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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Encore une fois, j'ai passé un excellent moment avec ce court roman de la collection « Une heure lumière » de l'éditeur le Bélial.
Qui est donc cette Molly Southbourne qui semble avoir une vie si différente des autres ?
Pourquoi doit-elle fuir si elle rencontre une fille qui lui ressemble, pourquoi doit-elle éviter de saigner ?
La liste est longue de tout ce auquel elle doit faire attention, mais le risque est-il réel ou imaginaire ?

A peine commencé, j'ai lu le roman en une seule fois, impossible pour moi de le lâcher tant le suspense est haletant, avec une scène d'ouverture qui laisse présager de l'action future.
L'intrigue est originale, on apprendra tout ce qu'on doit savoir au fur et à mesure de l'histoire et la fin apporte son lot de réponses.
Une belle réussite.

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Tade Thompson est un psychiatre britannique originaire du Nigéria, où il a d'ailleurs vécu une vingtaine d'années après sa naissance à Londres, avant de revenir s'installer en Angleterre. En plus de ses aptitudes en matière d'écriture, il est aussi un illustrateur doué.

L'auteur a une grosse actualité cette année, aussi bien en VO qu'en VF : en effet, concernant cette dernière, en plus de la novella sortie chez le Belial' dont je vais vous parler dans la suite de cet article, sont attendues respectivement le 24 avril et le 4 septembre les traductions des deux premiers tomes de son cycle Rosewater. Et dans la langue de Shakespeare, les sorties sont tout aussi alléchantes : le troisième tome dudit cycle, et peut-être surtout la très attendue suite des aventures de Molly Southbourne (en juillet). Bref, si vous suivez un minimum l'actualité de la SFF, il vous sera difficile d'échapper à Mr Thompson en 2019 !

Les meurtres de Molly Southbourne, donc, est la dernière novella en date parue dans la collection Une heure-lumière, qui est désormais devenue une référence incontournable en matière de format court. Illustré comme d'habitude avec brio par Aurélien Police, traduit avec sa maestria coutumière par Jean-Daniel Brèque, ce roman s'avère tout simplement prodigieux aussi bien sur la forme, fluide et très prenante, que sur le fond, d'une richesse peu commune. Signalons d'ailleurs une interview clôturant l'ouvrage, très intéressante et nous en apprenant beaucoup sur les influences et les intentions de l'auteur. Au final, je place ce texte dans le trio de tête au sein d'UHL, pour ma part, aux côtés de l'indétrônable L'homme qui mit fin à l'Histoire de Ken Liu et de Retour sur Titan de Stephen Baxter. Et je ne saurais trop vous recommander sa lecture !

PERSONNAGES, BASE DE L'INTRIGUE

Le récit est divisé en plusieurs parties : dans la première, nous découvrons une femme, enchaînée dans une cave, blessée et ayant été violemment battue, peut-être même torturée. Elle a des problèmes à se rappeler qui elle est. Elle rencontre alors sa ravisseuse, qui se présente sous le nom de Molly Southbourne, lui dit qu'elle va lui raconter son histoire, après quoi elle la libérera. La narration, qui était jusque là à la première personne du singulier, va dès lors basculer selon un point de vue extérieur.

Molly, donc, a grandi dans une ferme isolée, et pratiquement sans voir personne d'autre ou découvrir le monde qui l'entoure autrement que par le biais de la télévision. Et pour cause : dès son plus jeune âge, elle a manifesté un pouvoir peu commun, celui de générer un double d'elle-même (appelé une Molly) chaque fois que son sang est répandu. Ce qui a donc conduit ses parents à édicter des règles très strictes, à suivre impérativement : si elle voit une fille qui lui ressemble, crier très fort et soit fuir, soit se battre si elle ne le peut pas (sa mère l'entraîne au combat très tôt) ; ne pas saigner, et, si elle le fait, essuyer avec une compresse (à brûler ensuite) et asperger la plaie et le sang répandu de détergent ; enfin, si elle découvre un trou, prévenir ses parents immédiatement.

