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sur 1003 notes
On ne se soucie de rien, on ne se préoccupe de rien. Détachement. Frivolité.
Mais la violence du monde brise cette légèreté. Après "L'invention de nos vies", Karine Tuil, transforme à nouveau la réalité en une fiction, âpre et aiguë : "L'insouciance". Et qui ne peut laisser dans l'indifférence.


Le récit tourne autour de quatre personnages : Romain, François, Marion et Osman, dont chaque destin va être bouleversé, non pas par un fusil comme dans le film "Babel" mais par la brutalité envahissant la société, de près comme de loin, des sphères politiques jusqu'aux si infranchissables montagnes afghanes.
Romain Roller, un militaire engagé mais dévasté ; François Vély, un riche entrepreneur franco-américain d'origine juive ; Marion Decker, une jeune journaliste ; Osman Diboula, personnalité politique montante d'origine ivoirienne. Ils se connaissent déjà où vont se rencontrer, souvent pour le pire, quelquefois pour le meilleur. de la guerre en Afghanistan jusqu'au palais de l'Elysée, du 9-3 au VII° arrondissement, de New-York à Bagdad, une série d'événements privés et publics (liaison extraconjugale, scandale médiatique, prise d'otages) va faire basculer chaque chemin de vie.
A travers ce parcours, c'est un portrait cruel de la société du XXI°siècle (avec, entre autres, de nombreuses références au très sélect club "Le Siècle") où tout est agressivité, pouvoir, fausseté dans un bain politico-médiatique sur fond de mouvance belliqueuse mondiale et communication incontrôlable via la puissance de l'image et la mainmise des réseaux sociaux. S'ajoutent les sempiternelles questions raciales et religieuses avec la manipulation qui s'ensuit.
La romancière a la sagesse et l'intelligence de ne jamais tomber dans les clichés faciles qui, pourtant, auraient pu être tentants : les minorités issues des banlieues, l'Elysée avec ses couloirs et ses "off", les dirigeants et la finance, le racisme, l'antisémitisme… Tout est bien construit sans angélisme ni voyeurisme à outrance. Sauf, une description du réel qui met mal à l'aise, forcément.
Car la violence est omniprésente, à faire trembler les 524 pages que vous tournez sans pouvoir vous arrêter. Violence de la guerre, du combat. Violence du pouvoir, de la domination/de la chute. Violence de l'entreprise, de l'argent, des marchés. Violence dans le couple, l'amour, le sexe. Violence dans l'amitié, les relations. Violence dans la religion et ses extrêmes. Violence dans l'impétuosité médiatique. Violence dans l'égocentrisme. Violence des descriptions qui laisseraient des traces de poudre sur la table où votre livre est posé. Violence des dialogues, violence dans la transposition de personnages fictifs avec l'actualité des dernières années.


Karine Tuil par son phrasé si particulier et ce pouvoir de l'écrit qui monte en crescendo, est plus convaincante que nombre d'éditorialistes/spécialistes au langage parfois trop redondant. Peut-être plus réaliste aussi, le roman laissant aux vestiaires ce que l'on ne peut dire sur un plateau télé ou dans un magazine. Car cette fiction n'a pas été écrite au hasard, l'auteure ayant fait d'innombrables recherches, notamment dans le domaine militaire et sur les blessés de guerre.
Un roman à lire parce qu'il interroge, beaucoup. Avec une note d'apaisement pour clore cette épopée de la brutalité. Parce que la vie est la vie, et qu'elle doit continuer.


Extrait
"François n'avait pas perçu la charge politique de cette sculpture, l'art faisant partie de sa vie, il était partout chez lui, rien ne le choquait. Comment aurait-il pu imaginer que, le jour même de la parution du magazine, le grand public manifesterait sa réprobation sur tous les supports et avec une violence qui l'avait sidéré ? "Scandaleux" , "raciste", "ignoble". Ça avait commencé par une réaction outragée d'un journaliste sur Facebook. Dans un commentaire accompagné d'une copie de la photo, il avait écrit : "le racisme décomplexé d'un grand patron français". Des personnes lui avaient répondu et aveint partagé le lien. L'indignation réciproque, on se chauffe, on dénonce, et en quelques dizaines de minutes, ça s'embrase, le message est repris partout, la photo, diffusée sur les réseaux sociaux aux quatre coins du monde."

