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4,3

sur 737 notes
«Le peuple célèbre
en grand enthousiasme
la fête au Bouc
le trente du mois de mai»
On a tué le Bouc
Merengue dominicain

Le Bouc, le «Chef», le «Père de la Nouvelle Patrie»...un monstre adulé, applaudi, mythifié ... l'instaurateur d'un régime dictatorial, bâti sur la corruption de certains hommes capables du pire pour garder leurs privilèges, pour garder la vie aussi «tout simplement». Est-ce inconcevable de vouloir rester en vie ? Exister ? de ne pas vouloir «sentir le froid» ? Mario Vargas Llosa réussit un tour de force en nous démontrant comment un homme, en usant de ces atouts de séducteur, de charmeur parvient à gagner les faveurs de la majorité d'un peuple, car c'est de cela dont il s'agit,Trujillo a été appelé et aimé par cette majorité, comme bien des dictateurs avant et après lui, a pu instaurer la terreur, et ainsi à soumettre tout un peuple aux ordres, et cela va de soi, nécessairement, à le soumettre à l'insoutenable. Trujillo a régné pendant plus de trente ans, a asservi, assassiné, torturé, poussé au suicide tant d'êtres humains...

«Comment était-ce possible, papa ? Qu'un homme comme Froilan Arala, cultivé, expérimenté, intelligent, en vienne à accepter ça. Qu'est-ce qu'il leur faisait ? Qu'est-ce qu'il leur donnait , pour transformer don Froilan, Chirinos, Manuel Alfonso, toi, tous ses bras droits et gauches, en chiffes molles ?»

Le roman est construit autour de trois récits, celui de l'assassinat de Trujillo, celui de ses derniers jours et celui, ô combien émouvant, d'une jeune fille Urania, fille d'un haut dignitaire du régime, qui revient à Saint Domingue, pour régler en quelque sorte ses comptes devant son père, alité et malade, qui assiste, impuissant, aux déballages des souvenirs, atroces pour la plupart, des ressentiments de sa fille, de ses meurtrissures, et nous livrer, à nous-lecteurs, un témoignage violent de ce qu'a pu être la vie sous la dictature de Trujillo pour une jeune fille, pour les familles, pour tout un peuple.

«Sais-tu pourquoi je n'ai jamais pu te pardonner ? Parce qu tu ne l'as jamais vraiment regretté. Après avoir servi le Chef durant tant d'années, tu avais perdu tout scrupules, toute sensibilité, toute trace de rectitude. A l'image de tes collègues. Et peut-être du pays entier. Était-ce la condition sine qua non pour se maintenir au pouvoir sans mourir de dégoût ? Perdre son âme, devenir un monstre comme ton Chef. Rester impassible et content...»

L'entame de cette lecture nécessite un peu de concentration pour comprendre la structure et s'imprégner des événements qui se déroulent sous nos yeux. L'auteur usent de nombreux flashbacks.
J'ai noté quelques erreurs de traduction et d'orthographe, qui n'enlèvent rien à la qualité de ce grand roman.
A lire, nécessairement.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Le Bouc, c'est Rafael Leonidas Trujillo le tyran de Saint Domingue qui a tout pouvoir sur le peuple qu'il soumet à ses caprices et ses turpitudes. L'histoire de cette dictature est reconstituée par l'intermédiaire d'Urania, jeune avocate New-Yorkaise qui revient 30 ans plus tard au chevet de son père mourant dire toute sa haine et son mépris : ne l'a-t-il pas offerte en pâture au Bouc pour retrouver ses faveurs ?
On suit à travers les personnages secondaires toute la société de l'époque : les membres de la famille Trujillo, les Trujillistes convaincus et intéressés, leurs crises de pouvoir et leurs flatteuses bassesses, les membres de la sécurité, tortionnaires accomplis, et enfin les jeunes opposants qui réussissent leur complot et vont assassiner le Bouc le 30 mai 1961. Avec les conséquences qu'on imagine !
Du grand art dans la composition de cette fresque historique, dans la présentation des protagonistes avec des portraits vivants, complexes et réalistes.
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Ah! Les Caraïbes !

