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À Olga Tokarczuk on lui attribue un style fragmenté et des formes de récits assez originales, ce qui est le cas avec les trois livres que j'ai lu d'elle. Quelque soit son style et ses thèmes, son écriture est puissante et le contenu plutôt transcendant.

J'ai fait sa découverte avec le livre Sur les ossements des morts et ce fut un éblouissement, ce qui m'a reconcilié avec les critères d 'attribution du prix Nobel : écriture élégante, transcendante, diversité des sujets, de l' humanisme maté de philosophie et quelle empathie elle peut dégager! Sans oublier l'humour, un humour un peu ironique, même si le sujet est grave, cela surprend et détend.

Dieu, le temps, les hommes et les anges est son deuxième roman, un livre-fable, complexe, riche et allégorique sur le temps qui passe inexorablement, sur la Terre et les hommes. Ce seraient sur des récits de sa grand mère qu'Olga Tokarczuk se serait appuyée pour écrire ce roman-fable.

Elle situe son histoire dans une contrée imaginaire de Pologne qu'elle place au centre de l'Univers et qu'elle nomme Antan, une bourgade délimitée par les 4 points cardinaux, chacun gardé par un Archange et deux rivières, la Noire et la Blanche qui vont s'unir pour donner la Rivière.

Antan pourrait être n'importe où ailleurs, mais elle est en Pologne et nous aurons droit, dans cette histoire, à l'essence même du slave occidental c'est à dire une âme pour laquelle les notions de mysticisme, d'irrationalité, de démesure, d'abattement, et de la nostalgie, comptent.

À Antan nous suivrons plusieurs familles avec des personnages qui vont nous hanter longtemps, depuis la Première Guerre Mondiale jusqu'aux années 80 environ. Ces personnages vont naître, vivre et mourir à Antan, ils vont souffrir et jouir sous nos yeux, ils vont vivre comme ils le pourront puis un jour partir.

Le talent de cette écrivaine est unique pour enchaîner des histoires avec une riche palette de types humains, mais aussi des animaux, des plantes voire même des objets inanimés mais symboliques (cf le moulin à café, le Jeu des 8 pistes). On sent chez cette écrivaine polonaise qu'elle est très engagée dans la défense de la Nature et des animaux; elle a fait de la prison pour avoir émis sur un plateau de TV sa position contre la chasse et la maltraitance des animaux.

Pour moi il y a plusieurs lectures possibles de ce livre: nous avons une multitude de réflexions qui sont comme un sous bois aussi riche que celui d'une forêt où pullulent beaucoup de choses, ainsi que des idées qui sont difficiles d'appréhender de prime abord. Aussi quelle imagination que celle d'Olga Tokarczuk, quelle clairvoyance pour nous broder ses personnages archetypiques (aidée par sa formation de psychothérapeute, probablement) et nous faire sentir le temps qui passe inexorablement sur les êtres et les choses.

Un mot de félicitations pour l'exercice réussi du traducteur Christophe Glowovski.

