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Dans La loi des hommes, Wendall Utroi nous proposait d'effectuer des allers-retours entre deux époques, et terminait son livre sur un twist assez retentissant. le dispositif pour ce nouveau livre est assez proche, avec deux trames narratives qui s'intercalent un chapitre sur deux. D'un côté, on suit Lucia et, surtout, l'enfance d'Hugo et de Kalya, de 1936 au début des années 50. Et, de l'autre, on accompagne un vagabond, du côté du Vercors, à partir de 1962.

On sait bien que ces deux trames vont converger, on se doute rapidement que le vagabond que nous suivons dans son errance – assez violente – pourrait être Hugo. Mais quelle est l'articulation entre les deux ?

Hugo est froid, déterminé, assez indifférent aux autres, emporté, capable de brutalité. Bref, typiquement un personnage que l'on n'a pas envie d'apprécier, avec qui on n'a pas envie de se trouver de points communs. Et pourtant, on perçoit chez lui des fêlures, des blessures si profondes qu'il en devient émouvant. Pas sympathique, mais émouvant.

Et ce qui est peut-être le plus marquant, dans ce livre, c'est la façon dont Wendall Utroi nous décrit le lent cheminement qui a amené Hugo à devenir cet être froid et dur. On sent que Kalya aurait pu lui apporter l'apaisement auquel il aspire. Mais, si on ne sait pas pourquoi, la seule certitude que l'on ait, c'est que cela ne s'est pas fait.

Ce livre, c'est un livre de ruptures, de séparations, de brisures. Et, surtout – et on retrouve là le Wendall Utroi de la loi des hommes, qui profitait de nous avoir pris dans sa toile pour nous mettre des faits sous les yeux -, c'est une histoire dans laquelle on voit comment notre société rend compliquée la rédemption. Car le passé peut toujours nous rattraper, nos actes peuvent parler pour – ou contre – nous, le corps social n'est pas tendre pour ceux qui ont trébuché. Et il se trouve souvent quelqu'un pour tenter de profiter de la faiblesse, exploiter les failles…

Mais il peut toujours subsister un espoir que les engagements et les idéaux de l'enfance ne soient pas vains.

Hugo, je le disais précédemment, n'est pas le prototype du personnage sympathique dont on se sentirait proche intuitivement. Mais on sent que Wendall Utroi l'aime, et, petit à petit, il sait nous faire partager ce sentiment profond qu'il ne mérite pas tout ce qui lui arrive. Ce livre explore toute l'ironie du destin qui aurait pu, plusieurs fois, basculer du bon côté, mais qui s'est obstiné, encore et toujours, à faire déraper Hugo.

Merci Wendall Utroi de nous avoir donné l'occasion de rencontrer Hugo et Kalya, qui nous font réfléchir sur l'importance qu'il y a, parfois, à accepter l'autre comme il est, à ouvrir sa porte, ses bras ou son coeur, à laisser parfois de côté la norme au profit de l'humain…
Lien : https://ogrimoire.com/2021/1..
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Cette lecture fut pour moi un grand moment d'émotion, quelques larmes en refermant ce livre magnifique. En découvrant l'histoire de cet homme écorché vif que la vie n'a pas épargné.

C'est tout d'abord un roman qui parle d'amitié et d'amour entre deux enfants, de leurs enfances difficiles et de la séparation qui laisse aux gens des séquelles à vie.

C'est un roman qui m'a parlé de sujets tellement graves, des sujets qui me mettent à chaque fois les nerfs à fleur de peau.

Je ne vais pas raconter l'histoire mais juste vous dire que j'ai adoré ce roman qui m'a mise dans des états de colère, de haine et de souffrance, je ne suis pas prête d'oublier par où ce garçon et cette jeune fille sont passés et les moments qui m'ont marqué.

L'homme qu'il est devenu par la suite " sans nom" sera vide d'émotions et d'amour mais rempli de violence et de haine, il se laissera charmer par une jeune femme qui va l'emporter dans un endroit mystérieux.

Un monde sous l'apparence calme et isolée qui cache beaucoup de secrets.

Des secrets immondes qu'il va devoir garder, jusqu'au jour où il va comprendre la vérité.

C'est à ce moment que la colère éclate et va déclencher une guerre entre lui et ceux qui l'ont trahi.

Je suis encore une fois tombée sous le charme du dernier roman de Wendall Utroi, ces histoires à chaque fois me font exploser le coeur. Beaucoup d'émotions, de souffrances et j'avais envie de crier à certains passages.

