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sur 678 notes
Gary et Irene vivent en Alaska, sur les rives de Skilak Lake depuis déjà trente ans. Vieux couple ayant élevé ses deux enfants, Mark et Rhoda, c'est l'heure pour eux de faire une mise au point et de donner un semblant de relief à leur quotidien. Ni une ni deux, c'est Gary qui mène les projets du couple en insistant pour construire une cabane où ils termineront leurs jours. Bon gré mal gré, Irene suit même si tout la pousse à entériner le projet : elle tient à sa maison et son confort mais c'est aussi ses récentes migraines qui la contraignent à rester au calme et à se ménager. C'est pourtant tout le contraire qui se profile car la construction de la cabane occupe à plein temps le couple et notamment Gary qui voit là le départ d'une nouvelle vie faite d'aventure et de retour à la nature.

Parallèlement à leur projet, on suit Rhoda qui est étroitement liée à la vie de ses parents. Elle s'inquiète de de la rusticité de la cabane, des maux de tête inexpliqués de sa mère, de la rigidité de son père inébranlable quant au tour que prendront les événements (ce sera la cabane ou rien). Mais Rhoda est aussi une femme qui pense à l'avenir et qui croit le voir lumineux et sûr auprès de son compagnon, Jim, qui est dentiste et qui a tout d'un bon parti. Mais ne reproduit-elle pas le schéma paternel en se liant à quelqu'un de foncièrement différent? N'est-elle pas immature et aveugle? Elle est touchante de sincérité et de naïveté mais c'est aussi un être sans cesse pris à témoin à ses dépens. Lorsqu'elle n'est "utilisée" comme médiatrice, elle est campée à son rôle de femme au foyer, maitresse des fourneaux. Et le reste? Serait-on là pour elle si elle se retrouvait dans la difficulté? C'est impuissant qu'on voit le personnage de Rhoda se démener entre ses différents rôles : fille modèle et à l'écoute, compagne dévouée et idéaliste.

La nature dans ce roman est partie prenante en particulier dans ces moments où elle se déchaine lorsque la cabane prend forme. On entrevoit le paysage désolé, terrifiant et glacial qui est le cadre d'une histoire personnelle, celle d'un couple qui construit sur des bases instables le théâtre de leur vie. Et comme dans une mise en scène, tandis que la nature se fait plus "traitresse" et hostile, c'est la relation de Gary et d'Irene qui s'étiole, chacun rongeant son frein. Qu'en sera-t-il lorsque l'un et l'autre dévoileront leurs griefs et rancoeurs? Bien que la cabane progresse, que les provisions affluent, on sent approcher une terrible menace qui n'est pas seulement climatique.

Par ailleurs, ce que je retiens de Désolations, c'est le caractère très affirmé des personnages masculins, tous voués à fuir leurs responsabilités. Quand Gary comprend que l'état de santé d'Irene ne se prête pas au bricolage ou au camping, loin d'en tenir rigueur, il hausse le ton et menace implicitement de tout quitter pour mener son rêve tout seul. En désespoir de cause, Irene, serviable et poussée dans ses retranchements, doit se faire une raison et n'a pas à discuter. Gary a déjà un train d'avance vers l'extérieur, un modèle de vie moins rangé, plus conforme à ses ambitions. Égoïsme, quand tu nous tiens !
Quant à Jim, quelle brute épaisse ! On lui donnerait bien deux claques s'il n'était pas le porte-monnaie de l'histoire. Ok il approvisionne Rhoda et lui permet de garder le lien avec ses parents, néanmoins c'est aussi quelqu'un d'obtus, de peu porté sur le dialogue et très tourné vers lui-même. Si les femmes pouvaient se rebeller et porter leur voix au chapitre on se dit que l'histoire pourrait être différente.

Voilà un roman prenant et dont la force tient vraisemblablement dans le "choc" des générations. Et si le modèle familial était amené à se reproduire? Et si les parents étaient loin de donner l'exemple?!
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Après avoir lu Sukkwan Island que j'avais adoré, il était logique que je poursuive avec cet auteur !!!

Comment résumé ce livre ? L'histoire est simple mais il y'a tellement d'angoisses, de noirceurs. Un mal être prend de l'ampleur au fil des pages. Un couple marié depuis de nombreuses années et se retrouve nez à nez lors de leurs retraites.

