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sur 856 notes
« S'abandonner à vivre » est une manière, pour Sylvain Tesson, de résumer le « pofigisme », un mot venu de Russie désignant un état d'esprit, une philosophie. Cela consiste à accepter « l'absurdité du monde » et « l'imprévisibilité des évènements », à se laisser porter par la vie sans chercher à lutter car le combat est perdu d'avance. Pour autant, il n'y a rien de déprimant dans cette résignation, au contraire ! Dès lors qu'elle est acceptée, la vie peut être vécue pleinement et avec une réelle jouissance.


C'est ce que s'efforce de mettre en pratique les personnages de ce recueil composé de dix-neuf nouvelles qui nous font voyager à travers le monde. Dix-neuf histoires pour un ouvrage de 221 pages, c'est beaucoup, néanmoins Sylvain Tesson réussi, grâce à la justesse de son ton et à la finesse de sa plume, à créer juste ce qu'il faut d'intérêt et de plaisir pour que le lecteur ne se sente jamais frustré par la brièveté des différents récits. On y croise des amoureux transis, des amants intrépides, des immigrés plein d'illusions, des guerriers célèbres, des aventuriers, des amateurs de sensations fortes, des solitaires et tant d'autres qui partagent, le temps d'un instant, un bout de leur vie.


L'écriture est riche, travaillée, exigeante et offre un excellent moment de lecture. Plus d'une fois j'ai été saisie par cette narration captivante et soigneusement élaborée. Bien sûr, comme dans tout recueil de nouvelles, c'est toujours un peu inégal et certaines histoires sont parfois en dessous des autres, mais le charme de l'ensemble reste intact et offre une très jolie découverte !
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S'abandonner à vivre, déjà le titre à lui seul est beau. C'est une invitation à un voyage et j'y suis venu. Je me suis abandonné dans ces dix-neuf récits où l'essentiel est dit, pas un mot de trop, tout est là, rien de plus ne s'impose, chaque texte se suffit aux mots qu'il rassemble, un texte réduit à l'os. Je découvre tardivement ce recueil de nouvelles paru en 2014. Déjà six ans...
Je connais Sylvain Tesson davantage pour ses récits autobiographiques, mais son talent de conteur ici me fait dire, - et lui dire par la même occasion si par bonheur il venait à lire cette chronique -, qu'il devrait s'essayer davantage à ce style.
J'aime cet auteur avec son à propos, ses aspérités et les vertiges qu'il nous donne à voir. Ici il fut dit par d'autres lecteurs avant moi son art de la formule qui fait mouche, son art aussi de la chute, essentiel dans la nouvelle. L'art de la chute c'est aussi pouvoir se raccrocher aux branches, aux gouttières, aux gargouilles des cathédrales, aux phrases qui tiennent lieu de chemin. L'art de la chute dans une nouvelle nous renvoie aussi à la cruauté de nos existences, à l'envers du miroir, nous n'avons pas toujours la chance de retomber sur nos pieds. Au fond, nous voudrions être des funambules merveilleux et rester toujours en équilibre sur ce fil improbable qui relie deux mondes : celui où on ne sait pas trop bien d'où l'on vient et l'autre en face où on ne sait pas trop bien encore où l'on va...
L'art de la chute, Sylvain Tesson ne l'a pas toujours eu dans sa vraie vie. Il faillit même y perdre la vie, un beau soir ou peut-être une nuit... Cela s'est passé la même année qu'était publié S'abandonner à vivre. Je me suis d'ailleurs demandé, notamment à la lecture de la nouvelle succulente intitulée « La Gouttière », si celle-ci avait été écrite avant ou après cette terrible chute qui faillit lui être fatale... Si quelqu'un peut m'éclairer, je lui en saurais reconnaissant...
Son écriture est à la verticale de nos vies.