Le soleil, la plage, le rhum, la musique, l'eau turquoise, les pirates...et ses dictateurs ! Ils sont bien nombreux dans ce petit coin à accaparer le pouvoir, détourner les biens et tenir la population à leur merci grâce à la manipulation et la violence.

Saint Domingue a eu le droit au sien en la personne de Trujillo.

Le roman s'organise autour de trois narrateurs, Trujillo lui-même, un groupe d'opposants et une femme exilée qui revient sur l'île.

Que dire, si ce n'est que les "petits" dictateurs font aussi bien que les grands. Ils partagent avec eux les lois qui permettent de mettre à genoux leur entourage en avilissant le moindre individu et peuvent du coup faire plier tout un pays en utilisant la violence et la terreur. Ici, on a tout le panel possible des exactions de ces régimes tyranniques, exceptés les camps, ici pas de prisonniers il faut nourrir les requins.

Le plus impressionnant dans ces dictatures ce n'est pas seulement le dictateur mais l'acceptation et la surenchère des individus qui participent à ces mascarades, les groupies en quelque sorte sans lesquelles ça ne fonctionnerait pas.

C'est un roman prenant qui nous emporte dans les enfers de ce petit bout d'île et m'a fait découvrir -entre autre-la rivalité Haïti/ République Dominicaine qui se joue sur l'histoire mais aussi sur la couleur de peau !!!
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Livre important de la littérature latino américaine actuelle, produit par un temoin- acteur  socialement engagé.... lequel a évolué au cours de sa vie, du parti communisme , à différents partis "centristes", nationalistes, ou d'extrême droite.
Luis vargas Llosa a la double nationalité péruvienne et espagnole.
Prix Nobel de litterature en 2010.
Candidat à la présidence de la république péruvienne en 2011, il est battu au second tour.
Elu à l'académie francaise (fauteuil n°18) en 2021.
Il ne cesse, dans ses écrits : romans, pièces de théâtre, de témoigner des problemes de la vie quotidienne difficile de ses compatriotes sud américains , victimes d'une classe politique dirigeante corrompue et souvent autoritaire, de services publics mal gèrés ou délaissés, provoquant parfois une radicalisation des actions, tel un contre terrorisme ideologique _ le Sentier Lumineux péruvien , _ ou une ambiance de frileuse délation .

Ce gros pavé de 500pages relate la période dictatoriale du général Trujillo et plus précisément 1961, année de l'attentat réussi, permettant aux américains d'installer en la  personne du président Balaguer une relative démocratie _   anti communiste quand même : faut pas exagérer !

La forme m'a captivé :
Trois récits s'entremêlent :
_ la quête d'Urania,
_ les dernières heures du dictateur Trurillo
_ et l'attentat  préparé par des activistes qui, pour des raisons diverses acceptent de risquer leur vie et même celle de leur proches pour rester fidèles à leurs convictions ou retrouver  leur dignité.
Ces alternances, dans le temps :de nombreux retours dans le passé récent , et dans les pensées de ces multiples acteurs : dictateur, activistes, hommes politiques serviles, familles,
crée un roman foisonnant, révélateur de l'atmosphere régnant dans cet état des caraibes, sous un joug impitoyable et imprévisible .

La chronologie est fragmentée, et les multiples acteurs-narrateurs maintiennent le lecteur _ que nous sommes _dans une sensation d'oppression permanente.

Aucun effet littéraire particulier n'est apparent, le texte est clair, simple, les acteurs parlent à la premiere personne, parfois monologuent, et nous adoptons ainsi, malgré nous, leur point de vue. ..

La quête d'Urania est prétexte à rapporter ce fragment historique concernant la République Dominicaine.
La corruption, la vénalité et la quête sordide du pouvoir (ou à son maintien à tout prix) constituent la mauvaise pâte de ce bon roman.

