J.R.R. Tolkien est un auteur bien à part, ne fut-ce que parce qu'il inventa un monde d'une complexité inégalée.
L'on a dit souvent qu'il était le plus grand auteur de fantasy, ou tout au moins l'auteur fondateur du genre de la fantasy. Je préfère dire qu'il est l'inventeur du genre de la fantasy moderne. C'est lui qui a donné forme à divers légendes et divers idées éparpillées, ce n'est pas lui qui les a inventées. C'est un suiveur ( mais quel écrivain n'a pas plus ou moins suivi un autre ? ), mais un suiveur génial. Et un suiveur inconstant, pourrait-t-on dire. Les Seigneur des Anneaux sont des oeuvres fortes, force nous est de l'admettre. Mais cela ne suffit pas. Peu importe ! Si vous voulez connaître les arguments que j'ai à opposés à la théorie de la perfection du Seigneur des Anneaux, je vous redirige vers mes critiques des Seigneur des Anneaux, en particulier du second. Un dernier mot, toutefois : je tiens à rappeler, car cela est important, que le monde de Tolkien ne se limite pas aux Seigneur des Anneaux et au Hobbit. Il y a d'autres textes non moins intéressants.
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Que dire de plus sur ce monument de la Fantasy si ce n'est qu'il a été souvent imité et rarement égalé. Foisonnement de details jamais inutiles et toujours au service de l'histoire . Personnages fouillés . A decouvrir ou redecouvrir en laissant vagabonder son imagination..La communauté de l'anneau vous salue bien...
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L'histoire
Dans un monde habité par des elfes, des nains, des orques, des créatures maléfiques et féériques, des magiciens ; aux paysages hallucinants, éblouissants de couleurs et de noirceurs ; dans la Franche-Comté, Bilbo le Hobbit, après de nombreuses aventures, est fatigué. Et avant de partir en retraite définitive, il lègue un anneau magique à son neveu Frodo Saquet. Ce précieux qui renferme un pouvoir exceptionnel est l'objet de toutes les convoitises. le petit homme a tôt fait de comprendre que le temps presse et qu'il doit parer au plus vite. Avec ses amis Sam Gamegie et Peregrine Touc, en quête de l'inconnu, pourchassé par des cavaliers noirs spectraux (Nazgules), il prend la route de l'Est pour le Mordor. En passant par le pays des Elfes, ils constitueront un groupe élargi, la communauté de l'anneau.
Première partie
La fraternité de l'anneau
Ebahi suis-je au regard de la vieille forêt enchantée, dans un labyrinthe vert en mouvement.
« Ils avaient de plus en plus l'impression que ce pays était irréel, qu'ils traversaient un rêve angoissant ne devant aboutir à aucun réveil » (p184)
Témoin du décor splendide dans lequel personne ne peut s'attarder, je retiens mon souffle. Capté par la rencontre avec l'énigmatique et jovial Tom Bombadil et charmé par « Baie-d'or, Ô belle dame » (p187). Je m'en voudrais d'oublier l'étape animée à l'enseigne du Poney Fringant à Brie, agréable bien que sous gouverne d'une inquiétude imposante, l'ambiance y est feutrée et chauffée aux contes captivants avec les Grandes Gens et les Petites Gens.
Dans le Livre II de cette quête de justice, le petit groupe s'agrandit ; ainsi complétée au pays des elfes sous l'égide d'Elrond le souverain, l'équipe de courageux devient la communauté de l'anneau.
Pendant ce temps le lecteur plonge dans de l'« ELFOLOGIE » (voir appendices) ! Un monde de contes elfiques, celui de Beren & Tinùviel, de poésie :
« […] D'un nom elfique il l'appela, Tinùviel ! Tinùviel ! Alors elle entendit sa voix, Qui dans le sous-bois résonnait. Lors s'arrêta Tinùviel ; Beren accourant l'enlaça, Et le destin fondit sur elle, Qui dans ses bras s'abandonnait. […]» (P281)
Un pays Elfes aussi classe que les Maldives et aussi sauvage qu'une province retirée de la Thaïlande.