Sylvain Tesson aime les sommets, les parois rocheuses qui jettent un défi pour celui qui les regarde d'en bas, autant attiré par la manière d'offrir des interstices à ses doigts ivres d'émotion que pour le ciel saturé d'azur qui sera là-haut comme une délivrance. Les murs des villes ressemblent aussi pour lui à d'immenses parois vertigineuses, courir sur les faitières des toits, cheminer sur les zincs auréolés du ciel de Paris, parfois l'art de l'équilibre sur les toits se conjugue avec l'amour de la vodka. Tiens ! Comme c'est drôle, j'y pense tout d'un coup, le zinc c'est aussi un autre endroit pour s'auréoler d'ivresse et d'étoiles...
Sylvain Tesson, à travers ses dix-neuf récits, parfois tendres, parfois cyniques, parfois tragiques, parfois tout cela à la fois, s'essayeraient-ils ici à illustrer une description de ce que peut être le stoïcisme ?
Dans ce recueil, nous voyageons sur une immense carte géographique qui nous amène depuis la pointe du Finistère en Bretagne jusqu'au fin fond de la Sibérie en passant par le Sahara, l'Afghanistan ou encore la province chinoise de Hunan, soit plus de douze mille kilomètres. Dix-neuf manières de voyager dans des vies intérieures où parfois le vertige qui nous éprend est aussi grand qu'un des sommets de la chaîne de l'Everest... Dix-neuf manières d'accueillir les aléas, ces « oscillations du destin », où nous avons peut-être ici encore moins prise pour poser nos doigts éperdus que sur la paroi vertigineuse d'une falaise ?
Dix-neuf récits façonnés de rêves, de partances, ou d'envie de partir, de solitudes, d'ennui, d'inertie, de refus de partir aussi...
Dix-neuf nouvelles où le sens de l'esthétique prévaut, où l'érudition est une jubilation, où chaque occasion est saisie avec justesse pour décrier le grotesque de la bêtise humaine. À ce titre, j'ai adoré la nouvelle évoquant la reproduction de la bataille de Borodino... Un délice !
M'est avis que ces histoires sont furieusement empreintes des pérégrinations de l'auteur.
Pour être funambule, faut-il trouver l'élégance infinie dans ce geste d'équilibre qui cherche à s'agripper entre le vide et le plein, entre l'absurde et le sens ?
J'ai aimé les personnages féminins d'Anastasia, Tatiana, Svetlana... entendre leurs voix, ce sont des prénoms qui me sont chers, dont l'un est le prénom de la fille de mon épouse que nous appelons plus communément Nastia... Je redécouvre ainsi un goût prononcé de l'auteur pour l'âme slave...
J'ai adoré le regard cruel et lucide de l'auteur sur le téléphone portable. Et de surcroît son apologie de la correspondance, des échanges épistolaires.
J'ai aimé venir à la rencontre improbable des fées sur une dune que je connais bien (je parle bien entendu de la dune), en presqu'île de Crozon.
J'ai aimé la nouvelle de la Gouttière, j'y ai ainsi appris qu'une fracture du calcanéum est désignée sous le nom poétique de « fracture des amoureux » : elle survient quand l'amant saute trop vite du balcon pour échapper au mari.
Et puis, comment ne pas fondre devant neige des steppes au soleil devant quelques aphorismes qui font désormais un peu partie de l'empreinte artistique de l'auteur :
« Quand elle a joui, elle a fermé les yeux et j'ai cru que le vent avait soufflé mille bougies. »
« Il est rare en voyage de vivre des jours conformes aux idées que l'on s'étaient forgées avant les grands départs. D'habitude, voyager c'est faire voir du pays à sa déception. »
« Une histoire d'amour, ce n'est lorsqu'aucun des deux n'a mieux ailleurs. »
Un seul point m'oppose à Sylvain Tesson lorsqu'il écrit dans une de ses nouvelles : « Je n'ai jamais aimé faire l'amour dans la nature ». Mais tout cela n'est qu'affaire d'expérience et de géologie... Ma pudeur m'empêche ici de donner quelques détails bucoliques qui seraient par ailleurs hors sujet...
Je retiens de ce recueil une ode à la fraternité.
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Écrivain, journaliste et grand voyageur, Sylvain Tesson creuse son sillon et impose une voie à part dans la littérature française. Il s'est fait connaître en 2004 avec un remarquable récit de voyage, L'axe du loup (Robert Laffont)puis avec Dans les forets de Sibérie, qui est un livre culte pour énormémentde gens..

