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Province de Sud-Kivu (RDC), deux heures après le lever du soleil

Le colonel Ernest Malumba s'adresse à ses troupes qui vont attaquer un paisible village sans défense : « Les femmes et les gamines violées et mutilées devant leur famille. Les hommes à partir de douze ans faits prisonniers. Les mains coupées pour ceux qui résistent. Les bébés et les vieillards, brûlés dans leur cahute, morts ou vifs. »


Deux jours plus tard dans une capitale occidentale

Le directeur de Metalurco, grosse multinationale active, notamment, dans les métaux rares, s'adresse à François Daans, jeune ingénieur belge de 28 ans, quadrilingue et sorti ingénieur des mines de l'Université Libre de Bruxelles avec GRANDE DISTINCTION : « Notre… Ahem… Principal directeur de production, le colonel Ernest Malumba, est mort il y a deux jours dans l'exercice de ses fonctions. Je veux que vous lui trouviez un remplaçant. »


Critique :

Le scénario de van Hamme est solide comme un roc. L'homme sait y faire. Il est le scénariste le plus lu de la BD franco-belge. Il nous entraîne en République Démocratique du Congo dans une aventure pleine d'action (c'est du van Hamme, quoi !) mais qui repose, hélas, sur de bien tristes réalités. Vingt ans que les paisibles populations du Kivu subissent les exécrables exactions des groupes armés, bien souvent issus du Rwanda voisin, qui sèment le chaos avec à leur tête des « colonels » autoproclamés. Vingt ans que le monde entier s'en fout du sort de ces populations ! Une seule chose importe vraiment : l'extraction du coltan sans lequel nos GSM et autres smartphones auraient du mal à fonctionner. D'ailleurs, au Kivu, il y a bien d'autres richesses, mais aucune ne profite à la population, bien au contraire, ce sont ces fichues richesses qui attirent le malheur sur leurs têtes.
Mais à côté de ces individus crapuleux, on trouve des êtres exceptionnels qui, au péril de leur vie, tentent de sauver des existences et de réparer les atrocités causées par des pousse-au-crime qui terrorisent leurs propres troupes qui comptent un nombre important d'enfants soldats. C'est ainsi que dans la BD, on découvre le travail du célèbre docteur congolais Denis MUKWEGE, chirurgien gynécologue, fondateur et directeur médical de l'hôpital de Panzi au Sud-Kivu, l'homme qui « répare les femmes ». Autre personnage, bien réel, Guy-Bernard CADIÈRE, professeur de chirurgie à l'Université Libre de Bruxelles est l'un des inventeurs de la chirurgie minimale invasive. Il opère régulièrement avec le docteur Mukwege à Panzi.

Un petit mot à propos de Christophe SIMON, le dessinateur qui, bien qu'encore jeune, s'est déjà illustré en reprenant dans plusieurs albums les personnages de Jacques Martin : Orion, Lefranc, Alix. Il a mis la main à la pâte pour Corentin… Bref, un homme qui a déjà fait ses preuves et qui, ici, crée ses propres personnages pour un « one shot ».

Ma seule déception concerne la mise en couleurs d'Alexandre Carpentier qui date d'un autre âge. de grands aplats d'une seule couleur…

Cette bande dessinée, pleine d'action, est aussi un reportage, un témoignage… A lire absolument si l'Afrique, l'actualité, les conflits contemporains vous intéressent, ou tout simplement l'action !
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Pour sa première oeuvre commandée, Jean van Hamme parvient, une nouvelle fois, à réaliser un véritable petit bijou qui a toute sa place dans la collection Signé.

Ce one-shot est clairement une histoire de famille mais également un récit engagé. S'il a pour objectif d'éveiller les consciences européennes au sort réservé aux populations du Kiwu. Il s'agit d'un récit qui fait froid dans le dos. Ce qui est décrit ici se déroule sur un autre continent et le sort réservé aux populations défie tout entendement. Tout cela pour que nous puissions changer de smartphone et autres objets connectés très régulièrement… Après cette lecture, vous n'aurez plus l'esprit tranquille.

L'histoire est intéressante et atypique. Nous suivons un jeune cadre, désireux de faire ses preuves et qui se retrouve plongé dans un contexte qui le dépasse complètement. du jour au lendemain, voici que sa vie est bouleversée, menacée à plusieurs reprises. Su jour au lendemain, celui-ci va donc devoir devenir un baroudeur et tenir tête à des organisations qui le dépassent. Il y a ici une dose de réalisme des plus intéressantes et qui renforce le pouvoir d'immersion de ce récit.

Les dessins poursuivent sur cette même lancée en conférant du réalisme à l'ensemble. le lecteur voyage le temps d'un récit, dans des contrées magnifiques, des paysages de toute beauté, verdoyants ou plus désertiques, exploités par l'homme ou plus sauvages. Les lieux sont nombreux et très différents les uns des autres. Les visages des personnages sont également très bien dessinés.

