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2,92

sur 259 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Au commencement…
Que faire lorsque la vie ordinaire est un problème ? Pour la narratrice, l'étudier philosophiquement. Et donc la définir. Car il ne s'agit pas de la vie quotidienne, ni d'une vie banale. Il s'agit plutôt d'expériences de violente lucidité quant à l'irrémédiable, à la finitude, qui empêchent d'habiter pleinement l'existence. Refusant la fuite, la narratrice choisit de mener un combat intellectuel à l'aide des vertus de l'écriture. Cela en étant reliée au concret, par sa grossesse et l'accouchement de son enfant.

Ce que j'en retiens...
Un texte grave, à la croisée du roman, de l'essai et du témoignage. Un intérêt pour la philosophie est indispensable pour l'apprécier à sa juste valeur, l'auteure invoquant des références célèbres (Camus, Sartre, Pascal, etc.) voire plus réservées (Emerson, Cavell, etc.). La lecture reste néanmoins assez fluide grâce au contexte familial très contemporain de la narratrice. Il en résulte un questionnement assez tragique sur nos existences, sans aucune pincette et avec l'humilité de ne pas imposer de réponses.

Une citation soulignée...
« (…) comment ne pas être malade devant cette gratuité totale de l'existence ? Sans moi, le monde ne tournerait pas moins rond, j'existe sans raison, j'existe, tout simplement, et si je n'en fais rien, c'est-à-dire si je ne crée pas à partir de ma propre vie, si je n'en fais pas le récit, ma mort sera la dissolution certaine et immédiate de ce que j'ai été dans ce qui n'est plus, et il n'y aura aucune différence entre ma vie et cette racine de marronnier. A moi aussi, ça me donne envie de vomir. ».
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Une description autobiographique autant qu'une psychothérapie de la maternité, mais aussi une interrogation (et quelques réponses) sur le rapport à l'identité tant individuelle que collective de la femme dans son rôle de mère, de compagne, mais aussi d'intellectuelle.

Un ouvrage qui se perd parfois dans des considération (trop) philosophique, mais c'est le parti pris dès le départ, ce qui est logique compte tenu du profil de l'autrice.
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Il faut accueillir le hasard avec bienveillance ; j'ai trouvé ce bouquin sur un banc en gare de Lille-Europe, en guise de marque-page il y avait un post-it avec une liste de courses ... Hasard, j'ai lu il y a peu, le bouquin oulipien de Clémentine Mélois qui s'intitule : Sinon j'oublie, et qui traite de ce thème (les listes de courses). J'aurais beaucoup à dire sur ce sujet ... Mais je m'éloigne de la vie ordinaire ... Quoique ; Page 53 : « La tête est pleine de choses à faire, de listes de courses ... ».
Lu, donc, dans le TGV entre Lille et Lyon, A/R ... La fenêtre du train est comme un travelling avant sur les pays sages de la France. Paysages de Bourgogne, surtout, qui penchent légèrement et sont joliment arrondis ... Mais de nouveau je m'éloigne de la vie ordinaire ...
C'est le récit d'une philosophe enceinte, d'une femme qui devient mère (pas d'écriture inclusive possible ici ;-). Pour commencer, elle nous parle du « perfectionnisme moral » d'Emerson et de Thoreau, leur influence sur son parcours. D'autres influences : Clément Rosset, Montaigne et Nietzsche. Puis, elle papillonne autour de sujets comme la joie et le bonheur (qui sont parfaitement distincts). Page 50 ; la nuance entre l'ordinaire et le quotidien est fine, pourtant A. V. R. se réconforte du quotidien alors que l'ordinaire l'assomme. Elle écrit au présent (avec des flashbacks quand même) sur « ces trois fois rien » qui lui pèsent. C'est le récit existentialiste d'une philosophe qui va donner la vie - un existentialisme doux -. Il y a beaucoup de « ? », P. 78 « Pascal aurait-il cru en Dieu avec un embryon dans le ventre ? ». À propos de « l'attente », elle écrit P.94 cette belle phrase : «Tout est encore possible, et c'est le drame pour celui qui attend : le possible implique la possibilité de l'impossibilité, et s'il n'arrivait jamais ? ».
Cette « vie ordinaire » est néanmoins une vie de privilégiée, de bobo diront certains, on est loin d'Annie Ernaux. Pourtant cette philosophie du commun et du familier (il y a ici aussi des nuances), me convient mieux que celles des concepts fumeux et de la contrition.
Allez, salut (Et merci à tous les lecteur.rice.s qui abandonnent des bouquins dans des lieux publics, avec ou sans liste de courses comme marque-page).
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Tout d'abord, c'est un livre très facile à lire, les lignes se suivent il il n'y a pas de longueurs. Je trouve intéressante la manière dont est construit l'ouvrage, c'est à dire en alternant une sorte de quête philosophique du quotidien et la vie de future puis jeune maman d'Adèle van Reeth. Certains passages sont sublimes, d'autres sont, je trouve, trop attendus, évidents et donc n'ont que peu d'intérêt. Cela reste un livre intéressant.
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Adèle van Reeth est une philosophe. C'est son métier. Et t'as beau tourner la biscotte dans tous les sens, un philosophe, faut toujours que ça mette des citations compliquées dans les phrases... Et puis, j'aurai toujours en mémoire le souvenir ému de Mme Bergère, ma prof de philosophie de Terminale.

