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sur 924 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Décrire Catherine , surnommée «  Tartine «  , autoproclamée Darling , facile ! Darling , c'est la fille qui , pendant un peu plus de 30 ans , aurait joué à Motus en tirant systématiquement la boule noire . C'est la fille qui aurait gagné au loto en perdant son précieux billet dans la foulée . Ou bien encore la touriste se promenant dans un désert ne dénombrant qu'un seul cactus et qui se le serait pris immanquablement dans la tronche . Darling , autobiographie romancée d'un désert affectif parsemé de plages de malheurs , de dunes de maltraitances , d'ergs de désillusions sans aucun espoir d'oasis à l'horizon , n'étaient ces rares flaques d'eau stagnante et croupie lui donnant malgré tout l'illusion d'une vie meilleure...

Darling , c'est avant tout une rencontre , celle de Catherine Nicolle et de son cousin , Jean Teulé , choisi à dessein dans l'optique de lui narrer sa triste histoire . Chronologiquement , de sa naissance à l'aube de ses 33 hivers – saison tristement chevillée a son coeur et sa vie - l'écrivain retranscrit le parcours dantesque de cette femme martyre a travers son effroyable chemin de croix . Un récit glaçant , éprouvant , à la limite du supportable malgré les quelques envolées cocasses et bien involontaires de son héroine meurtrie . Dès la naissance , Catherine cristallisera la haine violente de son paysan de pere ainsi que le mépris moqueur d'une mere acariatre . Fille non désirée immédiatement perçue comme une charge , elle traversera cet enfer familial avec la persistante obsession d'épouser un routier ! Moi paysante ? Jamais ! Les années passent au rythme des coups , des brimades , des humiliations et des drames familiaux jusqu'à sa rencontre avec Joel Épine le bien nommé , routier rebelle de pacotille possedant le don si précieux d'emmerder tout et tout le monde . Lépine , rien à voir avec l'Épine . L'un célebre l'inventivité quand l'autre porte sa betise crasse , tortionnaire et deshumanisante comme un étendard ! Étron majuscule et nauséabond d'envergure internationale . Pathétique ambassadeur de combats sans panache . Rencontrer Joel , c'est ressentir immédiatement l'irrépréssible envie de devenir camionneuricide ! Alors , je sais , ça pique un peu les yeux mais j'ai pas trouvé plus explicite ! Un triste gland de stature cosmique mais routier avant tout , exact opposé de son autre prétendant , Vincent Blandamour le bien nommé qui n'aura eu pour seul tort que son métier de paysan honni ! Mais Darling , toute à son bonheur à venir , exulte . La chute n'en sera que plus douloureuse...

L'écriture de Teulé est saisissante d'effroi . Il se borne à un récit factuel et distancié sans aucun misérabilisme . L'on suit , horrifié , l'itinéraire maudit de cette femme aussi attachante qu'irritante ! En effet , comment ne pas s'insurger devant la passivité de cette compagne bléssée , avilie , violentée que l'on aimerait secouer en lui conseillant , à l'instar de Forrest , de courir , courir tres loin et tres longtemps pour enfin échapper à sa noire destinée . Seulement voilà , Darling a fait de la brutalité maritale sa normalité , de la fatalité son quotidien , de l'acceptation muette sa regle de vie . Femme naive et soumise , elle n'en demeure pas moins un personnage d'une force peu commune ! En effet , rares sont les individus pouvant se targuer d'avoir traversé tous les cercles de l'Enfer et s'en etre « sorti » malgré tout ! Une vie massacrée , mutilée à coup de taloches et de viols ! Ce bouquin est un témoignage d'une rare violence , véritable hommage à toutes les femmes battues , victimes des coups répétés de tous ces etres immondes que l'on qualifie à tort d'Humain...
A noter que le film éponyme s'en sort haut la main ! Marina Fois y est méconnaissable !

Darling , douloureusement réaliste , plus que jamais d'actualité .
En France , une femme succombe tous les deux jours et demi sous les coups de son mari . Sans commentaire .
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Catherine a rencontré Jean Teulé; elle lui a raconté sa vie.Sa naissance au milieu de la merde maternelle, le mépris de ses parents, son enfance à regarder défiler les camions sur la nationale bordant la ferme familiale, son attrait pour les routiers(symbole de liberté); et puis "Darling"son nom de code sur la CB et son mariage avec Roméo,l'enfer! Et d'autres souffrances encore, d'autres humiliations, d'autres cruautés que Darling toujours surmonte avec un courage de bête de somme.
Il y a chez Jean Teulé quelque chose d'unique. Sans doute la façon brusque, brutale, de happer le lecteur, de l'immerger dans son histoire et lui faire ressentir avec la force de ses mots la tourmente de son héroïne. Chez Teulé, les phrases sont des gifles, les mots des coups de poings qu'il assène avec une verve drolatique, un humour ravageur, une impitoyable férocité. Si bien qu'on se demande parfois qui, de Darling ou du lecteur, est malmené le plus !
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Je découvre Jean Teulé avec "Darling". Pourquoi ce roman et pas un autre de cet auteur? Tout simplement parce que c'était son seul livre disponible ce jour à la bibliothèque. Autrement, l'histoire ne m'aurait sans doute pas inspirée.

