Novembre, Soneri a besoin de repos et de calme, il choisit de passer quelques jours dans le village de son enfance dans les Apennins, un endroit reculé au pied du majestueux Montelupo où il aspire marcher et cueillir des champignons. Il retrouve aussi des amis d'enfance, l'auberge et sa bonne cuisine. L'hiver n'est pas loin, les nuits sont froides, les journées parfois brumeuses. Soneri retrouve quantité de repères géographiques, des souvenirs refont surface mais le temps a passé et il ne reconnait plus les gens.
Valerio Varesi excelle dans la création d'ambiances, un savant mélange de souvenirs, de sensations, de gens presque mystérieux. Je suis un habitué des forêts, j'en suis arrivé à deviner l'odeur des sous-bois tellement l'auteur sait décrire avec justesse et sensibilité les promenades de Soneri sur les pentes de Montelupo qu'il a tant de fois parcourues enfant avec son père. Novembre est période de chasse, une tradition, parfois des coups de feu claquent et se répercutent sur les flancs de Montelupo. Se promener peut être dangereux. Il y a peu de champignons, pas de bolets, seulement quelques trompettes de la mort. Les habitants disent qu'elles portent malheur.
Il se passe des choses bizarres sur les pentes de Montelupo. Paride Rodolfi a disparu puis réapparait mais ceux qui disent l'avoir vu ne sont pas certains. Puis c'est son vieux père Palmiro qui ne rentre pas de sa sortie en forêt. Il est finalement retrouvé pendu, mort comme Capelli qui avait fait fortune dans le fromage avant d'être ruiné. La famille Rodolfi s'est enrichie dans la charcuterie. Palmiro et Capelli décédés, des trois vieux amis, il ne reste plus que celui qui est surnommé le Maquisard. le Maquisard vit chichement en ermite dans un village abandonné en pleine montagne. le Maquisard n'a pas le sens des affaires, il n'a jamais trafiqué.
Crisafulli l'adjudant des carabiniers est dans l'expectative, il voudrait bien que le commissaire Soneri l'aide. Mais il n'en est pas question, il n'y a pas eu crime . Il se dit que Paride est absent pour les affaires. Les ragots ne manquent pas, l'entreprise des Rodolfi serait au bord de la faillite. le vieux Palmiro aurait emprunté de l'argent à nombre d'habitants mais sans contrat, des prêts qui reposent sur la confiance.
Bien des mystères planent sur les pentes de Montelupo. Cela n'a jamais cessé, il y a eu la résistance pendant la guerre et le fascisme, la contrebande. Aujourd'hui encore les pentes de Montelupo grouillent d'une activité intense, des lumières la nuit, des véhicules, les coups de feu ne sont peut-être pas tous liés à la chasse. Il y a aussi des étrangers qui viennent du port de la Spezia, on parle de drogue. le Maquisard qui vit là-haut en sait sans doute beaucoup. Les carabiniers veulent lui parler mais ce n'est pas facile. Il ne se laissera pas prendre vivant. Il faut mobiliser beaucoup de carabiniers, une véritable battue est organisée. Une chasse à l'homme.
Soneri voudrait bien aussi parler au Maquisard qui a connu son père. C'est la dernière rencontre qu'il veut faire dans le village de son enfance. Après il le quittera définitivement mais avant il veut éclaircir certaines images de son père. Seul le Maquisard peut apaiser son âme et l'aider à tourner la page sereinement avec Montelupo.
Une ambiance presque envoutante. Des non-dits. Des histoires familiales et des secrets. Des souvenirs d'enfance émouvants. Des escroqueries, des trahisons et des désirs de vengeance. Une nature belle et sauvage. Il y a tout ce qu'il faut pour faire un récit passionnant.
Valerio Varesi avec ses dons de remarquable conteur offre au lecteur un superbe roman.
Valerio VARESI –
Les ombres de Montelupo . Titre original «Le ombre di Montelupo », Italie 2005. Traduit de l'italien par
Sarah Amrani pour Agullo Noir, parution le 22 mars 2018. ISBN 979-10-95718-39-0 . Réédition en poche en mars 2019, Éditions Points, ISBN 9782757876268 .
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