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Robert Laffont, 1942 (01/01/1942)
4/5   1 notes
Résumé :
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
 
 
Les thèmes et les images abordés sans
grandiloquence ne manquent pas :
Dimanche, septembre, tristesse,
feuilles du soleil, repos au creux
de la pluie, vivants et la vie, amour,
partage d'un moment où l'on peut
rencontrer au détour d'un poème
ce « sourire caillé » interscapulaire.

Monde étrange dans lequel les objets vivent
sans bruit, où l'oreiller raconte ses nuits pas-
sées ailleurs, où les taches, la poussière ac-
cablent leurs créateurs.

Monde surprenant encore où l'homme reste
seul avec ses craintes, avec sa tête, avec ses
cris de l'escaler.

Monde singulier toujours, dans lequel l'aurore
lit les signatures, où les îles portent sur la carte
des noms de jeunes filles, où des îles sont rondes
pour mieux tenir dans les mains d'un roi.

Monde ordinaire pour finir, où ceux qui
aiment ne font qu'un.


Ainsi :

" LETTRE
Tu portais, ce dimanche-là,
Ma tristesse à fleur de visage,
Et Septembre était comme la
Vingt-huitième année de ton âge.

Il avait plu. le boulevard
Coulait vers la ville, pareil
À la rivière quand le soir
Y perd les feuilles du soleil.

La corde à l'épaule, halant
Mon tirant d'eau lourde vers Cannes,
Je descendais au gré du lent
Échelonnement des platanes.

Pressentais-je alors quelle voix
Commanderait l'écluse ? Quelle
Force ferait crier le bois
Pour une descente nouvelle ?

Et tes bras m'ont ouvert sans le
Savoir les vannes d'une vie
Dont je n'attendais plus qu'un peu
De repos au creux de la pluie.


" LES VIVANTS ET LA VIE
Les vivants et la vie
ne se ressemblent guère,
mais parfois ils se croisent
et s'aiment un moment.

J'en ai vu, sous la pluie,
se partager le vin.
Les solitaires parlent
avec leur destinée.

Et d'autres qui se battent
et qu'on ramasse morts,
un sourire caillé
entre les deux épaules.


" LES OBJETS RENVERSÉS
On peut mentir à ses amis,
rester muet devant les femmes,
mais à l'objet qui vit sans bruit
comment lui dérober son âme ?

L'oreiller gonflé, bien en place,
parle des nuits passées ailleurs.
Un tapis alourdi de traces
trahit la bête et la fureur.

Taches, cendres, poussière, odeurs,
monceau de signes sur la table,
vous accablez vos créateurs
de témoignages implacables.

Ni la peur ni la récompense
ne vous poussent à déposer,
hors l'étrange et sûre vengeance
contre qui vous a méprisés.

Vous démontez les alibis,
verrous tirés, vieilles empreintes.
Parmi les meubles ennemis
un homme est seul avec ses craintes.

Il sort et court et dans le sable
inscrit ce peu de profondeur
par quoi des molosses l'accablent,
dressés à vendre leur seigneur.

Quand la nuit, le vent, les volets,
ne confondent plus sa retraite
avec les cris de l'escalier,
un homme est seul avec sa tête !

Seul sous le poids de ses desseins
qui le font se cogner aux chaises.
Ils allaient flamber, les témoins…
Le froid du jour éteint la braise.

Sur les vitres et les tentures,
à livre ouvert dans la maison,
l'aurore lit les signatures,
le matin souligne es noms.

Et jamais vivant ne fut mieux
gardé par la prudence humaine
que ne l'est ce mort au milieu
des objets qu'il aimait à peine.


" LES PROVERBES DU TEMPS
à René Bertelé.
 
Tant que les îles porteront
sur les positions de la carte
des noms de jeunes filles,
— les Mariannes, les Marquises,
les Carolines, les Célèbes —
toutes les marines du globe
pourront s'envoyer par le fond
sans ébranler l'auberge de corail
où la mousson fait halte et change d'équipage.


Terre il fallait que tu sois ronde
pour tenir dans la main du roi.


Il s'en trouvera bien un autre
pour aller crier après nous
que nos murailles étaient basses
et notre porte sans verrou.


Ceux qui nous aiment ne font qu'un.
Une place, encore une place,
et la dernière pour celui
que nous appelions en nous-mêmes
par le prénom de notre amour.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
ROMAN DU SAULE
à Gabriel Bertin


D’abord, ce dut être une plante,
petite et souple juste assez
pour s’écouter chanter le vent.

Une plante qui se taisait
pour apprendre son métier d’arbre
dans la mémoire des racines.

Un beau jour, toutes les idées,
tous les raisonnements d’écorce
qui la gonflaient ont giclé drus.

Comme une grande véhémence
d’un coup se vide par la bouche
et laisse l’homme titubant,

cette verdure échevelée
a démoli l’énergumène
qui n’en pouvait plus de pousser.

Maintenant l’arbre ne vit plus
que de couleuvres et de rats
dans le creux de sa réussite,

et répète inlassablement
un mot énorme et sédentaire
qui fait se presser les nuages.
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CHANSON FACILE


Je fais une chanson facile
que d’autres chanteront,
et je t’invente plusieurs vies,
moi qui me lasse de la mienne

Une chanson qui plaise autant
à la mémoire qu’à l’oubli.

Qui l’entend croit la chanter.
Qui la chante n’y pense plus,
et qui veut y croire la vit.
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LA VIE NOCTURNE


Chaque nuit de sa vie était
Un coup de pouce dans l’ébauche
Qu’une fille savante et gauche
Préparait à l’éternité.

Fatigue proche du soleil !
Nuits de labeur où l’ouvrière
Allumait sous chaque paupière
Un aveuglement de sommeil.

Souvent il s’éveillait, baigné
D’une sueur étrange et forte,
Comme si les mains d’une morte
L’avaient en songe travaillé.

Il souffrait alors de sentir
Dans l’inachevé de sa glaise
Les doigts qu’une absence mauvaise
Trouait à même le désir.
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POUR FAIRE UN HOMME


Le nom, le prénom, la naissance,
les yeux, la taille, les cheveux,
— avec la blessure d’enfance —
fais-en un homme, si tu veux.

Une mesure d’existence,
de la douleur tassée au creux
de sa poitrine, un coup de chance,
le refrain qu’il chante le mieux.

Et je doute que le mot frère
le fasse un instant s’arrêter
si dans la main gauche il ne serre,

morceau de rouge fait pour mordre
loin de la patente et de l’ordre,
un témoin de sa liberté.
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SANG


Ta force coule, se dévide.
Tu n'iras pas loin cette fois.
Creusant rouge le fond des rides,
le sang te glisse entre les doigts.

Une porte, aux tempes, s'écroule
sous les coups de cette fadeur,
livre aux démences de la foule
un animal tassé de peur.

Le sang, c'est le goût de l'enfance,
le lait, la chaleur et le sel,
quand trébuche une rage immense
sur es caillots originels.
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