_ L'implication de l'armée parait minimisée dans le roman .
_Le rôle du Président Balaguer, servile durant des décennies , a-t-il été aussi subtil dans les heures qui ont suivi l'attentat ?
L'Histoire retient de ce nouveau Chef, adoubé par les Etats Unis, l'action d'un président autoritaire, accroché au pouvoir, paravent protecteur anticommuniste dans ce sous continent agité, La manne financière américaine contribuant au maintien d'un certain ordre... fut il aux dépends des dominicains!
Actuellement le PIB par habitant est honorable et son taux de croissance enviable, par opposition à Haïti.
Signalons :
_ ce conflit sans fin avec la république de Haïti.
_Ainsi que les séquelles du pluricolonialisme de l'ile d'Hispanola _ c'est elle l'Héroïne _ par les espagnols, français, anglais, américains... Ouf...

Pour ce volumineux roman , d'action, parfois très violent, captivant : 4/5.
(....Et merci wikip...)
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Livre qui n'est pas vraiment un roman ni un livre purement historique. La narration est épatante, car on dirait que Vargas Llosa écrit super facilement, que c'est fluide, alors qu'il développe plein de moments en parallèle, plein de temps différents, qui se croisent, qui racontent des mêmes choses, d'un autre oeil, sans donner une impression de fourre-tout et n'importe quoi et en même temps, ce n'est pas si ordonné que ça. Y a un côté tour de force en toute facilité apparente... Ca doit être ça être un grand (écrivain).
Et sinon on en apprend beaucoup, je reste choqué par le rôle permanent des Etats-Unis, ici, comme beaucoup trop partout ailleurs... Impérialisme... Pas un vain mot.
Ah oui, et malgré le thème lourd, et les scènes de violence, de torture même, il y a aussi par-ci par-là une touche d'humour, dans le ton quelque chose de drôle...
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Dans "la Fête au Bouc", Mario Vargas Llosa raconte un dictateur, de cette espèce si prolifique en Amérique Latine, … mais aussi, et surtout, la mécanique implacable de la dictature.

L'auteur, a choisi le personnage authentique de Trujillo, pour dénoncer un système imbriqué à la fois dans l'impérialisme nord-américain et dans la sociologie profonde de l'Amérique Latine (esclavage, colonialisme, militarisme, culte du pouvoir et de la personnalité…).

Trujillo, "Le Bouc", et ses trente ans de règne despotique sur la République Dominicaine, historiquement capitale du Nouveau-Monde, et actuellement plus réputée pour ses plages ses hotels-clubs et son tourisme sexuel

Six cents pages qui nous emmènent sur trente années de despotisme, de terreur, d'assouvissement, d'esclavagisme, de délation, de crimes, de bassesses, d'aveuglement, de tyrannie, de mythomanie absurde et ravageuse… de folie totale ! Magistral !
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Années 1990 : Urania Cabral, exilée aux Etats-Unis, revient après trente ans d'absence à Saint-Domingue, ville qu'elle a quittée alors qu'elle s'appelait encore Ciudad Trujillo, en l'honneur du dictateur qui fut à la tête de la République Dominicaine de 1930 à 1961. Cueillie par la symphonie brutale et discordante de rues où des Haïtiennes mutiques ramassent les monceaux d'ordures qui jonchent des trottoirs défoncés, elle-même s'interroge sur le sens de ce retour… Son père, l'ex-sénateur Agustín Cabral, est depuis sa rupture d'anévrisme un mort-vivant. Elle brise le silence qui l'a accompagnée dans son exil au fil de longs monologues qui la tiennent au chevet de cet homme envers lequel elle exprime une violente rancune, et au cours d'une visite à sa tante et ses cousines, à qui elle dévoile peu à peu le lourd secret à l'origine de son départ.
1961. Il ne le sait pas encore, mais Rafael Trujillo vit sa dernière journée. Bien que portant toujours beau, avec ses tenues impeccables et sa fière rectitude, ses soixante-dix ans se rappellent à lui par les prémisses d'une vieillesse dont l'emprise le met en rage : douleurs osseuses, musculaires, et surtout cette humiliante incontinence qui s'est manifestée la veille encore au bordel, lui faisant perdre sa dignité face à une "gamine insipide".

