Green Lantern Emerald Warriors 1

Après Blackest Night, Hal Jordan continue de vivre ses aventures dans sa propre série (Green Lantern - Brightest Day par Geoff Johns), le Green Lantern Corps dans la sienne (Revolt of the Alpha Lanterns par Tony Bedard). Guy Gardner a alors droit à sa propre série dont ce tome comprend les épisodes 1 à 7 parus en 2010/2011.

Ce tome commence sur Oa, la planète des Guardians of the Universe (en abrégé GotU). Guy Gardner est en train d'enregistrer une déclaration en vidéo quand il est dépêché pour arrêter des voleurs de rakkonium, un dangereux minerai. de retour sur Oa, une fois la mission accomplie, il propose aux GotU d'aller enquêter dans les secteurs inconnus vers lesquels les voleurs se dirigeaient pour vendre leur butin. À sa grande surprise, ils acceptent sans discuter. Ailleurs des rebelles récupèrent le corps de Sodam Yat sur Daxam. Après avoir informé Ganthet de sa nouvelle mission, Guy Gardner part pour les secteurs inconnus accompagné d'Arisia et de Kilowog (qui n'exerce plus la fonction d'instructeur auprès des jeunes recrues). En chemin ils sont rejoints par Bleez (une Lantern Rouge) qui intègre leur groupe. Dans les secteurs inconnus, Zardor prépare l'arrivée de cette équipe. Il a l'air d'en savoir long (y compris ce qui se passe sur terre avec les entités de couleurs) et il dispose de plusieurs armes redoutables.

Après Blackest Night - Green Lantern Corps, Peter Tomasi (le scénariste) débute une nouvelle série mettant en scène Guy Gardner. Ce dernier se retrouve dans une situation très compliquée car il a été infecté par le virus de la rage après avoir porté un anneau rouge. Avec Ganthet, il a promis quelque chose à Atrocitus (le chef de meute des Red Lanterns). Et il lui faut absolument trouver un moyen de s'éloigner d'Oa avec l'accord des GotU. Vous l'aurez compris : ce tome n'est pas fait pour les néophytes de l'histoire récente des Green Lanterns. Peter Tomasi déroule une histoire complexe où chaque personnage a ses propres motivations et ses propres objectifs, pas toujours conciliables entre eux. En plus ce récit entretient des liens resserrés avec ce qui se passe dans la série mère "Green Lantern". Malgré tout, Tomasi s'en tire bien pour raconter une histoire complète qui explique au fur et à mesure les enjeux pour Gardner. Il jongle avec une quantité impressionnante d'éléments de la mythologie des Green Lanterns : de nouvelles recrues, un porter d'anneau bleu, les secteurs inconnus, Ganthet, Atrocitus, Sodam Yat, Krona, etc. Il trouve le ton juste pour cerner le caractère belliqueux de Guy Gardner sans le caricaturer. Il se permet même une ou deux références à des chansons pop telles que "Civil War" de Guns 'n' Roses ("Failure to communicate" extrait de Use Your Illusion II) ou "Mother" des Pink Floyd ("Will you help me to build the wall ?" extrait de The Wall).

Globalement, Peter Tomasi offre un voyage pétri de mythologie Green Lantern pour développer le rôle de Guy Gardner. Il utilise de manière très habile Bleez, la Red Lantern. Ces voyages de planète en planète sont illustrés par Fernando Pasarin, encré par Cam Smith et Oclair Albert. Ils ont un style assez appliqué. Il n'y a pas de prise de risque graphique, d'écart par rapport à des représentations détaillées, posées et claires. Ce choix présente l'avantage que chaque scène se lise facilement, que chaque personnage ait une apparence aisément reconnaissable (malgré les nombreux Green Lanterns). La contrepartie est bien sûr que certaines scènes sensées être spectaculaires manquent parfois de punch. Il y a bien de minutieux détails tels que des dizaines d'éclat quand une paroi vole en éclat, ou des myriades de gouttelettes de sang quand Bleez se déchaîne qui permettent au lecteur de se plonger dans la scène, mais il manque comme une sensation de mouvement. Malgré tout ce style offre aussi des visuels saisissants : Bleez est magnifique de bout en bout, les constructions de Guy Gardner avec son anneau disposent d'un réalisme impressionnant (en particulier la moto dans l'espace lors de la première intervention), le méchant un peu générique sort du lot grâce aux détails de sa représentation. Il faut souligner aussi les effets spéciaux discrets et judicieux des mises en couleurs par Randy Mayor.

Ce tome assure au lecteur une plongée profonde dans la mythologie des Green Lanterns, avec des dessins minutieux qui donnent une consistance à ces tribulations intergalactiques. Mais cette série souffre de la comparaison avec celle de "Green Lantern", il lui manque comme un petit supplément d'âme, un souffle épique, des émotions plus intenses. À l'issue de ce tome, le temps est venu de la concrétisation des prophéties dans War of the Green Lanterns (Green Lantern 63 à 66, Green Lantern Corps 58 à 60, et Emerald Warriors 8 à 10).