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sur 276 notes
"Pour le dire le plus simplement possible, c'est l'histoire d'un polygame qui a une liaison". Mais comment Golden Richards, pilier de l'Eglise Mormone et à la tête d'une famille composée de 4 épouses et 28 enfants, s'est-il retrouvé dans une situation si inattendue ?

Il faut dire que Golden, depuis qu'il suit la voie du Principe de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, a une vie bien ordonnée. Enfin, disons qu'elle est bien ordonnée par Beverly, qui, en sa qualité de première de ses épouses plurales, amène ses co-épouses à décider dans quelle maison il dormira, et auprès de qui, de ce qu'il mangera et où, quels travaux il devra effectuer en premier, auprès de quel enfant il passera quelques minutes... Golden s'est inventé une comptine pour se rappeler l'ordre de naissance et les prénoms de sa nombreuse progéniture. le reste du temps, en semaine, il profite de la liberté octroyée par son travail sur des chantiers et du confort relatif de sa caravane-dortoir.

Il est bien embêté pour expliquer à ses confrères mormons et à ses femmes sur quel type de chantier sur lequel il travaille actuellement... La conjoncture est difficile, et l'argent sur le compte en banque file vite, il a donc accepté de prendre en charge la construction de l'annexe d'un... bordel, tout en assurant à ses femmes et à ses condisciples du Principe qu'il s'agit d'un bâtiment qui accueillera des personnes âgées. Entre faux alibis et demi mensonges, la petite machine bien huilée de sa vie modèle est en train de s'enrouer...


Le polygame solitaire est un petit (enfin, un gros) bijou d'humour et d'émotion, avec une analyse fine et très juste des comportements et des sentiments humains.

Les évènements nous sont relatés par Golden, le "patriarche" sans peur et sans reproche par qui tout arrive, et nous découvrons son enfance, les retrouvailles avec son père Royal, sa rencontre avec la foi et avec Beverly, son désenchantement, sa solitude sentimentale également. Nous suivons également le parcours de Trish, la femme "numéro" quatre, jolie encore, qui n'accouche que d'enfants morts-nés et qui cherchait et pensait trouver la sérénité dans sa nouvelle famille. Enfin, nous découvrons également la vie dans cette communauté au travers du regard d'enfant rebelle de Rusty, qui en pince pour sa belle tante Trish et qui s'invente des histoires pour, enfin, être autre chose qu'un numéro dans une fratrie sans fin.

Pour ma part, j'ai appris pas mal de choses sur la vie des Mormons, leurs croyances, leurs rites, leurs difficultés à co-exister avec "le monde normal", quand les enfants vont à l'école par exemple. Je me suis prise d'affection pour... tous les personnages, tant ils sont humains et attachants (même le "dragon" Beverly !). Un des tours de force de Brady Udall est cette faculté d'amener le lecteur vers un drame dont on sent qu'il arrivera au travers d'évènements en cascade qui, paradoxalement, sont drôles voire désopilants.

Un autre point fort de ce livre est de montrer toutes les nuances que peut revêtir la solitude, la vrai, cette solitude intellectuelle et affective, que l'on peut tous ressentir à un moment ou à un autre, que l'on soit entouré ou pas. Je trouve également intéressant que, partant d'une situation "exceptionnelle", une famille Mormone, on puisse autant se reconnaitre dans les personnages ou les situations décrits, que ceux-ci soient si "normaux", ou en tout cas, communs.

Itinéraire d'un homme qui se cherche, ce livre est, comme son nom l'indique, tout en paradoxes, entre aspiration intellectuelle, spirituelle, affective, physique, besoin de reconnaissance, d'autonomie, d'accompagnement, analyse des rapports amoureux et familiaux, des modèles éducatifs, et toujours, le rire et l'émotion. Je ne peux que vous le conseiller, c'est magnifique !
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Golden Richards est un mormon de la veine la plus traditionnelle, celle qui conserve encore la tradition de polygamie. Époux de quatre femmes, heureux père de vingt-huit enfants, il est certainement considéré comme l'incarnation du mal par les féministes.

Sa vie est pourtant loin d'être idéale. Entré chez les mormons plus par accident que par réelle conviction, il n'a eu jusqu'à présent aucune prise sur sa vie. Sa première femme lui a été imposé par la congrégation, et les suivantes par la première épouse, qui dirige la maison d'une main de fer. Obligé de travailler d'arrache-pied pour nourrir sa tribu, Golden ne rentre chez lui que pour y régler les nombreux conflits internes, tâche éprouvante qu'il tente de fuir à tout prix.