Après le succès de son récit dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson a écrit en 2014 ce recueil de nouvelles dont chaque héros choisit face à un coup du sort ou une absurdité de la vie,une sorte de résignation joyeuse, selon le concept de "pofigisme" cher à la Russie.
Les héros de Tesson habitent à Paris, en Afghanistan, en Yakoutie, en Russie, au Sahara mais tous vont devoir montrer comment leur pogigisme se manifestent face à l'adversité.

L'exil et l'ermite sont deux nouvelles font partie des récits les plus forts de ce recueil certes inégal mais qui montre parfaitement le talent de conteur, un humour noir assez grincant, et la grande capacité d'imagination de Sylvain Tesson.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'agitation lui paraissait la façon de tout arranger. Ils avaient entre eux changé de rôles pour mourir.
On ne meurt qu'une fois un seul r comme me répétait ma grand mère. Des parisiens de 40 ans. Je les ai connus tous les deux. Ça aurait fait un bon nom d'un restaurant bio.
Je les ai présenté l'un à l'autre. je ne sais plus combien de livre de Tesson, j'ai lu. Vous le savez peut être. C'était jour de fête chez cet abruti de Jimmy. nous avions peur de vieillir et nous ne voulions pas attraper des rides en fermant l'oeil. Une de ces soirées ou les parisiens se prennent pour des américains. Parole d'un homme qui explique bien mais qui n'a pas trouvé lui même ce qu'il explique ( Jules Renard)
Je haïssais les taupes. Pourtant je suis myope.
Nous avions fait nos classes au 126e régiment d'infanterie. Une descente de lit ,il appelait cela des fusions-acquisitions. Il s'y eployait en lentes coulées de boue. Il avait le regard cubique. je lis des penseurs marxistes en dormant. Elle avait l'oeil des mouches.
Il vaut mieux ne pas remplir le vase que de vouloir le maintenir plein. (Chinoiseries) Paul jean Toulet et non poulet mangeait. le Tang tseu Kiang je le mangeais
au comptoir des cotonniers. le thé tibetain au beurre rance m'écoeurait.
Le tao to king me lassait. Il m'en fallait beaucoup pour embrasser sa cause. Ce livre me fait penser au livre précédent. Il ne parle pas de divin mais, Il est critique par rapport aux régimes en place. Ils parlent de la même région : la Chine ..Je suis étonné de voir combien les écrivains sont modestes alors qu ils sont très connus. En médecine tropicale comme l'a appris mon père. Grimper c'est se mouvoir dignement dans l'incertain. Pour l'Afrique ce livre ressemble à Ébène un livre que je lis également en parallèle. Jamais personne ne lui cria ‘ bonne chance'. Je mélange les livres entre ébène et celui-ci. Les troupeaux de barkhanes ou j'aime Cioran.
La description flaubertienne je l'aime, je l'adore c'est fou comme je l'aime c'est beau comme il l'aime. le bulbe de l'église où les babouchkas sont à l'oeuvre arrogant et durement galbé. le soleil avait éteint toute joie chez Camus. le pofigisme avait
un don Quichotte à pinces dit le zek.
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« J'avais une gueule de bois à flotter sur l'eau », alors si la barque prend l'eau, le radeau prend le large , d'un geste sec, d'un coup large, avec inconscience ou hardiesse, avec l'élégance de celui qui sait le vide et l'équilibre . Ça tient à quoi ? À soi, peut être même pas. S'abandonner à vivre cela aurait pu être le titre d'un joli roman, où les personnages auraient été les maîtres de leur destin, seraient devenus des héros des temps futiles, auraient décidé de tout bien « penser à vivre », oui mais voilà avec Tesson ça ne peut pas être ça. On lâche prise. Comme ça. On s'abandonne à vivre ? Voilà sans raison. Parce que les destins ont la taille qu'ils ont. Les hommes ont le poids qu'ils ont. le monde est ce qu'il est. Il ne tourne pas rond. Mais très vite. Et quelque fois ne vole pas très haut. On ne maîtrise pas vraiment les choses. Ni la route, ni l' amour, ni l'exil , ni les petits rouages de la grande horloge. Un passeport, un pays, une époque, une guerre, un clop, une rencontre, une gouttière, un changement de saison. Y a peut être qu'au pays des fées que tout fonctionne, question de degrés. Vodka Tesson ! « Beaucoup de gens boivent, très peu savent être bourrés » disait Dutronc. Et bien la vie c'est un peu pareil. C'est toujours moins bon sans les glaçons. Comme l'écriture d'ailleurs. C'est pas que ça soit moins fort, c'est moins bon.
Des nouvelles de Tesson ? Ouais, il est parti « faire voir du pays à sa déception » … au fait, comme ça : une descente en rappel... au bout du fil qui tient la corde ?
(ps : ce livre est un bonheur )