Je vous conseille de découvrir rapidement le paradis des vauriens qui lui en vaut vraiment la peine.

Merci à l'auteur et aux éditions Slatkine & Cie pour leur confiance.
Lien : https://sabineremy.blogspot...
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COUP DE COEUR IMMENSE ! 💛

Kayla, une orpheline tsigane qui vit chez un ferrailleur. Hugo, un bagarreur dont la mère n'hésite pas à se prostituer sous son toit pour joindre les deux bouts. Deux jeunes écorchés vifs faits pour se rencontrer. Ils filent le parfait amour au paradis des vauriens, un terrain vague où ils s'échappent de la dure réalité de la vie. Où ils pansent leurs blessures aussi. Jusqu'au jour où un événement dramatique les sépare... à jamais?
Deux décennies plus tard Hugo est devenu Sans-Nom, un vagabond qui n'a pas froid au yeux. Pour comprendre ce qu'il s'est passé, il nous faut remonter le temps...

Quel incroyable roman ! Jamais je n'aurais imaginé aimer autant, il entre dans mon Panthéon littéraire de tous les temps ! C'est dire. ❤

Wendall Utroi est un conteur hors pair. Dès les premières phrases, la magie opère et on se laisse porter. Une histoire qui bouscule, des personnages qui ne sont pas épargnés mais dont émane une force incroyable, et une fin... que j'ai adorée !

C'est dur et triste, mais beau et tellement authentique. C'est une histoire d'amour et de complicité. de haine et de souffrance. Un roman sombre et lumineux à la fois, avec de multiples rebondissements. C'est beaucoup beaucoup d'émotions et c'est ce que je recherche en littérature !

C'est un roman que j'aurais voulu ne jamais refermer. Des personnages que je ne voulais pas quitter. C'est une double temporalité brillamment utilisée. C'est une histoire qui fait réfléchir à l'importance de savoir ouvrir ses bras à ces inconnus dont on ne sait rien, qui ont été malmenés par leur passé.

Magistral. Passionnant. Grandiose.

Quel talent. Je n'ai pas les mots... Pourquoi n'aie-je pas découvert cette plume avant? Cher Wendall, merci pour ce moment à tes côtés.
Je garderai toujours en moi un peu d'Hugo et de Kayla. ❤

Bref. A lire absolument !

J'espère que vous êtes tentés? 😇
Vous connaissiez cet auteur?


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Quand Hugo et Kayla se rencontrent, ils ont dix ans, la guerre est finie et leur vie est pourrie. La mère d'Hugo, seule, ne fait que survivre et Kayla, orpheline a été adoptée par un vieux ferrailleur et sa mère. Ensemble ils deviennent Kayla et Sans-Nom, deux enfants qui vont devoir grandir vite, vite.
Magnifique roman, qui pourrait remplir les cases « roman d'apprentissage » même si l'apprentissage n'est pas celui qu'on s'attendrait à lire. Ces deux enfants qui grandissent ensemble coûtent que coûtent nous déchirent le louer sans jamais tomber dans le pathos. le parallèle qui est fait avec la vie d'Hugo adulte, ses déboires, ses mauvais choix, ses échecs, sa vie de paumé… c'est dur aussi.
Le style est excellent et renforce la puissance de l'histoire, j'ai vibré jusque'à la dernière ligne.
Magnifique et mémorable.
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Ceci est le neuvième roman que je lis de Wendall et c'est aussi son neuvième roman écrit et pour celui-ci publié comme ses deux précédents chez Slatkine & Cie que je remercie. Lorsque j'ai commencé à lire l'auteur il était en auto édition, j'ai accroché à son écriture et sa personnalité d'auteur. Depuis ses débuts il rend au fil du temps ses récits plus profonds, encore plus prenants. Avec "Le paradis des vauriens" ce ne sont que de vives émotions que j'ai vécu avec Kalya et Sans-Nom.

Deux destins, deux époques, plusieurs protagonistes vont gravir autour de Kalya et Sans-Nom et feront d'eux ce qu'ils sont, malgré eux. Beaucoup de souffrance cachée, de révolte, de haine, de secrets, mais plus jamais l'un sans l'autre, leur amitié peut combattre ce mal qui les enrobe depuis leur enfance.