La vie de Golden bascule avec son nouveau chantier. Devoir construire un bordel pose déjà quelques problèmes moraux pour un homme terrorisé par le stupre et la luxure. Tomber amoureux d'une fille qui y vit remet en question toute son existence. Pour la première fois de sa vie, Golden doit faire le choix qui déterminera son avenir.

En parallèle, nous suivons également deux autres personnages : Trish, sa dernière épouse, et Rusty, un de ses fils. Et malgré la cacophonie ambiante, on peut se rendre compte que quand on vit à trente dans la même maison, chacun vit finalement seul. Trish doit partager le peu de temps que son mari leur accorde avec trois autres personnes. Rusty ne reçoit aucune attention de ses parents à part pour les détails administratifs et disciplinaires.

Udall nous livre un portrait réussi d'une famille prête à s'effondrer sous son propre poids, sans céder aux moqueries faciles (ni au prosélytisme d'ailleurs). L'auteur donne la parole à ses personnages, les laisse raconter leur vie et les événements qui les ont conduit dans cette drôle de situation. Souvent drôle, parfois émouvant, les 700 pages de ce roman s'avalent sans s'en apercevoir.
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Pourquoi diable un homme aurait-il envie de devenir polygame ? Pour le sexe? Un des personnages réfute catégoriquement cette hypothèse (de fait, le héros n'a pas l'air de s'éclater prodigieusement) et en propose une autre: parce que les femmes comme il faut sont légion, contrairement aux hommes bien...
Ce livre insolent, généreux, hilarant et tragique est le grand roman des responsabilités. Et les mormons apparaissent comme le laboratoire idéal d'un refus collectif (quoique plutôt masculin) d’y faire face.
Déjà, c'est pratique: Dieu décide. Ensuite, c'est encore mieux, les femmes gèrent. Les hommes, délestés de la fatigue de choisir (ni leur vie puisque Dieu décide, ni leur épouse puisqu'ils peuvent les additionner, ni leur métier que la communauté valide), délestés également de la nécessité des multiples arbitrages de la vie quotidienne et familiale (domaine féminin) sont prêtres et puis voilà.
Mais parfois, ça dérape. Une enfant qui meurt, une entreprise qui bat de l'aile... Golden veut fuir l'impassibilité à laquelle le contraint son mode de vie. On n'embrasse pas son enfant quand on sait que 27 autres vont se précipiter pour obtenir la même faveur.
Fuyant l'impasse de l'impassibilité, Golden découvre le désir. Le sien. Celui des autres. Et ce n'est pas triste. Effrayé, infiniment reconnaissant quand il croit que Dieu lui sauve la mise avant de s'apercevoir que la situation ne fait qu'empirer (pour la plus grande joie du lecteur qui se hâte de se gausser, se doutant bien que la catastrophe arrive à grands pas), Golden se débat en toute ingénuité entre principes et libido. Aux maisons (il y en a presqu'autant que d'épouses), son émouvant et drôlissime fils Rusty cherche, lui aussi, à s'émanciper en faisant les 400 coups (et ultimus necat).
Et si tragédie il y a, Udall en exonère Dieu: l'homme est libre, donc responsable et éventuellement coupable. Les enfants qui meurent dans le ventre de leur mère, ou qui naissent lourdement handicapés ne sont pas des anges créés par une volonté divine incompréhensible : l'histoire se déroule 25 ans après les explosions atomiques expérimentées à ciel ouvert dans le désert du Montana. L'homme est libre, donc responsable, et il est comptable de de chaque radiation mortelle, de chaque femme frustrée et de chaque enfant rejeté. Qu'il cherche à le nier et à se délester de ce fardeau n'y change rien.
La fin du roman, douce-amère, annonce une nouvelle fuite en avant du héros qui achète un peu de répit avec encore plus de femmes et plus d'enfants et on ne voit pas ce qui pourrait empêcher un tome II assez rigoureusement identique au premier.
Lequel mérite qu'on s'y rue pour rire et pour pleurer - ou pas. Après tout, vous êtes libres.
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Arrêt sur image sur une bourgade perdue aux USA dans les années 70 où notre personnage principal, fidèle mormon malgré lui, pratique la polygamie.

