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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pour sa première oeuvre commandée, Jean van Hamme parvient, une nouvelle fois, à réaliser un véritable petit bijou qui a toute sa place dans la collection Signé.

Ce one-shot est clairement une histoire de famille mais également un récit engagé. S'il a pour objectif d'éveiller les consciences européennes au sort réservé aux populations du Kiwu. Il s'agit d'un récit qui fait froid dans le dos. Ce qui est décrit ici se déroule sur un autre continent et le sort réservé aux populations défie tout entendement. Tout cela pour que nous puissions changer de smartphone et autres objets connectés très régulièrement… Après cette lecture, vous n'aurez plus l'esprit tranquille.

L'histoire est intéressante et atypique. Nous suivons un jeune cadre, désireux de faire ses preuves et qui se retrouve plongé dans un contexte qui le dépasse complètement. du jour au lendemain, voici que sa vie est bouleversée, menacée à plusieurs reprises. Su jour au lendemain, celui-ci va donc devoir devenir un baroudeur et tenir tête à des organisations qui le dépassent. Il y a ici une dose de réalisme des plus intéressantes et qui renforce le pouvoir d'immersion de ce récit.

Les dessins poursuivent sur cette même lancée en conférant du réalisme à l'ensemble. le lecteur voyage le temps d'un récit, dans des contrées magnifiques, des paysages de toute beauté, verdoyants ou plus désertiques, exploités par l'homme ou plus sauvages. Les lieux sont nombreux et très différents les uns des autres. Les visages des personnages sont également très bien dessinés.

Le seul reproche que l'on pourra formuler ici, concerna une séquence intime se déroulant dans une chambre d'hôtel. Celle-ci surfe avec des lieux communs faciles, tout en apportant peu de choses à l'intrigue. Elle permet toutefois d'ajouter un peu de douceur à une lecture marquée par la violence et qui débute sur une scène de viol, qui marque les esprits.

Voici un véritable coup de coeur. Qu'il s'agisse du message véhiculé, de l'intrigue ou des dessins, cet album mérite d'être mis entre toutes les mains !
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Le Kivu est une région du Congo bien connue de certaines multinationales pour son sol riche en minerai. Pour exploiter ses précieuses ressources, on n'hésite pas à maintenir le pays dans un climat instable où règne guerre meurtrière et pauvreté extrême.
Cette bande dessinée est avant tout un cri de dénonciation de ce qu'il se passe là-bas. Sous le couvert d'une fiction, d'un jeune belge se rendant pour la première fois au Kivu et se liant à une enfant traumatisée, l'histoire nous ouvre les yeux sur un pays en détresse, où l'humanité n'est plus, où seuls les profits intéressent les plus puissants...
Parfaitement documentée, la bande dessinée nous dévoile des chiffres ahurissants, des faits réels terrifiants... Devant tant d'horreurs ils semblent bien peu à lutter pour un monde meilleur. Comme par exemple le docteur Denis Mukwege, chirurgien de Panzi qui sauve des femmes victimes de violences sexuelles parfaitement insoutenables. On referme l'album en se demandant comment de telles choses peuvent encore exister de nos jours...
A côté de ça la fiction semble un peu décalée bien qu'aidant à exposer la situation du Kivu. Effectivement on fait connaissance avec François, ingénieur belge se rendant pour le compte de sa multinationale au Kivu. Il va s'apercevoir de la situation difficile de la population, de la corruption et surtout du fait que les firmes occidentales ferment les yeux sur les exactions commises pour extraire leur précieux minerai. Pire, elles les favorisent pour toujours plus de profit. Abject. François est donc un parfait héros sympathique et pur, volant au secours d'une frère et d'une soeur, n'hésitant pas à braver ses patrons aux bras longs et aux poches bien remplies. Pas vraiment crédible comme personnage, trop chevalier blanc, pas plus que ses péripéties rocambolesques me direz-vous... Mais un peu d'humanité dans ce monde de brutes ne fait pas de mal même si, dommage, c'est la partie la plus terrible qui est la plus véridique.
Le dessin a un trait fin très réaliste. Une ligne claire un peu désuète mais sérieuse qui ajoute de la crédibilité à ce récit qui est avant tout un cri d'indignation comme le prouve cette très belle et très engagée préface.
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Cette BD est née d'une rencontre. A ma droite, Jean van Hamme que l'on ne présente plus. A ma gauche, Guy-Bernard Cadière, chirurgien, précurseur de la laparoscopie et de la chirurgie à distance. A centre, le docteur Denis Mukwege, prix Nobel, l'homme qui répare les femmes.