Ce récit d'apprentissage va donc nous détailler les étapes de la vie de Molly et surtout de son évolution psychologique, jusqu'à une ultime (et courte, voire un peu abrupte) partie finale où la novella se reconnecte avec le présent, et où l'identité de la prisonnière est dévoilée. Même si il faut bien dire que pour ne pas l'avoir devinée, il faut être un lecteur vraiment très, très obtus. J'en profite d'ailleurs pour dire que cette conclusion aurait été assez moyennement satisfaisante si je ne savais pas que, d'une part, la suite, The survival of Molly Southbourne, sort le 9 juillet, et que, d'autre part, l'auteur a quatre novellas relatives au personnage dans son dossier de brouillons (oui, quatre : il n'aime pas les trilogies). Et autant le dire, vu la qualité phénoménale de celle-ci, ça risque fort d'être du caviar !

ANALYSE ET RESSENTI

Je ne vais pas me lancer dans une analyse des thématiques explorées, vu que certaines sont parfaitement claires à la lecture du texte (notamment grâce à la citation d'ouverture) et que d'autres (ainsi que les hommages ou convergences littéraires) sont détaillées par l'auteur en personne dans la très intéressante interview qui clôt l'ouvrage (je vous conseille donc vivement de lire ce paratexte). Je dirais juste que l'aspect féminin / maternel / reproducteur est très mis en avant, et que j'ai vu dans le pouvoir de Molly une (vague) convergence avec deux oeuvres de SF qui ne sont pas citées dans ladite interview, à savoir Alien (rappelez-vous du fait que la créature est qualifiée de « fils de Kane »), La musique du sang de Greg Bear (dans la façon dont tout commence, parce que quelqu'un cache une certaine chose d'une façon bien particulière) et un texte dont j'ai très récemment parlé sur mon blog mais que je ne vais pas nommer pour ne pas spoiler ceux qui ne l'ont pas lu. J'y ai aussi vu une convergence avec plusieurs mythes grecs, où le sang, ou parfois certaines parties du corps de monstres ou de dieux, peut donner naissance à autre chose (cf les dents du dragon tué par Cadmos, qui donnent naissance à des guerriers si on les sème), ou bien à une copie de la créature initiale (ou de ses têtes : cf l'Hydre de Lerne). Je dirais pour terminer que le fond thématique est, pour un texte aussi court, d'une exceptionnelle richesse, ce qui participe à l'intérêt considérable de cette novella.

En revanche, parlons un peu taxonomie : j'ai déjà évoqué le récit d'apprentissage, donc parlons genres et sous-genres de l'imaginaire. On ne sait longtemps pas sur quel pied danser avec ce livre, se demandant si on a affaire à du Weird, voire du Réalisme magique (dans tous les cas avec une composante horrifique : signalons en effet que ce livre n'est clairement pas pour le âmes sensibles, vu qu'il décrit avec un naturel désarmant des scènes plus gore les unes que les autres). Et puis au début du dernier tiers, environ, l'auteur nous donne une explication scientifique, inscrivant dès lors sans conteste possible la novella dans la SF (et plus précisément dans son prolifique sous-genre Horrifique : tout comme G.R.R. Martin, j'ai d'ailleurs du mal à concevoir qu'on perçoive SF et Horreur comme deux genres séparés et incompatibles, tant le cinéma, notamment, a prouvé avec brio qu'ils pouvaient être combinés avec brio). J'en profite pour dire que ladite explication est moyennement convaincante ou satisfaisante : l'auteur précise qu'à l'origine, elle était beaucoup plus développée, mais que son éditeur l'a encouragé à tailler dedans pour faire ressortir les éléments les plus marquants du récit. Vu à quel point ce dernier est efficace (je vais bientôt y revenir), on ne va pas lui jeter la pierre (enfin, pas trop), même si j'aurais été curieux de lire la version longue.

Ce qui me conduit donc à exprimer mon ressenti : sur le plan d'une froide analyse, ce texte partait, théoriquement, assez mal. En SFFF, le thème du / des double(s) maléfique(s) est du cent fois vu, littéralement, particulièrement en Science-Fiction, où il a été exploité de cent façons différentes : clones, version de soi-même venue du futur ou d'un monde parallèle (plusieurs des séries Star Trek, par exemple, ont fait un usage plus ou moins intensif de l'univers-miroir, dont TOS, DS9, Enterprise et le récent Discovery), métamorphe, etc. Et je ne parle même pas du récit initiatique (qui est notamment devenu un cliché en Fantasy tant il est courant), ou du fait que fondamentalement, comme nous le confirme clairement l'interview, ce texte est plus ou moins calqué sur Frankenstein ou d'autres oeuvres, ou encore du fait que l'identité de la captive est téléphonée, et ce pratiquement dès le début, ce qui fait que la « grande révélation » de la fin tombe complètement à plat. de même, les différentes étapes du récit ne vous occasionneront aucune surprise, vous saurez longtemps à l'avance ce qui va arriver à Molly et comment. Donc, ce roman devrait avoir peu d'intérêt pour un lecteur expérimenté, pas vrai ? Eh bien c'est tout le contraire, et ce pour une bonne et simple raison : le style.