Lien : http://squirelito.blogspot.f..
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A travers une dizaine de personnages couvrants un panel de profils sociétaux (homme/femme, banlieue/XVIème, ...), la particularité de ce livre se situe moins dans le scénario dynamique et bien ficelé, que dans la capacité de l'auteure à dépeindre toutes les combinaisons possibles de rapports de domination. Il m'a semblé que les histoires entrelacées, aux penchants parfois "Santa Barbara", sont en fait un prétexte pour exposer de multiples formes de violence rencontrées dans la société. Les profils tombent un peu dans les clichés, certes, donc la force du livre ne se situe pas forcement dans la finesse des personnages pris individuellement, mais plutôt dans la finesse, la dynamique et la variabilité de leurs relations. Un regret tout de même, car la qualité d'écriture est certaine mais la description des rapports amoureux (et d'amour en général) manquent un peu de profondeur ou de complexité. Par exemple l'amour entre Marion et Romain: on sent que l'auteur veut le décrire comme très fort, mais le lecteur devra un peu s'en auto-convaincre...
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Une lecture extraordinaire. Vous allez finir par penser que j'aime tous les livres que je découvre. Tel n'est pas le cas mais franchement, ce roman est juste. Il décrit les difficultés de l'amour, de la passion, du pouvoir, de la mise en lumière en politique. Les scandales... le monde des affaires, tout y est. 500 pages que j'ai dévorées, me dépêchant de saisir mon livre dès que j'avais quelques minutes pour tourner encore et encore les pages jusqu'à la fin. Romain et Marion parviendront-ils enfin à s'aimer, à être ensemble ou les difficultés de leurs vies respectives prendront-elles le dessus sur cet Amour avec un grand A ? Je ne vais pas dévoiler la fin de l'histoire mais franchement, quelle plume ! Amis lecteurs, vous l'avez compris, cette lecture ne laisse pas indemne mais elle est vivifiante, je dirais et elle ramène bien à la réalité et à ce qui importe vraiment dans la vie. A dévorer sans pus attendre !
Lien : http://www.jadorelalecture.c..
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Dans une écriture particulière, l'auteur nous dépeint la vie des personnages et évoque leur insouciance. Cependant, cela ne durera pas longtemps, ils seront de retour à la réalité et devront affronter de tragiques évènements. Passionnant mais ne laisse pas indemne.
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Ce livre nous tient en haleine, on ne s'ennuie pas, les différentes intrigues qui relient les personnages nous pousse a toujours continuer afin de découvrir comment l'auteur parvient a rendre toutes ces histoires crédible. J'eu même cru que ça en deviendrait lassant mais Karine Tuil doter d'une plume de maître parvient à tenir le lecteur a sa merci sans qu'il puisse se douter du sort des personnages.
A lire pour tous ceux qui aime les histoires qui s'entremêlent et les récits de vie, ces vies hors du commun entre un soldat, un conseiller du gouvernement,... Les liens sont subtiles, passionnant, les relations d'influences et d'amoures s'entremêlent, a conseiller pour ceux qui aime les relations compliquées.
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j'avais un a-priori positif en lisant les critiques et commentaire au sujet du livre. Mais j'ai été étonné, capté et lu le texte dans la journée.
Dans un travail travaillé, le vocabulaire est précis, et les références sont riches, l'histoire croise des parcours de vies, des passions, des ascensions et chutes. C'est aussi une tres belle analyse de la société au sujet du pouvoir politique et économique, des élites et des classes moyennes ou popuplaires.
je le recommande vivement.
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Roman qui colle à l'actualité, foisonnant, avec une écriture très précise. On est dans la tête de plusieurs personnages : un jeune sergent qui revient d'Afghanistan Romain, une étoile de la politique Osman qui après avoir approché les arcanes du pouvoir s'en trouve exclu. Marion une écrivaine et journaliste qui a publié un 1er roman remarqué et qui est marié à un riche homme d'affaire François: roi des télécommunications. Ces personnages de classes sociales, caractère différents vont être au coeur de l'actualité brûlante.

