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EAN : 9782874951947
160 pages
André Versaille éditeur (31/10/2012)
3.5/5   8 notes
Résumé :
Depuis 15 ans, Denis Mukwege, médecin chef à l'hôpital de Panzi (Sud Kivu), soigne gratuitement des femmes victimes de violences sexuelles. Au cours des 10 dernières années, il a ainsi prodigué des soins à plus de 30 000 femmes. Vagins détruits et âmes mortes. Le gynécologue recoud et répare. Denis Mukwege parcourt le monde pour témoigner de la souffrance de ces femmes et dénoncer les viols massifs, véritables armes de guerre. Pour son combat, il a reçu de nombreux ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« L'homme qui répare les femmes » n'est pas un roman, mais un document historique, écrit par la journaliste Colette Braeckman, LA spécialiste de la région des Grands Lacs. On peut déplorer ce titre, que je trouve assez malheureux, même si je comprends bien l'idée. Cela me donne l'impression que la femme congolaise est considérée comme un appareil électro-ménager, qu'il faut parfois réparer. Ou comme une poupée, un jouet.

Mais bon passons sur ce détail, il y a beaucoup plus important à dire, puisqu'il est ici question de la vie de milliers de femmes et de l'avenir d'une région, d'un pays. Et direction : le Kivu, l'une des régions les plus riches d'Afrique avec ses réserves minières dont le fameux coltan, un minerai essentiel dans la fabrication des téléphones mobiles qui attire toutes les convoitises. le Kivu, peuplé de bandits en tout genre, prêts à tous les trafics pour s'enrichir. le Kivu, parcouru par des milices armées – congolaises et étrangères - jusqu'aux dents, avec souvent des enfants dans leurs rangs. le Kivu, une terre hors-la-loi, où l'Etat est totalement absent. le Kivu, où tous les jours des femmes sont violées, mutilées, tuées, des villages sont décimés sans que la communauté internationale ne réagisse.

Je ne peux m'empêcher de repenser à la réflexion de l'auteure, qui lit dans la situation actuelle du Congo « une vision de notre avenir » (voir «Congo : Kinshasa aller-retour »). Avait-elle en tête les horreurs du Kivu ? Alors on ne peut espérer qu'elle se trompe ...
L'auteure revient d'abord sur les origines de ce conflit larvé au Kivu, sur les années nonante et le génocide rwandais qui s'exporte au Congo, dans les camps réfugiés hutus où se cachent les génocidaires, qui par ailleurs conservent leur organisation en milice et déambulent armés de leur fameuse – et tristement célèbre – machette. Une histoire compliquée, où les peuples s'emmêlent, car le Kivu a aussi accueilli largement des Tutsis, chassés par les premiers massacres des années soixante, au moment de l'Indépendance du Rwanda.

On est bien loin des discours officiels qui se félicitent d'avoir assuré en un minimum de temps le retour de plus d'un million de civils au Rwanda. Par contre, Braeckman n'hésite pas à dénoncer l'inefficacité des Casques bleus, le double-jeu des humanitaires, et ose poser la question « à qui profite ce crime, cette guerre qui dure depuis presque vingt ans ? ».

« L'homme qui répare les femmes » n'est pas un essai (Braeckman ne répond à aucune des questions posées), mais le témoignage de Denis Mukwege, ce saint ou ce sage qui a choisi de rentrer au pays et de soigner ces femmes plutôt que le confort matériel, une vie facile en France ou ailleurs en Occident, une carrière scientifique brillante et des honneurs académiques. Oui, Denis Mukwege est un homme d'une rare sagesse, un homme exceptionnel, qui mérite cent fois, mille fois le prix Nobel de la Paix.

Denis Mukwege est un homme usé aussi. le médecin salue bien sûr l'aide financière et matérielle qui arrivent du monde entier, mais déplore qu'aucune solution politique et durable ne soit envisagée, ni même évoquée, qu'une fois de plus la communauté internationale s'attaque aux conséquences et non aux causes de ce désastre humanitaire. Combien de vies brisées, celles des femmes et des fillettes violées, celles des hommes qui ont assisté impuissants au viol de leur épouse, de leur fille ? Sans compter tous ces enfants que ces femmes, ces hommes n'auront jamais …

« L'homme qui répare les femmes » est avant toute chose un hommage vibrant à Denis Mukwege, que je considère comme une incarnation moderne de Sisyphe. Et l'auteure reconnait sa chance: « accompagner durant quelque temps cet homme de paix et de vérité, retracer son parcours et suivre sa pensée furent un bonheur. Mais surtout un honneur. Une grâce de la vie. »
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Les lecteurs attentifs du Soir la connaissent. Colette Braeckman couvre depuis des années l'actualité centre-africaine et enrichit les colonnes du quotidien de ses reportages tout terrain. le Congo, elle connaît bien. Depuis trente ans qu'elle patauge dans le bourbier, elle a eu le temps d'observer le pays et de l'aimer. Lors de ses multiples périples, elle rencontre le Docteur Mukwege et s'intéresse à ce guérisseur acharné. Elle le convainc, avec l'aide de Louis Michel, de lui accorder un long entretien. de ce témoignage fleuve, la journaliste accouche d'un bouquin : L'Homme qui répare les femmes, ou le combat du Docteur Mukwege contre les violences faites aux femmes au Congo.


