Nouveauté de cette rentrée littéraire d'hiver,
S'abandonner à vivre illustre à nouveau le talent de
Sylvain Tesson pour la nouvelle. Cet aventurier érudit avait en effet reçu en 2009 le prix Goncourt de la nouvelle pour
Une vie à coucher dehors. Les nouvelles qu'il présente ici sont de la même veine. Elle se situent dans les pays qu'affectionne particulièrement l'auteur, la Russie notamment, et principalement la Sibérie, ainsi que l'Afghanistan, la Chine, l'Afrique du Nord, mais aussi la Suisse et … Paris.
Comme à son habitude, Tesson parsème ses textes de références littéraires ou philosophiques. Il souligne aussi quelques stéréotypes, comme lorsqu'il fustige l'opinion que nous, occidentaux, avons généralement des Russes, oubliant que ceux-ci ne peuvent se relever en un clin d'oeil de plusieurs décennies d'un communisme qui a détruit le pays tout entier. Il y a également du vaudeville dans ces nouvelles, tout particulièrement dans La bataille (de Borodino) et La gouttière . Il y aussi de la farce dans le téléphérique, comme de la sagesse, dans le train, et certainement, une bonne dose d'autobiographie et d'anecdotes vécues dans l'ensemble.
Sylvain Tesson excelle dans ce genre difficile, parfois peu prisé des francophones, dont il maîtrise très bien l'art de la chute. Les dénouements nous laissent souvent souriants, parfois étonnés, jamais indifférents. Les personnages que décrit l'auteur sont confrontés à leur destin, tantôt prévisible, tantôt ironique, mais
Sylvain Tesson réussit à ne pas être pessimiste : devant la force du destin, devant l'ironie du sort, il ne voit qu'une attitude possible :
s'abandonner à vivre …
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