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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un grand merci à Babelio et aux éditions Casterman...

En ce mois d'août, JeanLouis, à 18 ans, passe ses vacances sur les routes de Bretagne, avec sa famille, en roulotte. C'est l'avant-dernier jour de leur périple et une halte est prévue à St-Herbot. Ils ont pris un peu de retard sur leur horaire car ils ont traîné dans l'après-midi à jouer au chairball, un jeu de leur invention, et se sont gavés de mûres ramassées sur le chemin. Ils ont également fait un détour pour aller voir un dolmen et se sont ainsi retrouvés sur la CD14. La route étant goudronnée, les roulottes collent au plus près du fossé pour laisser le peu de voitures circuler. JeanLouis conduit la seconde roulotte, bientôt rejoint par son frère, Domi, sa mère suivant le convoi derrière sur son vélo. Gilles est couché dans la roulotte, un gant humide sur le front, la faute à cette cocotte-minute qui lui est tombée sur la tête un peu plus tôt. Une fois levé, il rejoint ses deux frères, fait le pitre, se met à chanter du Fugain. Ce qui les fait bien rire tous les trois. Domi les abandonne et rejoint sa mère derrière. Au bout d'un moment, Gilles en a marre et veut continuer à pied. Mais à cet endroit-là, le fossé est trop profond et il décide de passer de l'autre côté. JeanLouis lui conseille de descendre d'abord sur le marchepied pour être sûr qu'aucune voiture n'arrive par derrière. Mais l'adolescent n'a même pas le temps de regarder qu'une voiture, arrivant de face, le percute violemment. le chauffeur continue sa route, abandonnant Gilles et toute une famille paniquée...

Ce 5 août 1976 aura marqué, à tout jamais, la vie de JeanLouis et toute sa famille. Un tragique accident aura coûté la vie de son petit frère, Gilles, âgé de 11 ans. Comme le souligne JeanLouis Tripp, dans sa postface, l'idée de cet album a pris naissance lorsqu'une de ses amies a perdu son frère âgé de 29 ans et lorsqu'il apprend qu'un chauffard de 20 ans, qui a pris la fuite, a tué, sur les routes de Bretagne, un enfant de 10 ans et laissé pour mort un autre de 7 ans. Un terrible drame qui a aussitôt fait écho au sien, survenu 43 ans plus tôt. S'il revient sur les événements tragiques (remémorés notamment grâce à sa maman), il dépeint, avec force et émotions, l'enterrement, la période de deuil, l'immense tristesse, le procès, la reconstruction, les séquelles, mais aussi ce profond sentiment de culpabilité, lui qui lui a lâché la main. Il entrelace ses souvenirs avec le présent, notamment ses échanges avec sa mère, en vidéo, avec son frère, Domi, et sa soeur, Cécile, née du second mariage de son père, qui n'a jamais connu Gilles mais a toujours ressenti sa présence au coeur de sa famille. Avec beaucoup de sensibilité, JeanLouis Tripp a trouvé les mots justes pour retranscrire toutes ses émotions. Aussi bien sur le fond que sur la forme. Son trait reconnaissable regorge de délicatesse, d'amour, d'émoi et de tendresse. Les pages muettes sont tout simplement saisissantes. Si le noir et blanc domine, les dernières pages en couleur témoignent sans nul doute d'une forme d'apaisement et d'acceptation.
C'est le coeur serré et les yeux au bord des larmes que l'on referme cet album terriblement poignant et bouleversant...
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J'ai de plus en plus de mal avec des auteurs qui nous font partager leur souffrance comme pour se faire du bien en évacuant certains traumatismes à la manière d'une thérapie par l'écriture. L'écriture de ses pensées et de ses sentiments permet de régler des problèmes personnels et surtout d'avoir une meilleure compréhension de soi.

Je sais bien que la BD traite parfois de sujets tristes voir tragiques. Encore faut-il que l'oeuvre soit irréprochable ! Or, c'est bien le cas en l'espèce. Cependant, je vous préviens d'avance : vous allez pleurer de toutes les larmes de votre corps !

