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Difficile d accrocher à ce roman, constitué de petits morceaux d histoires des personnes vivants dans ce "centre du monde" qu est Antan.
Et pourtant, il y a cette musique qui fait une des forces de l auteure..
J en sors un peu déçu tout en me disant que je le reprendrai sans doute. "Sur les ossements des morts" m a laissé un tel plaisir, un tel étonnement, que celui ci paraît finalement un peu terne. La construction du roman y est pour beaucoup je pense.. Mais l univers de la prix Nobel est bien là, si particulier, poétique.. C est mon petit avis, bien sur
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Est-il hérétique d'écrire que Dieu a un visage noir marqué par les cicatrices ? Est-il convenable de concevoir Dieu (comme un trou noir) ?

Est-il métaphysiquement possible de considérer que le temps, c'est de l'espace, un espace en particulier, Antan, qui se vide peu à peu ?

Que reste-t-il des hommes et des femmes d'Antan et que sont-ils s'ils ne sont pas devenus des anges ?
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Si ce roman était un dessert, ce serait une pavlova aux fruits rouges. Tout d'abord à cause de sa belle couverture dans la version poche que j'ai lue. On y voit une femme de dos habillée en rouge marchant dans un paysage de neige. J'ai alors tout de suite pensé à cette pâtisserie faite de meringue blanche parsemée de fruits rouges.

Chaque personnage de l'histoire serait alors un de ces fruits rouges. On en suit plusieurs tout au long du roman, des discrets qui font leur apparition de temps en temps mais qui donnent une saveur particulière au récit (la Glaneuse, Perroquette seraient des groseilles), des forts en caractère qui marquent le lecteur (Isidor serait une mûre), des traditionnels qu'on voit évoluer tout au long du roman (Misia serait une fraise), des inattendus et surprenants qui sont traités comme s'ils étaient des personnages à part entière dans ce roman (Le Jeu, le moulin à café, le verger, les Tilleuls seraient des fraises des bois). Avec une telle galerie de personnages, il y en a pour tous les goûts et de quoi développer plusieurs facettes du genre humain. Ce que l'auteure fait avec grand talent.
Le cadre de ce roman est la ville d'Antan (la compotée de fruits) qui donne tout son relief aux destinées individuelles des personnages qui vivent dans cette ville pendant toute une partie du XXème siècle. Cela permet à l'auteur de traiter des évolutions de la vie suite aux deux guerres mondiales et au régime communiste en Europe de l'Est.
Le récit est alors la meringue de cette pavlova, croustillant, il offre un support idéal pour développer tout le talent de conteuse de l'auteure.
Quant à l'écriture d'Olga Tokarczuk c'est une véritable crème légère d'une apparente simplicité, elle cache une complexité et une profondeur qui s'apprécie au fil des pages.

Vous l'aurez compris, ce roman est un coup de coeur absolu pour moi. Il me donne envie de retrouver la plume de l'auteure dans d'autres romans qu'elle a pu écrire. Il se déguste sans modération. C'est un régal !
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"Le ciel était comme le couvercle d'une boîte où Dieu aurait mis les hommes en conserve."
Cette boîte, c'est le petit village d'Antan en Pologne mais c'est aussi une représentation de tous les petits villages du monde, un microcosme gardé par les quatre archanges Raphaël, Gabriel, Michel et Uriel, un village protégé par une frontière secrète derrière laquelle il n'y a plus rien.
Les hommes, ce sont des gens ordinaires ou extraordinaires, des femmes surtout. Ils vivent, travaillent et traversent des épreuves, ils se marient, ont des enfants, vieillissent et meurent.
Car que sommes-nous ?
Bien peu face aux éléments, comme ce curé qui éprouve une haine absurde et inutile contre la rivière ou comme Florentine que la lune rend folle.
Encore moins, face au Temps qui abîme les corps. Car c'est surtout du Temps dont il s'agit, dans ce roman dont le titre original est
« Antan et autres temps ». Et dont tous les courts chapitres portent le titre du temps dont chaque individu, chaque objet dispose.
A partir de 1914, trois générations se succèdent. Michel et Geneviève, puis Misia et son mari Paul, puis leurs enfants, sont les principaux personnages humains du livre. Autour d'eux, des habitants, certains plus marginaux, subissent de plein fouet les incursions du monde extérieur : les guerres, les viols, l'Holocauste, le communisme.
Le temps des humains s'écoule inexorablement, entraîné par les événements, tandis que celui de la nature et des animaux demeure imperturbable.
"Les gens croient vivre plus intensément que les animaux, les plantes et - à plus forte raison - les choses. Les animaux pressentent que leur vie est plus intense que celle des plantes et des choses. Les plantes rêvent qu'elles vivent plus intensément que les choses. Les choses cependant durent; et cette durée relève plus de la vie que qui que soit d'autre."

