AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,9

sur 394 notes
Ils sont quatre, un frère et trois soeurs.
Leur père est décédé il y a un an.
Et maintenant les trois soeurs n'ont plus qu'une seule envie : quitter cette ville de caserne de province dans laquelle leur père a été muté il y a plus de 10 ans pour retourner à Moscou leur ville natale.
Mais voilà bien qu'Andreï, le frère s'est fiancé à Natacha.
Le temps a passé, 4 ans plus tard Andreï et Natacha sont mariés.
Et Natacha devenu la maîtresse de maison a réussi à en chasser les trois soeurs.
Andreï a renoncé à son rêve de devenir professeur à l'université Moscou et ses soeurs à celui de retourner y vivre.
Et puis les militaires eux-mêmes quittent la ville, alors même qu'ils étaient le seul noyau social des trois soeurs qui se retrouvent désespérément seules.
Elles vont donc devoir apprendre à vivre isolées dans cette petite ville de province dans laquelle la vie s'écoule au ralenti.
Encore une fois Tchekhov a la dent dure sur cette société russe à l'aube du XXème dont il prédit déjà qu'un immense bouleversement la guette.
Bouleversement qu'il n'aura pas l'occasion de voir arriver puisqu'il est décédé quelques années avant la Révolution qui allait voir la fin du tsarisme et de cette petite noblesse de province.
Commenter  J’apprécie          141
👧 « Comment vous dire ? J'ai l'impression que tout sur terre est destiné à changer petit à petit, et que tout change déjà sous nos yeux. Dans deux ou trois cents ans - mille ans, si vous voulez ce n'est pas une question de durée – une vie nouvelle, heureuse, commencera. Cette vie, nous n'en serons pas, bien sûr, mais c'est pour elle que nous vivons aujourd'hui, que nous travaillons, que nous souffrons, enfin ; c'est nous qui la créons –c'est cela seul, le but de notre existence et, si vous voulez, notre bonheur. »
(P.54)

👧 Voilà Irina, Mâcha et Olga, les trois soeurs. Dans leur petite province, elles s'ennuient et rêvent de grandeur, d'un retour à la capitale, d'un lendemain meilleur. de prime abord, dans cette pièce, il ne se passe pas grand chose, comme dans toutes les oeuvres de Tchekhov : dès les premières répliques, on entre dans l'univers d'une famille à la dérive, dans le quotidien de personnages névrosés, désoeuvrés et désespérés, dans l'attente éternelle d'une action qui n'arrive jamais.

👧 Alors, quand une batterie de soldats fait une halte dans leur petit village, jaillit enfin l'espoir d'un changement tant rêvé : l'une des soeurs, déjà mariée, s'entiche d'un soldat ; une autre se fiance à un lieutenant et la dernière retrouve enfin l'envie de vivre. Si le jour semble enfin se lever sur leur morne quotidien, cet événement révélera d'autres écueils bien sombres, un frère ruiné, une belle-soeur avide d'argent et de reconnaissance, et tant de désillusions, de faux-semblants, de drames imprévisibles…

👧 Je n'ai lu que peu de pièces de Tchekhov mais chaque fois, l'émerveillement est au rendez-vous. Il réussit, en mettant en scène ses personnages aux nombreux travers et à la banalité déroutante, à rendre compte de la futilité de la vie, son caractère éphémère, et l'absurdité totale des moyens que nous employons à vouloir éviter le tragique dessein qui nous attend. Moscou est le miroir aux alouettes, l'échappatoire, la voie de secours… l'espoir d'un lendemain meilleur, à portée de main, si seulement on osait…!

Commenter  J’apprécie          70
Cette pièce sur le temps qui passe et efface les rêves quand il ne les détruit pas ; sur l'amour vécu ou raté ; sur le travail et l'ennui est d'un ennui... !

Mais ses dialogues absurdes et délirants, les conversations qui se voudraient philosophiques ont fini par me faire rire et derrière tous ces personnages, j'ai ressenti la dérision et l'oeil acéré que Tchekhov portait sur la bonne société russe !

C'est suffisamment court pour n'être pas trop une lecture douloureuse, bien que mon esprit ait eu tendance à s'égarer !

Challenge MULTI DEFIS 2021
Challenge RIQUIQUI 2021
Challenge XIXème SIECLE 2021
Commenter  J’apprécie          340
Atmosphère très fin de siècle, source d'un vague malaise à la lecture, où l'on sent que quelque part dans le monde les choses vibrent et changent mais pas pour ces trois soeurs qui restent embourbées dans un destin sans vie.
Et toujours cette modernité de ton qui continue de me surprendre chez Tchekov, ces personnages oisifs, enchaînés à leur condition, et qui semblent toujours sur le bord de basculer dans la folie.
Je ne saurais dire si j'aime, ais ce qui est sûr c'est que quelque chose chez cet auteur me dérange et me sort de ma zone de confort, ce qui ne peut être que bien.
Commenter  J’apprécie          251
La pièce est publiée en 1901, et Anton Tchékhov maîtrise de mieux en mieux la construction de l'intrigue, vraiment solide, qui soutient bien l'analyse des caractères et l'instauration des ambiances. Les évocations de scènes d'action sont captivantes, et l'ensemble de la pièce donne un aperçu très complet de la société provinciale russe : l'enseignement, l'administration, le mariage et les enfants, les fêtes, et même des « accidents » plus grands que nature ; alors que, en raison du genre dramatique, elles se déroulent presque toutes hors scène, et l'on en voit surtout les conséquences.