Autre lecture riche et complexe de cette auteure polonaise si justement distinguée par un Nobel de littérature.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Le récit faisant appel au réalisme magique, quelque chose rappelle Cent Ans de Solitude de Gabriel Garcia Marquez où la circularité de l'histoire est moteur du roman. Chez Tokarczuk, il s'agirait d'une machine tel un moulin à café qui tourne et dont le mécanisme semble emballer le temps du XXème siècle. La symbiose de l'homme avec la nature, les êtres ancrés dans l'espace ici et maintenant arrivent à la rupture qui prend le dessus au fur et à mesure que la modernité s'installe. le nom du village - Antan ou Prawiek - renvoie à une dimension intemporelle d'avant de l'univers .
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Bienvenue au village d'Antan, un ici ou un ailleurs, une réalité ou une allégorie.
4 anges sont les gardiens de ses points cardinaux. Deux rivières, une noire et une blanche se rejoignent.
C'est un petit village perdu de Pologne que nous suivrons de la Première guerre mondiale aux années 80. À travers ses habitants, mais aussi sa nature, voire même un objet, se dessinera petit à petit son histoire par recoupements.
Et Dieu dans tout cela ? Et le châtelain qui se perd dans un jeu qui nous ramène à la vie du village. Où est la destinée ? Que dire du temps qui semble le maître incontesté des lieux.
Et pourtant, à travers de courts chapitres se terminant presque toujours par une chute, les personnages qui hantent ce village vont vivre des vies bien réelles, avec des sentiments bien humains, au milieu de la misère et du chaos de la guerre.
Alors que croire ? L'allégorie mystique aux allures de contes d'antan ou l'histoire petite et grande qui chahute les hommes ?
À moins que les deux se rejoignent en une bouleversante réflexion sur la vie et le temps qui tournent tels les engrenages complexes d'une l'inéluctable horloge cosmique.
Malgré les questionnements et les interrogations qu'il fait naître, notamment grâce au style de ses courts chapitres, ce roman magistral se lit très facilement.
Et qu'elle belle écriture que celle de son auteure.
Pourtant peu habitué à ce genre de roman, il fut un véritable coup de coeur.
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Antan est un village polonais situé au centre de l'univers et dont les quatre frontières, nord, sud, ouest et est, sont gardées par les archanges Raphaël, Gabriel, Michel et Uriel. le roman suit la vie du village et de ses habitants de 1914 jusque vers la fin du 20° siècle. La narration tourne beaucoup autour de Misia, née au début de la Première Guerre Mondiale, et de ses proches. Chaque chapitre raconte une petite tranche de vie, le temps d'un personnage, ou d'un animal, ou d'une plante, ou d'un objet, ou... Certains de ces chapitres pourraient presque se lire comme de petites histoires indépendantes.


Il est question de la naissance, de l'amour et de la mort; de comment un brave hommes devient un criminel de guerre; du rôle ou de l'existence de Dieu; du sens de la vie, en fait. le tout est empreint de merveilleux, l'écriture poétique avec de belles descriptions d'une nature vivante où les arbres et les bêtes pensent et ressentent à leur façon. L'autrice fait preuve d'une grande imagination, il y a des choses très bien vues, de l'humour fin : c'est un régal de lecture.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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A la croisée du monde et du temps, Dieu a créé le village d'Antan où chaque habitants, animaux et choses participent à l'équilibre. A travers leurs destins entrecroisés, à la fois conte philosophique sombre et roman social tenté de réalisme magique, l'autrice nous livre la Pologne du 20e siècle.

Du prime abord, le roman est complexe, labyrinthique, on ne sait pas vraiment où l'on va. Mais petit à petit, les récits alternés se complètent et composent l'histoire du village. On s'attache malgré nous à ses personnages gris, atypiques, qui portent blessures, rêves et regrets, à l'image de Dieu.

La puissance du récit réside dans le style, exigeant et lumineux en décalage avec les horreurs que les hommes peuvent commettre parfois. Oui, cette lecture m'a profondément bouleversée mêlant larmes et hauts le coeur.

Ce roman est difficile, en tous aspects, il est une expérience à lui seul, à laquelle tou.te.s lecteurices ne pourra pas adhérer. Toutefois, chacun pourra peut être y puiser des ressources pour interroger son rapport à Dieu, au temps, aux hommes et aux anges.
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Un bonheur de lecture. Un roman qui s'accroche à la mémoire, se déploie. L'écriture d'Olga Tokarczuk est d'une beauté mystérieuse.
Comme si l'auteure se trouvait en capacité de faire revenir en nous des mondes anciens. D'Antan", des voix , des visages, de ce village de Pologne.
Huit cercles, huit monde. Un univers en expansion. le symbole est puissant, labyrinthique. Huit. Chiffre représentant un dépassement de l'ordre naturel. L'infini est un vertige, un abysse, un gouffre. le temps est éphémère. Où se trouve la place d'un Dieu, la place des hommes ? Dieu n'est pas perpétuel, il est comme le temps, comme les hommes. Il change, s'interroge, s'assure, doute. Les hommes ne sont pas éternels, les objets...mémoriels. Question du temps, question d'équilibre et de mouvement. Rien ne se déroule. Vision circulaire d'un univers.Des cercles, parallèles. Une construction troublante, étonnante.
De très belles lettres qui nous augmentent.
Traduit du polonais par Christophe Glogowski.

Astrid Shriqui Garain.