Et puis, il y a Dieu. Dieu qui ne sait pas toujours ce qu'il fait, mais se comporte en enfant capricieux et immature. Il ne supporte aucune rivalité ou concurrence, aucune remise en question de son pouvoir. Dès qu'il se sent menacé, il détruit. En créant l'argent ou les langues, il cherche sciemment à diviser les hommes.
Dans le jeu de M. Popielski, Olga Tokarczuk, lui donne le rôle d'un despote tout en le moquant avec espièglerie, comme lorsqu'il s'interroge pour savoir si c'est lui qui a créé les hommes ou si ce sont les hommes qui l'ont inventé.

Dans la mesure où il fait appel à des événements merveilleux tout en proposant une réflexion aux lecteurs, le roman peut s'aborder à la fois comme conte philosophique ou fable poétique qui propose une vision spirituelle du monde.
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Antan a quatre frontières, respectivement gardées par les Archanges Raphaël, Gabriel, Michel et Uriel. Il y coule deux rivières, la Blanche et la Noire, qui se rejoignent pour faire tourner ensemble les ailes du Moulin.
Ainsi commence ce conte atypique de 391 pages, qui s'étale sur les deux grandes guerres du XXème siècle …
Il y aura Geneviève, la meunière, qui mettra sa fille (Misia) au monde pendant l'absence de son mari, enrôlé dans l'armée. Il y aura la Glaneuse, insolente et libre, qui - elle - accouchera d'un garçon mort-né. Il y aura le Mauvais Bougre, mi animal-mi humain, soupçonné de meurtre. Et bien d'autres encore ( le châtelain Popielski, le moulin à café, Florentine, Perroquette …) Autant de micro-nouvelles plus étonnantes les unes que les autres, dont chaque récit débutera par “le temps de” …
Bien qu'il ne soit pas évident d'en déchiffrer tous les symboles, l'écriture - par contre - toujours enchante ! … J'ai alors poursuivi ma lecture sans tenter d'en définir le sens à tout prix … J'ai pu - de cette façon - éprouver beaucoup de plaisir, la poésie l'emportant sur la raison. Esprits trop rationnels et/ou trop rigoureux, pensez donc à lâcher prise !
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Ce titre aux allures ésotériques introduit un roman plein de finesse et de poésie.
Antan est un village polonais comme il pourrait y en avoir d'autres. Comme il y en a certainement tant d'autres. Les gens y naissent, y vivent… y souffrent, y meurent.
Sur fond d'humanité continue, certes reliée au spirituel, l'auteure parcourt l'histoire de la Pologne sur une grande partie du 20ème siècle. Les deux guerres mondiales, les années Staline, l'occidentalisation, la modernisation.
Mais l'essentiel est ailleurs, il est dans les ressentis de ces trajectoires de vie aux sentiments éclatants. Il est dans l'âme de ces gens, jeunes ou vieillissants, pauvres, riches, égoïstes ou altruistes. Il est dans la beauté de la vie malgré la douleur des hommes.
Olga Tocarczuk est une écrivaine qui, non contente d'avoir une plume subtile, fait preuve d'une sensibilité bouleversante.
Un magnifique roman.
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Où le temps et l'espace développent d'autres dimensions.

