EMILE FABRY
Ce nom n’est pas encore célèbre. Et il n’y a là rien de très surprenant, malgré l’admirable talent de celui qui le porte, ce talent n’étant évident et compréhensible que depuis quelques années, depuis que l’artiste a réussi à dissiper le rêve tourmenteur dans lequel son art s’hallucinait. De ce rêve mauvais, il se souvient maintenant avec un étonnement souriant :
— C’est de l'époque de mon cauchemar.
Il en parle sans irritation, sans la moindre rancune. Mais il montre les oeuvres douloureuses de cette période, les oeuvres si différentes des beautés nobles qu’il crée aujourd’hui, il les montre avec une sorte d’attendrissement, de reconnaissance quand même aux années mauvaises :
elles furent, malgré tout, de la vie; et la vie mérite toujours qu'on s’attendrisse.
En publiant la première série de ces études, nous avons dit qu'elles ont un seul but : caractériser la personnalité de quelques artistes et l'expression de leur art. Faut-il répéter ici que nous n’avons nulle intention de proposer une classification par ordre de mérite, que nous obéissons simplement au hasard des impressions reçues ?
Nous continuerons ainsi. Et nous savons parfaitement que, parmi ceux dont nous aurons à parler, il en est d'aussi puissants et d'aussi beaux que ceux dont nous avons parlé déjà.