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Cinq mois. le temps qu'il m'a fallu pour arriver au terme de ce pèlerinage spirituel. C'est beaucoup et si peu à la fois.

Souvent, l'on résiste mal à la facilité de singer le hamster dans sa roue. Les pages filent entre nos doigts, les mots éperonnés tels un canasson écumant par nos yeux impatients. Parfois, il faut savoir laisser le temps mener la bride. Laisser infuser la pensée de l'auteur dans le calice de notre esprit. Laisser maturer sa propre réflexion pour la cueillir à point.

Le format du livre se prête idéalement à l'exercice : un recueil de bloc-notes parus dans divers magazines. Ces billets sont autant de coups de sonde lancés par Sylvain Tesson dans le bain tumultueux du monde et dans son univers intime. Sa pensée coule avec la clarté et la fluidité d'une rivière aurifère dans laquelle le « lectorpailleur » puise des pépites d'aphorismes et de bons mots, des trésors de références pour ses lectures prochaines.

Je sors de ce trop court pèlerinage exalté par une révélation : la vérité (ma vérité devrais-je dire tant il s'agit d'un concept éminemment subjectif) tient finalement à peu de choses. Elle tient dans ce livre.
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Ce livre est un carnet de notes, dans lequel l'auteur a consigné des pensées et sentiments au gré de l'actualité, de ses lectures, ou de ses humeurs. Les sujets sont très variés, sans véritable fil conducteur autre que chronologique, mais avec des préoccupations constantes : la bêtise humaine sous ses multiples formes, sujet inépuisable s'il en est (l'auteur semble s'exclure du lot !), la nature, ou encore comment profiter au mieux de la vie…

Les intégristes de toutes confessions en prennent pour leur grade (normal dans un ouvrage qui accorde tant de place à la bêtise).
La qualité des textes est très inégale mais l'ensemble est plaisant à lire, avec quelques formules bien trouvées. Sylvain Tesson échappe ici à quelques travers mystiques qui ressortaient trop d'autres de ses ouvrages.
Certains s'offusqueront d'un ton parfois moralisateur, mais convenons avec lui que nous devons prendre du recul sur nos modes de vie dans ces sociétés qui filent droit dans le mur.
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"Mille détails insignifiants dont le chatoiement formerait un tout", c'est ainsi que l'on pourrait définir ce bloc note. Géographie de l'instant ce sont des réflexions, des impressions parfois très brèves issues de voyages, de lectures, d'échanges réalisés entre janvier 2006 à Mars 2014. Toujours indulgent avec les humains, Sylvain Tesson n'en pointe pas moins le désespoir d'une nature épuisée. Cultivé, érudit souvent, il ne manque pas d'émailler ses notes de références qui ne résonnent pas toujours mais qui offrent des perspectives de découvertes littéraires. J'ai commencé à le lire ce bloc note dans l'ordre et puis finalement un peu lassée de ma discipline, j'ai décidé de butiner de-ci de-là et c'est de cette façon que j'ai le plus apprécié l'ouvrage qui nous conduit un peu partout dans le monde. Quel bonhomme ce Tesson !
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"Lire nous confirme que la solitude est un trésor."

Géographie de l'instant est une compilation de notes de Sylvain Tesson paru dans le magazine Grands Reportages et divers journaux de janvier 2006 à septembre 2012. Ce sont des notes brèves de quelques lignes à quelques pages avec un titre parfois ambigu parfois clair.

Ses notes sont sa vision du monde actuel, sa réflexion sur le voyage, la solitude, la lecture. Thèmes que l'on retrouve dans Dans les forêts de Sibérie, ils apparaissent ici en début de réflexion.

Sylvain Tesson est un nomade, dans ce livre, on découvre ses voyages en Afghanistan, en Haïti, en Islande, au Pérou : son retour en Afghanistan est un passage émouvant car il a perdu un ami à cet endroit.

L'auteur met de la couleur dans notre quotidien avec ces voyages et ses réflexions pertinentes notamment sur l'environnement : "Mais on devrait se poser une question préalable à celle du nucléaire. Sommes-nous prêts à consommer moins ? A changer notre mode de vie ? A mener une existence moins rapide, moins confortable ? Car nous sommes drôlement accoutumés à cette énergie depuis que le général De Gaulle nous a dotés de notre indépendance atomique ! C'est l'offre qui a créé notre appétit. Puisque l'énergie était si peu coûteuse pourquoi nous en serions-nous privés ? Pour sortir du nucléaire, il faudrait abolir nos mauvaises habitudes. On croit le problème technique, il est culturel." (p.206). Il nous rappelle que l'homme est un bipède donc que la marche est un besoin.