Elle avait autour 40 ans mais en paraissait 60. Elle avait les cheveux grisonnant, la même blouse bleue grise que celle que ma grand-mère portait du lundi au samedi (le dimanche, on s'habillait bien, c'était jour de messe) et un petit peu de moustache. Elle avait aussi des "souliers". Oui, des souliers... C'est comme ça qu'on appelait des chaussures de ville en 1930-40. Sauf qu'on était en 1994. Maintenant, on dit sneakers urban style. Deux salles, deux ambiances.

Quoi qu'il en soit Mme Bergère avait du courage. Elle tentait d'expliquer les concepts de base de la philosophie à des élèves qui ne pensaient qu'à faire des concours de lancers de boulettes de papier dans la poubelle dès qu'elle avait le dos tourné. A chaque panier réussi, le lanceur se voyait octroyer le droit de pousser un bêlement discret (lien avec la bergère, tout ça) mais suffisamment audible pour faire marrer toute la classe. Autant dire que le respect n'était pas une notion philosophique très maîtrisée par notre troupeau d'adolescents boutonneux au rire gras.

Adèle van Reeth est donc une philosophe. Je ne sais pas si elle ressemble à Mme Bergère mais en tout cas, son livre "la vie ordinaire" parle de sujets atemporels : le sentiment de banalité de la vie et surtout l'amour maternel. Difficile de dire si le texte est autobiographique. En tout cas, il est très intime.

Adèle (on va dire que c'est le prénom de la narratrice de l'histoire) est un peu blasée de la vie. Une vie qu'elle trouve un peu fade, un peu trop ordinaire.

Elle s'est plutôt bien intégrée auprès de son compagnon et des enfants de celui-ci. Sauf que ce petit coquin a eu une vie sentimentale agitée. D'un tempérament sans doute un peu queutard, il s'est montré dans le passé assez peu enclin à la stabilité. Il a eu trois enfants de trois précédents mariages. L'efficacité personnifiée. Grand chelem en perspective.

Et quelque part, Adèle se dit qu'elle n'a pas vraiment besoin d'avoir d'enfant. Elle a déjà suffisamment à faire dans cette famille recomposée. Et puis, quatre enfants, ne serait-ce pas un peu trop pour son compagnon ? Elle les aime ces enfants même si ce n'est pas les siens. Mais, au fond d'elle, elle se demande quand même ce que ça ferait d'être enceinte, d'être une maman.

Et Adèle pense. Elle réfléchit. Elle ne fait que ça. Elle rumine la banalité de sa vie. Mais en faisant référence à quelques citations de philosophes célèbres quand même. On ne se refait pas.