Le roman débute en 1914 et conte le quotidien de trois générations d'habitants d'Antan, quotidien marqué par deux temps de guerre.
Ce ne sont que petits détails qui nous permettent de fixer ce roman dans le temps, tant ce qu'il nous dit des hommes, des animaux, des lieux, des choses et du monde nous semblent intemporel.
Les hommes sont attachants, cruels, sensibles marqués par leur environnement, torturés par le temps et parfois en relation avec l'Univers. Ils sont humains.
Les animaux les accompagnent, les nourrissent et semblent traverser le temps.
Les lieux sont un coin de terre polonaise aux confins de rivières et de bois peuplés d'humains, d'animaux...mais aussi marqués du sceau d'un mystère qui les englobe tous...
La guerre et l'histoire triture les hommes et façonnent les paysages.
Le temps avance inexorablement révélant à chacun le meilleur, le pire ou l'essentiel de lui-même.
J'ai retrouvé dans ce roman une terre où le merveilleux, le divin et les croyances primitives se côtoient et s'enrichissent mutuellement, ce qui m'évoque l'écriture de Liliana Lazar dans "Terre des affranchis", le roman de Liliana Lazar se déroulait en Roumanie, celui-ci en Pologne. Olga Tokarczuk met en scène son roman dans un pays qu'elle aime et dont elle apprécie sans doute la nature, de même que le faisait Liliana Lazar en Roumanie.
Me viennent aussi en tête d'étranges images : les images de villages abandonnés, dévastés autour de Tchernobyl...
Le monde rural de l'Est se plaît à naître et à prendre vie sous la plume de ces écrivains pour alimenter notre imaginaire.
Un dernier mot cependant avant de clore cette "critique", le récit d'Olga Tokarczuk n'est pas linéaire, il est constitué de petits chapitres révélant chacun un temps de la vie d'un personnage...l'on avance cependant dans la lecture sans aucune difficulté, les pièces du puzzle se sont assemblées sans que je n'aie du fournir aucun effort.
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Olga Tokarczuk est une formidable conteuse!

Elle nous emmène ici dans une fresque historique sur le XXème siècle, en miniature. Ou comment les grands conflits mondiaux et l'avènement des régimes autoritaires fascistes et communistes ont influencés la vie et le quotidien des habitants d'un village au centre de la Pologne: Antan (ou Prawiek): le coeur de l'univers.

Son écriture est poétique et donne vie à une myriade de personnages dont les destins s'entremêlent: le châtelain, les meuniers, les paysans, une prostitués, des âmes revenantes, le mycélium, des anges gardiens, Dieu lui-même! ..

Le style est fluide et plaisant, plein de réflexion et d'humour.

Je continuerai ma découverte d'Olga Tokarczuk avec "Le livre de Jacob"... à suivre..
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DIEU, LE TEMPS, LES HOMMES ET LES ANGES d'OLGA TOKARCZUK
Une véritable et agréable découverte que cet écrivain polonaise qui a reçu récemment le prix Nobel. On démarre vers 1914 dans le village d'Antan dont les points cardinaux sont liés à des anges. On suit l'histoire du monde à travers l'évolution du village et des habitants sur 3 générations. Peu à peu Tokarczuk tisse sa toile dans des dialogues avec Dieu qui existe ou pas, c'est à voir et tout ce petit monde s'interroge sur la vie manifestée ou pas. Il se dégage un optimisme tout simple de ces pages qui m'ont séduites. Ici pas de fureur, tout est atténué mais néanmoins bien réel comme les guerres. Une belle surprise que cette plume originale. le titre résume parfaitement le livre.
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Encore un très beau livre d'Olga Tokarczuk, Dieu, le temps, les hommes et les anges. L'écrivaine a ce talent inimitable de nous maintenir entre le réel souvent tragique dans cette tranche du XX siècle qui englobe deux guerres mondiales, et le surnaturel, Anges, Dieu, Ombres des morts, dans lequel il faut accepter de se perdre car il est poésie mais aussi prétexte à une réflexion philosophique. Olga Tokarczuk nous amène donc, comme souvent,  dans une frange indéfinie entre réalité et fantaisie où tout est transcendé par l'écriture :  la violence des combats et des rapports humains, la déportation et le massacre de la population juive dans un décor champêtre, les viols, la bestialité de l'homme (Le mauvais bougre, qui se transforme en animal) ; la grande Histoire se mêle à la petite, amour contrarié, sacrifié au devoir, (Geneviève), amour paternel (Michel et sa fille Misia), misère physique et morale (la Glaneuse), enfance saccagée (Isidor) et dominant le tout, le Temps, le temps qui passe et met à mal, celui contre lequel nul ne peut rien, même pas Dieu.