4 femmes et 28 enfants, ça occupe ! Et Golden, pauvre diable pris en otage dans un écheveau de noeuds impossible à démêler, mène sa triste petite vie qu'il n'a pas choisie. Dès que l'occasion se présente, il fuit cette flopée de de conflits, de disputes, de drames et de malheurs.

Absent de corps et d'esprit, il va cumuler les gaffes et les complications. Plus il essaie de s'en sortir, plus il plonge tête la première dans l'incapacité à régler ses problèmes. Il a une tendance particulière à en acquérir de nouveaux. Il rêve d'évasion et néglige sa famille.

Le style est piquant mais tout de même crédible, comme un bonbon acidulé qui pique mais qu'on aime savourer.

Quelques personnages sortent du lot pour notre plus grand bonheur et ponctuent allègrement le château de cartes qui est devenue la vie de tous ces pauvres hères : Rusty, un enfant en manque d'amour et doté d'une imagination débordante. Incapable de dépasser ses colères et ses pulsions, il aura un destin tragique. L'épouse n° 4 qui se rebelle, conteste cette triste réalité et ose rêver d'une naissante histoire d'amour extra-conjugale est très touchante.

Brady Udall signe ce deuxième opus en maître incontesté du brossage de portraits décapants d'une société et d'un mode de vie à la dérive et au bord du cataclysme.

Humour et tendresse grincent de concert dans cette fable qui barde le réel de fantaisie et d'humour pour mieux le désamorcer.

Epoustouflant moment de lecture.

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La sécurité est dans le nombre. C'est ce que pense un des personnages mormons de ce vaste, tendre, hilarant et pourtant nuancé roman. Golden Richards a environ 40 ans au milieu des années 1970. Surnommé le Yéti par un de ses fils, il brille surtout par son absence. Mais comment faire autrement quand on cumule 4 épouses, 28 enfants et trois maisons, qui tous attendent subsistance, affection et compréhension de sa part alors qu'il est contraint d'aller travailler de plus en plus loin ? Et que ses rares moments chez lui se passent en interminables réunions et offices religieux, ce qui ne lui déplaît pas entièrement car c'est une manière commode de fuir les demandes trop pressantes des uns et des autres.

Evidemment la vie n'est pas sûre et tout semblera se liguer pour le lui prouver jour après jour. Il n'est pas mormon de naissance, a connu une enfance et une adolescence solitaire en compagnie d'une mère dépressive et d'un père absent. Alors le nombre, même excessif, vaut mieux pour lui que son contraire.

Il est la tête d'une petite entreprise de bâtiment. Pour l'heure il travaille à réaliser une aile supplémentaire dans un bordel (une maison de retraite pour ses femmes et enfants). Il y rencontrera Houila, une jeune femme guatémaltèque qui s'avèrera être la femme du patron de l'établissement, ce qui va lui causer bien des déboires. Pour la première fois de sa vie il tombe amoureux. Ses quatre femmes, il a le sentiment qu'elles lui ont été imposées par ses supérieurs dans la foi, ce qui n'est pas faux.

Ce roman est foisonnant de personnages. Si Golden est au centre, d'autres points de vue que le sien s'y font entendre. Inoubliable en particulier le destin de Rusty, un de ses fils, ado en manque de reconnaissance et en proie à un maelstrom pubertaire pas piqué des vers.