Mêlant le comique et le tragique Jean Teulé nous raconte la vie de Catherine-Darling, passionnée de poids lourds et de routiers. Son enfance et son adolescence n'étaient déjà pas à envier, sa vie vire au cauchemar, difficilement imaginable, une fois mariée.

Parmi toutes les horreurs dont elle est victime, elle a tout de même la chance de tomber sur un romancier talentueux qui lui consacre un livre, le premier de sa vie qu'elle lira et, peut-être, qui sait, elle en lira d'autres... Moi, c'est sûr, si je tombe sur un autre de ses romans, je n'hésiterai pas.

Lien : http://edytalectures.blogspo..
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Ce billet est rédigé dans le cadre du programme Masse Critique de Babelio.Massecritiquecom.
Merci à eux !

Darling de Jean Teulé est un petit roman ( 242 p., pocket). D'habitude les petits romans je les lis vite. Mais là je me suis dit qu'il fallait que je m'applique, alors j'ai un peu traîné. J'ai commencé mercredi soir de la semaine dernière, je me suis arrêtée au premier tiers alors que normalement j'aurais enchaîné et bouclé ma lecture dans la soirée. le jeudi j'ai regardé Envoyé Spécial sur France 2 (ça a son importance pour la suite). J'ai repris vendredi dans le TGV pour Nantes, et le TER pour Pontchateau, un second tiers. Et dimanche matin pour finir.

Si j'avais lu Darling d'une traite, je n'aurais sans doute pas relevé les petites choses qui m'ont gênées dans le style (j'y reviendrai) et je serais restée sur l'impression de grande originalité et de force de ce petit sujet.

Lorsque le film Darling de Christine Carrière – que je n'ai pas vu – est sorti, j'avais entraperçu une interview télé de Jean Teulé qui expliquait que Catherine-Tartine-Darling s'était un jour présentée à lui en chair et en os à la sortie d'un tournage de l'émission littéraire de Bernard Rapp. Catherine est une cousine éloignée de Jean, et quand elle lui raconte les premiers épisodes d'une incroyable histoire familiale qu'il ignorait jusque là, Jean Teulé n'en croit pas ses oreilles. Pas d'hésitation, Darling est un formidable personnage de roman, de roman noir, misérabiliste, allant jusqu'au gore.

On est en 1970 en basse Normandie, mais on se croirait dans le décor d'un roman d'Erskine Caldwell. La ferme isolée perchée en haut d'une côte sur une route nationale même pas bordée d'arbres, juste les pylônes et poteaux électriques, les champs à perte de vue, la boue, la porcherie, les vaches. L'idée formidable au centre du roman c'est la CiBi (vous vous souvenez c'était avant les chats sur internet). Est-ce une invention du romancier, ou bien la vraie bouée de sauvetage mais aussi de perdition de la malheureuse Darling ? Peu importe, car l'utilisation qu'elle en fait, comment elle le fait, et ce qui s'en suit sont au coeur du roman et que c'est formidablement raconté.

Quelques descriptions d'ambiance ou de personnages m'ont paru inutilement trop travaillées. Par deux fois c'est « le rire de fourmi » de la mère, plus souvent c'est le "rire d'allumette" du père au point qu'aujourd'hui encore, il parait que la vraie Darling repense à lui chaque fois que l'on craque une allumette près d'elle ! Les métaphores hardies, ou on marche et on adore, ou ça coince.

Pour ce qui est de la description des scènes de tortures variées que subit Darling à tous les âges, et à toutes les pages, l'écoeurement n'est pas loin, mais heureusement l'ahurissement du lecteur devant tant de brutalités et de bêtise touche à l'hypnose et à la fascination. le sommet est atteint avec la narration du jour des noces de l'héroïne, depuis la campagne de dénigrement organisée par les parents de la mariée auprès des invités qui ne tardent pas à déguerpir, jusqu'à la dissolution des pierres de la bague de mariage sous l'eau du robinet des toilettes (c'était du sucre coloré), en passant par les coussins péteurs et verres baveurs du banquet dans la salle polyvalente, rien ne nous est ne lui est épargné. Ce jour là il y a peu de sang versé, juste du vin sur la robe blanche, mais elle ne perd rien pour attendre, la pauvre Darling.

Je vous l'ai dit au début, le roman est basé sur des faits et comportements véridiques, des personnages de chair et de sang. Y croire ou pas ce n'est pas le problème, Jean Teulé y a cru et la compassion pour son héroïne qui soustend tout le roman est palpable, et se transforme petit a petit en admiration dicible. Moi aussi en refermant le petit livre, j'aime et j'admire Darling. Mais j'ai regretté les coupures (texte en italiques) qui interrompent la narration par des dialogues entre l'auteur et la vraie Darling qui lui raconte sa vie. Est-ce que c'est pour faire plus vrai ? Jean Teulé avait-il peur que l'on y croit pas ? Est-ce qu'il faut croire l'histoire vraie pour supporter le récit littéraire ? Pour moi, c'est non. Je n'aurais pas su que Darling existait vraiment, je crois que j'aurais autant apprécié sinon mieux le ton orignial de ce portrait d'une enfant martyre, devenue une femme battue puis une mère déchue de ses droits.