En effet, le roman s'avère être prodigieusement (je pense qu'ici, le terme n'est en rien galvaudé) immersif, prenant et fluide, et donne envie d'en lire toujours plus et toujours plus vite. C'est simple, je l'aurais lu d'une traite si j'en avais eu la possibilité matérielle, ce qui n'a pas été le cas, malheureusement. C'est dire, pour un vieux de la vieille un peu blasé comme moi, si ce texte est vertigineusement prenant. de plus, voilà une parfaite démonstration du fait que le style d'un grand écrivain ne se mesure en rien à la masturbation intellectuelle consistant à balancer du vocabulaire de m'as-tu-lu et des tournures convolutées, mais bel et bien à l'emploi d'un vocabulaire simple mais efficace dans sa poursuite de ce que devraient être les deux objectifs primordiaux de chaque auteur, à savoir assurer une profonde immersion et une parfaite fluidité de lecture. Qu'on ne s'y trompe pas, pourtant, ce genre de tournures en apparence simples demande bien plus de talent et de technique d'écriture que le fait de balancer du langage ampoulé et du médiévalisant à tour de bras, ce qui ne sert, le plus souvent, que de cache-misère à des mondes aussi ectoplasmiques que les intrigues ou les personnages. Je suis fermement persuadé que la technique ne doit pas se voir, qu'elle doit être au service du récit et non le supplanter : en voici un parfait exemple !

Bref, en plus de sa grande richesse thématique, c'est le style virtuose de Tade Thompson qui, plus que l'intrigue ou qu'un éventuel aspect novateur (ici inexistant) dans le trope SF ou Horrifique exploré, donne tout son considérable intérêt à ce roman court, que je vous conseille vraiment de lire tant il est exceptionnellement prenant. Les meurtres de Molly Southbourne se place sans conteste sur le podium de la collection Une heure-lumière, certes après L'homme qui mit fin à l'Histoire de Ken Liu (qui va être difficile à surpasser), aux côtés de Retour sur Titan de Stephen Baxter, mais largement au-dessus des autres titres, dont le niveau moyen est pourtant remarquablement élevé.
Lien : https://lecultedapophis.com/..
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Qui est donc cette Molly Southbourne ? Après un début assez étrange d'une prisonnière violentée par une femme, cette fameuse Molly, on commence à comprendre que c'est une femme pas comme les autres. Elle raconte son histoire à la captive de son enfance aux derniers instants. Des conseils de son parents quand elle voit une fille qui lui ressemble apparaitre aux différents moments où elle doit réagir très vite pour garder la vie sauve.
Cette nouvelle de la collection Une heure lumière (UHL) de l'éditeur Bélial' est tout simplement excellente et se lit d'une traite, on est rapidement dans l'action et même si les différents souvenirs de son enfance sont assez répétitifs, il y a à chaque fois de petites variations qui permettent de donner sens au récit. Des questionnements viennent vite, pourquoi est-elle comme ça ? le récit serait-il fantastique ? Il m'a manqué des détails dans les différents épisodes mais l'enchainement de ceux-ci donnent du rythme à l'histoire. La fin, détonnante, arrive trop vite mais permet de voir de quel genre est la nouvelle.
J'ai aussi beaucoup aimé l'interview de Tade Thompson, à la suite de la nouvelle, et j'ai hâte de lire la suite des Meurtres de Molly Southbourne (j'ai été déçue parce que je pensais celle-ci déjà sortie en français...!)
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Hémoglobine.

Molly ne doit saigner sous aucun prétexte. Si cela devait arriver, elle serait en grave danger.