Si vous voulez lire un roman généreux mais pas mièvre, passionnant de bout en bout, n'hésitez pas. Brady Udall n'est pas très prolifique (deux romans et un recueil de nouvelles à ce jour) mais il vaut le détour !
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J'avais beaucoup aimé le Destin miraculeux d'Edgar Mint de Brady Udall, et quand je suis tombée sur un autre pavé du même auteur, je n'ai pas résisté malgré l'épaisseur du livre ! le titre, un oxymore plein d'humour, le Polygame solitaire, a piqué ma curiosité. Dès les premières phrases, l'auteur nous dévoile ce dont il s'agit : « Pour le dire le plus simplement possible, c'est l'histoire d'un polygame qui a une liaison. Mais bien sûr, c'est beaucoup plus compliqué. La vie d'un polygame, même dépourvue de mensonges, de secrets et d'infidélités, est tout sauf simple. » Voilà donc l'histoire de Golden Richards, quarante-cinq ans, quatre femmes, vingt-huit enfants, trois maisons, entrepreneur en bâtiment dans le Middle-West, et dotée d'une embarrassante propension à laisser les autres décider pour lui.
***
En voyant le graphique proposant les prénoms des quatre femmes de Golden suivis de ceux de leurs enfants, j'en ai fait une photocopie. C'est tout à fait inutile : on repère très rapidement chacune des femmes et on ne suivra en détails que trois des enfants, essentiellement Rusty, un peu Faye et Glory. Brady Udall est lui-même issu d'une famille de mormons, mais pas des mormons polygames (son arrière-arrière-grand-père paternel l'était cependant). le roman est dédié à ses huit frères et soeurs et dans une intéressante interview donnée à bookbrowse (https://www.bookbrowse.com/author_interviews/full/index.cfm?author_number=792), il explique qu'il a mis beaucoup de lui-même dans le personnage de Rusty et qu'il y a transposé une part de ses difficultés à exister au sein d'une si grande fratrie. Pour écrire ce livre, l'auteur a dû se documenter sur la polygamie contemporaine qui, selon lui et l'intervieweur, semble exercer une certaine fascination sur les Américains. Pourquoi ? le sexe, répond-il brièvement…
***
Dans ce style de vie atypique, difficile à concevoir (pour moi), évoluent pourtant des personnages qui nous ressemblent beaucoup. Si le quotidien demande une gestion sans faille, celle d'une communauté plutôt que celle d'une famille classique, les relations humaines se révèlent remarquablement semblables. Comme dans le Destin miraculeux d'Edgar Mint, une très grande place est accordée à l'enfance et à ses traumatismes dont on ne se relève pas, ou alors bien mal, amputé d'une part de soi. C'est le cas de Golden, de ses quatre femmes, plus particulièrement Beverly et Trish, tous traînent leurs blessures et leurs carences dans leur vie d'adulte. C'est aussi le cas de Rusty qui, éperdu par son besoin d'amour et de reconnaissance, fait tout ce qu'il peut pour qu'on le considère, et obtient des résultats contraires à ce qu'il espérait. Il est beaucoup question de solitude. le titre nous invite déjà à réfléchir sur ce point, et le sujet est abordé sous plusieurs angles. Brady Udall aborde un douloureux sujet dont peu d'auteurs traitent : les essais nucléaires qui ont eu lieu dans le désert du Nevada et leurs conséquences sur la santé des habitants des États limitrophes. Je réalise que ce commentaire est assez sombre. le roman l'est parfois, mais il est toujours plein d'humour. J'ai beaucoup souri, mais j'ai aussi éclaté de rire (le chewing-gum !), et ça ne m'arrive pas si fréquemment en lisant… Un roman pareil, j'en redemande !
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Le polygame solitaire est le deuxième roman de Brady Udall que j'ai entre les mains.
C'est principalement grâce au challenge ABC que j'ai découvert cet auteur, car il faut reconnaitre que les auteurs dont la première lettre commence par la lettre U ne sont pas pléthore.
Et je suis tombée sous le charme du « fabuleux destin d'Edgard Mint », ce qui m'a permis d'anticiper le plaisir que j'allais avoir pour cette nouvelle lecture.
Cela m'a d'ailleurs aidé à m'y lancer, dans cette lecture, car j'avoue qu'un livre traitant la polygamie chez les mormons n'était pas forcement ce que j'aurais choisi en priorité.
Le titre, le Polygame solitaire peut paraitre un peu ambivalent. En effet, comment un homme affublé de quatre épouses et de vingt-huit enfants peut-il se sentir seul ou être solitaire ?
Nous allons effectivement avoir des réponses à cette question en suivant plus particulièrement trois membres de cette famille pas comme les autres : le père, Golden Richards, une de ses épouses, ( la quatrième ) Trish, et un de ses fils Rusty, 11 ans.
Golden Richards, devenu mormon sans trop savoir comment, a le chic pour se mettre dans des positions délicates. En tant qu'entrepreneur, il se retrouve responsable d'un chantier de construction d'une maison close. Il n'osera pas l'avouer à ses épouses et parlera de la construction d'une maison de retraite, ce qui est plus prestigieux, évidemment… Il fera aussi la rencontre d'une jeune femme qui risque de bouleverser son existence…
Sa quatrième épouse Trish, dont nous suivons l'histoire jusqu'à son mariage avec Golden est en plein questionnements…Son histoire de vie douloureuse lui laisse un sentiment d'insatisfaction et être une quatrième épouse n'arrange rien…
Rusty, surnommé « le terroriste « par les différents membres de sa famille, semble avoir de la peine à trouver sa place .
Finalement, à travers ces trois personnages, on découvre certes les caractéristiques et fonctionnements de ces familles pas comme les autres, mais aussi que l'on peut y être très seul. le petit Rusty en est l'exemple le plus frappant et aussi le plus triste, car finalement, tout ce qu'il demande c'est un peu d'attention et qu'on le reconnaisse en tant qu'individu à part entière…
Une histoire douce-amère, qui se lit avec plaisir et intérêt.