Si seulement il pouvait vraiment les réparer... les dégâts sont tellement atroces. On sait que la guerre se pratique sur le principe de la terre brûlée... Raser les villages, brûler les cultures, piller les réserves... Au Sud-Kivu, dans cette guerre qui arrange bien les pays développés, on détruit les femmes et les enfants. Vieil héritage, sans doute, de la pratique initiée par Léopold II, roi des Belges qui possédait le Congo et le Rwanda (dont il avait financé la "déocuverte") et dont il avait fait don à la Belgique. On coupait les mains, les pieds... aussi sûrement que l'on coupait les palmiers pour l'huile qui fit la gloire de la marque Palmolive... Je m'égare, mais pas tant que cela.

Kivu, la BD, est l'aboutissement de toute cette Histoire. La préface de Colette Braeckman le montre rapidement. le pays le plus riche du monde est savammant orchestré en un chaos sauvage qui arrange bien tout le monde. Dirigeants occidentaux et dirigeants congolais. de Mobutu à l'uranium de la bombe qui plongera sur Hiroshima... de Lumumba assassiné au coltan que le Rwanda récupère au Kivu congolais "en stoemelings" (c-à-d ni vu ni connu)... on est dans une très sale affaire.

C'est sur cette triste réalité que Van Hamme et Simon élabore une histoire mettant en scène un jeune diplômé belge, idéaliste et naïf (c'est un peu la même chose, non?) qui va être projeté au Congo et va avoir une révélation... C'est sans doute un peu fleur bleue, mais on peut comprendre les auteurs. Ils effleurent la réalité, il n'en faut pas davantage... c'est déjà difficile à supporter par moments.

On ne peut que louer les qualités des docteurs Cadière et Mukwege, qui opèrent régulièrement dans un hôpital protégé par la Monusco. On doit aussi rappeler que le successeur du docteur Mukwenge a été abattu... et que celui-ci fait encore l'objet de menaces de mort. Car son travail ne s'arrête pas à la chirurgie, comme le montre fort bien la BD. Il y a un travail social, psychologique, économique de reconstruction des femmes. Et cela aussi dérange ses opposants. La terre brûlée, pour sûr, elle est dans le crâne de ces opposants.
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C'est toujours bien de faire un album pour alerter l'opinion publique de ce qui se passe actuellement dans la région du Kivu. Il faut dire que c'est assez éloigné de nos préoccupations quotidiennes. Dans cette partie du monde se jouent des choses pas très catholiques entre corruption, multinationales et surexploitations des ressources de l'Afrique.

Le scénario est plutôt bateau et très convenu. Sur la forme, c'est plutôt catastrophique avec un personnage central non crédible et un dessin totalement figé style vieille école à la Jacques Martin. On ne peut faire pire à part et sans aucun doute du minimalisme...