J'ai beaucoup aimé cette excellente novella. L'auteur mélange très bien l'horreur et la science-fiction. L'héroïne, Molly souffre d'une étrange malédiction: à chaque fois qu'elle saigne, elle produit un double d'elle-même. Toutefois un problème demeure: le double cherche systématiquement à la tuer.

L'auteur maîtrise le format court à la perfection: en 111 pages, il parvient à développer son univers et créer une héroïne convaincante. Au début, la novella semble être sous le signe de l'horreur, voire du fantastique, mais vers la fin quelques pointes de science-fiction font leur apparition.

L'évolution de Molly est intéressante à suivre: d'abord petite fille heureuse, elle devient une froide machine à tuer. En effet, pour se défendre face à ses doubles, notre héroïne est contrainte de les détruire. Ses parents y jouent également un rôle important. Ainsi, ils protègent Molly, puis ils l'initient à diverses techniques d'arts martiaux. de plus, la mère de Molly à un passé trouble lié à des activités mystérieuses. Tout ces éléments font que le rapport de Molly aux autres sera fortement impacté.

Bref, une excellente novella qui se suffit totalement à elle-même.



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Encore un titre de la collection "Une-Heure-Lumière" qui frappe fort, très fort même. Nous sommes auprès de Molly Southbourne, une jeune fille aux problèmes graves qui va devoir devenir un monstre pour ne pas finir sa vie en pleine enfance. Je ne dis rien de plus, c'est juste hallucinant ce qui se déroule ici et vous devez découvrir par vous même la folie que Tade Thompson a réussie à mettre dans ces 140 petites pages d'une intensité folle.

Des personnages sombres et puissants, fragiles et terrifiants, habités et déséquilibrés, ville et sournois. Voilà ce qui vous attend au tournant des pages de cette novella d'une qualité irréprochable tant dans l'écriture que dans le contenu, les âmes sensibles devront s'abstenir ou du moins accrocher leur estomac, c'est sanglant, violent à souhait, presque malsain parfois, mais toujours pour servir l'histoire et en faire un conte à la Edgar Allan Poe mais très moderne. Je ne suis d'ailleurs pas étonné que le prix Nommo 2018 ait été décerné à Tade Thompson pour ce livre.

Un petit mot en plus pour faire part de mon admiration pour la couverture faite par Aurélien Police, qui nous démontre une fois de plus sont talent hors pair.

Si vous connaissez la collection Une-Heure-Lumière vous connaissez la qualité des titres édités, vous vous devez de lire celui-ci et pour les autres, qui aiment les récits horrifiques mais qui cherchent un titre très original, "Les meurtres de Molly Southbourne" est à lire d'urgence.

Sur le blog :
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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En résumé : J'ai passé un excellent moment de lecture avec cette novella qui offre un texte prenant et haletant que j'ai lu d'une seule traite tant j'ai été happé. le récit peut pourtant paraître simple aux premiers abords, il arrive pourtant à s'avérer incisif, percutant et prenant le tout grâce à une plume fluide et à une maîtrise du texte qui le rend entraînant et captivant. On se retrouve ainsi assez vite happé par cette histoire de malédiction qui offre une atmosphère assez oppressante et saisissante, tout en offrant des thématiques intéressantes. En effet que ce soit sur la notion de sang, du corps, de la naissance, de la différence, mais aussi de la folie, cette novella soulève de nombreuses questions intéressantes tout en offrant une histoire qui ne manque pas de se révéler angoissante. Certes, certains personnages secondaires manquent un peu de profondeur et sont parfois un peu trop vite oublié, certes la conclusion est clairement et facilement prévisible, certes la tentative d'explication de la malédiction de Molly est un peu simpliste, mais pour autant malgré ces quelques points j'ai trouvé cette novella très réussie. La plume de l'auteur est simple, efficace et captivante et je lirai sans soucis les autres textes qu'il a prévu d'écrire dans l'univers.


Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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J'ai bousculé mon programme littéraire du mois d'Avril pour me jeter littéralement sur la nouvelle parution de la Collection Heure Lumière du Bélial. Aussitôt reçue, aussitôt lue! Il faut dire que le synopsis était plutôt alléchant et a immédiatement attisée ma curiosité. Et devinez quoi? Bien m'en a pris car j'ai eu un petit coup de coeur pour cette novella!