Tout au long du récit j'étais subjugué comme Frodo s'émerveillant sur le tertre d'Amroth dans la forêt Lothlorien, le pays de la Dame Galadriel et Celeborn : « Ce monde était baigné d'une lumière qui n'avait aucun nom dans sa langue. Toutes choses y étaient belles, mais leurs contours paraissaient neufs, comme s'ils avaient été conçus et tracés à l'instant même du dévoilement de ses yeux, et anciens à la fois, comme s'ils subsistaient de toute éternité. Il ne voyait d'autres couleurs que celles qu'il connaissait, or et blanc et vert et bleu, mais elles étaient fraîches et émouvantes, comme s'il les percevait alors pour la première fois, en leur donnant des noms nouveaux et merveilleux. Ici, en hiver, les coeurs ne pleuraient pas l'été ou le printemps. Nulle flétrissure, maladie ou difformité ne paraissait sur les fruits de la terre. le pays de Lórien ne portait aucune souillure. » (P491)
Deuxième partie, la dualité.
Dans les deux tours, symbole de contradiction, tout reste personnages et paysages sans exception, du plus sombre au plus doux. Entre le bien et le mal. La parenthèse féérique dans le Livre III marque un arrêt du temps. Malgré le violent affrontement avec les Orques et la disparition de Pippin et Marry ; nous sommes témoins de la rencontre magique avec Barbebois (un Ente) dans la forêt de Fangorn. La description des Cavernes de la Gorge de Helm par Gimlin le nain faites à l'elfe Legolas (ces deux là aussi forment un duo agréable, joyeux !) est sublime : « Et Legolas, quand les torches s'allument et que les hommes arpentent les sols sablonneux sous les dômes remplis d'échos, ah ! alors, Legolas les gemmes, cristaux et veines de précieux minerais scintillent sur les luisantes parois ; et la lumière flamboie au travers de marbres plissés en coquillages, diaphanes, telles les vivantes mains de la reine Galadriel. Il y a des colonnes blanches, safran et rose aurore, Legolas, cannelées et torsadées en des formes de rêve : elles jaillissent de sols multicolores à la rencontre des riches pendentifs de la voûte : ailes et franges, voiles aussi fins que le frimas ; lances, bannières et pinacles de palais suspendus ! » (P762) ; La Moira, le territoire sous terrains des Nains ne passera guère inaperçu dans la première partie... surprise ! Là aussi nous naviguons entre le sépulcral et l'enchanteur.
Dans le livre IV, la rencontre avec Gollum — l'image de l'ambiguïté, la bipolarité de l'homme, au pied des montagnes Emyn Muil. Citons la complémentarité de l'amitié entre Frodo et Sam, lumière en opposition à la noirceur de l'enfer qui les entourent ; les Marais inoubliables, la désolation des terres du Mordor « […], mais ici, ni printemps ni été ne viendraient jamais plus. Ici, rien ne vivait, pas même ces excroissances lépreuses sous la cendre et les coulées de boue, d'un gris et blanc malsain, comme si les montagnes avaient vomi les terres environnantes l'ordure de leurs entrailles […] (P879), l'arrivée aux portes du Mordor, la très longue traversée des montagnes, l'Araigne une redoutable créature lovecraftienne et l'entêtement des demi-hommes, sont autant de découvertes macabres ou poétiques à lire. Tout se gère entre abandon et espoir.
La troisième et dernière partie.
Le Retour du Roi, où il s'agit de prendre le taureau par les cornes.
Nous ne sommes pas en mal de sensations fortes dans le Livre V sur ce luciférien chemin des Morts ; pendant le rassemblement des troupes pour la guerre ; à propos des descriptions des cités grandioses et démesurées telles Minas Tirith ou Edoras ; et enfin au cours de la bataille finale épique ! Et puis il y a le Livre VI, la conclusion avec le dénouement, les adieux et le retour à la maison.
C'est la fin mais une image reste : « Gandalf avec sa barbe blanche et la lumière qui semblait émaner de lui, comme si sa longue cape bleue n'était qu'un nuage devant l'éclat du soleil ; et les quatre Hobbits, tels des cavaliers en errance, sortis de contes presque disparus des mémoires.»(p1380)
Une trilogie de fantasy culte fascinante à tout point.
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