"Dans la noirceur de sa chambre, au grenier,
Quand vers elle montait la complainte
Des marches de bois, alourdies de peine.
Que sur la poignée de la porte sans verrou,
La main moite de l'Ombre hésitait,…"

Entre roman noir et littérature blanche, l'auteur nous offre le chemin de vie de deux personnages touchants, un ressenti très profond, quelques scènes bien noires décrites sans voile. Une fin époustouflante. Mais il y a aussi quelques moments de bonheur et de rire entre ces deux personnages ainsi qu'une complicité sans faille, belle, franche, éternelle…

"La mort gagnait toujours, une main magnifique avec des jokers et l'atout maître, elle régnait sur le monde sans partage et bousculait tout sur son passage avec un claquement de doigts. La mort ne respectait rien ni personne, une banalité qui broyait le miracle de la vie."


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C'est le 3ème livre de Wendall Utroi que je lis et comme avec les deux précédentes, j'ai été littéralement happée par son récit et son talent de conteur. A peine les premières pages tournées, j'ai eu beaucoup de mal à m'en éloigner tant l'histoire est prenante.
C'est un roman très noir, très dur mais malgré le contexte excessivement sombre, l'auteur sait instiller des parenthèses lumineuses, comme autant de petites étoiles qui nous laissent espérer.
Hugo et Kayla, les deux personnages principaux, sont deux enfants que la vie n'a pas épargnée. le monde de l'enfance est, il me semble, un monde cher à l'auteur et j'y suis très sensible aussi.
Vivant dans un monde de violence, tous deux se sont forgés une carapace et sont devenus débrouillards, durs et bien souvent insensibles aux êtres qui les entourent.
Comment survivre autrement?
Le jeune Hugo, surtout, porte en lui une colère sourde et une étrange indifférence envers les gens qui l'entourent.
"Tous ces gens n'étaient que des ombres".
L'un pour l'autre, ils vont être la lumière, la bouée , l'espoir dans la tourmente auquel se raccrocher quand tout se délite autour d'eux.
J'ai eu très mal pour ces enfants ainsi que pour le personnage de Lucia, la mère du jeune garçon, qui bien que brisée par la vie gardera toujours en elle un infime espoir de bonheur.
Wendall aime ses personnages et sait nous transmettre son attachement. Il y a toujours dans ses romans un mélange de réalisme cruel et de tendre humanité tout en évitant le pathos.
La construction est ici habile, alternant les chapitres où Hugo est enfant, dans les années 40 et ceux où, devenu adulte et narrateur, il vagabonde au jour le jour en Ardèche, âme qu'on devine blessée, toujours prêt à en découdre.
Peintre des âmes tourmentées, de la noirceur du monde et surtout de celle des hommes, mais aussi de la nature qui apaise, défenseur des être fragiles et vulnérables, Wendall m'a une fois encore convaincue et je lui fais entièrement confiance pour tous les livres à venir. Un grand merci.
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Le roman se déroule lors de 2 trames narratives, à 2 époques différentes.


Tout d'abord la vie et les déambulations de « Sans nom », jeune vagabond taiseux, écorché vif, qui n'a peur de rien car il n'attend rien, si ce n'est la tranquillité.


Ensuite nous avons en parallèle la vie de Kalya et Hugo, deux jeunes adolescents, elle d'origine tsigane, vivant chez un père adoptif porté sur la bouteille et lui, fils de prostituée.


Le fil du récit va s'entrecroiser lors des chapitres mais ils se rejoindront à un moment donné.


En ce qui concerne l'ambiance, je l'ai trouvé sombre, mélancolique, parfois oppressante, souvent triste, mais d'une puissance émotionnelle magnifiquement décrite par Wendall Utroi.


Les personnages m'ont aussi captivés que l'ambiance, des écorchés, des échoués vivants sur le fil du rasoir à chaque instant, une vrai performance que de construire des personnages si forts.


Les lieux sont parfois beaux tels la nature, le soleil et les petits villages du sud, mais aussi le Nord, le terrain vague, l'arrêt de bus, un vrai cachet se dégage de ces lignes et on imagine les lieux comme si nous y étions.


L'intrigue ou plutôt la double intrigue est très intéressante, j'ai eu ma petite préférence pour la partie Dans le Nord, dans la misère, qui m'a remué.


L'écriture de Wendall Utroi est ici encore plus forte que dans « La loi des hommes » qui était déjà très bien écrit.


nous ne sommes pas à proprement parlé dans un thriller ni dans une histoire de littérature mais dans cet entre deux que j'aime, le roman sombre, qui marque, de part les événements, de part les actes.