C'est une radioscopie parfois glaçante des milieux de la politique, des quartiers mais aussi un décryptage des ravages de la guerre, de la passion dans une vie. Cette fresque fait réfléchir sur l'humain, ses choix de vie, sa volonté de s'élever, son sentiment religieux.

J'avais déjà apprécié la maîtrise de la construction dans le précédent roman de Karine Tuil,elle se confirme ici. Par petites touches, en mêlant réalité et fiction, elle nous fait réfléchir à notre société, ses valeurs, ses blocages. Un monde de bruit, de luttes réelles et mortelles dans les souvenirs du soldat, feutrées et ridicules en politique à travers l'expérience d'Osman. Cette violence sous jaccente qui est malheureusement au coeur de notre société. On plonge dans une lecture immersive qui alterne les beaux et les bas quartiers, la peinture d'une France moderne des années 2000.
La suite sur http://eirenamg.canalblog.com/archives/2016/10/28/34492849.html
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L'INVENTION DE NOS VIES, le précédent roman de Karine TUIL, avait été en 2014 une lecture captivante et marquante pour les Cousines. Avec L'INSOUCIANCE, elle réussit à nouveau ce tour de force d'une plus forte intensité encore compte tenu de son écho avec notre récente actualité nationale. L'un des épigraphes de ce livre, dont Aimé CESAIRE est l'auteur, donne le ton du roman : « Liberté, égalité, fraternité, prônez toutes ces valeurs, mais tôt ou tard, vous verrez apparaître le problème de l'identité ». Il est évident que Karine TUIL bouscule nos convictions et nous amène à nous questionner sur notre société et l'avenir de celle-ci, avec un récit haletant et d'une intelligence remarquable.

L'INSOUCIANCE, c'est celle brisée de trois personnages :

Romain ROLLER est un jeune soldat de retour d'AFGHANISTAN où il a vu ses hommes exploser sous ses yeux dans une embuscade ennemie, et qu'on renvoie à la vie civile sans aucune précaution. Lui est vivant et entier, mais ce qui a explosé dans sa tête ce jour-là, personne ne le voit, alors qu'il a l'impression d'être mort à l'intérieur. Aucun de ses proches, ni sa femme ni son fils ne parviennent à le raccrocher à la vie et à éloigner la terreur qui ne le quitte plus depuis son retour. Une fois, juste une fois il a réussi à la tenir avec distance : lorsqu'il était avec Marion DECKER, journaliste qui suivait les soldats sur le front et avec qui il a couché pendant le sas de décompression en TURQUIE, entre l'AFGHANISTAN et le retour en FRANCE. Il n'aura de cesse de poursuivre sa liaison avec elle car c'est son seul moyen de survivre. Mais Marion est mariée à :

François VELY, homme d'affaires riche et puissant, à la tête d'une importante société de télécommunications, qui côtoie les cercles d'influence sélects. Lui si froid, si maître de ses émotions, a totalement perdu le sens des réalités et des conventions lorsqu'il a rencontré Marion, si éloignée de sa classe sociale, et a quitté son épouse du jour au lendemain pour vivre sa relation avec elle. Relation aujourd'hui fragile car sur leur récent mariage plane l'ombre écrasante de culpabilité de la mort de l'épouse de François VELY, et Marion a dû mal à assumer sa nouvelle vie. Alors qu'elle s'apprête à succomber à Romain auprès de qui elle peut vivre un bonheur non coupable, le scandale qui s'abat sur son mari la ramène à ses obligations d'épouse : François VELY apparaît dans un reportage photo, posant sur une oeuvre d'art dont il est loin de soupçonner le symbole et la déferlante de haine qu'elle va susciter à son encontre… Alors que toutes ses relations d'affaires lui tournent le dos pour ne pas être éclaboussés, il reçoit le soutien d'un homme qui lui est inconnu :