Cela commence tout de suite en pleine tempête, le même paysage glaciaire que dans Sukkwan Island mais bien plus détaillé. L'Alaska, pour sûre je n'irais pas y vivre !
Les deux personnages principaux, Irène et Gary sont mariés depuis de nombreuses années. Irène est une institutrice de maternelle tout juste à la retraite et se retrouve à vivre chez elle, avec un homme, son mari Gary...
De leur union ils ont eu deux enfants ; Rhoda, vétérinaire, qui est à l'écoute et toujours au petits soins et inquiète pour ses parents.
Puis Mark, pêcher, qui lui ne se préoccupe pas de ses parents et préfère fumer des joints avec sa copine et faire des virées avec les copains.
Rhoda est en ménage avec Jim, dentiste, elle l'aime et souhaite se marier avec lui. Mais est-ce la même chose pour Jim ? Jim se pose énormément de questions. Une crise de la quarantaine ! Entre eux deux, rien ne va être simple et joyeux... Autant continué ainsi...
Entre temps il y aura un jeune couple de touristes, Monique et Carl. Quelques personnages font leur apparition mais tout tourne autour d'Irène et Gary.


Irène a d'horribles migraines et après différentes visites chez des médecins, rien n'est trouvé, ce qui n'arrange pas les tensions entre elle et son mari. Irène se rend compte qu'elle ne connait pas cet homme qui est son mari, c'est un étranger. Elle se pose beaucoup de questions sur son passé, le fait d'avoir retrouvé en rentrant de l'école, sa mère pendu.
Gary, lui, ne pense qu'a construire une cabane sur une ile déserte mais il n'anticipe pas suffisamment que ce soit au niveau matériel mais aussi au niveau météorologique. Sa cabane ne deviendra pas la cabane de ses rêves comme à l'image de son mariage, de sa vie entière.

Une femme mal ou pas aimé, un homme égoïste et insatisfait. Des couples tous en dérive et au bord de la rupture ? Où est-ce que cela mène ? Tout simplement en une fin dramatique.

Un livre à lire !
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Désolations. Au pluriel. Celles de la nature, celles des âmes, celles des coeurs et d'un futur qui échappe, forcément, forcément.
Pivots de ce roman : les femmes. Pitoyables, ne maîtrisant pas leur destin, jouets de leurs illusions, de leurs désirs, du conditionnement de la société et de leur éducation. Se marier, avoir des enfants… être objet ou le devenir, du désir d'autrui.
Quant aux hommes, ils ne grandissent pas, piégés dans des désirs d'enfance : séduire, vivre dans le jeu, construire des cabanes. Appuyés, à jamais, sur leurs compagnes. Marchant à la boussole de leur queue levée devant eux, aiguille magnétique de leur raison.
Pour qui a lu « Sukkwan Island », pas de surprise. Les éléments de base de l'univers de David Vann sont là.
La nature. Elle renvoie à l'insignifiance humaine à coup de tempêtes, de flots furieux, de vents terribles, de vagues sauvages. David Vann est devenu le chantre incontestable de l'Alaska. Comme dans « Sukkvan Island », roman qui l'a fait connaître en France (merci Gallmeister), il nous raconte l'homme tentant de se dresser face aux éléments. Dans le meilleur des cas, l'homo sapiens est pathétique. Dans le pire, il est criminel.

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Gary et Irene vivent ensemble depuis trente ans et cela fait presque autant de temps qu'ils habitent en Alaska ; depuis que Gary a voulu faire une parenthèse dans la préparation de sa thèse et qu'il a voulu se colleter avec la Frontière et la Nature Sauvage. Irene, a suivi et elle s'aperçoit, alors que Gary a décidé de repousser encore un peu plus ses limites en bâtissant de ses propres mains une cabane pour passer l'hiver sur une île au milieu d'un lac glaciaire, qu'elle n'a jamais vraiment été heureuse et que Gary, peut-être, n'a jamais vraiment aimé que lui-même. Qu'elle est seule.
Rhoda, la fille d'Irene et Gary, assiste impuissante au sourd combat que se livrent ses parents alors qu'elle-même, qui rêve de mariage avec Jim, peine à comprendre ce qu'il veut et craint d'être délaissée.
Mark, le frère de Rhoda, semble quant à lui assumer son égoïsme et ne se pose pas tant de questions. Pas plus que Monica, qui est venue accompagnée Carl en Alaska, ce dernier ayant lui aussi décidé de se frotter à cette ultime Frontière qu'est l'Alaska.