Olga Tokarczuk est une auteure
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Subtil équilibre entre étrange et regard acéré sur les choses. Un genre tout à fait original qui fleurte avec le poétique, le philosophique, l'historique... Mais l'auteur ne nous perd pas, il nous tient par la main.
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Lire Olga Tokarczuk, c'est entrer dans un autre univers, une dimension un peu fantastique où l'émerveillement est constant.
C'est une lecture faite avec des yeux écarquillés et les sens aux abois.
C'est retrouver le Murakami de ses débuts mais à la sauce polonaise. Et en plus grand.
On est ici Antan, au centre de l'univers et les hommes se font Dieu tandis que Dieu détourne le regard.
Mais Dieu que la plume d'Olga T est belle. Terminer ou prolonger encore cette lecture ? Juste pour le plaisir, pour le bonheur et l'émerveillement de cette plume parfaite.
OT a une manière toute à elle de décomposer ( ou composer) le monde, qu'il soit animal, végétal ou humain. le temps qui passe, la douleur et la folie des hommes. La vie du tilleul, les années
à pommiers ou à poiriers, le mycelium qui vit et grandit sous terre.
Et tiens on le retrouvera ce mycelium, comme un fil reliant les romans… Ici, mais aussi dans le banquet des Empouses.
C'est une écriture vivante qui nous fait respirer le monde et l'absorber, de façon quasi charnelle, avec cette espèce d'alchimie propre aux meilleurs écrivains. Un peu comme des spores voletant dans le ciel et qui redescendraient tout doucement sur vous pour vous envelopper tout entier.

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Qu'est-ce que c'est ceci? Un conte de fées, une histoire mythique, une histoire familiale, une épopée,... ? Un peu de tout peut-être. Tokarczuk a transformé le village polonais imaginaire Antan en centre du monde ; elle dresse le portrait de générations successives, réparties sur presque tout le XXe siècle. Comme vous pouvez l'imaginer, c'est une histoire avec beaucoup de grisaille, de tristesse et de brutalité : deux guerres majeures, des régimes différents, la famine et la mort, rien n'est épargné pour le peuple d'Antan. le récit a beaucoup de rythme, surtout dans la première moitié du livre, dans un décor avec des archanges, des esprits de la forêt et d'autres éléments magiques. Parce que cela me frappe vraiment maintenant : tout comme dans « Sur les ossements des morts», Tokarczuk franchit constamment les frontières entre les gens, les animaux, les plantes et les éléments spirituels; à certains moments, on a l'impression de lire une version moderne des Métamorphoses d'Ovide. Et bien sûr aussi Gabriel Garcia Marquez n'est pas loin, reconnaissable au réalisme magique et aux personnages qui transcendent le temps. À propos de ce dernier, le propriétaire aristocratique Popielski est particulièrement révélateur : il joue isolément, réparti sur tout le livre, « le jeu éducatif pour 1 joueur », avec un Dieu étonnamment impuissant dans le rôle principal.
Malheureusement, l'histoire perd beaucoup de sa tension après la moitié du parcours : presque plus d'événements majeurs et bouleversants ne se produisent et, peu à peu, le village d'Antan semble également disparaître. La dynamique de tension du début m'a vraiment manqué. Cela peut être conscient, car Tokarczuk semble vouloir illustrer que le temps met impitoyablement fin à tout ce qui existe, qu'il démêle la réalité en des formes et des connexions toujours nouvelles (y compris non humaines). Là aussi, elle semble parfaitement suivre les traces de Márquez, avec sa propre touche bien sûr.
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Je me suis perdu dans ce livre. Peut-être l'ai-je alors mal compris mais j'ai tout de même pu en saisir la force, le mystère, les secrets.

Antan, quel étrange nom pour un village peuplé d'habitants dans un Moyen-age inventé avec sa géographie et ses frontière étranges, ses quartiers qui ne se laissent pas facilement traverser, ses patrons et ses paysans, ses nobles qui s'amusent à comprendre le jeu du temps, ses mendiants, traînant leurs enfants illégitimes, poussés par la faim et réduits à l'état sauvage.

Je relirai le livre pour tenter d'en comprendre plus sur ce paysage énigmatique, sur les raisons de son prix Nobel également. La portée de ce livre est immense j'en suis persuadé. Je m'en remets à vous, les lecteurs de Olga : comment comprendre ce livre ? Pourquoi est-il si fantastique ? Qu'est-ce qu'il cache exactement et quelles sont les pistes pour le comprendre un peu mieux ? Merci pour l'attention de tous ceux qui lirons cette critique.
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