L'absence d'un frère se fait généralement ressentir tout au long de la vie de notre auteur Jean-Louis Tripp, assez connu pour être le dessinateur de la série « Magasin Général » avec Régis Loisel. Il revient sur un accident de voiture qui est intervenu en 1976 soit il y a près de 45 ans et qu'il n'a malheureusement jamais oublié puisque la vie de son jeune frère Gilles âgé de seulement 11 ans a été emporté par un chauffard sur une route de Bretagne.

Lorsque l'on vit un deuil, les mots font souvent défaut pour décrire ce que l'on ressent. Je pense qu'il a fallu beaucoup d'année à l'auteur pour digérer ce deuil et le décrire en image. On voit qu'il y a mis toute son âme et c'est très beau.

Lorsqu'on a perdu quelqu'un de proche, on ne peut rester insensible à ce terrible drame qui arrache des êtres aimés. Il y a une cruelle injustice quand ce sont de jeunes gens qui sont fauchés par la mort. Comment accepter cela et trouver la force de vivre, de continuer ? Cette déchirure est incommensurable. Voir son enfant partir le premier est l'épreuve la plus cruelle à affronter pour un parent. Pour un frère également. On n'ose pas imaginer la douleur et le chagrin de cette tragique épreuve.

Les accidents mortels de voiture sont fréquents dans notre pays. A un moment donné, il y avait plus de 18.000 décès par an. La sécurité routière a eu pour effet en quatre décennie de faire baisser le nombre de victime alors que le trafic routier a été multiplié par deux. En 2022, près de 3500 décès. La majorité des accidents mortels ont lieu sur les routes de campagne.

Il y a un passage sur l'indemnisation des proches des victimes d'accident de la circulation. Il est vrai que les sommes d'argent proposées sont dérisoires face à la perte de l'être cher qui n'a pas de prix. Et puis, c'est assez indécent de voir les avocats se disputer les montants pour faire gagner de l'argent à leur client.

J'éprouve également de la répulsion par rapport à l'auteur du délit de fuite qui s'en tire plutôt à très bon compte sans éprouver le moindre gramme de culpabilité. Ces gens qui tuent sur la route passent vite à autre chose et se disent que ce n'était qu'un accident. Oui, mais c'est bien lui qui tenait le volant et qui a brisé la vie de toute une famille à cause d'une conduite à vitesse excessive.

C'est une société sans responsabilité où les assureurs vont de toute façon payer à la place du conducteur. le verdict que je ne dévoilerais pas est à l'image de l'impunité qui sévit dans notre pays pour ces infractions routières.

Par la mort, la famille ne se détruit pas, elle se transforme. C'est ce qui va arriver à cette famille dont chacun des membres va éprouver de la culpabilité. Si je lui avais tenu plus fermement la main, si je n'étais pas parti en vacance en Bretagne, si je l'avais laissé chanter plus longtemps, si je n'avais pas souhaité sa mort dans un accès de colère etc…

Passé la période de deuil, la famille devra affronter le procès mais également une lente reconstruction. J'ai bien aimé le fait que toutes ces étapes soient présentes entre le traumatisme, le deuil ainsi que le recul nécessaire par la suite sous forme d'acceptation. L'auteur a pris le choix de nous raconter l'accident et ses conséquences et non la vie d'avant que l'on pouvait de toute façon percevoir dans les instants qui ont précédé le drame.

Fort heureusement, il y aura un beau message final qui peut se résumer ainsi : Être fidèle à ceux qui sont morts, ce n'est pas s'enfermer dans la douleur. Certes, on l'a souvent entendu mais on a sans doute besoin de le ressentir vraiment. Être fidèle à ceux qui sont morts, c'est vivre comme ils auraient vécu. Et les faire vivre avec nous.

