Gilles, 11 ans, tête ronde aux yeux rieurs, galopin roublard, espiègle et ingénu.
«
le petit frère » : un titre qui transpire la tendresse, la protection par l'ainé d'un poulbot qui n'a pour seul souhait que de devenir grand.
J'ai vibré d'insouciance et de bonheur pendant ces trop rares planches nous transportant en roulotte et en famille, sur les routes de la campagne bretonne. le bonheur irradiait chacun, l'insouciance sublimait ces vacances d'été 76. le petit bobo de Gilles rendait cette séquence de vie si réaliste et identifiable !
Les yeux embrumés, je me suis effondré lors de l'évènement tragique, reposant rageusement le livre sur ma table de chevet à intervalles séquencés, le souffle coupé…
Gilles…
J'ai projeté cet évènement sur ma propre condition de père et de frère.
J'ai compris et suivi à travers le temps qui s'égrène, les douleurs insondables de chacun, la cautérisation et l'oubli impossible.
J'ai imaginé le ravage indicible des remords individuels, la haine, l'incompréhension, le manque, le vide, la fuite dans un quotidien qui occupe les pensées
Tout comme les proches, Gilles m'a hanté le long de ces 330 pages...et continue de le faire.
Ma passion pour la bd sort renforcée à la lecture d'oeuvres de cet acabit. Quand le remarquable dessin de Tripp se met au service d'un témoignage bouleversant et intimiste, cela accouche d'une oeuvre indispensable.
Toi le frère à la vie suspendue…
... « Si tu savais ce que j'ai bu
De mes chagrins en solitaire ...
Si la vie s'était comportée mieux
Elle aurait divisé en deux
Les paires de gants, les paires de claques
Elle aurait sûrement partagé
Les mots d'amour et les pavés
Les filles et les coups de matraque
Mais tu n'es pas là »
Mon frère.
Maxime le Forestier