Une jeune femme se réveille avec effroi dans une pièce aveugle. Enchaînée et blessée, elle est complètement désorientée et ne se rappelle plus de rien. Sa geôlière qui dit s'appeler Molly Southborne entreprend alors de lui conter sa propre histoire.
Molly a grandi dans la ferme isolée de Southbourne. Mais, son existence a été loin d'être paisible. En effet, si la jeune fille a été protégée dès son plus jeune par ses parents, ils lui ont également inculquée des règles qu'elle ne devra jamais enfreindre sous peine de mettre sa propre existence en danger : ne jamais saigner et si cela devait arriver, en effacer toute trace, fuir ou se battre si elle croise une fille qui lui ressemble, appeler ses parents si elle trouve un trou…

- Une novella qui s'inscrit dans deux genres : la Science Fiction et l'Horreur

D'après l'interview de Tade Thompson à la suite de sa novella, la Science Fiction devait avoir une place bien plus prégnante dans le récit, à l'origine. Aussi, n'apparaît-elle qu'en toile de fond et de manière très subtile. En effet, le récit enchâssé de Molly Southbourne à sa prisonnière et le livre préféré de son professeur d'université font directement référence au premier roman de Science Fiction : Frankenstein de Mary Shelley. Et le contexte d'un futur proche devant faire face à une chûte de la baisse de la natalité dans un pays occidentale n'est pas sans rappeler La servante écarlate de Margaret Atwood ou Les fils de l'Homme de P. D. James (pour lequel je conseille le film, à mon sens bien meilleur que le roman).

En revanche, la novella s'inscrit de manière beaucoup plus franche dans le genre de l'Horreur. A chaque fois que Molly perd du sang (Par blessure, lors de ses menstrues, etc…) et n'en fait pas disparaître toutes les traces au moyen d'une compresse (pour arrêter l'hémorragie) de feu (pour détruire les tissus imbibés) ou de détergent (pour effacer toute trace d'hémoglobine), un clone issu de ce résidu organique fait son apparition. Si au début, ce dernier est pacifique, trois jours plus tard, il se trouve que la copie veut zigouiller l'original! Pour survivre, Molly n'a donc pas d'autres choix que de tuer ses doubles. Et l'auteur n'épargne pas son lecteur de certains détails : autant prévenir mais certains passages assez sanglants peuvent choquer les plus sensibles.

- Un récit efficace

Le moins que l’on puisse, c’est que j’ai été happée dès les premières pages de la novella. Tout comme la jeune femme prisonnière qui ne se rappelle de rien et ne connaît pas le lien qui l’unit à Molly, j’ai découvert les tenants et aboutissants du récit au fur et à mesure qu’il se déroulait. Sur la couverture, il est noté que Les meurtres de Molly Southbourne fera prochainement l’objet d’une adaptation cinématographique, cela ne me surprend pas car le récit possède beaucoup de matière pour devenir le scénario d’un film.

- Une métaphore de la résilience

Enfin, je terminerai ma chronique par une interprétation toute personnelle. Après tout, dans son interview, Tade Thompson pousse le lecteur à le faire :

« Au bout du compte, la violence de Molly est une métaphore : je dois laisser les lecteurs la déchiffrer. (P. 119) »

Et il se trouve que l'épigraphe de Théophilus Roshodan (qui de l'aveu de l'auteur a été complètement inventée!) avant de débuter la novella, donne quelques indices :

« À chaque échec, à chaque insulte, à chaque blessure de la psyché, nous sommes recrées. Ce nouveau soi, nous devons le combattre chaque jour ou affronter l'extinction de l'esprit. (P. 11) »

En effet, lorsque l'esprit humain subit un traumatisme, il doit pouvoir non seulement l'accepter afin d'éviter de tomber en dépression mais aussi rebondir pour se reconstruire (ce que l'on appelle la résilience). Un individu va donc en quelque sorte tuer son ancien « soi » pour devenir une nouvelle personne. le problème avec Molly, c'est qu'elle tue ses doubles et dans ce contexte ne peut pas guérir si elle refuse d'être une nouvelle personne, en témoigne par exemple les signes d'auto-destruction pendant son adolescence, (elle se coupe les poignets) ou à l'âge adulte Fait échouer ses relations amoureuses.