Osman DIBOULA, médiateur local auprès des jeunes pendant les émeutes de CLICHY SOUS BOIS, alors promu conseiller politique du Président et qui vient d'être brutalement placardisé après un accrochage avec le nouveau bras droit du chef de l'Etat, très marqué à droite. du jour au lendemain, Osman, qui a grimpé les échelons si vite, n'est plus rien, rendu à sa condition de jeune de banlieue, situation d'autant plus difficile à supporter que sa femme continue, elle, à travailler à l'ELYSEE, à s'y rendre tous les matins et à côtoyer le Président, alors que lui est devenu totalement indésirable dans les milieux et les lieux où toutes les portes lui étaient auparavant ouvertes.

Ces trois personnages sont extrêmement différents, et pourtant tous fascinants à leur manière, et la prouesse de Karine TUIL est de construire autour de ces hommes que tout oppose une histoire qui va les lier et les faire se rencontrer avec une fluidité et une logique qui semble parfaitement naturelle, aller de soi, couler de source… Elle nous livre un récit qui évoque, autour de ces trois figures emblématiques, autant de sujets complexes et brûlants d'actualités : d'un côté le stress post-traumatique des soldats de retour de mission, son absence de prise en charge suffisante, le manque d'accompagnement dans le retour à la vie civile, de l'autre le racisme, le secret et le poids des origines, la volatilité du pouvoir politique, les cautions identitaires…

C'est un livre que j'ai trouvé courageux car il pointe des sujets qui sont loin d'être consensuels et qui a le mérite de les envisager, grâce aux différents personnages principaux et secondaires, sous différents angles et donc de livrer différents points de vue.

Le tout avec une écriture et un vocabulaire riches et d'une haute qualité littéraire.

Certains (ils sont rares !) ont reproché à Karine TUIL l'accumulation de clichés ; tout ça m'a paru au contraire parfaitement crédible et comme l'auteur a pu nous le confier, on est encore loin de la réalité qu'elle a pu approcher grâce aux confidences d'anciens proches du pouvoir politique…

Lien : http://cousineslectures.cana..
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Un soldat français en Afghanistan, une journaliste mariée à un riche industriel, un ancien animateur social devenu conseiller à l'Elysée et d'autres...
Des chemins qui se croisent dans un monde en guerre, un monde d'image, un monde de pouvoir. Les forces et les faiblesses de chacun se côtoient, s'unissent et s'affrontent.
Un récit qui aborde le problème du pouvoir, des promesses et des désillusions, du racisme, du terrorisme, de l'amour et de la haine.
Un livre actuel.
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Si l'on analyse le mot « L'insouciance », il y a « le souci » et le préfixe « in » qui marque le contraire. En fait, les héros de ce roman collectionnent les soucis !
L'insouciance est le 10ème roman de Karine Tuil. Toujours aussi intéressant à lire. En 2014, elle a obtenu les insignes de chevalier de l'ordre des arts et lettres, une décoration bien méritée.
Romain Roller, François Vély et Osman Djiboula, trois personnalités fortes qui se développent tout au long de ce roman. Romain Roller revient d'Afghanistan où il a connu l'horreur : une embuscade qui tourne mal avec un copain de régiment mutilé à vie. François Vély, 10ème fortune de France, fait la pluie et le beau temps dans le domaine de l'art, mais cela crée des envieux. le métis Osman Djiboula a plein d'idées dans la tête, grimpe dans l'échelle sociale, d'éducateur de rue à l'antichambre à l'Élisée. Marion, journaliste et écrivain, connaît l'amour qui engendre de graves problèmes.
Ce roman impressionne par son contenu mais aussi par son contenant : une belle recherche du terme adéquat et, çà et la, une belle phrase périodique. Ce roman nous interpelle aussi par ce qu'il décrit : l'horreur de la guérilla en Afghanistan et en Irak et les enjeux y afférant, les coulisses du pouvoir, le racisme latent vis-à-vis des noirs et des juifs.

Didier D'HALLUIN.
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