Le seul reproche que l'on pourra formuler ici, concerna une séquence intime se déroulant dans une chambre d'hôtel. Celle-ci surfe avec des lieux communs faciles, tout en apportant peu de choses à l'intrigue. Elle permet toutefois d'ajouter un peu de douceur à une lecture marquée par la violence et qui débute sur une scène de viol, qui marque les esprits.

Voici un véritable coup de coeur. Qu'il s'agisse du message véhiculé, de l'intrigue ou des dessins, cet album mérite d'être mis entre toutes les mains !
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Le Kivu est une région du Congo bien connue de certaines multinationales pour son sol riche en minerai. Pour exploiter ses précieuses ressources, on n'hésite pas à maintenir le pays dans un climat instable où règne guerre meurtrière et pauvreté extrême.
Cette bande dessinée est avant tout un cri de dénonciation de ce qu'il se passe là-bas. Sous le couvert d'une fiction, d'un jeune belge se rendant pour la première fois au Kivu et se liant à une enfant traumatisée, l'histoire nous ouvre les yeux sur un pays en détresse, où l'humanité n'est plus, où seuls les profits intéressent les plus puissants...
Parfaitement documentée, la bande dessinée nous dévoile des chiffres ahurissants, des faits réels terrifiants... Devant tant d'horreurs ils semblent bien peu à lutter pour un monde meilleur. Comme par exemple le docteur Denis Mukwege, chirurgien de Panzi qui sauve des femmes victimes de violences sexuelles parfaitement insoutenables. On referme l'album en se demandant comment de telles choses peuvent encore exister de nos jours...
A côté de ça la fiction semble un peu décalée bien qu'aidant à exposer la situation du Kivu. Effectivement on fait connaissance avec François, ingénieur belge se rendant pour le compte de sa multinationale au Kivu. Il va s'apercevoir de la situation difficile de la population, de la corruption et surtout du fait que les firmes occidentales ferment les yeux sur les exactions commises pour extraire leur précieux minerai. Pire, elles les favorisent pour toujours plus de profit. Abject. François est donc un parfait héros sympathique et pur, volant au secours d'une frère et d'une soeur, n'hésitant pas à braver ses patrons aux bras longs et aux poches bien remplies. Pas vraiment crédible comme personnage, trop chevalier blanc, pas plus que ses péripéties rocambolesques me direz-vous... Mais un peu d'humanité dans ce monde de brutes ne fait pas de mal même si, dommage, c'est la partie la plus terrible qui est la plus véridique.
Le dessin a un trait fin très réaliste. Une ligne claire un peu désuète mais sérieuse qui ajoute de la crédibilité à ce récit qui est avant tout un cri d'indignation comme le prouve cette très belle et très engagée préface.
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La force du dessin pour porter un sujet qui nous regarde tous mais que l'on élude par un fatalisme sentimental lâche , désabusé face à cette colonisation ultra-libérale.
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Cette BD est née d'une rencontre. A ma droite, Jean van Hamme que l'on ne présente plus. A ma gauche, Guy-Bernard Cadière, chirurgien, précurseur de la laparoscopie et de la chirurgie à distance. A centre, le docteur Denis Mukwege, prix Nobel, l'homme qui répare les femmes.

Si seulement il pouvait vraiment les réparer... les dégâts sont tellement atroces. On sait que la guerre se pratique sur le principe de la terre brûlée... Raser les villages, brûler les cultures, piller les réserves... Au Sud-Kivu, dans cette guerre qui arrange bien les pays développés, on détruit les femmes et les enfants. Vieil héritage, sans doute, de la pratique initiée par Léopold II, roi des Belges qui possédait le Congo et le Rwanda (dont il avait financé la "déocuverte") et dont il avait fait don à la Belgique. On coupait les mains, les pieds... aussi sûrement que l'on coupait les palmiers pour l'huile qui fit la gloire de la marque Palmolive... Je m'égare, mais pas tant que cela.

Kivu, la BD, est l'aboutissement de toute cette Histoire. La préface de Colette Braeckman le montre rapidement. le pays le plus riche du monde est savammant orchestré en un chaos sauvage qui arrange bien tout le monde. Dirigeants occidentaux et dirigeants congolais. de Mobutu à l'uranium de la bombe qui plongera sur Hiroshima... de Lumumba assassiné au coltan que le Rwanda récupère au Kivu congolais "en stoemelings" (c-à-d ni vu ni connu)... on est dans une très sale affaire.