En conclusion, Les meurtres de Molly Southbourne est une novella intriguante, immersive et au style efficace. Écrite de manière subtile et intelligente, elle peut se lire sur plusieurs niveaux : au premier degré, le lecteur peut la prendre comme un récit d'horreur et de science fiction et au second degré, comme une métaphore sur le phénomène psychologique de la résilience. Je ne connaissais absolument pas l'auteur avant de lire cette novella, mais cela m'a donnée envie de découvrir un autre opus : Rose water.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Waouh! c'est un petit roman très étrange mais qui m'a beaucoup plu! le style est cash et efficace, l'histoire est originale. Je conseille, en plus ça ne vous prendra qu'une heure-lumière à lire.
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Les meurtres de Molly Southbourne de Tade Thompson est la 18 ème parution de l'excellente collection Une heure lumière proposée par les éditions le Bélial. La couverture d'Aurélien Police met une nouvelle fois parfaitement en valeur ce court roman en en saisissant parfaitement l'essentiel. Ce roman montre à quel point le format de la novella est parfait en science fiction.
Les meurtres de Molly Southbourne touche à plusieurs genres, la science-fiction, l'horreur mais est très classique dans ses thématiques et dans sa construction. La manière dont le récit évolue rappelle les classiques du fantastique ou de la science fiction et un des thèmes principaux est celui du double, un classique de l'imaginaire. L'auteur utilise également des références à plusieurs romans dont Frankenstein de Mary Sheylley. Avec tout cela, on pourrait penser que le roman manque d'originalité, et pourtant non, le tout est parfaitement construit, maîtrisé et tient le lecteur en haleine de bout en bout, nous happant dès le premier chapitre, plus que mystérieux.
Tade Thompson réussit donc le pari de traiter de nombreux thèmes en un peu plus de 100 pages, avec un récit parfaitement maîtrisé à l'atmosphère angoissante. Les meurtres de Molly Southbourne est un véritable bijou, une histoire horrifique modernisant le thème du double. Un des meilleurs titres de cette surprenante collection!
chronique plus complète sur le blog
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Petite fille comme les autres, ou presque, Molly Southbourne a un petit problème : son sang donne naissance à des créatures qui lui ressemblent mais souvent animées de mauvaises intentions. A la puberté, bien sûr, le problème devient plus…problématique !
Psychologue et écrivain originaire du Nigeria à présent établi en Angleterre, Tade Thompson effectue une entrée fracassante sur la scène SF avec son roman ROSEWATER qui sera suivi de deux séquelles et une poignée de novellas dont ces MEURTES DE MOLLY SOUTHBOURNE. Toutes ces oeuvres reçoivent un bel accueil critique et se voient nommés dans plusieurs prix prestigieux.
La novella évolue dans divers genres : l'intrigue semble fantastique mais les explications finales l'orientent vers la science-fiction tandis que le traitement oscille entre récit d'épouvante psychologique et horreur viscérale. L'auteur s'intéresse particulièrement aux fluides corporels, au sang et à la sexualité, bref à cette « body horror » jadis prisée par un cinéaste comme David Cronenberg.
Le style de l'auteur se montre très efficace, tant dans le portrait des personnages que dans les descriptions et les passages horrifiques. Les influences sont nombreuses et évidentes mais Thompson parvient néanmoins à en tirer une intrigue prenante dont la richesse vient de ce traitement multiple, échappant à un genre particulier de l'imaginaire pour plonger dans un tourbillon mêlant horreur, science-fiction, etc. Les révélations finales s'avèrent, certes, attendue mais cela n'entame en rien le plaisir de lecture, l'écrivain privilégiant une approche « honnête » nous conduisant inexorablement vers la conclusion sans recourir aux artifices ou aux retournements de situation.
Publié dans l'incontournable collection Une Heure lumière assorti d'une éclairante entrevue avec l'auteur en guide de bonus, LES MEURTES DE MOLLY SOUTHBOURNE constitue une vraie réussite, passionnante de bout en bout, efficace et dérangeante, bref une lecture qui, en dépit de sa brièveté (130 pages !) secoue durablement et parvient à marquer plus profondément le lecteur que de nombreux pavés littéraires. Un court roman rarement chic (l'auteur plonge dans le glauque et le malsain sans excès mais sans retenues) mais toujours choc, à conseiller à ceux qui aiment qu'un écrivain les bouscule et même leur assène quelques directs dans l'estomac. On attend la suite avec impatience !

Lien : http://hellrick.over-blog.co..
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