Une vie ordinaire est-elle inévitablement synonyme d'ennui, de monotonie ? Qu'est-ce que ça changerait si elle avait un enfant à elle ?

Et puis finalement, un jour, elle va arrêter de se poser cette question. Un jour pas fait comme les autres, voilà que deux traits apparaissent sur le test de grossesse. Et c'est le top départ d'une déferlante de nouvelles sensations et, évidemment, de son lot de questions qui va avec.

Adèle nous racontera avec moultes détails ses longs mois de grossesse, son accouchement, cette garce de sage-femme, la naissance de son petit garçon : cette fameuse première rencontre pleine d'émotion avec un être qu'elle a senti grossir dans son ventre. Ce petit bonhomme qu'elle connaît si bien, tout en ne l'ayant jamais vu.

Il y a une vraie authenticité dans sa manière de décrire ce qu'elle ressent. Ses sentiments, ses sensations, ses hauts et ses bas... tous ces moments insignifiants de la vie quodienne, de déprime routinière.

Une vie ordinaire qui nous ramène à notre condition de pions interchangeables, dans laquelle il est si facile de se perdre, de se sentir seul. Une femme parmi tant d'autre. Une mère parmi tant d'autres. Parmi la foule elles sont toutes les mêmes, ils sont tous les mêmes. Et pourtant, peut être pas pour ce petit bout de choux, ce petit bout d'elle-même si fragile pour qui elle est tout, et vice-versa. Elle n'est plus seule dans cette immensité de gens insignifiants. Elle est désormais unique, au moins pour quelqu'un.

Des questions, elle s'en pose à longueur de journée. Sur tout et surtout sur n'importe quoi. Elle m'a retourné la tête avec toutes ses interrogations, jusqu'au point de me faire moi-même me poser des questions que je ne m'étais jamais posées.

La première d'entre elles, pourquoi Mme Bergère ne disait rien quand le troupeau de chèvres se mettait à bêler pour un magnifique panier à 3 points ?

C'est peut être ça la philosophie. Permettre d'avoir la hauteur d'esprit nécessaire pour supporter la bêtise humaine.

Elle avait peut être raison, Mme Bergère, de laisser ses blancs moutons se mouiller quand il pleut.

Mme Bergère, vous êtes ma nouvelle idole.

(zut, j'ai raté mon lancer franc. Ouaf ouaf)