Mais le livre de Colette Braeckman n'est pas seulement le récit d'un combattant hors du commun, d'un gynécologue qui a voué sa vie à réparer gratuitement 30.000 vagins déjà, d'un humaniste éclairé conscient des dérives de son pays. Si le fil conducteur est effectivement l'histoire de Mukwege, la journaliste en profite intelligemment pour dresser le portrait d'un Congo complexe, ruiné par ses dirigeants et ses voisins, souffreteux, essoufflé par les guerres incessantes qui amènent encore chaque jour son lot de victimes.Ainsi, à travers l'homme, le pays. A travers une vocation infaillible qui côtoie au quotidien la barbarie indécente, une histoire politique consternante, souillée par des rois de pacotille qui n'hésitent pas une seconde à enrôler des enfants et des guerriers violeurs pour asseoir leur autorité.
Lien : http://cultureremains.com/co..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Même si, au cours de mes années de spécialisation, les opportunités s’étaient multipliées, je n’étais pas dupe : je savais parfaitement qu’en France, les gynécologues ne manquaient pas, et c’est au Congo que je pouvais être réellement utile. J’étais obsédé par le souvenir des femmes de mon pays et je me disais « comment pourrais-je rester ici, avoir la conscience tranquille en sachant que là-bas, les gens manquent de tout, qu’ils ne peuvent compter sur aucun soutien ? »
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Lorsque le Comité international de la Croix-Rouge nous paie 7 dollars pour transporter des caisses jusqu’à la forêt et nous précise qu’il nous suffit de les déposer et de partir, nous nous demandons ce qu’elles contiennent et à qui ces colis sont destinés. Se pourrait-il que nos ennemis soient approvisionnés sinon entretenus par une « communauté internationale » qui n’aurait pas intérêt à ce que la région se pacifie vraiment ?

(paroles de Denis Mukwege)
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Dans les guerres classiques, ce sont les hommes, et eux seuls, qui vont au front et qui meurent. Lorsque les femmes restent à l’arrière, au village, elles continuent à faire des enfants, avec les hommes qui restent. Même lorsque tout un groupe d’hommes tombe dans une embuscade, les femmes finissent par faire leur deuil, et par la suite, la vie recommence, elles peuvent à nouveau se trouver enceinte. Mais si vous détruisez les femmes, vous menacez la société toute entière. Il s’agit là d’une stratégie, tellement systématique que je ne peux y voir l’effet du hasard …

(Parole de Denis Mukwege)
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Lors des consultations du centre Olame, nous avons vu maintes fois des femmes au regard humble, qui, tête baissée, attendaient durant des heures d’être reçues. Mathilde et ses adjointes les écoutaient, les orientaient et, à la fin, leur proposaient un petit cadeau : un savon parfumé, un joli foulard, offert par des amies suisses. « Ce n’était pas grand-chose, se rappelle Mathilde, mais cela leur rendait un peu de coquetterie, leur rappelait qu’elles étaient des femmes. Et lorsqu’elles se coiffaient habilement du foulard neuf, je voyais, pour la première fois, revenir une ébauche de sourire … »
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Quant à ceux qui, de nos jours encore, s’émerveillent de l’expansion de Kigali et visitent les nouveaux quartiers où s’alignent des villas aux dimensions hollywoodiennes, ils ont oublié que, dans les premiers temps, Nyarutarama, Kimisagara et les autres quartiers de luxe furent communément appelés « Coltan City » ou « Merci Congo ».

(Paroles de Denis Mukwege)
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Video de Colette Braeckman (1) Voir plusAjouter une vidéo

Rwanda : la ségrégation
Historique sur le Rwanda. En 1973, des incidents raciaux font 300 morts. En juillet, un coup d'Etat militaire met de côté le Président KAYIBAMDA, et permet au major général Hutu, Juvenal HABYARIMANA, d'accéder au pouvoir. Images d'archives en couleurs datant de 1973. Interview de Colette BRAECKMAN , journaliste du quotidien "Le Soir", expliquant que la Belgique soutient le Rwanda. En 1979,...
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