Pour autant, Tchékhov dépeint aussi à merveille la vie insipide d'une ville de province, manquant d'animation, de culture, voire d'intelligence, ville où s'étiolent les trois soeurs, qui tentent de garder courage en projetant de déménager pour repartir à Moscou, où la vie sera forcément plus palpitante et où leur mérite sera récompensé…

Pour entrer dans le détail sans trop dévoiler l'intrigue, disons que j'ai beaucoup aimé les relations évoquées entre les personnages, à travers le quotidien de la vie domestique d'une famille russe.

Le point de vue est alterné selon les personnages à qui Tchékhov confie des tirades importantes ; c'est encore un médecin qui interprète la lucidité désespérée et une forme de conscience collective. En effet, Ivan Tcheboutykine, sous l'effet de l'alcool, finit par révéler certaines vérités dans les derniers actes, au moment où les personnages font le point sur l'évolution de leur vie par rapport à leurs rêves du début de la pièce. C'est ici que l'on peut se faire la réflexion que Tchékhov devient le chroniqueur d'une société finissante, rattrapée par l'inutilité, voire le parasitisme de la bourgeoisie. On est toutefois moins dans la critique « fin de siècle », que dans l'espoir d'une nouvelle société à venir, pour laquelle il faudrait travailler dès aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          70
"Un jour, tout sera bien, voilà notre espérance.
Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion."
(Voltaire)

Olga, Macha et Irina. Les trois soeurs de la pièce - peut-être la plus célèbre - de Tchekhov.
Les proses d'Anton Pavlovitch sont amusantes ou douces-amères, faciles et agréables à lire. Mais "lire une pièce de Tchekhov" me paraît presque aussi incongru que lire Marx pour le plaisir dans un hamac. Il n'est jamais aisé de lire une pièce de théâtre, mais chez Tchekhov, de surcroît, il ne se passe en apparence rien du tout, ce qui peut vite devenir décourageant.
Son théâtre manque d'action et de toute cette impulsivité héroïque qui a poussé Antigone à enterrer le corps de son frère, ou Juliette à se transpercer le coeur avec le poignard de Roméo.
Tout se passe à l'intérieur; les personnages souffrent, mais ils n'ont pas la force d'agir ni d'avancer, et ils se laissent faucher par le destin. Ils veulent s'échapper de leur cercle vicieux, mais ils ne peuvent pas, car ils ne savent pas faire. On peut apprendre quelque chose sur eux que grâce aux dialogues, petits signes... et ce n'est peut-être pas pour rien que souvent les conversations éclatent, et tombent en morceaux faits des longs monologues plaintifs.

"Les trois soeurs" est probablement ma pièce préférée de Tchekhov. C'est vrai que parfois on a du mal à comprendre comment un homme aurait pu s'emparer de l'âme féminine et de ses états avec une telle précision, mais Anton Pavlovitch était de toute évidence un génie.
Ses trois héroïnes sont un merveilleux emblème de l'ancien monde de l'aristocratie russe; monde fait de beauté, de foi, de fragilité et de rêves.
Tout comme dans "La cerisaie", ce monde se heurte aux inévitables changements dans la société, et entre en conflit avec le milieu populaire, représenté ici par Natacha, épouse d'Andreï, l'unique frère de nos trois soeurs. Son manque de jugement esthétique, mode vulgaire, enfants bruyants, et envie de tout accommoder selon ses goûts détruisent la personnalité d'Andreï et repoussent au coin le vieux monde d'Olga, Macha et Irina.

Certes, il y a un espoir : le voyage à Moscou ! "Moscou" sonne comme une promesse de purification et d'un nouveau départ, mais ce voyage est comme le Godot de Beckett : on l'espère et on en parle sans arrêt, tout en perdant peu à peu l'espoir. En attendant le bonheur, les soeurs s'engagent dans divers impasses. Macha tombe amoureuse de Verchinine en espérant une relation de valeur, mais cela n'arrive pas et Verchinine s'en va. le fiancé faute-de-mieux d'Irina meurt en duel. La vie avec Natacha pousse Andreï à la frontière (au-delà ?) de la folie, et il perd la maison familiale aux cartes.

