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Ce livre est une longue plainte, un cri guttural qui vient du plus profond de l'âme ; l'âme de Gueule Tranchée. Une vie à la dure sur fond de blues, d'injustices et de gnôle. Gueule tranchée : un nom qui sonne indien. D'ailleurs il en a peut être des racines indiennes, mais seulement peut être car son arbre généalogique n'est pas très clair et pas très glorieux. Une folle pour mère et un père… non on en parle pas, je vous laisse découvrir…
S'il avait un animal totem ce serait le phoenix ou alors le caméléon. Car Gueule Tranchée renaît, surprend par sa capacité à se renouveler, à rebondir, à s'adapter quelles que soient les épreuves et les tourments de la vie. Plutôt devrais-je dire des vies, car il semble qu'il en ait vécu plusieurs. Une constante : il est toujours du même côté de la barrière, celle des marginaux, des laissés pour compte. Il mettra ses talents au service des « gueules noirs » exploités sans vergogne par les compagnies minières, côtoiera les noirs à une époque où la ségrégation était la norme, fera pleurer son harmonica en compagnie de bluesmen plus ou moins célèbres, et pas que des enfants de choeur.

Avec tous ces personnages qui passent, vont et viennent, croisent et recroisent la route de notre héros on pourrait craindre l'imbroglio fatal à l'histoire qui viendrait tout foutre en l'air. Que nenni, Glen Taylor assure. Les potes de GT prennent vie comme par magie et c'est comme s'ils avaient toujours été là. D'instinct on les cerne, on les connaît, on les jauge et on fait un bout de chemin avec eux avant de tailler la route avec ce bon vieux GT. Si d'aventure on les recroise pas besoin de chercher, on les reconnaît immédiatement. Et les femmes, souvent les personnages féminins sont fades dans ce genre de romans. Glen Taylor évite le piège et nous offre des portraits de femmes qu'on oublie pas. Surtout la veuve, taiseuse au caractère bien trempée, elle a du répondant. Certaines seront plus fades, tout comme les personnages masculins, tout comme dans la vraie vie.

Alors on vie avec GT, on tremble pour lui, on compatit, on se révolte, on l'accompagne et quand enfin il arrête de bourlinguer il faut le laisser partir, parce que toutes les bonnes choses ont une fin. Justement la fin, je la trouve parfaite, dans la continuité du récit.