L'auteur nous propose des raisons de voyager et de lire ; le voyage permet la rencontre, de changer, d'admirer la beauté du monde ; la lecture : "Le pouvoir poétique des livres ? – Ils nous font oublier le réel. Ils sont plus forts que lui, ils le masquent lorsqu'il est pénible. Ils tirent entre nous et le monde un écran moins évanescent que celui du cigare car le souvenir d'une lecture ne part pas en fumée au premier souffle. Cette occultation des choses peut sauver l'homme en peine." (p.342-343).

Sylvain Tesson, Géographie de l'instant, Editions des Equateurs (2012)
Lien : http://novelenn.wordpress.co..
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Lire Sylvain Tesson, c'est forcément un grand moment de lecture.
Là, pas de folles aventures autour du monde, pas de récit de longues journées isolées en Sibérie.
Nenni.
Seulement des petits articles, plus ou moins courts, au fil du temps, sur ce qui lui traverse l'esprit. Ses blocs-notes, comme il dit.
Saisir l'instant, griffonner l'émotion du "maintenant" sur un carnet.

Toutes les "pensées" de l'auteur ne sont pas forcément de la même qualité, mais beaucoup sont de superbes pépites. Un regard sur la vie.
On peut ne pas partager toutes les opinions de l'auteur (je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il dit), mais on savoure sa façon de les exprimer.
D'un point de vue littéraire, c'est un régal.
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Jusqu'ici mes lectures de Sylvain Tesson ne s'étaient pas révélées très convaincantes, agacée par le ton de son récit d'ermite russe, pourtant j'ai lu avec intérêt cette Géographie de l'instant.
J'ai aimé car cette lecture correspondait à mon rythme de lecture un peu haché, ce recueil de chroniques se prêtait bien à une lecture en zigzag.
Comme souvent dans ce genre de livres tout n'est pas du même niveau, j'ai aimé les petits récits des antipodes, certains sont beaux, d'autres drôles ou désolants selon la destination ou la période.

J'ai picoré allègrement des titres de livres qui me font de l'oeil et question lecture Sylvain Tesson n'est pas en reste.
Par contre j'ai nettement moins été subjuguée par ses jugements un peu à l'emporte pièce, je n'arrive pas à comprendre ce qui donne autant d'assurance à un auteur sur des sujets qui ne sont en rien de son ressort propre. Comprenez moi, tout le monde à droit à un avis mais le publier sous couvert de l'écrivain voyageur je trouve ça prétentieux et inutile.
Un petit livre plutôt sympathique donc truffé de citations, ça j'aime et de destinations qui font rêver.


Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Un bon moment de lecture. Sylvain Tesson nous présente ses blocs-notes des années 2006 à 2014 et nous fait part de ses réflexions, émerveillements et protestations en fonction du lieu ou de l'actualité. L'auteur, pour reprendre ses mots, préfère la lucidité à l'humanisme béat et ça fait du bien. Des remarques et anecdotes souvent drôles et toujours de nouvelles pistes de lecture. Pas de fil conducteur mais comme il l'écrit : "les blocs-notes publiés ici sont des coups de sonde, des carottages donnés dans le chatoyant foutoir du monde."
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L'instant tanné.
Ancêtre du blog [francisé parfois en cybercarnet], le calepin sert à la capture d'impressions et de réflexions personnelles « encrées » dans la marche du monde. Par la focale de micro-événements (politiques, littéraires, culturels, etc.) riches de sens, Sylvain Tesson espère que ses prises de notes assemblées dessineront in fine une représentation, certes limitée dans le temps mais cohérente, de la vie sur terre soit, tracée à l'encre sympathique, une « géographie de l'instant ».
Le bloc-notes de l'auteur courant de janvier 2006 à mars 2014, a été publié régulièrement dans le mensuel Grands Reportages. S'y agrègent dans les soixante-dix dernières pages plusieurs blocs-notes que l'auteur a tenu pour divers journaux et magazines (Le Figaro, Animan, Libération, Trek, La Croix, Canopée, etc.).
De la géographie grise, ces zones de non-droit en France, de la récupération politique des catastrophes naturelles, du récit épouvantable du Radeau de la Méduse, trois billets débutent le journal et ouvrent le bal tragique et crépusculaire où s'ébat l'humanité depuis son aube. le lecteur est immédiatement happé par le ton et le verbe, les billets étant rédigés dans un style vif et percutant, avec souvent une chute à la clé, brève et incisive. La suite ne va fléchir à aucun moment. En rongeant un câble dans une centrale électrique, une fouine a coupé l'électricité durant une demi-journée à 80 000 Belges. Les découvreurs d'Ötzi, chasseur momifié du paléolithique, semblent tous disparaître accidentellement. du croc du mustélidé à la malédiction de la momie, la pensée magique semble damer le pion à l'esprit rationnel et constructif. L'humour et l'autodérision s'immiscent avec bonheur dans la litanie des maux. Des citations ciselées, des vies exemplaires de personnes souvent méconnues, des références littéraires précieuses émaillent le lugubre cortège de la tragi-comédie humaine. Surnage au-dessus d'un champ ruiné, d'une Terre exsangue, une ligne directrice composée d'une vision hédoniste, nourrie de culture exigeante et d'expériences intenses qui oeuvrent à déchiffrer un monde abscons et absurde, ubuesque et kafkaïen, traversé d'éclairs salvateurs et de traits de génie.
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Sylvain Tesson ne se promène jamais sans un « bloc-notes » qui lui permet de consigner ce qu'il observe, ses pensées, des « éclats de kaléidoscope », qu'il a décidé d'agencer ensuite dans ce recueil : « de l'harmonisation de ces instantanés jaillira une géographie de l'instant ».


Les auteurs l'accompagnent dans ses voyages, de nombreuses citations émaillent ses récits et réflexions, nourrissant ses pensées, montrant qu'ainsi, il n'est jamais seul avec ses réflexions. Elles lui permettent de s'ouvrir l'esprit, de dilater l'idée pour mieux la saisir et la transcrire :


« J'aime les mots d'auteur. Ils sont comme les arbres au bord d'une route. Ils se tiennent là, plantés, sur le côté de notre chemin intérieur. » (p. 30)


« Elles sont la formulation d'une pensée qu'on a caressée un jour et que l'on reconnaît, exprimée avec bonheur, sous la plume d'un autre. »


De fait le lecteur apprend beaucoup en lisant ces anecdotes, comme l'auteur a appris e observant le monde, les plantes, les hommes, les animaux. Des tortues de Yumurtalik en Turquie par exemple, il a appris la persévérance : à leur naissance, ces petites bêtes bravent les prédateurs et les risques multiples pour se rendre dans la mer, et sur 1000 tortues une seule survivra.


« Désormais, lorsque devant moi se dressera un obstacle duquel je n'aurai qu'une infime chance de triompher, je viderai un verre à la gloire éternelle des tortues de Yumurtalik avant de foncer, tête baissée. » (p.46)

de cet alpiniste à qui il demande ce qu'il retient de son incroyable vie d'aventures, il apprend la présence :


« Rien ne m'a plus autant que de marcher au petit matin sur les chemins de la forêt de Fontainebleau. « On court le monde pour chercher ce qu'on avait sous les yeux. » commente l'auteur.


Tout est enseignement, et surtout, tout l'enjoint à vivre ici et maintenant :


« Maintenir l'aiguille sismographique de sa conscience et de sa sensibilité dans l'intervalle de l'instant présent permet d'en éprouver, d'en accueillir toute la valeur. » (p. 160)


Un recueil érudit offert par observateur doté d'une acuïté d'observation aigüe. A recommander !



Lien : http://www.lecturissime.com/..
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Ma gueule cassée préférée, Sylvain fils de et écrivain qui m'est cher. Un adepte de l'instant qui nous livre ses haïkus cérébraux en des textes qui percutent souvent. Carnet de voyage où les distances et les lieux ne comptent plus car ce qui compte ce sont les instants que l'on crée pour une géographie de sa vie, pleine de reliefs. Une façon de voyager bien tentante.
A lire en picorant jour après jour les fulgurances du maître.
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