Cependant, on lira cette bd pour se rendre compte de l'horreur absolue dans cette région minière du Congo jadis florissante. Les anciens génocidaires du Rwanda n'ont encore pas fini de semer la mort et la violence sous l'oeil complice de certaines diplomaties occidentales.
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C'est un peu dommage que le dossier documentaire de cette BD se trouve en début de volume. J'ai commencé à le lire, et je me suis dit que peut-être c'était mieux de découvrir l'histoire qui était proposée ensuite, sans avoir tous les détails.... je crois que j'ai bien fait.
J'ai découvert en même temps que le personnage principal, la réalité de la vie au Kivu.
Et c'est seulement ensuite que j'ai relu le dossier, qui tout à coup me semblait beaucoup moins ardu à comprendre.
Le scénario m'a semble peu réaliste... trop d'événements en si peu de temps pour que je puisse y croire. Mais il a au moins le mérite de mettre en lumière en action les différents protagonistes responsables des pires horreurs, juste pour des mines.....pour nos téléphones portables.
C'est intéressant, et ça fait relativiser sur beaucoup de choses.... et demain je vais entendre mes collègues se plaindre de la météo du Week end.....
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Le Congo revient à la mode dans la Bd. Cet ouvrage résumé parfaitement la situation actuelle, l'appétit des multinationales pour les "terres rares" et le fait qu'elles utilisent des militaires locaux pour ne pas se salir les mains directement. L'histoire, elle est un peu gentillette, mais elle parle aussi d'hommes de bien qui oeuvrent dans l'ombre et les hôpitaux de brousse. Mais plus on parle de ce qui se passe la bas, mieux c'est. Dans le même style, j'ai préféré "Katanga".
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Une BD bouleversante... Van Hamme met un coup de projecteur sur la violence inouïe qui s'exerce en Afrique dans le Kivu, région de la République Démocratique du Congo où l'exploitation de minerai servant à la confection d'objets électroniques (tels que nos smartphones) conduit aux pires exactions... Heureusement, cette violence passe surtout ici par les mots, plus que par l'image, mais ce qui nous est raconté est terrifiant...

Vraiment, cette BD est un choc, tant la cruauté décrite donne la nausée... Et van Hamme parvient à rendre compte du côté extrêmement dangereux de s'aventurer dans ce genre de zones, et encore plus de tenter de combattre les cruels auteurs de ces atrocités... Van Hamme nous dépeint une Afrique aux allures de Far West, où seule une Kalachnikov chargée permet de demeurer en un seul morceau...

Mais combattre ces exactions ce n'est pas seulement prendre les armes, c'est aussi, à l'image des Docteurs Denis Mukwege et Guy-Bernard Cadière, oeuvrer pour panser les plaies, celles des corps comme de l'esprit. Ces deux chirurgiens humanistes, aidés de leurs équipes, réparent les femmes victimes de viols... Et ils ne s'arrêtent pas là, leur structure permet aussi à ces femmes d'apprendre un métier et de bénéficier de micro-crédits, pour pouvoir être autonomes et sortir du giron des exploiteurs divers. Ces deux médecins et leurs équipes dévouées sont une véritable lueur d'espoir, certes fragile, dans un océan de ténèbres...

Combattre ces exactions, c'est aussi prendre la plume pour décrire ce qui se passe dans ces contrées si lointaines, mais finalement si proches, car nos destins sont douloureusement entremêlés. C'est ce que fait Jean van Hamme, en utilisant son talent et sa notoriété pour mettre en lumière l'engagement des Docteurs Mukwege et Cadière.

C'est ce qu'il fait aussi en n'omettant pas les manoeuvres des multinationales occidentales, qui sont clairement complices de ce qui se passe là-bas. Elles financent des groupuscules armés qui leur permettent de garantir leur approvisionnement en minerai à bas coût, au prix de l'exploitation d'enfants et d'adultes dans les mines et en fermant les yeux sur les nombreux abus perpétrés quotidiennement...

Pour ce qui est du dessin, Christophe Simon s'en sort plutôt bien. Son style classique et réaliste est agréable, même s'il pèche un peu par sa rigidité et un découpage pas toujours des plus lisibles. Néanmoins il remplit tout à fait son rôle et illustre de façon sobre et élégante ce récit terrible. Pour la petite histoire, Christophe Simon s'est rendu sur place à l'invitation du Docteur Cadière, qui a « commandé » ce récit à Van Hamme. Il en reviendra traumatisé par ce qu'il a vu. Et ce n'est pas le moindre de ses mérites que d'avoir su restituer l'horreur sans se laisser gagner par elle...