Ainsi donc, David Vann nous emmène une fois de plus, après Sukkwan Island, en Alaska. À cela près que, après un huis-clos avec deux personnages, il nous propose un roman choral. Un roman choral, certes, mais tout aussi étouffant que le précédent. Une fois de plus, c'est l'égoïsme qui est au centre du propos de Vann. Un égoïsme ravageur, qui détruit les gens et les pousse parfois aux pires extrémités. Pas un seul des personnages de Désolations n'échappe vraiment à cette peinture acerbe de l'âme humaine, même s'il est vrai que les hommes sont bien moins épargnés par cet égoïsme qu'ils semblent avoir chevillé au corps et à l'âme. Parce que, plus que leurs femmes, ils ont quelque chose à prouver :

« On est allés un peu partout. En ferry vers Denaly et Fairbanks et on finit ici, sur la péninsule. Carl est en pleine quête personnelle pour devenir un homme. Pêcher un gros poisson devrait faire l'affaire pour lui, visiblement.
Rhoda éclata de rire. Pourquoi ne peuvent-ils pas se contenter d'être des hommes ? Pourquoi sont-ils obligés de le devenir ? »

David Vann met à mal, une fois encore, cette croyance américaine selon laquelle l'homme se doit d'aller taquiner la Frontière – et il est clair que l'Alaska est bel bien la dernière Frontière américaine – et affronter la Nature Sauvage. Car il est bel bien question chez Vann d'un combat avec la nature plus que d'une vie en harmonie avec elle. Il s'agit de la dompter pour prouver que l'on est un homme. On notera d'ailleurs que, au contraire de la presque virginale Sukkwan Island, la péninsule de Kenai de Désolations est une Frontière déjà bien amochée où fleurissent carcasses de voitures, dealers de crack et pêcheries industrielles.
Et en fin de compte, la nature à laquelle se heurtent les personnages de David Vann, ce n'est pas tant la nature sauvage que la nature humaine, bien plus impitoyable et à laquelle la nature sauvage, avec ses moustiques, ses ours, ses eaux glaciales et ses tempêtes, fait écho.

Désolations. Voilà un titre non seulement percutant, mais aussi totalement adapté à l'état d'esprit du roman. Porté par une belle écriture, aussi sensible que précise, il nous pousse à suivre les destins de ces personnages englués dans leurs vies mornes dont ils n'arrivent plus à se débattre. On sait d'entrée qu'il n'y aura pas de happy end, que l'on va souffrir avec eux, et pourtant, malgré le malaise qui s'installe, on continue. Sans doute parce que David Vann a du talent.

