Il se rappela une histoire de l’école, l’année dernière : le professeur de roumain avait un garçon, dans la même classe que lui. À la veille de l’épreuve décisive, le garçon avait appris par hasard le sujet et l’avait dévoilé aux autres en échange d’une boîte de bonbons : « Sur l’épopée ». Les connaissances en littérature de Ștefănel étaient au-dessus de toute épreuve écrite. Mais, la plupart de ses camarades firent connaissance de près avec l’épopée et avec l’héroïsme au long d’une nuit éprouvante. À neuf heures moins cinq, le professeur s’assit sur la chaire : « Vous écrirez sur l’épopée : vous avez une heure entière ». Les porte-plume fiévreux commencèrent avec « L’épopée est... », parce que le titre calligraphié embellissait la partie supérieure de la page longtemps avant l’entrée en classe : pour gagner du temps ! Ștefănel regardait, écoutait, réfléchissait, mais n’écrivez rien : il y avait tant d’application autour de lui que la paresse l’avait saisi. Il avait reçu un 1 à l’épreuve écrite de roumain, parce qu’il n’avait rien écrit comme il fallait, même pas le titre. Au lieu de « Sur l’épopée », il avait écrit distraitement « Épopée à la langue roumaine ».
(extrait de « În casa bunicilor » [Dans la maison des grands-parents], traduction de Dolores Toma)
...Do-ré-mi-fa-sol-la-si-do… Do-si-la-sol-fa-mi-ré-do…
Les notes couraient les unes derrière les autres en continu comme un vol d'écolières en chemisettes au-dessus des lits du dortoir : d'un bout à l'autre et rebelote.
[...Do-re-mi-fa-sol-la-si-do… Do-si-la-sol-fa-mi-re-do…
Sunetele gamei alergau unele după altele, mereu-mereu, ca un cîrd de școlărițe în cămeși de noapte, pe paturile dormitorului : dintr-un capăt în celălalt – și iar îndărăt.]
"Cel din urmă basm”
– Eh ! Dis donc,–reprend grand-mère.
– Que veux-tu que je te dise encore, grand-mère ?
– Ce que tu ne m’as pas dit. Qu’est-ce que tu feras quand tu seras grand ?
– Peut-être que j’écrirai, grand-mère.
– Écrire ? Toi ? Écrire quoi, s’il te plaît ?
– Des livres.
– Tiens donc ! Des livres ! Et avec quoi vas-tu les remplir ?
Le petit-fils sourit et se tapote le front du bout du doigt.
– Ça ne te sonne pas creux, mon petit ?
– À moi non, grand-mère.
– Et qu’est-ce qu’il y a donc là-dedans ?
– Vous, grand-père, le gros chat de grand-père, la maison des grands-parents, les paroles de grand-mère, quand elle voulait entrer dans la pensée du petit-fils sans frapper à la porte…
(extrait de « În casa bunicilor » [Dans la maison des grands-parents], traduction de Dolores Toma)
Il allait partir en pays étranger, pour s’ouvrir l’esprit, s’aguerrir. Son désir de voyager s’accomplissait.
« Tu es un homme maintenant », lui disaient ses parents. « Tu es toujours un enfant, mon petit gars ! » soupiraient ces grands-parents.
C’était la veille du départ. Il avait laissé sa mère ranger ses affaires et il était sorti dehors rafraîchir son front en plein vent. Les pas le menaient vers le portail. Arrivé là, il s’accouda, se prit la tête entre les mains. Il y avait un tel poids dans la joie grandiose qui emplissait son âme, qu’il lui semblait que ses paumes soutenaient un soleil couchant…
(extrait de « În casa bunicilor » [Dans la maison des grands-parents], traduction de Dolores Toma)