Challenge ABC 2019/2020
Challenge Pavés 2020
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De Brady Udall, j'avais déjà lu le Destin miraculeux d' Edgar Mint avec le sentiment que cet auteur  atypique avait un humour et une façon crue de raconter des histoires pas forcément drôles que j'appréciais .

Donc, le polygame qui est le héros de ce roman, si on peut l'appeler ainsi , Golden ,  a quatre épouses et vingt huit enfants et vit entre les trois maisons familiales , il fait partie d'une Eglise de type mormon   bien sûr  sinon ce serait pêcher alors que là, cette grande maisonnée doit être source de fierté et de devoir religieux bien remplis .

Mais  Golden est arrivé à un stade que l'on pourrait qualifier de "burn out "s'il s'appliquait à ce genre de situation , non seulement son entreprise de bâtiment bat de l'aile , ses chantiers l'entrainent de plus en plus loin des domiciles conjugaux mais en plus , il construit une annexe à un bordel , détail qu'il cache aussi bien à ses épouses qu'à sa communauté qui ne plaisante pas avec ce sujet ...
Et, source éminente de complication, il tombe amoureux de la femme de son patron !
Plaignons ce pauvre homme dans ses galères ...

Pas question , bien entendu , de s'appesantir sur l'ensemble de la famille , le roman est déjà suffisamment gros : entre les déboires du père, intéressons nous à Trish, la quatrième épouse qui n'a pas encore 30 ans et qui désespère d'avoir son mari dans son lit autrement qu'endormi pour envisager une nouvelle grossesse, elle est tellement malheureuse d'avoir eu 3 enfants morts-nés .

 Rusty, un des nombreux rejetons de la famille,  n'arrive pas à se plier aux règles de cette vie menée à la baguette par la première épouse Beverly et fait les 400 coups tout en se racontant des histoires , ne serait-ce pas pour essayer d'attirer l'attention de son père un peu plus que les autres enfants : un énorme besoin d'amour .

La toile de fond de ce roman fait froid dans le dos, ces gens habitent dans la zone des essais nucléaires au Nevada, bombes qui ont été expérimentées dans les années 1950 "en plein air" ce qui représentait pour la population locale une distraction, tel un gigantesque feu d'artifice et dont les retombées se sont manifestées pendant très longtemps sur leur santé , ils seront pour la plupart touchés à plus ou moins longue échéance et leur descendance ...

Un petit bijou qui allie l'humour au tragique du quotidien,  avec doigté et finesse , ce n'est jamais vulgaire ni larmoyant : du grand art !


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Je ne connaissais ni le roman, ni l'auteur mais, les jours passant, je devais absolument lire un livre dont le nom de l'auteur commençait par U pour achever le challenge ABC de cette année !
Ayant beaucoup aimé le film le destin miraculeux d'Edgar Mint, j'empruntais à la bibliothèque le polygame solitaire.

Dès les premières pages, je sus que ça allait être un énorme coup de coeur ! Golden Richards, mormon polygame, est un personnage complexe, attachant, pudique, sensible, complètement dépassé par un coup de foudre, lui qui a déjà 4 épouses et 28 enfants.

La description de ce mode de vie, des relations intra-familiales est extraordinaire et on se laisse presqu'aller à comprendre les motivations de ces mormons restés attachés à la famille plurale, en dehors de toute légalité. On suit particulièrement, parmi tous les membres de cette immense famille, Trish, épouse numéro 4, à la maternité douloureuse qui a perdu deux enfants, éprise de Golden qu'elle doit partager, souffrant d'une solitude immense malgré la présence de ses soeurs-épouses.

Il y a Rusty, une dizaine d'années, surnommé le « terroriste de la famille », fils de la 3ème épouse, qui ne trouve pas sa place au sein de la fratrie et le manifeste par des comportements drôles mais inadaptés. L'enfant, rejeté par tous, trouve un peu de réconfort auprès de Trish et de son nouvel ami, June. Udall évoque avec beaucoup de talent les émois de l'enfant, son besoin de reconnaissance et d'attention ainsi que les pulsions vengeresses qui l'animent à l'égard de ses proches.