Une grande aventure inoubliable qui laisse derrière elle un parfum de mélancolie.
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Certains livres ont des exigences particulières envers leurs lecteurs, attendant d'eux qu'ils se mouillent et passent un pacte avec eux pour se laisser pénétrer.
C'est le cas de celui-ci, qui s'ouvre sur une scène terrible en forme de rite initiatique dans lequel le lecteur est invité à investir son personnage : dès lors que le lecteur plonge avec Early Taggart, nourrisson jeté à l'eau dans la nuit par sa mère folle, il accepte ce baptême purificateur et dans le même temps la pourriture du monde contaminant irrémédiablement la bouche de l'enfant au cours de cette noyade.
Il peut alors accéder à l'âme de Taggart dit Gueule-Tranchée ou encore A.C. et saisir le lien entre ses multiples parcelles de vies décousues : charmeur de serpents, défenseur de mineurs de fonds, homme des bois, bluesman, chroniqueur de faits divers. Il peut vivre l'intimité de tout un siècle, de la naissance de Gueule Tranchée en 1903 à sa mort à 108 ans, au coeur d'une Virginie Occidentale déshéritée et encore profondément empreinte de racisme. Il s'enivre du parfum animal de ce personnage hors du commun, respire sa pureté qui se révèle au contact de la nature et des âmes belles, ressent dans ses propres mâchoires la souffrance de la confrontation de Taggart à la violence des hommes, et brille sous sa lumière sombre de pestiféré mystique.
Pardon pour cet épitaphe hagiographique un peu lourdingue, mais c'est le seul moyen qui me vienne pour témoigner de la délicieuse violence qu'au été pour moi la rencontre avec ce personnage complètement improbable mais parfaitement incarné, ainsi qu'avec ce roman qui, tout baigné d'onirisme étrange qu'il est, recèle quelques pages de toute beauté.
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Une couverture qui m'attire l'oeil, une quatrième de couverture dithyrambique (l'auteur est tout de même présenté comme héritier de Twain, Faulkner et Mc Cullers…), mazette, voilà qui en est presque trop. ..Mais j'ai finalement cédé à l'attrait de cette balade « picaresque » comme ils disent, surtout pour ce surnom : Gueule-Tranchée.
Et je ne l'ai pas regretté.
Au travers de la rencontre d'un homme multiple sur un siècle d'existence, tour à tour charmeur de serpent, tireur d'élite, ermite, harmoniciste ou journaliste, Glenn Taylor nous dresse surtout le portrait d'une certaine Amérique : racisme, ruralité, alcool, religion, bref…mais c'est aussi et surtout la beauté d'une région sauvage, forestière,montagneuse, riche de ressources naturelles : la Virginie occidentale.
Les passages les plus réussis tiennent sans nul doute pour moi à la suggestion de la bataille de Matewan (ou l'un des faits marquants de l'histoire syndicale américaine), aux descriptions de l'exploitation charbonnière, à l'évocation de la vie des mineurs [entre nous soit dit, leurs conditions de vie n'ont pas véritablement évoluées depuis et restent germinalesques…mais je m'éloigne du sujet]. La fin du livre évoque aussi la mise en place de nouvelles techniques d'exploitation comme le « mountain top removal » ou comment décapiter les montagnes pour accéder plus vite au charbon… Bon, je ne vais pas me lancer dans une diatribe économico-écologique mais me contenter de cette extrait d'un site consacré au sujet : « La foi dit-on, déplace les montagnes. La cupidité est capable, elle, de les araser ». A méditer…
Pour un premier roman, c'est une belle réussite. J'attends la confirmation avec impatience.
