Celui qui choisit la route comme ligne de vie doit préférer regarder la lumière par la fenêtre plutôt que l'obscurité au fond de son puits. Je ne comprends pas les voyageurs qui usent du monde comme d'un divan, et infligent à la route l'insulte d'en faire la thérapeute de leurs névroses.
C'est pour contempler le monde, boire à sa coupe et m'en gorger que je le sillonne.
Pas d'autres luttes à mener que contre les reliefs ou les humeurs du ciel.
Vivre, c'est faire de son rêve un souvenir.
Natsume Soseki, dans des odes au vagabondage, décrit l'homme parfait comme un bambou reposant sur les rives de l'Impassibilité, profitant du moindre souffle d'air sans être affecté par lui, jouissant du plus petit parfum de fleur sans en être transformé. Il reçoit toutes les saveurs du monde, mais ne connaît aucune métamorphose. Les évènements du monde le traversent sans le faire ployer. Les flux des heures glisse sur lui comme l'eau sur les plumes du colvert : sans le mouiller.
Il a été conforté de découvrir un jour que Jack London pensait que " l'homme se distingue des autres animaux surtout en ceci : il est le seul qui maltraite sa femelle, méfait dont ni les loups ni les lâches coyotes ne se rendent coupables, ni même le chien dégénéré par la domestication " ( Les Vagabonds du rail ).
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La nuit d'amour sous les étoiles est le plus bel hommage qu'on puisse rendre aux présences invisibles peuplant le bord des sources.
Le nomadisme est la meilleure réponse à l'échappée du temps.
Quand l'heure n'est pas au souvenir, il suffit de tourner les yeux vers l'extérieur.Dans la plus aride des steppes, les contemplateurs trouveront toujours à s'émerveiller.Leur oeil naturaliste décèlera la plus microscopique trace de vie.Leur âme sera capable de transcender les misérables choses.Léonard de Vinci imaginait la montagne en regardant un caillou.
Qui n’est pas capable d’applaudir des deux mains à l’effondrement de son bien n’est pas totalement mûr pour le vagabondage.