Une force me poussait à m'en aller plus loin, à m'enfoncer dans des lointains inconnus; j'avais envie de me précipiter du haut des montagnes pour me plonger dans les couleurs éclatantes des prairies, dans le frais mugissement des torrents, pour étancher la soif ardente et inextinguible de mon âme; j'aspirais à l'anéantissement; puis, comme des nuages dorés du matin, l'espérance et le désir de vivre passaient devant moi dans leur vol et m'attiraient à leur suite.
Ludwig TIECK – Une Vie, une Œuvre : 1773-1853 (France Culture, 1985)