Nous sommes au Pérou, à a fin des années 90, sous la double dictature de la mainmise généralisée du gouvernement, et des attaques terroristes et enlèvements du Sentier lumineux.
La revue à scandale Strip-tease révèle les photos compromettantes d'une orgie à laquelle a participé Quique, richissime entrepreneur protégé par la dictature. La réponse est immédiate et le directeur de la publication en fait sauvagement les frais. le milliardaire et ses amis, une fois la "faute" effacée, ne se posent guère de questions et jouissent sans scrupules de leurs fortunes et de leurs émoustillantes épouses dans une luxure assez désuète. Mais Julietta, de journaliste à scandale se transforme en journaliste d'investigation et n'a pas dit son dernier mot.
C'est un
Vargas Llosa facétieux qui n'a plus rien à prouver, et qui s'est fait plaisir dans ce roman ludique, badin et faussement frivole. Les dialogues tiennent une bonne moitié du texte. La niaiserie des industriels fortunés n'a d'égale que la naïveté du dictateur. Les parties de jambes en l'air coquines, torrides dans l'esprit des partenaires, sont racontées (avec détails ) dans un enrobage fleur bleu et un ton de moquerie amusée (on s'appelle "ma blondinette" et "mon petit mari").
Si
Vargas Llosa s'appuie sur un arrière-fond de discours politique, il est surtout dans un film de série B avec ses multiples rebondissements plus ou moins prévisibles et ses personnages volontairement stéréotypés. Cette impression est confortée par l' ambitieux chapitre XX, où les personnages s'entremêlent habilement en petites séquences entre-coupées dans une espèce de bande-annonce effrénée , tour de force littéraire de haut-vol parfaitement maîtrisé.
Au final , on pourrait croire que la morale est que le pot de fer triomphe parfois du pot de terre. Je me demande si elle n'est pas plutôt que les vieux prix Nobel ont bien le droit de s'amuser, eux aussi, quitte à produire une oeuvre piquante, mais mineure.