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Citations sur Petit traité sur l'immensité du monde (275)

Page 33 :
Léonard de Vinci imaginait la montagne en regardant un caillou. Thoreau entendait Dieu dans le chant du grillon.Van Gogh voyait dans la campagne les lignes de force du paysage. Nerval confondait les rues de Paris avec le labyrinthe de son âme. Fulcanelli savait que le nombre d'or régissait la disposition des pétales autour du pistil autant que la course des sphères. Hugo refusait que le parfum des aubépines fût indifférent aux constellations. Le propre des voyants est de ne jamais se satisfaire de ce dont leurs yeux se contentent. Ils traquent l'universel en fouillant l'anecdotique. C'est le principe de la métonymie appliqué à l'observation. Un voyageur doit être capable de glisser du brin d'herbe au cosmos et d'imaginer des planisphères dans les nuages qui passent au-dessus de sa tête. Si un grain de sable suffit à lui contenter l'esprit, son bonheur sera immense d'être jeté dans l'erg !
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LES FORÊTS DU RECOURS

Recourir aux forêts, c'est tourner le dos à la laideur moderne . Ils épousent la beauté éternelle, celle qui sauve le monde selon Dostoïevski.
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Il manque une chose à cette rapide recension des antidotes à l'ennui ! Sur la piste, pour combattre le vide, il y a la poésie ! Le vagabond peut réciter des vers inépuisablement. La poésie remplace les heures creuses. Elle entretient l'esprit et gonfle l'âme. Elle est un rythme mis en musique. Les vers scandent la marche et peuvent être à l'atmosphère : je dis plutôt Péguy dans la plaine arasée, Hugo dans le marais , Apollinaire en altitude, Shakespeare dans la tempête, Norge quand je suis saoul . Et le soir, à la halte, j'arrache de mon cahier de poésie la page qui m'a nourri tout le jour et construis avec elle un petit feu auquel je récite la poème appris. Manière charmante de clore la journée.
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Paradoxalement, plus les techniques scientifiques s'améliorent et plus le champ de l'ignorance s'accroît ; principe de la lampe qui fouille les ténèbres d'un couloir et qui, plutôt que de les dissiper, en repousse la profondeur. Plus la science progresse et plus la lisière de la connaissance s'éloigne. Ainsi, de nouveaux champs de recherches surgissent au fur et à mesure que des outils naissent pour les explorer.
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La marche fait effleurer à la surface de la mémoire les strates de souvenirs rangés dans la boîte en os du crâne, cette caisse d'archives, le plus précieux bagage du voyageur. On fouille, on trie ; un éclair soudain et l'on se souvient d'un moment drôle presque oublié et l'on éclate de rire. Un passant nous prendrait pour un fou car il ne saurait pas que rien ne vaut de passer un bon moment avec soi-même, à parcourir les rayonnages de sa bibliothèque intérieure.
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En réglant son compte à l'espace, le nomade freine la course des heures. Peu lui importe que passent les instants puisque, obstinément, il les remplit des kilomètres qu'il moissonne. Opération d'alchimiste : il change le sable du sablier en poudre d'escampette. Il brise le cadran de l'horloge et se sert des aiguilles pour piquer sa propre croupe. Le temps n'est pas un cheval dont on peut enrayer l'emballement en lui tirant la bride, il est donc préférable de le laisser galoper et de se venger en bouffant soi-même le monde. Au tic-tac de l'horloge, le voyageur répond par le martèlement de sa semelle. Un kilomètre abattu, c'est dix minutes gagnées. La marche à pied oppose au rouleau du temps la mesure de l'espace.
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Qui n'est pas capable d'applaudir des deux mains à l'effondrement de son bien n'est pas totalement mûr pour le vagabondage. Je ne connais pas encore cette félicité perpétuelle et absolue. Trop d'ombres encore au coeur, trop de nuages au front. Mais je pratique une autre discipline : l'oscillation permanente entre le pessimisme intérieur et l'optimisme de façade. Mon âme [est] pleine d'énergie et de santé quand il s'agit de courir le monde, terrassée par la peine quand il faut l'observer.
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Trouver la paix, en battant les chemins.
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J'ai découvert (si tard !) combien un homme seul était en bonne compagnie.
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Son occupant, Victor, m'y avait hébergé en me confiant qu'il ne possédait que trois choses : "une hache pour n'avoir pas froid, un fusil pour n'avoir pas faim et une bible pour n'avoir pas peur".
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