Pour qui veut faire du yoga c'est un livre très sérieux qui decrit et la métaphysique et la pratique du yoga (hatha-yoga; tantrisme, shivaisme) . Pour celui qui cherche il y a ici de quoi trouver de nombreux repaires.
Commenter  J’apprécie         10
C’est parce que nous sommes frileux dans notre engagement personnel et intime que nous nous satisfaisons d’imiter ce que fait le plus grand nombre. Rien d’étonnant alors à ce que le chagrin nous tourmente. Nous avons besoin de sécurités et d’espoirs et nous récoltons désillusions et nostalgies. Ceci pourrait être un fermant précieux nous faisant prendre conscience de l’inanité de notre engagement. La plupart n’arrive même pas à cela. Face à leur insatisfaction ils n’incriminent pas leur attitude dans le monde mais l’attitude du monde à leur égard. Il y a incapacité à assumer la part libre et divine de l’être parce qu’elle demande trop d’initiative et trop d’autonomie. La nature a bien ficelé son plan et l’humain se dispensant de choisir se détourne de sa Conscience pour se laisser emporter dans son animalité.
Le yoga n’échappe pas à l’air du temps. D’abord sujet exotique, puis mode, il est aujourd’hui méthode de bien-être reconnue. Il s’est socialisé, ses promoteurs ont créé des fédérations, des diplômes et même un syndicat. Il s’est aseptisé pour entrer dans le moule et s’est débarrassé de ce qui semblait ne pas pouvoir correspondre à notre culture et à nos attentes. Tel qu’il est le plus souvent enseigné aujourd’hui – coupé de ses racines philosophiques, de son suc vital qui en fait une expérience de vie, de mort et d’éveil – il n’est plus assez puissant pour baratter les énergies et l’être intérieur. Doit-on pour autant se résigner ? Est-ce une fatalité, un nivellement inéluctable ? Sans doute, mais heureusement, la danse de Shiva continue, étourdissant les uns, satellisant la majorité, éclairant quelques-uns. Le jeu divin ensorcelle et brouille les pistes d’un ordre qui nous est incompréhensible parce que nous n’en avons pas ou plus les clés.
La vie n’est qu’un jeu que la plupart refuse de voir comme tel. Chacun préfère se réassurer dans le sérieux d’une conception du monde qui coagule nos tendances sociales et personnelles les plus limitées faisant de cette scène de lumière un théâtre d’ombre. Nous sommes prudents et raisonnables. Au lieu de nous abandonner aux courants profonds de la Conscience intérieure et à la jouissance légère de l’instant nous capitalisons et construisons comme des termites. Que restera-t-il de nous et de nos œuvres urbaines quand nous passerons la dernière porte ? Aurons-nous auparavant préparé cette rencontre fondamentale si nous nous sommes échinés à cultiver nos biens, nos attachements ? Si nous avons oublié d’ouvrir notre cœur et de le remplir de l’insouciance légère de la Conscience ?
Le Tantrisme désire réaliser le choix paradoxal de vivre la Conscience dans le corps et son champ d’expérience : l’existence.
Rien n’est plus alors contraire à l’intériorité, l’abandon des liens et des attachements devient une façon de jouir au plus profond des saveurs de la vie dont la source est la Conscience elle-même. Pour arriver à cela sans doute faut-il être un peu funambule. Sans doute aussi faut-il vouloir faire de l’Energie (la Shakti) sa compagne secrète. Alors le regard que nous jetons sur la vie et sur nous-même peut-il être celui de la libre énergie et non celui de l’étroite « morale spirituelle », celle qui a su justifier tant de guerres saintes, qui intronise tant de faux prophètes et de guru manipulateurs ou meurtriers.
Doute de la religion, épanouissement de la psychologie et arrivée de la spiritualité orientale, ont été trois facteurs qui ont favorisé l’avènement d’une « sagesse » un peu mélangée, ni d’ici ni d’ailleurs, qui a permis et avalisé les aléas des inventions personnelles, la prolifération de multiples guru et thérapeutes ou de « quelques » sectes. La confusion et l’exploitation de la crédulité et de l’espoir ont ouvert un champ d’action infini à tous les profiteurs du « nouvel âge » ainsi qu’aux spécialités liquoreuses des « Pères initiés », Pierre, Paul, ou Jean, des Saï Baba ou simplement des publicistes doués et opportunistes. A l’image de notre société de consommation nous avons voulu tout, pour tout le monde et tout de suite !