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De David Vann , j'avais précédemment lu Sukkwan Island, terrifiant survival entre un père et un fils sur une ile perdue de l'Alaska.
Ici c'est de nouveau le meme décor. et il est encore question obsessionnellement , de cabane à construire , de liens familiaux mis à l'épreuve, et de personnages en but et en lutte face à un environnement géographique hostile au point que ce dernier dans une acception toute balzacienne, finit pas fusionner et coïncider avec des êtres que le froid glace et engourdi pour n'en faire que des corps souffrants et des Ames anesthésiées. Lecture éprouvante , écriture douloureusement sombre et désespérée, empreinte dans le meme temps de la douce placidité immaculée de ces étendues blanches et glacées
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Dès le premières phrases, les éléments mis en place sont ceux d'une mécanique dont, nous le pressentons, rien ne pourra détourner le récit. Nous l'espérons pourtant. Et s'il y avait des chances pour que, malgré le titre, les personnages s'en sortent !
A ce propos, je préfère le titre anglais « Caribou Island » qui présente l'intérêt de mettre en parallèle, très judicieusement, ce récit avec celui de « Sukkwan Island » puisqu'il s'agit ici, non plus d'un fils et son père enfermés sur une île mais d'une femme et son mari dans la même situation.
Dès le début, Irène transmet à sa fille ce qui peut apparaître comme un « destin », un « fatum » antique, la reproduction à l'infini d'un schéma de douleur, d'abandon et de perte.
David Vann écrit une tragédie. Nous suivons avec intérêt et angoisse le parcours d'Irène dans ce qu'il a d'inéluctable comme nous suivrions une enquête policière. Cette femme voit peu à peu toutes les échappatoires se refermer : elle souffre mais sa douleur n'a pas de réalité médicale, elle est même mise en doute ; son mari ne l'a jamais aimée mais cette confidence est rejetée par sa fille Rhoda. Peu à peu la solitude du personnage se fait enfermement.
David Vann nous parle de notre besoin d'amour et de son échec. de notre faiblesse et de notre lucidité. de notre capacité à nous mentir et nous illusionner.
Les personnages cherchent un sens à leur vie. D'où vient ce sentiment d'être passé à côté de soi et qu'est-ce qui constitue ce « soi-même » ? Pour le trouver, Gary va construire une cabane sur l'île de Caribou. En fait, il va rendre manifeste son échec à vivre.
David Vann met magnifiquement en scène l'Alaska, l'endroit où il pourrait être possible de revenir aux origines, à une vie simple et rude au sein de la nature sauvage, pense Gary. Cela se révèle être un mythe, un mensonge qu'il se fait à lui-même. En est-il réellement dupe ?
Longtemps après avoir terminé la lecture, nous sommes habités par les personnages, leurs obsessions. Longtemps, dans leurs pas, nous respirons l'air de l'Alaska.
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Irène, jeune retraitée, libérée de ses enfants devenus adultes, tente de suivre son mari dans ses projets fous de Robinson du froid, et de garder ainsi un sens à sa vie.
Leur fille Rhoda veut croire qu'elle démarre une belle histoire avec son compagnon, Jim, tout en s'inquiétant de plus en plus pour sa mère qu'elle voit souffrir.
Mère et fille sont liées, attentives, mais le père et le fils, comme les autres hommes du roman, se montrent egoïstes, lâches et travaillés par leurs pulsions. ChaqueIrène, jeune retraitée, libérés de ses enfants devenus adultes, tente de suivre son mari dans ses projets fous de Robinson du froid, et de garder ainsi un sens à sa vie.
Leur fille Rhoda veut croire qu'elle démarre une belle histoire avec son compagon, Jim, tout en s'inquiétant de plus en plus pour sa mère qu'elle voit souffrir.
Chaque membre de la famille devra finalement lutter avec les contradictions entre ses idéaux et la réalité.
Le froid et l'humidité de la nature grandiose de l'Alaska doublent de difficultés physiques les contraintes morales.
Une fois de plus le talent de David Vann m'a conquise et je n'ai pas pu lâcher ce roman une fois commencé
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Une fois encore me voici en Alaska,, au pays des saumons et du froid, des eaux tumultueuses ( comme cela avait été le cas plus tôt cette année avec le magnifique livre d'Adam Weymouth «Les rois du Yukon – Trois mille kilomètres en canoë à travers l'Alaska »
Mais avec Vann, c'est nettement plus noir.. mais cela ne devrait étonner personne… Surtout les premiers Vann…
Je vous le dis de suite, j'ai à nouveau été fascinée par l'écriture, les paysages, les personnages, les relations ambigües et difficiles décrites par l'auteur.
On retrouve les paysages de son premier roman, « Sukkwan Island » : l'Alaska.
Dans ces lointaines contrées, on va suivre quatre couples : Irene et Gary (les parents et 30 ans de mariage), leur fille Rhoda et son compagnon Jim ( sur le point de se marier) , leur fils Mark et sa copine Karen et un couple de leurs amis en visite dans la région, Carl et Monique.
Le thème du suicide : le personnage principal de ce roman, Irene, a vécu avec le souvenir du souvenir du suicide de sa mère quand elle était petite.
Le thème des rapports de couple : les quatre couples ne vivent pas des relations tranquilles… Après 30 ans de mariage, l'insatisfaction règne en maître entre Gary – éternel insatisfait et toujours en situation d'échec – et Irene, persuadée que Gary ne l'aime plus et qu'il va la quitter et va tout faire pour ne pas le perdre. le couple Rhoda et Jim est branlant lui aussi : elle rêve de se faire épouser et de vivre une vie de rêve et lui n'a pas envie de se marier. Ce qui est certain c'est que la communication est loin d'être le point fort des personnages de David Vann..
Une ambiance glaciale, oppressante… toujours sous pression … Tant du point de vue des conditions climatiques, des projets qui ne se réalisent pas comme il le faudrait, les non-dits, les peurs viscérales, la peur de soi et des autres, les problèmes de santé, les mensonges, les rancoeurs, les échecs à répétition.
Une atmosphère irrespirable et anxiogène dans un environnement glacé et sauvage, une étude de la solitude et de et des comportements humains qui fait froid dans le dos… La folie destructrice de Vann a encore frappé, à la manière de son premier roman : et comme dans son précédent roman, l'isolement de deux personnes n'est pas la garantie d'un rapprochement, mais plutôt une aspiration vers le néant..
dans des décors magnifiquement décrits.
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Arrivé à la retraite, Gary décide de s'installer sur une petite île dans une cabane qu'il compte construire lui-même. Mais l'hiver en Alaska est rude et précoce. Comme souvent dans sa vie, Gary n'a pas vraiment anticipé et l'hiver arrive à grand pas. Irène, son épouse, voit d'un mauvais oeil cette idée de cabane isolée mais participe tant bien que mal à sa construction, effrayée de voir son homme partir et ne plus revenir. de plus ses migraines l'assaillent jour et nuit et ne lui laissent plus aucun repos. Rhoda, leur fille, espère quant à elle épouser enfin Jim avec qui elle vit depuis un an. L'homme est dentiste et vit dans une des plus belles maisons de cette petite ville d'Alaska. Mais l'homme n'est pas obnubilé par le fait de fonder une famille. Et il n'est pas indifférent aux autres femmes qui passent à ses côtés, à l'image de Monique, une très belle touriste qui lui fait du gringue. Quant à Jim, leur fils, il vit au jour le jour, gagnant sa vie durant la campagne de pêche et en cultivant de la marijuana. Tout ce petit monde suit de près ou de loin la construction de la cabane, ainsi que l'arrivée des grands froids. Tout comme dans son premier roman « Sukkwan Island », on comprend dès le départ que tout ne peut aller que mal en pis. David Vann déroule le parcours de ses personnages pour nous amener vers le drame final inéluctable. Chacun de ses personnages nous montre ses failles, ses blessures, leur fragilités et souvent le mauvais côté de leur personnalité (pour les hommes surtout, d'ailleurs). Pourtant l'auteur montre une certaine empathie envers ses personnages, même s'il les pousse au bord de la falaise. Et puis, tout comme dans son premier ouvrage, la nature se montre puissante face à l'orgueil des hommes. David Vann confirme ici tout son talent même s'il ne faut pas lire ce livre un jour de déprime (à moins de vouloir soigner le mal par le mal, mais c'est une autre histoire).
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Je continue avec la bibliographie de David Vann. Caribou Island est donc le deuxième roman de l'auteur ; afin de ne pas faire répétition avec le premier Sukkwan Island, la version française est traduite par Désolations. Je m'étais procuré la version originale, tant elle me plaisait (la couverture est blanche et or), mais je n'ai pas eu le courage de la lire en anglais. Un jour peut être ?!