Le dessin semi-réaliste est tout simplement assez magistral notamment dans l'utilisation du trait noir qui domine. le graphisme sert très bien le récit en lui apportant la nécessaire dimension émotionnelle. le soin apporté à chaque planche est remarquable. On remarquera également le retour de la couleur en fin d'album. On ne peut qu'être en admiration devant ce travail impeccable. Même la forme est une indéniable réussite.

Au final, le témoignage de Jean-Louis Tripp nous permet de nous situer nous-même par rapport à ce type de drame. Evidemment, je n'ai pas été insensible en ayant beaucoup de peine, en se remémorant également de mauvais souvenir qu'il est nécessaire parfois de se rappeler pour pouvoir continuer à avancer sereinement.

Il y a de la force ainsi que beaucoup d'émotion dans cette oeuvre poignante et magnifique qui retranscrit avec une profonde sincérité des événements tragiques qui peuvent tous nous toucher. Sans aucune hésitation, je mets 5 étoiles.
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Fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs du Val de Sully.

Août 1976 - en Bretagne.
C'est la canicule, ce sont les vacances et on les passe le long des routes à bord d'une roulotte. On est sur la fin du séjour.
Nous sommes insouciants, on chante, on rit et d'un coup l'accident…
Tout s'effondre…

Roman graphique. Jean-Louis Tripp, l'auteur et dessinateur, relate l'histoire de la disparition de son frère et les conséquences sur la vie de chacun des membres de la famille.

Les dessins sont très expressifs et le choix du noir et blanc donne plus de poids aux souvenirs.
J'ai été souvent bouleversé par la douleur évoquée tant par les textes que par les dessins.
J'ai été révolté lors de la plaidoirie de la Défense par les mots de l'avocat. Je ne peux m'empêcher de vous décrire la scène. L'auteur procède à un zoom sur la bouche de celui-ci, par 7 dessins et des tailles de caractères de plus en plus grandes.

Image 1 : plan général du visage.
« Comment évaluer le préjudice… »

Image 2 : plan resserré sur les lèvres et le nez.
«S'il s'était agi d'un père… d'un soutien de famille… On aurait pu se baser sur les revenus de celui-ci… et définir la perte… le manque à gagner… »

Image 3 : gros plan sur les lèvres fermées.
On sent que l'avocat se prépare à lâcher une bombe.

Image 4 : gros plan sur la bouche. L'avocat parle. - à partir ce plan la taille des caractères changent -
« Mais un enfant de 11 ans… »

Image 5 : gros plan sur les dents.
« Je suis vraiment désolé de le dire ainsi, mais… un enfant de 11 ans ne rapporte rien… »

Image 6 : gros plan sur la luette.
« A tout prendre… »

Image 7 : nous sommes dans la bouche de l'avocat et cette image donne l'impression qu'on entend résonner ses derniers mots
« … ce serait plutôt une bouche de moins à nourrir… »

Ce livre n'est pas une histoire mais une tranche de vie. Celui-ci est très fort émotionnellement. L'auteur nous fait vivre toutes les étapes de la vie qui lui ont permis de passer de la culpabilité à la résilience.

Et puis les planches colorées arrivent On comprend alors que tout s'apaise.