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En 1903, sa mère l'a balancé dans une rivière glacée après avoir voulu le baptiser et qu'il lui aurait annoncé le règne du diable sur Terre. Dans cette région minière de Virginie Occidentale, l'eau pollué de la Tug River lui a valu d'écoper d'une terrible infection des gencives, mais au moins il a réchappé à la noyade après avoir dérivé et été récupéré par une veuve spécialisée dans la fabrication d'alcool clandestin. Ainsi est venu au monde Early Taggart plus connu sous le nom de Gueule-Tranchée.
Accro à l'alcool dès le berceau puisque seul le moonshine de sa maman adoptive peu calmer les douleurs de ses gencives à vif et de ses petites dents déjà pourrissantes, énorme bébé grimpant et marchant avant tous les autres, Gueule-Tranchée n'a pas que son orifice buccal qui soit remarquable. Capable d'étendre pour le compte un sacristain dès sa prime jeunesse, expert du maniement de la fronde, puis du fusil, expert en cunnilingus, joueur légendaire d'harmonica (cela va sans doute de pair), homme des montagnes, journaliste reconnu, admirateur de JFK et admiré de lui, Gueule-Tranchée Taggart va ainsi traverser depuis le fin-fond des Appalaches un siècle d'histoire américaine. Une histoire qu'il observe à distance tout en la faisant.
Car il est là sans être là, au coeur de l'événement mais en même temps légèrement à côté. C'est certainement ça, une légende. Gueule-Tranchée, c'est à la fois Davy Crockett, Joe Hill, Jack London et Paul Bunyan, c'est un hommage à peine voilé et véritablement talentueux à Little Big Man et c'est aussi tout simplement un conte moderne qui brasse avec bonheur des thèmes universels ; la question du progrès, de l'apparence, de la vengeance que l'on décide ou pas d'exécuter, des remords et de ce que l'on laisse derrière soi.
Glenn Taylor, en définitive, avec sa Ballade de Gueule-Tranchée, n'écrit rien de foncièrement original. Mais l'envergure qu'il donne à son personnage, la puissance d'évocation de son écriture, la façon dont il use sans abuser de l'humour et de la tragédie et dont il recycle les mythes américains et universels font de son roman un livre à part. Oui, on a déjà lu ou vu ça, mais Taylor sait y ajouter ce je ne sais quoi qui rend tout cela unique.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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La ballade de Gueule-Tranchée, premier roman de Glenn Taylor, pourrait être une vieille chanson de blues. On imagine très bien un vieux Monsieur avec son harmonica conter l'histoire de ce personnage.
Gueule-Tranchée n'était pas destiné à vivre très longtemps. Jeté par sa mère dans une rivière gelée dans le but de le baptiser, il survivra et sera recueilli par une vieille bouilleuse de cru. de son séjour dans la rivière il gardera une infection des gencives qui lui donnera son nom. de là commence pour lui une vie de légende, de mystification durant la première moitié du XIXeme siècle. Héros, hors la loi, ermite, il finira par se coudre les lèvres pour ne plus avoir de contact avec les hommes.
Glenn Taylor nous raconte une histoire totalement invraisemblable mais avec beaucoup de talent. On y croit... La gnôle et la musique, la vengeance et les liens du sang, l'amour et la nature, le partage et l'apprentissage, autant de moments forts et importants qui rythment la vie de cet antihéros qu'on ne peut qu'aimer même s'il ne cesse de faire preuve de faiblesse. Un personnage incroyable ! C'est un vrai bonheur d'écouter ce vieil affabulateur nous raconter sa vie et les moments forts du XXème siècle américain. Un auteur à suivre !
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La Ballade de Gueule-Tranchée, c'est Itinéraire d'un enfant [aux dents] gâtées dans les Appalaches.