On peut toujours trouver quelque chose de neuf, dans "Les trois soeurs". La pièce reflète avec une dangereuse lucidité les différentes étapes de la vie d'une femme. Quand je l'ai vue pour la première fois, il y a bien des années, avec ma copine P. on s'était mis d'accord que la plus "réaliste" et sympathique est incontestablement Irina. Jeune, sans expérience, naïve, mais pleine d'élan, car la vie n'avait pas encore le temps de lui botter le derrière. Après quelques années, la gagnante est maintenant Macha. Elle a suffisamment vécu pour comprendre que tout ne sera pas toujours comme elle l'imagine, et que parfois il faut savoir renoncer à l'impossible, pour ne pas se morfondre encore davantage. J'ai juste un peu peur du jour où Macha sera éventuellement remplacée par Olga, vieillissante et résignée, usée par la vie et terriblement seule.
Mais d'ici-là, je veux en profiter pour voir et revoir encore plein de pièces de Tchekhov. 4,5/5, мастер.
Commenter  J’apprécie          7215
J'ai eu l'idée de lire cette pièce de Tchekov en lisant « L'échelle de Jacob » d'une écrivain russe. Une plongée dans la Russie tsariste du début du XXème Siècle, dans une « petite » ville de 100.000 habitants. Un monde clos, fermé où les trois soeurs (et leur frère) reçoivent beaucoup. une vie provinciale, étriquée où elles rêvent de futur et de Moscou, la capitale. Elles sont mal mariées ou célibataire, elles ont des rêves, mais tout cela passe avec le temps, les mouvements de garnison, et les aléas du quotidien. Au total, trois soeurs tristes, déçues par la vie (elles n'ont pas trente ans) et un univers glauque.
Commenter  J’apprécie          30
On m'avait décrit cet ouvrage comme une pièce où il ne se passait rien. Eh bien, c'était une description très juste.
Dans une Russie en guerre, Les Trois Soeurs attendent. Elles attendent que la vie réalise leurs rêves, que tout se passe comme elles le voulaient. Elles fredonnent, véhiculent des commérages, ne s'écoutent les unes les autres à moitié. Elles veulent travailler, aller à Moscou, se marier. Elles semblent passer leur temps à vouloir.
A mon sens, l'un des traits remarquables de l'ouvrage est sans aucun doute la capacité d'Anton Tchekhov à ne pas informer les lecteurs sur le temps. Combien de jours se sont-ils déroulés entre deux actes ? Nous ne le savons pas. Peut-être quelques semaines, peut-être quelques mois, peut-être même des années. On sait simplement que les temps passe, et que les soeurs attendent toujours.
Commenter  J’apprécie          70
Olga, Macha et Irina trois soeurs végètent dans un trou de province et rêvent d'aller à Moscou. Irina, la plus jeune est encore pleine d'espoirs au début de la pièce.
Comme souvent dans Tchekhov, peu d'action mais des illusions perdues, des rêves inaccessibles, des rêves d'absolu qui se brisent sur la réalité, sur la médiocrité du quotidien et des êtres.
Puisque leur vie n'est pas aussi remplie de promesses qu'ils l'imaginaient, les personnages rêvent d'un avenir radieux pour l'humanité future.
Le temps passe, les illusions s'évanouissent. Les amours sont malheureuses, décevantes, se défont ou n'aboutissent pas. Les actions avortent également de même.
Commenter  J’apprécie          110
J'ai passé un bon moment avec Les Trois Soeurs. Au début de ma lecture, j'ai eu un peu de mal à me rentrer dedans (je suis plutôt habituée au théâtre classique en vers) mais j'ai fini par vraiment me plonger dans la pièce avec l'impression d'être moi aussi parmi le groupe de personnages. J'ai sans doute eu cette impression car l'écriture est très naturelle, simple et proche des conversations que l'on pourrait avoir. Il y a cependant beaucoup de références à des oeuvres de la littérature russe, à côté desquelles je serais sans doute passée sans me retourner s'il n'y avait pas eu des notes, mais que les spectateurs et/ou lecteurs de l'époque devaient parfaitement comprendre.

J'ai bien aimé les personnages des trois soeurs, qui ont toutes les trois un caractère bien différent, mais qui sont très touchantes, chacune à leur manière.

Au niveau de l'intrigue, j'ai plus eu l'impression d'un enchainement d'instantanés photographiques sur un groupe donné que d'une véritable histoire. Un peu comme si on avait accès à seulement quelques instants sur la chronologie de la vie des personnages. J'ai trouvé cela très intéressant parce que l'on s'aperçoit bien que, malgré le temps qui passe et l'évolution des aspirations des personnages, ceux-ci semblent trop englués pour pouvoir agir. À chaque nouvel acte, on a l'impression de tomber sur un moment décisif, il y a une sorte d'excitation générale puis tout retombe comme un soufflé. C'est une vision très mélancolique et assez désespérante de la vie, mais cela correspond aussi, je pense, aux visions de l'époque (fin XIXe-début XXe). Malgré tout, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup plus d'espoir dans la fin que dans le reste de la pièce, comme si cette fin marquait un renouveau et annonçait une belle suite pour les trois soeurs.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (1470) Voir plus



Quiz Voir plus

Le clafoutis de Tchekhov

Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

Nikita
Volôdia
Fiodor
Boris
Andreï

10 questions
26 lecteurs ont répondu
Thème : Anton TchekhovCréer un quiz sur ce livre

{* *}