Ce roman porte bien son nom : ici tout est désolant ! le cadre, les personnages, l'histoire.. Gary, tout juste retraité, habité par les regrets sur sa vie et sa femme, souhaite s'installer sur un ilot du lac et y construire une cabane pour y vivre ses derniers jours heureux. Sa femme Irène, elle aussi insatisfaite de sa vie et de son couple, s'aperçoit que son mari l'insupporte au point de tout remettre en question. Elle se renferme et subit de violentes migraines, tout au long du roman.. Leur fille Rhoda essaye tant bien que mal de maintenir des relations saines entre ses parents, son frère marginal et son mari Jim (qui est le Jim de Sukkwan Island). Mais tout ce petit monde traine une mentalité qui va gangréner les tensions permanentes.

Bien que le décor décrit soit magnifique, ou du moins qu'on l'imagine, il n'en reste pas moins hostile, sauvage.. les personnages tous aussi toxiques les uns des autres. C'est pour le moment, le roman que j'ai le moins aimé, et pourtant ce n'est pas dû à un manque de talent. C'est simplement ce rythme lent et nonchalant.. Désolant ! on assiste à la descente de cette famille, la fin de leurs liens, à leur médiocrité, leur toxicité entre eux. Doucement et tout au long du roman, Mister Vann nous enlise dans cette noirceur. On a envie de s'échapper de cette terre humide et froide, ce vent glacial, la mer.., Mais il y a toujours ce je ne sais quoi qui nous pousse à tourner la page pour connaitre le dénouement de l'histoire. On aime à savoir comment et qui va tuer l'autre.. Lequel craquera, jusqu'où iront-ils ? Et c'est souvent celui qu'on imagine le moins qui lâche la bombe.

Je l'ai moins aimé aussi car j'y ai trouvé des longueurs : la construction de la cabane (comme dans Sukkwan Island) où le pauvre Gary, peu aidé, a toujours un clou manquant ou un angle mal affuté. Il n'est pas vraiment soutenu par Irène – certes migraineuse qui avale des doses monstrueuses de médocs et qui râle, qui râle (j'ai voulu qu'elle crève des dizaines de fois..), Rhoda, qui passe son temps à se poser des questions sur sa vie, sa mère, son mari. Et Jim, fidèle à lui-même et à toutes les femmes qui passent, sauf la sienne.

Bref que des personnages imbuvables : certes c'est là-dessus que repose le talent et la marque de fabrique de David Vann. Il ne fait pas dans la dentelle brodée et scalpe avec précisions la psyché humaine inavouable. Il ne nous épargne pas. Il est là à nous pousser vers nos pires démons, les actes de cruauté humaine contre son prochain sont omniprésents. Nous sommes spectateurs d'une longue descente, l'auteur nous traine longtemps, peut être trop longtemps vers cette chute inévitable. Il nous montre encore une fois que la folie humaine est à deux doigts.
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