C'est sur cette triste réalité que Van Hamme et Simon élabore une histoire mettant en scène un jeune diplômé belge, idéaliste et naïf (c'est un peu la même chose, non?) qui va être projeté au Congo et va avoir une révélation... C'est sans doute un peu fleur bleue, mais on peut comprendre les auteurs. Ils effleurent la réalité, il n'en faut pas davantage... c'est déjà difficile à supporter par moments.

On ne peut que louer les qualités des docteurs Cadière et Mukwege, qui opèrent régulièrement dans un hôpital protégé par la Monusco. On doit aussi rappeler que le successeur du docteur Mukwenge a été abattu... et que celui-ci fait encore l'objet de menaces de mort. Car son travail ne s'arrête pas à la chirurgie, comme le montre fort bien la BD. Il y a un travail social, psychologique, économique de reconstruction des femmes. Et cela aussi dérange ses opposants. La terre brûlée, pour sûr, elle est dans le crâne de ces opposants.
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Voici une BD âpre et sans détour sur la situation au Kivu et sur les horreurs subies par la population. le scénario s'appuie sur la découverte progressive des faits par un jeune cadre dynamique d'une entreprise mouillée jusqu'au cou dans les évènements locaux. Bien que connaissant la situation de manière théorique, la confrontation avec la réalité constitue une série de chocs que l'on pressent salutaire pour lui. C'est peut-être le seul point un peu trop facile de l'histoire. Côté dessins, la couverture est un cran au-dessus de ceux de la BD. Ceux-ci sont un peu "académiques" avec une mise en couleur un peu à plat qui accentue leur côté "rigide", restituant mal les mouvements de l'action lors de certains passages. Au final, je suis convaincu par le fond du propos mais pas complètement par l'exécution.
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C'est toujours bien de faire un album pour alerter l'opinion publique de ce qui se passe actuellement dans la région du Kivu. Il faut dire que c'est assez éloigné de nos préoccupations quotidiennes. Dans cette partie du monde se jouent des choses pas très catholiques entre corruption, multinationales et surexploitations des ressources de l'Afrique.

Le scénario est plutôt bateau et très convenu. Sur la forme, c'est plutôt catastrophique avec un personnage central non crédible et un dessin totalement figé style vieille école à la Jacques Martin. On ne peut faire pire à part et sans aucun doute du minimalisme...

Cependant, on lira cette bd pour se rendre compte de l'horreur absolue dans cette région minière du Congo jadis florissante. Les anciens génocidaires du Rwanda n'ont encore pas fini de semer la mort et la violence sous l'oeil complice de certaines diplomaties occidentales.
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C'est un peu dommage que le dossier documentaire de cette BD se trouve en début de volume. J'ai commencé à le lire, et je me suis dit que peut-être c'était mieux de découvrir l'histoire qui était proposée ensuite, sans avoir tous les détails.... je crois que j'ai bien fait.
J'ai découvert en même temps que le personnage principal, la réalité de la vie au Kivu.
Et c'est seulement ensuite que j'ai relu le dossier, qui tout à coup me semblait beaucoup moins ardu à comprendre.
Le scénario m'a semble peu réaliste... trop d'événements en si peu de temps pour que je puisse y croire. Mais il a au moins le mérite de mettre en lumière en action les différents protagonistes responsables des pires horreurs, juste pour des mines.....pour nos téléphones portables.
C'est intéressant, et ça fait relativiser sur beaucoup de choses.... et demain je vais entendre mes collègues se plaindre de la météo du Week end.....
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Le Congo revient à la mode dans la Bd. Cet ouvrage résumé parfaitement la situation actuelle, l'appétit des multinationales pour les "terres rares" et le fait qu'elles utilisent des militaires locaux pour ne pas se salir les mains directement. L'histoire, elle est un peu gentillette, mais elle parle aussi d'hommes de bien qui oeuvrent dans l'ombre et les hôpitaux de brousse. Mais plus on parle de ce qui se passe la bas, mieux c'est. Dans le même style, j'ai préféré "Katanga".
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Une BD extrêmement pédagogique. le scénario est parfois prévisible dans la mesure où tout l'intérêt est de faire part d'une situation très réelle de la vie au Congo et non pas de tenir en haleine le lecteur mais le pari est réussi. On se sent interpellé et outré. On comprend en quelques dizaines de pages tout l'imbroglio des intérêts dans cette zone de l'Afrique et pourquoi il est plus qu'urgent que le monde réagisse, les politiciens mais aussi les consommateurs que nous sommes. Les voix doivent s'élever parce que face à tant de barbarie au nom de l'argent et de la technologie, pouvons-nous encore parler d'humanité ? Je retrouve avec émotion et admiration un hommage au docteur Mukwégé qui se bat là-bas depuis tant d'années et avec tant d'abnégation que ça force le respect. Cette BD devrait être remise entre toutes les mains, rentrer dans un programme scolaire même.
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