent de l'auteur réside dans le fait que, par la lucidité et la finesse de son écriture, ainsi que par son humour souvent caustique, il réussisse à vendre un semblant d'espoir au lecteur. Tout est noir, lugubre et semble désespéré, mais par l'intervention des quelques personnages, que sont ses (anti?)héros, inhabituels, faibles, criticables et même répréhensibles, brefs humains quoi!, il nous montre la voie de la lumière...