Je ne peux que vous encourager à découvrir cet ouvrage.
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L'innocence, l'insouciance, la légèreté, le sentiment de liberté, les pitreries sur la route des vacances en Bretagne prennent fin brutalement, avec une violence inouïe lorsque Gilles le petit frère se fait faucher par une voiture.
La scène de ce drame va se dérouler sous les yeux du grand frère qui lui a lâché la main. Cette scène va se répéter et tourner en boucle. Les flashs vont (ponc)tuer le quotidien de ce grand frère qui va se sentir broyé par cet accident lui ôtant son petit frère.
La scene et les heures qui suivent sont retracées avec une incroyable justesse dans les sentiments. Toutes les étapes sont relatées et toutes vous retournent l'estomac car chaque instant, chaque seconde devient un fardeau.
Les quelques mots choisis par l'auteur Jean-Louis Tripp son déchirants, les attitudes, les visages, les regards vides ou emplis de larmes, tout est là et terriblement déchirant.
La brutale disparition de Gilles laisse chaque membre de la famille avec un poids, celui de la culpabilité. Chacun va se sentir coupable et vivre avec ce poids qui ne sera déposé, dit que bien des années plus tard lorsque Jean-Louis Tripp va se pencher sur l'écriture de ce drame. Cet album est d'une grande beauté. Par la force des sentiments décrits par un mot par-ci, par-là, la justesse des dessins, la douleur est transmise, nous la ressentons à chaque planche et nos propres larmes viennent se mêler à celle de l'ensemble de la famille.
Merveilleux album qui va droit au coeur.
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Cet album, à la mémoire de Gilles, m'aura tiré bien des larmes et laissé le coeur gros, tellement le sujet est bien rendu dans son intensité et son intention.
On sent que Jean-Louis Tripp a mis ses tripes sur la table à dessins avec cette BD accomplie qui rend compte du deuil familial, de la perte de son petit frère, mort tragiquement lors de vacances d'été en 1976.
Cet album est vivant.
Les dessins redonnent une histoire à Gilles qui a vu la sienne se terminer à l'âge de 11 ans. Jean-Louis m'a totalement embarquée dans ce récit qui montre tous les sentiments vécus par la famille lors de cette tragédie. La colère, le ressentiment, les « j'aurais donc dû », l'importance des rites funéraires, l'entourage qui s'entraide… tout y passe.
Et pourtant, la vie continue.
Les dessins sont magnifiques, l'émotion est palpable. L'auteur rend également un bel hommage à sa maman, victime collatérale de ce pénible décès, en lui donnant la parole pour honorer la mémoire de Gilles.

« C'est mon fils… on le ramène chez nous… il avait 11 ans… il s'appelait Gilles… »
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J'en ai entendu parlé, j'ai écouté l'émission « La Librairie Francophone ». Je me suis précipitée à la librairie pour acquérir cette BD.

Je l'ai commencé, j'ai pleuré, beaucoup pleuré, et ne l'ai plus lâché, jusqu'à la dernière planche. Jean-Louis Tripp a vraiment mis ses tripes dans ce livre (et ce n'est pas péjoratif).

D'abord, il y a l'horreur du drame, la prise de conscience de la mort du petit frère, les obsèques poignantes, la vie qui continue.

Jean-Louis Tripp parle de lui, de ses ressentis à la suite de ce drame, mais également, ce que sa famille en a perçu et comment elle l'a vécu. Les parents inconsolables, la culpabilité qui ne lâche pas Jean-Louis et son frère Dominique (il l'avouera tardivement à son frère), la lettre de sa maman, adressée à celui qui a causé le drame, est tragique mais aussi sublime…

Même la petite soeur, qui est venue après, en a subit les conséquences. « Il était partout et… toute monde était triste ! Tout le temps… Alors moi, dans ma tête de petite fille, je comprenais qu'il fallait être triste… » « Je réalise que, finalement j'en arrivais à être triste de ne pas me sentir triste ! Mmh… d'où ma culpabilité…

On passe par tous les sentiments, le tragique, la folie qui vient vous frôler, la tristesse, la colère, le ressentiment, plus parce que le chauffard et sa famille n'ont jamais adressé de regrets à la famille, alors qu'il a pris la fuite, et n'a pas prévenu les secours… le poids de cet accident sur Jean-Louis qui le porte dans sa peau, enfin les thérapies, l'apaisement… Non, pas l'oubli, certainement pas l'oubli. Simplement la continuité de la vie, avec le petit frère à côté de soi.

Les planches sont en noire et blanc, tout comme la couverture, pour bien appuyer la tragédie. On est tout de suite happée par l'histoire, le tragique. seules les dernières pages sont en couleur.