Comment peut-on être polygame, à la tête d'une si grande famille, et solitaire à la fois ? C'est bien la thématique du roman : chacun doit gérer ses frustrations, mettre en sommeil son individualité, ses désirs et attentes au profit du collectif qui toujours supplante la personne. Golden est écrasé par le poids des responsabilités : il doit subvenir aux besoins de sa famille plurale, contenter chacune de ses épouses, être un père attentionné pour ses enfants dont il se répète en litanie les prénoms quand il doit s'armer de courage. Jusqu'à la rencontre avec Houila, qui chamboule tout, qui l'amène à reconsidérer ses choix, à devoir arbitrer entre ses désirs individuels et la communauté - sa communauté.

Au coeur du roman, à la moitié, le récit de la mort de Glory, une des filles de Golden. de l'évitement initial lié aux malformations et troubles du développement de l'enfant, puis quand Beverly lui impose en douceur d'assumer l'accompagnement des soins, au déploiement d'une relation précieuse, de qualité avec la fillette très déficiente qu'il se prend à aimer peut-être plus ou mieux que les 27 autres. Magnifique passage de l'évocation du chagrin inconsolable d'un père, des manifestations de sa culpabilité insurmontable.

J'ai dévoré ces 700 pages dans lesquelles l'auteur excelle par les dialogues, les descriptions, les intitulés de chapitres à maintenir une vigilance chez ses lecteurs, à questionner leurs valeurs et leurs croyances. La polygamie ? Quelle horreur ! Et pourtant, ici, malgré les impasses (les enfants ne sont que des numéros, ils aspirent à avoir leur fête d'anniversaire, leurs vêtements, l'attention de leurs parents ; les épouses se languissent à attendre les faveurs de leur époux, leur tour pour bénéficier d'un peu d'affection …) ; les frustrations et souffrances de chacun des membres, le projet social est plutôt intéressant, pas si patriarcal au final : c'est bien Beverly, 1ère épouse, qui fixe les règles…

Je sors émue et enthousiaste de la lecture de ce roman ! Parce que la structure familiale décrite est éloignée de la nôtre, l'auteur vient interroger avec acuité nos certitudes, notre vision des relations conjugales, filiales. Avec beaucoup de délicatesse, de tendresse pour ces personnages Brady Udall nous entraîne dans une histoire rare et précieuse. Un grand roman, à ne pas louper.

Challenge MULTI-DÉFIS 2021
Challenge ABC 2020-2021

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Paradoxe non, d'être à la fois un polygame doté de quatre femmes et vingt huit enfants et d'être esseulé ? Pourtant c'est le cas de Golden devenu mormon un peu par hasard et qui se voit plus ou moins imposer tous les éléments de sa vie, son métier, ses femmes. A la tête d'une entreprise de bâtiment, il doit aller de plus en plus loin pour trouver des chantiers afin de pourvoir aux besoins essentiels de sa famille. Mais cela ne lui déplait pas tant que cela, il peut ainsi, lui, échapper à l'absence d'intimité, au bruit incessant, aux querelles au sein de sa nombreuse famille.
Ce qui ressort le plus dans ce roman est la quasi absence de libre arbitre. Les enfants ayant été élevés dans des familles polygames choisissent plus ou moins volontairement de rejoindre à leur tour une famille polygame ou de vivre dans une totale solitude. Golden, mari de quatres femmes, est réparti entre elles selon leurs règles, l'enfant surnommé ”le terroriste de la famille” ne peut s'empêcher d'agir de façon à exaspérer tout le monde…
En fait ce livre de plus de 700 pages qui m'a tout à fait absorbée, m'a surprise dans sa description d'une famille mormone. le père loin de régner sur sa famille est balloté, perdu, ne sait comment agir et réagir.
L'histoire, vue par différents membres de la famille, est prenante.
L'humour est très présent et je ne me suis pas ennuyée.
Je me suis demandé si l'auteur avait lui même été élevé dans une famille polygame ou s'il en connaissait de près. D'après l'interview (en anglais) lié à l'article de wikipédia, il a grandi dans une famille mormone de neuf enfants mais monogame. En revanche il a fait des séjours dans diverses familles polygames pour écrire ce second roman.


Challenge ABC 2016-2017
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