Jeudi à Envoyé Spécial, je regardais le reportage sur les jeunes sans abri. Ils ont 20 ans mais peut-on dire qu'ils sont jeunes ? Cela fait déjà plusieurs années qu'il sont à la rue abandonnés par leurs parents ou ceux qui leur en tenaient lieu. Certains avaient choisi la fugue et se sont enfoncés très vite dans la marginalité. Il suffit de savoir que cela existe pour croire en la vie de Darling, ses efforts éperdus, répétés mais toujours anéantis pour être un petit peu comme les autres, normale. Il aura fallu quarante ans à Darling pour faire entendre sa voix par la plume de Jean Teulé, sa voix que j'imagine gouailleuse, un peu cassée et tendre.



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Catherine, alias "Darling" est née dans la merde et y restera toute sa vie...
Un récit poignant, souvent révoltant, surprenant et rempli de rebondissements.
Comment peut on vivre tout ce qu'a vécu Darling sans jamais flancher? Bien sûr, elle est né dans un monde typiquement agricole des années 60 qui ne laisse pas la place à l'affection des parents, ni à leur soutiens et encore moins à leur compréhension. Quand elle se marie avec un routier, son rêve de petite fille, elle va vite découvrir que sa vie ne va pas être mieux qu'à la ferme.

C'est une histoire addictive, qui me laisse sans voix....
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Femme battue, celle qui se fait appeler Darling témoigne et son parcours est terriblement dur et bouleversant.
Et parfois, l'humour est là pour supporter l'insoutenable.
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C'est une relecture. J'ai lu ce roman en 1998 et pourtant je n'en avais gardé aucun souvenir hormis celui d'avoir été épouvantée. Quelques années et quelques autres livres de Jean Teulé plus tard, ma lecture a été moins émue. Il n'en reste pas moins que la vie de "Darling" fut une horreur. Coups et insultes pendant son enfance, tortures par la suite, c'est incroyable ce que certaines femmes supportent. Malgré tout, Darling veut faire entendre sa voix, par la Cibi d'abord, par la plume de Jean Teulé ensuite. Un destin.
Hommage à Jean Teulé dont l'humour grinçant me manquera.
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La plume de Jean Teulé est froide et incisive, affutée comme le couteau d'un paysan qui s'apprêterait à saigner sa truie ; truie dont les intestins béants ressembleraient à s'y méprendre à une traîne de mariée.

Et on ne sait plus très bien qui, du lecteur ou de l'héroïne, est le plume malmené : Teulé prend le parti d'une narration externe, sans sentiment, sans fard, loin du lyrisme et du pathos. Et chaque phrase est comme un uppercut reçu en pleine gueule par surprise, nous laissant abasourdi, résigné et sonné, à l'image de cette héroïne happée par la violence des autres et dont la seule marque de résistance sera de rester debout, malgré tout.

Un roman qui tient à la fois de la biographie, de l'enquête et de l'interview, et qui dérange, par son sarcasme et ses notes d'humour malsaines, comme autant de maladresses cinglantes lancées à la face du Destin. On rit, on rit jaune d'ailleurs, un jaune pisseux, un jaune crasseux, qui laisse en bouche une saveur torve.
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Je n'ai pas lu beaucoup de livres à la fois plus émouvants, plus abjects et plus tristes que celui-là.
De sa naissance jusqu'au moment où l'histoire est racontée, Catherine n'a pas eu de chance. Disons qu'elle a vécu à peu près tous les trucs horribles qu'une personne puisse vivre dans sa vie. Sans exagérer.

Elle est née dans les années 60, dans la campagne normande. Des parents très paysans, qui deviennent peu à peu fous mais qui étaient pas géniaux à la base… Mais tout va de mal en pis. Et c'est vraiment horrible, parce que lorsqu'on croit qu'elle a touché le fond... En fait, non, pas encore.

Elle m'a fait pensé à la fois à la Carrie de Stephen King et à Thérèse Raquin, l'héroïne d'un roman de Zola que je n'ai pas beaucoup aimé. Les mêmes comparaisons à des bêtes, une allure extérieure très pataude mais assez bouillonnante à l'intérieur, n'agissant que pour des raisons comprises d'elles seules…
Contrairement à ce que j'ai ressenti pour Thérèse, je me suis beaucoup attachée à Catherine-Darling. J'espère de tout coeur qu'elle parviendra enfin à redresser sa vie, afin qu'elle devienne « normale », aussi normale que peut l'être une femme qui a été détruite psychologiquement, moralement et physiquement.
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C'est un livre bouleversant dont je ne suis pas sortie indemne. Je pense ne jamais le relire. La vie de l'héroïne, faite de violences et de renoncements, ne provoque pas l'empathie espérée. Elle est glaçante, presque inhumaine. C'est un témoignage fort mais était-il nécessaire...
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