Le livre est divisé en chapitre, si l'on peut employer ce terme, comme autant de petits récits qui pourtant ne sont pas indépendants comme on pourrait le croire au début, mais se répondent, introduisant des personnages secondaires qui réapparaîtront par la suite, propulsés sur le devant de la scène, devenant à leur tour personnages principaux. Entrées, sorties, côté cour, côté jardin, arrière-scène, coulisses, comme dans un théâtre, celui du Monde tel que le voit Shakespeare.  
Intitulés le Temps de Geneviève au début de la guerre de 1914, le temps de la Glaneuse, le temps des anges gardiens, le temps d'Isidor…  tous ces récits sont ainsi placés sous le signe du Temps, qui est, fut et sera toujours le grand gagnant de l'histoire. A remarquer aussi que le village se nomme Antan et est situé «  au milieu de l'univers ».
Dans cette galerie de personnages où se mêlent Dieu, les anges et les humains, les êtres surnaturels ne sont dotés d'aucun pouvoir. Au contraire, Dieu comme les anges assistent, impuissants, à la sauvagerie humaine

« Qui suis-je se demande Dieu. Dieu ou homme ? Peut-être l'un et l'autre à la fois ? Peut-être aucun des deux. Ai-je créé les hommes ou les hommes m'ont-ils créé ? »  

« L'unique instinct conféré aux anges, c'est l'instinct de compassion. Une compassion infinie, lourde comme le firmament. »

« S'en retournant vers le château Mr Popielski passa devant l'église, se décida à y entrer, aperçut l'icône de la Vierge de Jezkotle, mais aucun Dieu capable de rendre l'espoir au châtelain n'était présent. »

Quant à la Vierge de Jeszkotle, elle s'efforce d'exaucer les prières de tous ceux qui s'adressent à elle mais elle a beau ressentir une miséricorde infinie envers l'humanité, elle ne peut rien si celle-ci a cessé de croire au miracle.

Au fond, ce que nous dit ce roman, c'est que les dieux sont morts et que les humains sont abandonnés à eux-mêmes, dans une déréliction absolue. Et si certains êtres humains ont un pouvoir tout en conservant leur humanité, ce sont souvent ceux qui sont mis au ban de la société. Ainsi, la Glaneuse qui accouche toute seule d'un enfant mort, dans la forêt,au cours d'une scène hallucinante, est celle qui soigne, celle qui fait corps avec la nature et en tire sa force. Elle devient capable de voir au-delà de la réalité. Capable de concevoir Dieu non comme immuable mais comme celui « qui se manifeste dans le flux du temps ».

« Il faut rouler son regard vers tout ce qui se modifie et se meut, vers ce qui déborde des formes, ce qui ondoie et disparaît : la surface de la mer, les danses du disque solaire, les tremblements de terre, la dérive des continents, la fonte des neiges, et les pérégrinations des icebergs, les fleuves qui coulent vers l'océan, la germination des semences, le vent qui sculpte les montagnes, la maturation du foetus dans le ventre maternel, la décomposition des cadavres dans les tombeaux, le vieillissement des vins, les champignons qui poussent après la pluie. »
 
Isidor considéré comme un idiot malgré un esprit toujours en alerte, une conscience tourmentée, représente l'enfance naïve, pure et innocente. C'est le russe Ivan Moukta, matérialiste, qui lui retire ses illusions et lui fait voir un monde sans Dieu, et l'animalité dans la sexualité. Il tue ainsi l'enfance en lui, le laissant désespérément chercher un sens à la vie. Isidor finit par remplacer Dieux par des chiffres : le temps des quadruplets. Tout est quatre dans la Nature.

Le châtelain Popielski, oscille entre trouver un sens à la vie et se laisser submerger par son non-sens mais c'est le temps qui provoque cette remise en question chez lui, le passage à l'homme mûr, autrement dit l'usure de la jeunesse.

« A force de manifester sa puissance, la jeunesse se fatigue. Une nuit, un matin, l'homme franchit la ligne de démarcation, atteint son sommet, esquisse le premier pas de la descente. Survient la question : faut-il descendre fièrement, défier le crépuscule, ou bien tourner son visage vers le passé, s'efforçant de sauver les apparences, prétendre que cette pénombre résulte simplement du fait qu'on a provisoirement éteint la lumière dans la chambre? »

Si je devais définir ce roman en quelques mots, je dirai qu'il est très riche (je n'ai rendu compte que d'une petite partie de l'oeuvre), douloureux et profondément humain. C'est aussi une réflexion philosophique sur le Temps, la vie et la mort et il nous donne à ressentir une gamme infinie d'émotions. Il correspond aussi à beaucoup de questionnements que l'on se fait quand on atteint un certain âge ou plutôt un âge certain !
Un coup de coeur !



Lien : https://claudialucia-malibra..
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