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Walter Rosselli (Traducteur)
EAN : 9782829005503
272 pages
Editions d'en bas (01/04/2018)
4.25/5   2 notes
Résumé :
« C’est l’histoire de mes oncles, les frères jumeaux Gion Battesta et Gion Evangelist Silvester, nommés, quand ils n’étaient pas présents les deux, Settembrini.
Chasseurs de chamois, admirateurs du ciel et lettrés. Des lettrés qui ne faisaient pas dans la littérature. Des lettrés dans le sens qu’ils lisaient et qu’ils vivaient avec Homère et Hérodote, avec Pline et Plutarque et les autres auteurs célèbres de notre culture. C’étaient des montagnards, aussi par... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Leo Tuor est un OVNI littéraire total. Un ours des cavernes hirsute, défendant furieusement sa langue romanche et son petit bout de montagne à coup de plaisanteries mordantes et de sourires goguenards. Aujourd'hui, il nous propose une plongée dans un monde très spécial : les chasseurs de chamois.

Dans la société d'aujourd'hui où les chasseurs n'ont plus franchement la cote, c'est un beau pied de nez comme il les aime. Mais il n'a aucune sympathie pour les chasseurs modernes, et le fait bien savoir par le biais de ses personnages, les oncles jumeaux : la chasse incarnait un rapport entre l'homme et la nature qui n'existe plus. Les chasseurs d'aujourd'hui, avec leurs équipements paramilitaires, leurs trophées et leurs photos, il les apprécie aussi peu que les touristes – c'est dire.

L'oeuvre est extrêmement complexe. Les références culturelles y sont denses, et vont de Ovide à Montaigne, avec une grosse appétence pour la mythologie olympienne. Les ombres côtoient les vivants, et parfois l'auteur s'affranchit carrément du temps. Chaque page n'est composée que de quelques paragraphes, et il n'y a pas de lien entre elles. Pas d'histoire, en tout cas pas au sens classique du terme. En apparence, pas de fil conducteur ni de trame narrative. Seulement un chapelet d'anecdotes parsemées de sentences morales plus ou moins fantaisistes.

Un sommet réservé aux lecteurs-alpinistes téméraires, ceux qui aiment ressentir toute l'ironie d'un auteur qui se joue de tout et se rit de tout, sauf des montagnes.
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« Alors, si ton désir le plus ardent est de connaître la nature de cet astre, plonge dans la nuit sereine et lis ce livre de fous. »*

Il est coutume, lorsqu'on lit pas mal de livres mais qu'on n'est pas très « lettré », de penser qu'il vaut mieux les garder pour soi, de même qu'il faudra, de lecture en lecture, arpenter le réel avec une force mentale supplémentaire, celle de l'attitude à opposer quoiqu'il arrive aux plus plats événements, afin que nos immenses compagnons trouvent un peu plus de place pour déployer leurs longues jambes. Ainsi, lorsque je roule dans ma petite voiture modeste sur une départementale sinistrée, je suis toujours une matriarche farouche au volant d'un gigantesque pick-up rouillé, échafaudant un plan complexe pour survivre en milieu tempéré. S'amorce alors une attitude générale que je ne maîtrise plus, mais dont sortira une légende.

C'est du moins la version noble, si tout se déroule comme prévu. Tout devient complice, la tessiture du monde rendue à votre portée.

Je ne sais si cela constitue une bonne définition de « réussir sa vie », mais je la tente. Si, malgré tout l'acharnement du concret, vous restez envoûté, traversé, conquis par ce jeu avec l'autour, vous êtes en train de réussir votre vie, réjouissez-vous. On ne réussit pas sans tout le renfort possible.

Leo Tuor descend Settembrini des monts et le tend généreusement comme fortifiant naturel pour qui en aurait besoin.

« Les penseurs chrétiens du Moyen Âge et de la Renaissance percevaient la présence directe de Dieu dans tous les événements, qu'il s'agisse de la météo, d'épidémies ou de séismes sous-marins. Aujourd'hui, ce ne sont plus que les fondamentalistes et les compagnies d'assurances qui attribuent ces phénomènes à des puissances supérieures. »*

Il est coutume de penser qu'un être qui lit beaucoup est érudit. Étymologiquement, c'est possible, si, comme le rappelle Pierre Legendre, vous l'entendez comme sortir de la rudesse, d'un savoir non dégrossi. Pour la plupart dont je suis, il s'agit surtout de repérer le plus tôt possible les barques de pensée qui serviront à coup sûr à franchir la rivière dangereuse, de ne pas crouler sous l'amas des roches d'injonctions ni périr sous la patte de l'ours Apoplexie : gravir le mont Taré, immense et gelé, sans y perdre de membre.

« Il ne disait pas du bien de l'école. Les meilleurs, ce sont ceux qui savent sans apprendre. Il avait davantage confiance dans le sortilège de l'eau bénite que dans la bénédiction de la pédagogie. C'était un païen, comme le soleil. »*

Pragmatiquement : appliquer sur l'heure, rectifier, sentir ce qui sera salvateur et rejeter (plus ou moins) poliment le reste. On peut parler de rusticité de l'âme, pour être aimable, et souvent les meilleurs spécimens en l'espèce descendent des montagnes, et sortent bien entendu des bois. (lire la suite sur mon blog)
Lien : https://pamelaramos.fr/ce-ci..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Moi : "Le chasseur avec une proie est-il un vainqueur ?"
Settembrini : "L'être humain est un vainqueur de la tête aux pieds."
Moi : "Il a soumis la nature et vaincu les dieux".
Settembrini, alias Eschyle : "Maintenant, tout dépend si les vainqueurs respectent les vaincus. Ainsi, ils ne devront pas succomber à leur propre victoire."
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Et, vois-tu, l'ours fait le gros dos et il sort un petit moment de son taudis en trottinant pour voir ce que diable fait ce cinglé. En un clin d'oeil les médias en masse ont atterri sur place. Politiciens, promoteurs touristiques, paysans, tout le monde a souhaité la bienvenu à celui que, cent ans auparavant, on avait banni des vallées à grands coups. L'ours croit rêver. Il déchiquette un veau pour voir. Applaudissement frénétique. Le paysan, fier que l'ours vienne de tuer son veau, déclare que nous devons désormais apprendre à cohabiter avec l'ours. L'ours, confus - il n'avait pas du tout compté avec des paysans civilisés - astique un touriste qui s'était trop approché, l'envoyant aux soins intensifs, et en colle une derrière les esgourdes d'un Cantonal qui voulait le cataloguer, fuyant comme un dératé, il retourne dans ses bois. Applaudissement national.
Maintenant, l'ours est sûr d'avoir perdu la boule.
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Je lui disais : "La seule chose qu'il te manque pour être le meilleur de tous les chasseurs, c'est de mourir dans les rochers."
Il me disais : "Je fais mon possible, petit neveu".
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