Jean-Louis TRIPP a consacré deux ans et 5 jours à l'écriture de ce livre qu'il portait en lui depuis le décès de son frère. « Il y a eu des moments d'intenses émotions, bien sûr. Mais pas les abîmes d'il y a quarante ans. Au contraire, ce fût plutôt un baume apaisant sur les douleurs du passé. Et même comme une douceur d'avoir fréquenté mon petit frère pendant 2 ans. »

Une histoire toute en sensibilité, en tendresse, forte en émotion, pleine de pudeur, qui restera longtemps dans mon coeur.
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Quand j'ai pris cette BD, le nom sur la couverture je ne l'ai pas, de suite, associé à une BD que je connaissais.
Puis je l'ai ouverte et, en quelques cases, j'ai retrouvé les traits et le dessin qui m'évoquait Loisel et j'ai compris qui était Jean-Louis Tripp.
Je ne sais pas pourquoi mais cela m'a permis de m'associer un peu plus à l'histoire, d'accentuer mon empathie pour le drame que nous traversons avec lui.
Parce que, mon Dieu, quel histoire tragique.
Outre la narration d'un drame atroce, Tripp nous raconte la peur, le deuil, le chagrin. La façon dont il a perçu les choses, la façon dont chacun a vécu sa tristesse et l'acceptation de celle-ci.
Et la colère! Comment ne pas être en colère en lisant le réquisitoire de l'avocat de la défense?
J'ai été très touchée par la sincérité avec laquelle l'auteur et les siens racontent leur ressenti, leurs souvenirs, leur culpabilité.
J'ai été marquée par cet instant poignant, sans cesse ressassé de la main qui se lâche, ce moment où tout sombre.
Une lecture marquante et émouvante qui ne peut laisser aucun lecteur indifférent.
Magnifique.
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Un artiste qui évoque un traumatisme personnel profond le fait probablement avant tout pour lui-même. Dans de trop rares cas, l'oeuvre ainsi créée devient universelle et "parle" à tous. Jean-Louis Tripp se décide, quarante-trois ans après les faits, à "raconter l'histoire la mort de mon frère et de ce que ça m'a fait". Son jeune frère avait onze ans lorsqu'il a été tué en août 1976 sous ses yeux, dans des circonstances tragiques que je vous laisse découvrir. Tripp réussit le tour de force d'évoquer tout à la fois la violence répétée (l'accident, la fuite du conducteur impliqué, la maladresse des médecins à l'annonce du décès, le tribunal et j'en passe), le traumatisme, la résilience, la culpabilité, l'absurdité, la colère, l'impossibilité de communiquer à d'autres sa souffrance comme de comprendre la leur... le dessin, essentiellement monochrome, sert admirablement son propos, le texte se fait souvent très discret, voire totalement absent, comme pour souligner l'inutilité des mots. Les planches muettes décrivant les trois jours précédant les obsèques sont simplement bouleversantes. On tourne les pages sans pouvoir s'arrêter, les larmes coulent jusqu'à ce que lentement, progressivement, une forme de reconstruction opère, jusqu'aux planches finales, la couleur revient, un travail nécessaire est accompli.

Ce récit graphique est magistral.
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Jean Louis TRIPP . le petit frère.

Une couverture noire et le titre en lettre jaune pâle, un homme qui éparpille des pétales jaunes sur une route matérialisée par une ligne blanche. Déjà cette couverture porte, à elle seule de nombreux symboles : noir, la mort, jaune, la vie, la ligne blanche, le danger, les pétales, le souvenir. Ce roman graphique traite d'un deuil survenu dans la vie de l'auteur il y a 45 ans. Il avait 18 ans lorsque son « petit frère », Gilles, 11 ans à l'époque et pour toujours a été victime d'un chauffard sur la route des vacances, le 5 août 1976. Quel drame pitoyable. Mourir à 11 ans, cela ne devrait pas être.