J'ai trouvé ici qu'il y avait même une petite patte à la Luca di Fulvio pour ce côté tragique, empli d'amour et de haine, d'espoir et de résignation.


Un petit bijoux que ce roman.
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Dans la vie de chaque lecteur il y a des auteurs refuges, des valeurs sûres vers lesquelles se tourner quand on traverse une petite panne de lecture. L'un des miens se nomme Wendall Utroi

Ce mois de décembre n'a pas fait exception à la règle : j'ai eu comme chaque année ma traversée du désert littéraire. Comme je suis habituée à ce coup de mou hivernal, je ne m'inquiète plus trop, j'en profite pour faire plein d'autres choses en même temps que je butine de roman en roman pour tenter de réveiller la lectrice passionnée qui sommeille en moi. Cette année c'est entre les mains de Wendall Utroi que j'ai fini par remettre mon sort. J'ai placé toute ma confiance dans son Paradis des vauriens, son dernier roman paru chez Slatkine & Cie. On ne va pas se mentir, il m'a fallu près de la moitié du livre avant de sortit de ma douce somnolence et parvenir enfin à m'intéresser au sort de ses petits protégés mais une telle lenteur au démarrage n'est pas de son fait - bien au contraire - c'est juste que je partais vraiment de loin.
Même si j'ai mis du temps avant de rentrer pleinement dans l'histoire, je me suis très vite fait la réflexion que cet auteur était décidément sacrément doué. Il parvient cette fois encore à nous embarquer dans un univers totalement singulier avec des personnages complexes et hauts en couleur et des alternances temporelles passionnantes et sans oublier d'apporter un soin tout particulier au style afin de ne pas tomber dans la facilité d'une écriture seulement efficace comme bien des auteurs qui flirtent avec le roman noir. Comme pour La loi des hommes, je serais d'ailleurs bien en peine de mettre le Paradis des vauriens dans une case et c'est tant mieux car je suis intimement persuadée que ce roman peut autant plaire aux amateurs de littérature blanche que de thrillers mais surtout il plaira à tous les lecteurs qui, comme moi, sont lassés de l'auto-fiction à la française, des petites histoires qui ne parviennent pas à en faire une grande et qui cherchent à vivre mille et une vies par procuration, grâce à l'imagination et au talent d'un auteur en totale empathie avec ses personnages autant qu'avec ses lecteurs.
Wendall ne se contente pas d'écrire une histoire, il la vit, il la porte, il aime profondément ceux qu'il fait vivre sous sa plume, c'est difficile à expliquer mais ça se ressent quand on le lit et c'est grâce à cette passion qui suinte de chaque mot que je suis enfin parvenue à sortir de ma foutue panne de lecture annuelle. Un grand merci à Hugo, Kalya, Sarah, Lucia, Steph, Mitra et à tous les autres d'avoir été ces héros ou ces salauds, d'avoir supporté toutes ces aventures, ces espoirs, ces drames, ces épreuves et ces leçons, pour faire vibrer mon coeur de lectrice. Je peux vous dire que Wendall n'a pas été tendre avec eux - cet auteur peut être aussi machiavélique qu'il peut être profondément humain - mais c'était pour la bonne cause !

Lien : https://www.lettres-et-carac..
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Cher Wendall,

L'an dernier à la même époque, j'avais reçu votre roman "La loi des hommes" et l'avais lu sans aucune attente particulière, ne connaissant rien de vous. Ce fut un gros coup de coeur, une magnifique surprise, la découverte d'une plume de qualité, d'un univers bien à vous. Je vous ai aimé dès les premières pages.

Cette année, mes attentes pour votre nouveau roman étaient donc bien différentes. Allais-je autant l'aimer ? Allais-je me retrouver transportée à nouveau dans votre monde ? Allais-je retrouver cette plume qui sait si bien écrire des histoires, décrire des sentiments, sublimer des paysages ?
Et bien c'est un grand OUI, oui oui oui.

Ce roman est pourtant bien différent du précédent, point de polar ici mais un univers sombre, au milieu des laissés pour compte. Une fresque se déroulant sur presque 50 ans. Des personnages pas toujours très tendres, malmenés par la vie, mais si humains, si profonds. Une histoire sombre et lumineuse à la fois, exactement comme je les aime.
Merci pour cette belle histoire !

