Un roman noir des années 40 qui se déroule dans une sanguinaire dictature d'Amérique latine. Tous les ingrédients sont là pour faire de cette BD un chef d'oeuvre.
La Colonie est un pays imaginaire d'Amérique latine. Il est sous le joug d'un dictateur de la pire espèce maintenant son pays dans la peur en utilisant la torture et le meurtre des opposants. Bon, ça, c'est classique et ça ressemble à ce qui se passait en Argentine ou au Chili par exemple. Ci dictateur totalement dénué du moindre scrupule a l'idée de faire de sa nièce, Malinche, une icône populaire, une vierge mystique qui prône l'abstinence afin que la population fasse moins d'enfants. Et qui dit moins d'enfant, dit moins d'opposants. Là, ça commence à être plus déjanté. le summum, c'est qu'il a des relations incestueuses et malsaines avec cette nièce et que celle-ci le trompe avec quelqu'un d'autre ! Mais des photos compromettantes sont en circulation. Malinche demande donc de l'aide à un détective privé, Donaldo Reyoso, ex flic incorruptible et alcoolique qui accepte de l'aider alors que l'Iguane, le tueur en chef du régime est lui aussi sur l'affaire.
Ce polar, avec une grosse couche de politique brille tant par le scénario de Trillo que par les dessins de Mandrafina. A travers une intrigue policière classique des polars noirs des années 40/50, Trillo nous permet de découvrir ce système politique dont la peur est le seul moteur. On y découvre les coulisses et la corruption endémique, les mécanismes de fonctionnement et les absurdités de ce type de régime et c'est souvent drôle. Cet humour est encore accentué quand les personnages parlent directement au lecteur, comme dans certaines sitcoms des années 90.
Toutefois, c'est le personnage de l'Iguane qui marque les esprits, car avec lui la peur est réelle, une peur qui gagne tous les personnages mais aussi le lecteur, une peur qui vient des profondeurs de notre subconscient et qui est une des grandes forces de l'oeuvre.
Cette tension palpable est renforcée par les dessins tout en clair-obscur de Mandrafina. La galerie des personnages sont incroyables et les visages, les émotions sont rendues avec une maestria bluffante. C'est à la limite de la parodie, mais cela permet aussi de donner un peu de légèreté à la noirceur du récit.
Cette BD sud américaine n'est pas reconnu à sa juste valeur en France et si vous aimez les romans noirs et les ambiances latino américaine des années 50, à vous plonger dans cette intégrale.
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Du pour… et malheureusement du contre.
Donaldo Reynoso est un privé désabusé, qui va encore une fois tomber amoureux, et avoir le coeur brisé du fait d'une idylle impossible.
Mais pas avec n'importe qui, cette fois.
Avec "la vierge intouchable", icône en ce pays, et nièce du "suprême gouverneur", dictateur des plus sordides d'une république Sud-Américaine lambda.
Elle s'est attirée les foudres d'un répugnant personnage, l'ancien nazi Reiner von Fritz, qui va envoyer sur leurs traces un implacable meurtrier, "l'Iguane, grand assassin du régime du grand pantin"...
Une aventure pleine de protagonistes attachants, certes.
Une histoire de cavale, un pamphlet soft de la junte Argentine, qui a laissé des traces à tout un peuple, et cela se ressent au travers de ces cases.
C'est maîtrisé, mais pas à la hauteur de mes espérances.
Principalement à cause des nombreuses coupures du récit, qui desservent sa fluidité, ou de trop récurrentes scènes "au plumard".
Malgré la très grande force qui se dégage des dessins en noir & blanc de Mandrafina, à préférer "spaghetti brothers" de ce même duo, saga dans le même ton mais beaucoup plus prenante d'une famille mafieuse.
(plus d'avis sur PP)
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Tout de noir et blanc, la BD argentine ajoute à ses oeuvres cette histoire dramatique, le destin d'une femme immergée dans le cercle du pouvoir d'une dictature sud américaine. Piégée et en danger de mort, elle se tourne vers le seul homme intègre de ce petit pays qui noie son chagrin dans un bar local. Une lutte au milieu de personnages ignobles et typiques...
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La grande arnaque est incontestablement un des grands titres de la bande dessinée argentine contemporaine, qui séduit autant par sa beauté graphique, son humour corrosif et l’universalité de son histoire. Magistral.
Lire la critique sur le site : Bedeo
Donaldo Reynoso doit se trouver au "Rey Mano" aussi bourré que moi ou même plus.
Les oreilles d'une vieille n'ont pas de méchanceté, gamin.