Astrid Shriqui Garain

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« "Pofigisme" n'a pas de traduction en français. Ce mot russe désigne une attitude face à l'absurdité du monde et à l'imprévisibilité des événements. le pofigisme est une résignation joyeuse, désespérée face à ce qui advient. Les adeptes du pofigisme, écrasés par l'inéluctabilité des choses, ne comprennent pas qu'on s'agite dans l'existence. Pour eux, lutter à la manière des moucherons piégés dans une toile d'argiope est une erreur, pire, le signe de la vulgarité. Ils accueillent les oscillations du destin sans chercher à en entraver l'élan. Ils s'abandonnent à vivre. »

Ce pofigisme − néologisme inventé par l'auteur − est le fil conducteur de ce recueil de nouvelles.
Je reproche souvent à ce genre d'ouvrage d'être assez décousu, de n'être qu'une juxtaposition de textes sans grand rapport les uns avec les autres. Mais ici, on trouve une réelle unité, ce qui n'empêche pas les nouvelles d'être très différentes les unes des autres, chacune ayant son caractère, son contexte, son style, ses personnages.
Ce fil rouge fait de ce livre une sorte de grande réflexion philosophique sur l'existence, ou plus précisément, sur la façon de faire face aux difficultés de l'existence.
Car le pofigisme, ce n'est pas baisser les bras et ne rien faire ; c'est utiliser l'élan, l'impulsion donnée par le destin, au lieu de chercher en vain à prendre une autre direction. C'est ne pas gaspiller inutilement son énergie physique ou morale, ne pas gesticuler dans tous les sens lorsque l'on est dans des sables mouvants mais chercher la façon la plus intelligente de s'en sortir.

J'ai vraiment apprécié cette lecture, que j'ai dégustée par petits morceaux pour mieux en profiter. Sylvain Tesson sait très bien utiliser le format court de la nouvelle. Il arrive en peu de pages à déployer efficacement son ironie, son imagination, sa pensée foisonnante. Il varie le style et le ton. Certains textes sont légers, d'autres plus profonds : tour à tour, il nous amuse, nous surprend, nous fait réfléchir.

Chaque nouvelle est dotée d'une citation en préambule, que j'ai pris beaucoup de plaisir à relire après coup alors qu'elle prenait tout son sens et éclairait le texte.
J'ai aimé retrouver dans ce recueil ce que j'aime chez Sylvain Tesson : un grand amour de la nature, un regard sans concession sur les humains, une imagination sans limites, une vivacité d'esprit éblouissante, une originalité toujours étonnante, des convictions fortes et assumées.
Je ne suis certainement pas objective, je ne peux pas l'être avec cet écrivain que j'adore !
Allez, je le concède : comme c'est habituellement le cas dans ce style d'ouvrage, certaines nouvelles sont moins réussies que d'autres, mais l'ensemble se lit avec bonheur.
Attention : le format court est trompeur, et le propos est moins léger que cela peut sembler à première vue. Il y a de la matière, il y a du contenu, pour peu qu'on prenne le temps de faire une lecture autre que superficielle et au premier degré.

