Batman - Detective Comics, tome 6 : Fall of the Batmen

Ce tome fait suite à Detective Comics Vol. 5: A Lonely Place of Living (Rebirth) (épisodes 963 à 968). Il comprend les épisodes 969 à 974 et annuel 1, initialement parus en 2018, écrits par James Tynion IV. le rythme de parution bimensuel continue de nécessiter un grand nombre d'artistes. Épisodes 969 & 970 : dessins de Joe Bennett, encrage de Sal Regla (avec l'aide de Racardo Jamie & Marcio Loerzer pour l'encrage de l'épisode 964) et une mise en couleurs de Jason Wright. Épisodes 971 & 972 : dessins de Miguel Mendonça, encrage de Diana Egea, mise couleurs de Jason Wright. Épisode 973 : dessins de Jesus Merino, mise en couleurs de Jason Wright. Épisode 974 : dessins et encrage de Philippe Briones, mise en couleurs d'Allen Passalaqua. Annuel 1 : dessins d'Eddy Barrows, encrage d'Eber Ferreira, mise en couleurs d'Adriano Lucas. Ce tome comprend également les couvertures originales réalisées par Guillem March, et le couvertures variantes réalisées par Rafael Albuquerque.

Épisodes 969 à 974 - À l'occasion de l'une de ses premières allocutions, Michael Akins, le nouveau maire de Gotham, indique qu'il comprend et tolère l'existence de Batman, mais qu'il ne cautionne pas l'existence d'une unité para militaire de superhéros commandée par Batman, les Gotham Knights. Stephanie Brown rend visite à Lonnie Machin (Anarky) en prison (celle d'Arkham) pour prendre de ses nouvelles et le laisser lui présenter le Syndicat des Victimes. de retour chez elle, alors qu'elle est en train de revêtir son costume de Spoiler, elle entend toquer à sa porte. En l'ouvrant, elle a la joie ineffable de découvrir Tim Drake dans son costume de Red Robin. Trois semaines plus tard, Killer Moth (Drury Walker) se présente devant une assemblée de meneurs de la pègre pour leur proposer ses services : une équipe de 5 supercriminels (dont lui) pour s'opposer aux Gotham Knights. Mais avant que ses potentiels commanditaires n'aient le temps de le prendre au sérieux, 5 Gotham Knights (Batwoman, Red Robin, Spoiler, Clayface, Orphan) interviennent, rendant caduque sa proposition.

Toutefois à l'asile d'Arkham, la Première Victime organise la résistance. Au beffroi, Stephanie Brown se rend compte que Tim Drake est encore plus investi que d'habitude. L'équipe des Gotham Knights ne cesse de gagner en efficacité. La docteure Victoria October explique à Clayface que son sérum est presque prêt et qu'elle souhaite le tester sur une personne présentant la même pathologie que lui, mais à un stade moins avancé. Clayface (Basil Karlo) propose d'en faire bénéficier Glory Griffin (Mudface). Plus ou moins contre sa volonté, Kate Kane reçoit la visite de son père Jacob Kane qui a une proposition à lui faire.

On ne change pas une équipe qui gagne (en l'occurrence le scénariste James Tynion IV) et on ne change pas une méthode qui fonctionne. Tynion IV prend donc comme personnage central de son récit un autre membre des Gotham Knights : Basil Karlo (Clayface). Mais cette fois-ci, il dévie de son schéma habituel par rapport aux tomes précédents : il y a bien un ennemi qui en veut à l'équipe mais on l'a déjà vu, et l'attaque sur le Beffroi ne se produit pas dans l'épisode final mais avant. Depuis le premier tome de la série, le lecteur se posait la question de savoir ce que faisait Clayface dans une équipe de superhéros. le temps est venu d'obtenir la réponse à cette question légitime. le lecteur voit donc aboutir l'intrigue secondaire relative au remède préparé par la docteure Victoria October, ainsi que celle liée à la culpabilité de Karlo vis-à-vis de Glory Griffin. L'épisode annuel vient rappeler l'historique de la relation de Basil Karlo avec elle, ainsi que celui de son histoire personnelle. Mais le scénariste ne s'arrête pas là. Il poursuit également les intrigues secondaires liées au retour de Red Robin au temps présent, à sa relation avec Spoiler (Stephanie Brown) et à la tentation de cette dernière de se rallier à un autre groupe, à la relation difficile entre Batwoman et son père. le lecteur voit avec plaisir revenir la Première Victime, personnage introduit dans le tome 2.

Au fur et à mesure des séquences, le lecteur voit apparaître un autre fil narratif, plus inattendu, la conséquence logique des victoires écrasantes des Gotham Knights dans les tomes précédents. le fait que cette équipe soit très efficace remet en cause le fragile équilibre ayant abouti à ce que les forces de l'ordre et le maire de Gotham tolèrent la présence de Batman. Une unité d'élite qui se substitue à la police constitue une armée d'une puissance étrangère sur le sol américain, ce qui menace l'ordre établi à une échelle sans commune mesure avec simplement quelques vigilants intervenant à gauche, à droite, sans réelle coordination. le lecteur bénéficie de la manière adroite et élégante avec laquelle le scénariste met à profit tous les éléments qu'il a distillé depuis l'épisode 934, le premier qu'il a écrit sur la série. Ce n'est pas une dextérité narrative démonstrative pour que le lecteur reste bouche bée devant son tour de force, mais un point de rencontre naturel de fils secondaires, avec un dernier chapitre qui offre l'occasion aux principaux personnages de faire le point, et qui fait ressortir que tout n'est pas réglé, loin s'en faut.