scob.
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Je ne lis que très rarement des essais, mais celui-là je l'ai gagné à un concours en échange d'une critique, alors je me suis lancée. Cela a été d'autant plus facile que « La vie ordinaire » est en fait très abordable, et abondamment illustré d'anecdotes de la vie d'Adèle van Reeth, son auteure. Il faut dire que cette dernière a un gros problème : elle est allergique à la vie ordinaire. Elle ne se plait pas dans la routine ni les habitudes, et se retrouve quasi malade lorsque le quotidien s'installe un peu trop. Elle essaie à travers cet essai (hi hi) de comprendre pourquoi, notamment en s'appuyant sur les réflexions d'Emerson, philosophe américain du siècle dernier , mais surtout sur ce qui lui arrive dans sa vie personnelle. Et avec une rupture, une réconciliation, un bébé, une fausse couche et un avortement, elle a eu de quoi se poser plein de questions…
C'est cette partie là que j'ai préférée, forcément, moi qui adore les récits autobiographiques. Elle se met vraiment à nu et s'appuie sur sa vie personnelle pour essayer de comprendre son dégoût. J'ai trouvé l'autre partie intéressante également, avec plein d'illustrations (assez light) de philosophes que je connaissais plus ou moins, par contre je n'ai toujours pas compris sa définition de la vie ordinaire, ce qui est dommage vu que c'était à la base le but initial de l'ouvrage.
Bref, un avis mitigé.
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« Ordinaire, ordinaire… Est-ce que j'ai une gueule d'ordinaire ?… »
Très loin de la gouaille d'Arletty, Adèle van Reeth se penche sur un bout de sa vie - ordinaire donc - dans un court essai, mélange de récit autobiographique et de références littéraires et philosophiques.
J'avais un a priori positif sur cette lecture. Je trouve Adèle van Reeth brillante et pertinente en général.
Pourtant, le titre annonçait la couleur.
Si certaines réflexions ont éveillé mon intérêt (le rôle de la « belle-mère », why not ; le retour de couche et l'IVG, soit…), une fois parvenue au terme j'ai eu la sinistre impression d'avoir partagé les états d'âme d'une copine parisienne nombriliste. Mais voilà : est-ce suffisant pour en publier le récit ?
Je lis : « un croissant ordinaire est un croissant sans plus, un croissant « tout court », un croissant qui se contente d'être un croissant, ni plus ni moins, un croissant avec des airs de défaite, faute de mieux mais « c'est déjà ça » »
Ben voilà, c'est (déjà) ça…
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La présentation de ce livre par son auteur, Adèle van Reeth, dans l'émission Quotidien m'avait fait très envie. Je suis une lectrice à 100 % de roman et ouvrir mes perspectives à un essai philosophique me tentait, d'autant qu'il présente un sujet qui nous concerne tous : l'ordinaire.
Ce livre est un mélange de réflexion philosophique sur ce qu'est l'ordinaire et de récit autobiographique. Il aborde notamment la naissance de l'enfant de l'auteur : ou quand un événement ordinaire devient extraordinaire.
Je suis personnellement restée sur ma faim quant à la définition de l'ordinaire ; mais n'est ce pas tout le but de l'auteur qui elle même n'est pas parvenue à une définition de l'ordinaire, et qui montre qu'il est simplement omniprésent et en toutes choses dans nos vies.
Le livre devient vite, plutôt qu'une réflexion sur la notion d'ordinaire, un déballage de la vie “ordinaire” (si on peut la considérer comme telle) de l'auteur.
Une lecture qui fait prendre un peu de recul mais dont le fil perd peu à peu le lecteur.
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Je connaissais Adèle van Reeth depuis l'émission de cinéma le Cercle puis par l'émission de philosophie de France Culture, et m'attendais donc à un livre d'une certaine qualité... D'autant plus que je l'avais beaucoup vu passé sur instagram. Si le livre se lit bien et vite, le contenu est malheureusement très décevant. le questionnement de départ sur l'ordinaire du quotidien est intéressant mais au final l'auteur n'aboutit à rien. Je n'ai d'emblée pas apprécié son ton clairement antipathique par moment. S'il y a des pistes intéressantes, l'auteur se met à décrire certains épisodes de sa vie sans intérêts qui font hors sujet et n'apportent rien. Dans certaines scènes on voit que son pénible quotidien est celui d'une bourgeoise parisienne qui a voyagé en Inde, étudié à New York, qui a une maison de famille et passe ses vacances en Corse, la pauvre ! ... 🤣 Les passages sur sa relation avec son conjoint sont presques gênants et de même n'apportent rien d'intéressant. Quant aux références intellectuelles, rien de très pointus ou nouveaux pour quiconque s'intéresse à la littérature. le début du livre est tout de même accrocheur mais l'ensemble reste superficiel.
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Encore trop jeune pour écrire ses mémoires, Adèle van Reeth nous dévoile sa jeunesse, l'expérience unique que constitue la grossesse de son premier enfant, l'accompagnement de la fin de vie de son père.
Finalement une « vie ordinaire » qu'elle sait émailler de références philosophiques, c'est là le moins qu'on attendait d'elle !!
Deux points m'ont plus particulièrement intéressé.
La douleur que peut être lors d'un accouchement une certaine maltraitance médicale. C'est toujours aussi surprenant d'être confronté de la part de « soignant » à de tels comportements qui malheureusement ne sont pas des cas si isolés que ça.
Le deuxième sujet concerne la souffrance (au moins) psychologique que peut être un avortement. Les conséquences d'une telle décision ne peuvent être ignorées qu'elles qu'en soient les raisons qui ont conduit une femme à faire un tel choix.
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