« L'Europe de Schengen est peuplée de hamsters affairés qui, dans leur cage de plastique tournant sur elle-même, ont oublié les vertus de l'acceptation du sort. » : la comparaison est cruelle, mais elle est tellement vraie !
Alors, cessons un peu de pédaler et de faire tourner nos roues de hamster. Prenons un peu le temps de voir le monde qui nous entoure et soyons un peu plus dans la réflexion que dans l'action effrénée.

Et parfois, sachons être dans l'acceptation.

S'abandonner à vivre ? Je ne sais pas.
Mais s'abandonner à lire Tesson, certainement !
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J'ai eu beaucoup de mal à terminer ce recueil alors que j'étais persuadée que ça allait passer tout seul. Peut-être est-ce dû en partie au fait que j'avais surtout envie de lire les récits de voyages de Sylvain Tesson, et que je me suis rabattue sur de la fiction faute de mieux (Dans les forêts de Sibérie n'était pas disponible à la bibliothèque). Reste que j'ai trouvé la moitié des nouvelles - sur un total de dix-neuf, me semble-t-il - poussive, le style de Sylvain Tesson m'irritant à force de citations érudites en exergue et d'accumulations d'images et autres métaphores. J'ai toujours pensé que l'utilisation excessive des métaphores était bien trop facile et c'est une chose qui a tendance à m'agacer prodigieusement, à quelques exceptions près. Ajoutez à cela que je trouvais ces nouvelles assez convenues, et faisait montre, parfois, d'un étalage de bons sentiments un rien exagéré. Car oui, bon, on se doute, si on n'est pas trop bête ou pas trop innocent, que les jeunes files russes qui épousent de riches Français pour échapper à leur milieu ont bien des chances de ne pas être heureuses, et qu'un jeune homme ayant voyagé jusqu'en France dans des conditions infectes pour fuir la misère de sa vie au Niger ne va s'épanouir en lavant des vitres à Paris - j'ajouterai que peu de laveurs de vitres et autres smicards, chômeurs et consorts, trouvent l'épanouissement dans le travail. Bref, ce qui sauve plus ou moins cet aspect bons sentiments, qui ne nous apprend tout de même pas grand-chose, c'est l'ironie de la chute, qui intervient presque invariablement.

Bizarrement, j'ai aussi trouvé un petit côté assez bourgeois à toutes les nouvelles qui ne se déroulent pas à l'étranger : les personnages sont alors forcément journalistes, ou exercent un métier de ce genre, et disposent d'un niveau de vie très enviable. Bon, passons. Après tout, Sylvain Tesson parle de ce qu'il connaît. Enfin, tout ça, accumulé, a fini par me fatiguer et j'ai fait une pause au milieu du livre, vu qu'il n'y a pas vraiment d'intérêt à se faire du mal lorsque ce n'est pas nécessaire. Je l'ai repris quelques temps plus tard, et j'ai pris davantage de plaisir à terminer le recueil. J'ai trouvé les nouvelles plus drôles, et surtout, il m'a semblé que le style allait vers beaucoup plus de sobriété. Vers la toute fin - je crois que c'est dans la nouvelle "Le train" -, l'auteur nous explique ce qui constitue le noeud de cohésion de son recueil : la notion de pogifisme, qu'il définit comme "une résignation joyeuse, désespérée face à ce qui advient". C'est plus un prétexte qu'autre chose - d'ailleurs certaines nouvelles n'ont pas vraiment de rapport avec le pogifisme -, un prétexte à écrire sur l'ironie de la vie. Seule une nouvelle va un peu plus loin que les autres, avec un petit côté poétique que n'ont pas les autres, bien qu'elle ne soit pas superbement écrite. C'est "Le barrage", qui vaut surtout pour sa fin. Et qui est tristement d'actualité, partout dans le monde.