Et en 340 pages, Jean Louis TRIPP, nous fait revivre cette catastrophe qui a bouleversé toute la vie d'une famille. c'est un témoignage très fort auquel il nous intègre. Nous suivons la chronologie de cette journée fatidique, accompagnons les membres de la famille présents lors de l'envolée du fils, frère. Nous passons la nuit aux urgences ; combien de temps entre le choc et l'arrivée des secours, le transfert aux services d'urgence le plus proche, l'annonce à tous, la proche famille dont le père, en vacances avec sa nouvelle épouse en Espagne, les amis, les collègues de travail, etc.… Les minutes paraissent être des heures, les heures des journées et les journées des semaines. Et pourtant 1 h c'est toujours 60 minutes. Il faut s'armer de patience. Chacun veut effacer ce triste instant de sa mémoire. Notre auteur a mis plus de quarante années avant d'exorciser ce jour tragique. Il fait dans ce bel album preuve de sagesse, de pudeur, d'humilité, de perspicacité. Il analyse les diverses faces des personnes qui ont assistées à cet accident ; il se met même à la place du chauffard ! de façon très fidèle, nous accompagnons cette famille brisée, éclatée, perdue. le procès nous révolte. Qu'est ce que cette réflexion d'un membre du barreau qui n'accorde aucune valeur à la perte d'un enfant. Et si ce drame l'avait personnellement touché, le jugement aurait été complètement inversé !

j'apprécie la qualité des dessins, en noir et blanc, ce qui accentue la tristesse, le chagrin, le déchirement, la mélancolie. Un long chemin de résilience, même Cécile, la dernière soeur de l'auteur, née après le décès de Gilles connaît une profonde affinité pour ce frère, inconnu pour elle. Cependant face à cette tragédie, elle aussi porte le deuil.

Je félicite chaleureusement Jean Louis. Et je recommande la lecture de ce magnifique roman graphique à tous, et plus particulièrement, à tous les jeunes et futurs conducteurs. Il est impératif de connaître le code de la route avant de subir les épreuves de conduite. Ce récit pourrait leur permettre de réfléchir avant de sa lancer à des vitesses dignes de conducteurs de formule 1. Levez le pied. Et si un tel drame frappe à votre porte, que ferez-vous ? Non, il ne faut pas fuir. Il faut prévenir les secours en priorité. Oui aujourd'hui, nous sommes tous en possession de portable et nous connaissons tous les numéros à composer. Ces derniers sont même enseignés aux jeunes enfants en primaire ! Mais souhaitons de ne jamais en avoir besoin, de ne jamais devoir les faire. J'ai lu et non feuilleté cette histoire réelle présentée sous forme de BD, d'une seul traite, le mouchoir à la main. J'éprouve beaucoup d'empathie pour tous ceux qui subissent un tel drame. Les dessins valent bien des phrases, tellement bien placées. Les textes sont en parfaite adéquation avec le thème. Merci pour cette belle leçon de morale.
( 08/10/2022).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Un coup de coeur pour ce graphique qui m'a prise aux tripes. Je l'ai pris, un peu au hasard, à la bibliothèque en sachant que cela parlait d'un deuil d'un enfant.

J'ai été surprise de lire que c'est l'auteur lui-même qui raconte cet épisode dramatique qui est arrivé à sa propre famille : la perte d'un frère, Gilles, 11 ans, renversé par un chauffard. On y voit son point de vue, ses émotions, mais aussi ceux de la famille tout au long de la tragédie , de la prise en chage à l'hopital, du procès.

Il y a beaucoup d'émotions, de tendresse aussi; j'ai pleuré, beaucoup de force dans le trait et dans la composition de l'album.

Une vraie réussite.

Tout est raconté avec beaucoup d'émotions, sans en "faire de trop", ce sont des mots justes, vrais et certains passages m'ont vraiment choquée.

Les dessins sont en noir et blanc, parfois avec quelques touches de couleurs, pour raconter le passé. Quelques planches sont en couleur pour le présent.
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