Comme depuis le début du rythme de parution bimensuel, les responsables éditoriaux gèrent les équipes artistiques pour tenir la cadence de production élevée, sans sacrifier à la qualité des dessins, tout en maintenant une forme d'unité graphique d'une équipe à l'autre. Comme dans les tomes précédents, ils atteignent leurs objectifs, avec une cohérence visuelle épatante. Bien sûr le fait que Jason Wright mette en couleurs les 5 premiers épisodes aide à établir cette cohérence visuelle, avec une colorisation de bonne qualité, dans un registre essentiellement naturaliste, en soulignant le contraste entre les différents plans dans une case, et rehaussant le relief des surfaces sans surcharger les dessins.

Pour les 2 premiers épisodes, Joe Bennett continue de mettre la pédale douce sur les postures avantageuses, pour se concentrer sur la narration. Il a tendance à insister un tout petit peu trop sur les expressions des visages pour bien souligner les émotions dramatiques, mais c'est compensé par l'attention portée aux détails des costumes et par un investissement satisfaisant dans la représentation des décors. Il décrit avec minutie la quinzaine de supercriminels qui apparaissent dans le premier épisode. Ces épisodes ne contiennent pas beaucoup de pages d'action. Cela n'empêche pas Bennett de rendre les séquences de dialogue vivantes, avec des plans de prise de vue qui ne se contentent pas de montrer les visages en plan poitrine (ou plus rapproché), mais qui montre aussi l'environnement dans lequel se tiennent les personnages, ainsi que leurs gestes. Pour les 2 épisodes suivants, Miguel Mendonça & Diana Egea descendent légèrement en niveau de détails dans leur représentation, avec parfois des décors en carton-pâte. Ils ont plus de séquences d'action à mettre en image dont une bataille épique de Batman dans l'asile d'Arkham. Ils décident d'opter pour un Batman massif ce qui permet d'apporter la crédibilité nécessaire à ses attaques. Ils doivent également montrer l'attaque de Clayface dans le beffroi. Ils jouent sur les capacités de changement de formes du personnage, avec un ou deux paris risqués, réussissant à faire fonctionner même une forme de tête pleine de dents.

Pour l'avant-dernier épisode, Jesus Merino est un petit peu moins en forme qu'à son habitude (peut-être une question de délais) et ses dessins se rapprochent de ceux de Miguel Mendonça et Diana Egea, avec une meilleure capacité à rendre compte des textures, en particulier celle visqueuse et légèrement gluante du masque de la Première Victime, comme si du sang en dégoutait régulièrement. le dernier épisode bénéficie des dessins méticuleux de Phil Briones qui doit mettre en scène des séquences compliquées, sans affrontement physique, mais chargées en émotions accumulées sur plusieurs semaines, rendues plus crues par une victoire à la Pyrrhus. Il s'en sort admirablement bien, avec un Batman fermé comme jamais, une Batwoman sûre et certaine de son bon droit, une Orphan hors d'elle. le lecteur ressent une pleine empathie avec les personnages, avec leur état d'effervescence psychologique, avec des nuances différentes suivants les personnages.

James Tynion IV continue d'épater le lecteur avec un tome se focalisant sur un autre membre des Gotham Knights (Clayface) tout en faisant apparaître comment plusieurs fils narratifs s'entremêlent dans une situation catastrophique, malgré l'efficacité toujours aussi tranchante de l'équipe. Les différentes équipes d'artistes affectés à ces épisodes relèvent le défi d'une narration chargée en personnages, avec l'obligation supplémentaire de conserver une unité visuelle ce qu'ils font très bien. 5 étoiles.

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Annuel 1 - Basil Karlo est le fils de Vincent Karlo, un spécialiste des masques de monstre utilisé dans le cinéma. Enfant, il regardait son père travailler dans son atelier, et lui expliquer que les gens n'aiment pas voir le monstre qui sommeille en chacun de nous. 20 ans plus tard, Basil Karlo est devenu un jeune premier prometteur aux portes du succès. Il explique à son agent qu'il veut absolument jouer dans Second Skin, le prochain film de Veronica St. Clair. Il explique après pourquoi à sa compagne Glory Griffin. le soir en rentrant chez lui dans son coupé sport, un coup de fil lui apprend que son père est décédé le matin même. Basil Karlo a un terrible accident de voiture qui le laisse horriblement défiguré.

Pas sûr que le lecteur ait vraiment envie de lire encore une nouvelle origine de Clayface, ou même simplement de la découvrir. Pourtant James Tynion IV reprend les éléments canoniques et y mêle avec élégance quelques éléments de la trame de Detective Comics, pour un résultat épatant. Eddy Barrows réalise des pages très propres sur elle, avec des acteurs très habiles à restituer les émotions, pour une narration totalement immersive. Même si le lecteur allait à reculons pour une nouvelle version pas forcément indispensable des origines de Clayface, il en ressort totalement conquis. 5 étoiles.