Alors voilà : je me suis un peu, voire pas mal, emmerdée pendant la moitié du recueil, sans compter mon agacement récurrent, et j'ai lu le reste d'une traite, tranquillement. Qu'en déduire ? Que je suis devenue pogifiste au cours de ma lecture, évidemment.
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Je viens de découvrir l'univers de Sylvain Tesson à travers ce recueil de nouvelles. J'ai passé un très bon moment et appris pas mal de choses sur certains pays. Une large part est faite à la Russie où il situe plusieurs de ces nouvelles. On sent qu'il aime ce pays difficile. le point commun entre toutes les péripéties et interrogations de ses personnages semble être leur chute innattendue et à chaque fois surprenante. Certains de ces textes apportent un questionnement sur l'humain et les différentes quêtes existentielles de chacun. On sent chez l'auteur une sensibilité réelle envers l'absurdité de la vie mais aussi une volonté de pointer et dénoncer les inégalités de toutes sortes.
Ce livre me fait également penser à "Autour du monde" de Laurent Mauvigné, par sa volonté affichée de situer l'action de ses personnages dans des pays et sociétés différentes. Un trait de notre époque où nous recevons des informations des quatre coins du monde, qui nous sont donc de moins en moins étrangers et où nous voyageons de plus en plus. Mais , comme Mauvigné, Tesson le fait magnifiquement.
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Les nouvelles auraient-elles été créées pour qui n'a pas le temps de lire ? Les nouvelles auraient –elles été inventées par qui n'a pas le temps d'écrire ?

Sylvain Tesson nous livre quelques tranches de vie, quelques pérégrinations philosophiques à l'emporte-pièce, de celles qui peuvent germer dans son esprit de voyageur infatigable. L'occasion pour lui de tailler à grand coup de serpe de son humour incisif dans l'intimité de héros choisis au hasard et livrés en pâture à un lecteur qu'il veut aussi impatient que lui.

Quelques nouvelles pour dire qu'il est là, impatient de vivre et de nous le dire, impatient de repartir. Quelle que soit la destination, avec quand même une préférence pour les endroits les plus improbables où le touriste moderne ne mettra jamais les pieds. Peut-être même à Paris. Une prédilection quand même pour les confins asiatiques, la grande Russie. Pourvu qu'il y ait un vieil ours qui n'aurait jamais imaginé qu'on parle de lui.

Quelques nouvelles, romans d'un quart d'heure, debout dans le train. Pas besoin de marque page.
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Vingt nouvelles ou autant de croquis distillés dans un style personnel, parsemés de ricochets qui suspendent un instant notre pensée, d'images neuves qui rencontrent étonnement, acquiescement, d'observations humaines lucides qui suscitent la réflexion.
Certaines nouvelles plaisent plus que d'autres? Celles que j'ai particulièrement aimées ne rencontreront peut-être pas celles que vous avez aimées ou aimerez.
La vibration est personnelle.
L'auteur s'y entend pour attiser la curiosité (cf. l'histoire "vraie" dans la nouvelle "Les égards"), pour nous entraîner dans le voyage avec le Transsibérien ou parcourir des lieux qu'il connaît bien, pour nous faire palpiter avec les héros du "Téléphérique" et "redescendre" avec eux dans un terre à terre si... petit.
Le concept russe de "pofigisme" -le titre prend alors toute sa signification- développé dans "Le train", ne serait-il pas une bonne manière d'accueillir ces nouvelles?
Même si l'on sait qu'un grain de sable va se glisser, l'effet de surprise est néanmoins garanti à chaque fin d'histoire.
Me marqueront-elles? Peut-être pas.
M'en souviendrai-je? Pas en détail. Mais j'en garderai un bon moment de belle littérature.
"S'abandonner à vivre".
Et si cette affirmation rencontrait le "s'abandonner à lire"?
Peu importe le fond, la forme comble haut la main le délice de la lecture.
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