Cette histoire que nous conte Glenn Taylor est celle de Early Taggart. Né d'un père qu'il ne connaîtra jamais et d'une mère folle qui voyait en ce chérubin la démonstration du démon, il commence sa vie par un baptême, jeté dans la rivière par celle qui l'avait mis au monde. Sauvé par une veuve en aval du cours d'eau, il développera une maladie des gencives et des dents qui seront ses stigmates pour toute sa vie. D'où son surnom de Gueule-Tranchée, dit GT.

GT va vivre tous les drames de cette région dont les principales activités sont les mines de charbon et les bois. Taggart évolue dans un milieu de violence exacerbée par une évangélisation menant à l'hallucination dominicale, aidée en cela par une consommation d'alcool, prohibée, mais extrêmement frelatée qui annihile les derniers neurones de la population.

GT est un garçon au grand coeur, qui trouve le réconfort face à la méchanceté des autres, dans ses montagnes. Sauvageon, sa mère adoptive, bouilleuse de cru, lui apprendra la survie dans cette nature rude. Ces bois seront souvent sa retraite face à la folie des hommes à laquelle parfois il se mêle. Convaincu par une idée ou par des personnes, il s'investira toute sa vie dans des causes qui le desserviront.

L'auteur de ce très beau roman, très masculin je pense, oppose ainsi la beauté des idées et du monde à la vie des hommes. Tout le monde aspire au bonheur, mais personne n'obtient finalement le soulagement d'une quiétude. Sommes-nous finalement si libre de nos décisions et de nos actions ? Ne sommes-nous pas tous tenu par quelque chose qui nous attrape, l'Amour, l'Amitié, l'alcool, la violence, le plaisir du pouvoir, la Famille, et qui nous détruit, nous rend malheureux ou tout simplement triste, parce qu'ainsi est la vie ? C'est ce que transcris finalement le Blues, cette musique de l'Amérique profonde qui nous accompagne dans la lecture de cette ballade. N'est-ce pas également ainsi que la mère adoptive de GT dira à son fils en lui répétant régulièrement « ne te laisse pas embobiner » ? C'est ce qu'essaiera de faire Gueule-Tranchée.
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Gueule Tranchée est née d'une mère qui pensait qu'il était le diable et le laissa tomber dans la rivière deux mois après sa naissance. Comme Moïse, il a été recueilli par une veuve qui faisait sa lessive en amont de cette rivière et elle devint sa mère. Elle avait déjà adoptée une petite fille.
Cette femme leur apprit à lire, à vivre de ce qu'ils trouvaient dans la forêt, de la chasse. Elle gagnait sa vie en faisant de la contrebande d'alcool.
On suit les péripéties de Gueule Tranchée (nom que lui donna sa mère adoptive, car bien que bébé, il avait les gencives et les dents pourries) avec empressement. Il va se mêler aux révoltes des mineurs au sud de la Virginie Occidentale où ceux-ci sont exploités par les propriétaires des mines.
Il devra fuir sa région et restera caché durant 20 années. Il vivra au fin fond d'une montagne, terrer comme un animal, vivant comme un animal et lors d'une rencontre, reviendra vivre au sein de la civilisation, changera de nom à plusieurs reprises, deviendra alcoolique, mais aussi un talentueux musicien d'harmonica, où il rencontrera Chuck Berry, fuira de nouveau, deviendra, dans une autre vie, journaliste, où à cette occasion il rencontrera JF Kennedy.
Il retournera à ses racines et y restera jusqu'à la fin de ses jours. Jusqu'à l'âge de 108 ans.
On vit les évènements de cet état de Virginie Occidentale et des Etats-Unis à travers Gueule Tranchée de 1903 à 2010.
Pour un premier roman, Glenn Taylor a su insuffler un rythme tout au long du livre, on ne le lâche plus. Bravo !
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Envie de dépaysements ? de sentir l'humus sous ses pas ? D'écouter un homme vous raconter une vie de roman ? Alors cette ballade est pour vous. le blues en plus.
En plein coeur. En plein ventre. En plein dans le mille. Ce roman vole le temps, il le fait disparaitre.
On écoute, autour d'un feu de bois un homme des champs, qui a tout vu, tout vécu. Little big man au XX siècle. Ca commence d'ailleurs par un clin d'oeil à ce fabuleux film D'Arthur Penn.
Après, c'est une course poursuite après la vie. Contre la mort, pour la différence, contre l'enfermement, pour l'amour. Des autres, de soi, de cette nature exubérante, dur, acide, calcinée, mine, forage, cow-boy, harmonica, gnôle, saouleries, amitiés, trahisons, haines, cul-terreux, tord-boyaux, course poursuite, familles, promesses. Tout y passe. Toute une vie de lutte. du sang, de la sueur, du labeur. Et toujours une formidable envie de vivre. La ballade de gueule tranchée est un classique… Si si… On en reparle dans dix, vingt ans…
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Un siècle d'histoire des Etats-Unis à travers la destinée peu commune d'un être peu commun. le sujet est attractif, même si déjà vu, mais l'ensemble manque de crédibilité, en partie sans doute en raison du l'absence de fluidité du récit. Les transitions entre les épisodes de la vie du personnage sont abruptes. de même que j'ai eu des difficultés à suivre les personnages secondaires. Lecture ardue

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Il n'y a que la littérature américaine pour voir de tels talents éclores .
Cet opus est un pur chef d'oeuvre .
Il y a iciune histoire parfaitement construite , qui ne laisse rien au hasard et maintient un trés haut niveau pendant tout son déroulement .
Une page d'histoire des usa se déroule sous les yeux du lecteur qui ne peut décrocher tellement cet opus est addictif .
Le style est flamboyant , ample , parfaitement adapté à cette histoire hors norme .
Les personnages sont plus que crédibles , ils vivent sous les yeux du lecteur , qui découvre une plume incroyable avec ce premier roman d'un niveau rare .
Voila un opus incontournable au vu de sa profondeur et de sa puissance .
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