Pour conclure, en refermant cet album de bande dessinée, on ne peut oublier ce qu'on a vu et lu. On ne pourra pas dire que l'on ne savait pas. Voilà encore un pavé dans la mare, venant éclabousser cette économie qui martyrise une partie de la population mondiale pour en satisfaire une autre. Une oeuvre qui donne à réfléchir, et qui ne fait que confirmer l'urgence de changer de modèle économique, et même de société...
Lien : https://artetpoiesis.blogspo..
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"Kivu" est une BD qui mélange fiction et réalité. Mais il n'y a aucun risque de confusion entre les deux, car les premières pages nous expliquent le contexte de l'histoire, nous permettant par la suite de faire la distinction entre le réel et le fictif.

l'histoire se passe au Congo, dans la région du Kivu, convoitée pour ses richesses et notamment le Coltan (qui sert à fabriquer les téléphones portables). Des multinationales occidentales manipulent des milices locales pour chasser les paysans de leurs terre. Ces derniers sont exploités dans les mines après que leurs femmes aient été violées et mutilées de façon abominable. Un médecin, le docteur Mukwedge répare ces femmes abîmées (notamment au niveau des organes génitaux).


Un jeune homme, François, est envoyé dans cette région par son employeur qui n'est autre qu'une industrie occidentale. François a pour mission de trouver un directeur de production (autrement dit un chef de milice) pour remplacer celui en place, qui vient d'être tué "dans l'exercice de sa mission". On le voit se faire abattre par un jeune autochtone qui agit en légitime défense.

Dès le premier jour, François, par accident, renverse la soeur du jeune garçon qui a tué le chef de milice. Il prend alors en charge cette dernière. Bien vite, le jeune homme comprend qu'il s'est fourré dans un sacré pétrin en acceptant la mission au Kivu (mais avait-il le choix ?). Plutôt que de se rendre complice de la situation, il choisit le camp des autochtones ce qui va, bien-entendu, lui créer beaucoup d'ennuis.

Certaines scènes sont très violentes mais sans doute bien en dessous de la réalité. En refermant l'ouvrage, on ne peut s'empêcher de ressentir de la colère contre le système mais aussi de la honte d'être complice, en tant qu'occidental, de cette violence que l'on cautionne, même si c'est de façon indirecte.

Je connaissais vaguement la situation du Congo après avoir vu des reportages au journal télévisé mais cette BD m'a sensibilisée bien plus n'importe quel reportage audiovisuel. le mélange de fiction et de documentaire est particulièrement efficace. On pourrait reprocher à l'histoire de se terminer trop bien (le dénouement est-il réaliste ?) mais sincèrement, après tant de violence, un peu d'espoir est le bienvenu.

Merci à l'amie qui m'a prêté ce livre.
Lien : http://www.sylire.com/2019/0..
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Une BD sur un thème fort, très bien réalisée, sur une actualité bien trop présente et depuis trop longtemps.
Ce n'est certes pas flatteur pour l'Afrique mais écoutons le message d'espoir de cette histoire.

Niveau technique, une bonne histoire, de beaux dessins bien colorisés, une réussite.
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Histoire très interpellante que celle racontée par cette bande dessinée. Ce n'est pas une histoire vraie et pourtant le quotidien des habitants de cette région du Congo (RDC) y ressemble terriblement. Des assassinats, des viols, y sont courants. Jean van Hamme, qui signe le scénario, nous explique pourquoi. Christophe Simon nous les rend visibles par la qualité de ses dessins. Ils nous montrent aussi des signes d'espérance : les docteurs Denis Mukwege et Guy-Bernard Cadière qui rendent leur dignité aux femmes bafouées. Un récit passionnant pour comprendre ce qui se passe là-bas.
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