Chers amis lecteurs,
Faites-moi confiance et partez à la découverte de l'univers de Wendall Utroi, vous ne le regretterez pas !
Essai transformé pour moi, nouveau coup de coeur !
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Des bleus à l'âme aux corps rompus.
Pour certains, la vie est violente. Dès la naissance la vie peut-être uniquement un combat, entre la rage au coeur et tous les moyens de défense qu'ils peuvent s'approprier.
Sur ces situations de chaos viennent se greffer les intrus, ceux qui profitent des failles pour manipuler, entraîner, et la vie déborde des sécrétions de ces rencontres viles.
Au quotidien ce sont des combats le plus souvent contenus, silencieux mais qui irriguent les veines de ceux qui subissent. Mais il y a les explosions, les déflagrations qui entraînent toujours plus loin, plus fort.
Seule la société pourrait y remédier en mettant en place des règles, des lois pas seulement les édicter mais les appliquer à tous. Une seule justice. Mais surtout elle aurait un atout de taille pour juguler cette violence en éduquant, en cultivant et faisant en sorte de laisser le moins de personnes possible au bord de la route, en montrant l'exemple d'une transformation de l'énergie négative en énergie créatrice au sein d'une société fraternelle.
Quand fin avril 1962, par une journée aussi chargée en chaleur orageuse qu'en vapeurs d'alcool, se termine par une rixe dans un bar entre un jeune sans nom et un vieux.
Suit l'errance.
« Ma vie se résumait à ça, me débattre, encore et toujours, pour ne pas sombrer dans l'ennui. Vivre et s'ennuyer, c'était pire que tout, c'était mourir déjà, et moi je ne voulais pas crever de mon vivant. Je m'étais battu plus d'une fois, contre les autres, contre leurs règles et leur façon de vouloir me les imposer, leur façon de m 'obliger à marcher dans les clous. »
L'auteur avec beaucoup d'intuition, utilise le procédé du flashback avec subtilité. J'ai eu le sentiment que c'est l'amour qu'il porte à ses personnages qui ont induit ce doigté, qui fait que le passé trace le présent, et que ces retours en arrière sont fluides et donnent une lumière qui vient tempérer le présent.
Il y a le contexte, il est né en 1937 et en vingt-cinq ans il a vécu mille vies.
Avec Kalya ils sont deux canards boiteux dans ce paradis des vauriens qui leur appartient.
Mais le chemin suivit le transforme en bête sauvage, mais toujours lucide.
J'ai aimé que l'auteur en fasse un jeune lettré, intelligent.
Sans-Nom a une obsession Kalya.
« Je levai la main, observai mon pouce, la cicatrice s'effaçait avec le temps, je la devinai à peine, mais celle laissée par le manque ne guérissait pas. »
La vie continue, et se transmet :
« Je me sentais fou de joie, avec cette étrange impression que la vie ne m'en voulait plus, qu'on venait de signer un pacte, une trêve. Un sentiment de bien-être m'envahit, de sérénité. Je naissais en même temps que mon enfant. »
Le lecteur passe par toutes les émotions, n'excuse rien, mais ouvre les yeux.
C'est un roman noir, dans une construction habile qui sait dévoiler et ménager ses effets.
L'écriture montre un souci permanent de ne pas alourdir et noircir, il n'y a pas de surenchère dans le glauque.
Les personnages principaux sont attachant et laissent leur empreinte. Mais tous les personnages secondaires sont dépeints avec caractère ce qui renforce la réalisation de la trame.
Wendall Utroi est dans un registre différent de ses deux précédents livres, il a trouvé, sans dénaturer ce qu'il est, une façon encore plus expressive de dire une histoire, il y a plus de profondeur dans la psychologie de ses personnages.
Le noir ici à des nuances subtiles, il y a du souffle, pas d'atermoiement mais de la bienveillance.
Les apparences sont trompeuses, les illusions passent.
Jusqu'à la fin il nous aura happé dans sa toile, sur un demi-siècle d'existence, il aura su approfondir, rebondir, nous rendre fou avant de savoir, pour nous, lecteur ce couple d'adolescents seront dans nos mémoires. Et ils resteront adolescents. Couple éternel ? A vous de le découvrir.
Une belle réussite, un auteur qui sait se renouveler et il nous fait une belle démonstration de Hobbes « l'Homme est un loup pour l'homme » mais pas toujours du côté le plus visible.
Merci à l'auteur et aux éditions Slatkine pour cette lecture privilégiée.
©Chantal Lafon

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