Et son corps n'est pas le seul à partir en débandade. le dictateur est devenu gênant pour ses alliés d'hier, notamment depuis la chute d'autres dictateurs sud-américains (Batista à Cuba, Pinilla en Colombie, Pérez Jiménez au Venezuela…), et il est devenu délicat de continuer à fermer les yeux sur les exactions commises par son Régime. Il y a eu l'assassinat des trois soeurs Mirabal, harcelées au prétexte de sympathies communistes depuis que l'une d'entre elles avait repoussé les avances du Chef, puis la tentative d'assassinat de Rómulo Betancourt, nouveau président du Venezuela. Les effets des sanctions financières appliquées par les Etats-Unis en représailles commencent à avoir des répercussions dramatiques ; les représentants de l'Eglise Catholique eux-mêmes se mettent à conspirer contre le Régime… Mais Trujillo n'est ni Batista, ni Perón : pas question d'exil doré, lui restera jusqu'au bout. Car ce n'est pas l'argent qui l'intéresse, à l'inverse de sa pingre d'épouse qui place tout ce qu'elle peut à l'étranger, ou de ses clowns de fils, noceurs, paresseux, qui ne pensent qu'à flamber. Ce qui fait le courir, lui, c'est le pouvoir.

Ce ne sont toutefois pas ses ennemis extérieurs qui vont signer la fin de son règne, mais les quatre hommes en planque dans une voiture sur le trajet reliant la résidence du Chef au bordel où il doit se rendre dans la soirée. Chacun d'entre eux a été proche du pouvoir, et chacun d'entre eux a une bonne raison de vouloir tuer le Bouc, quitte à y laisser sa propre vie. Il aura fallu trente ans d'Ere Trujillo, d'assassinats, de corruption, d'espionnage, de viols perpétrés en toute impunité par le chef, ses sbires et ses fils, trente ans d'isolement et de peur, avant que n'agissent enfin ceux qui ont les moyens de le faire.

Comment un tel Régime a-t-il pu perdurer ? C'est ce qu'a tenté de comprendre, de manière obsessionnelle, avec le recul que lui procurait la distance, Urania, en collectionnant pendant des décennies toute la documentation possible sur la dictature dominicaine.

Que le peuple, abruti par l'endoctrinement et l'isolement, dépourvu de volonté et de curiosité, contraint par la peur et la pratique de la soumission, en soit venu à diviniser Trujillo, elle peut à la rigueur l'admettre.

Trujillo a ainsi "condamné de nombreux dominicains au malaise et au dégoût de soi-même, à se mentir à chaque instant et à tromper tout le monde, à être deux en un : un mensonge public et une vérité privée interdite d'expression."

Mais comment pénétrer le mystère de l'emprise du dictateur sur les Dominicains les plus chevronnés, sur des têtes pensantes -médecins, avocats, ingénieurs…- souvent issues des meilleures universités américaines ou européennes, des hommes cultivés, sensibles, que Trujillo a transformés en chiffes molles, qui se sont laissé sauvagement avilir ?

En revenant sur les mécanismes de cette emprise, Mario Vargas Llosa démontre le machiavélisme d'un système qui a amené chaque Dominicains, tôt ou tard, à devenir son complice et/ou son débiteur.

Trujillo, c'est d'abord, pour beaucoup, celui qui a réinstauré une souveraineté nationale, créé une armée moderne et professionnelle, "remis les Haïtiens à leur place", éradiqué la criminalité (sauf la sienne et celle de son Régime) et fourni du travail à 60 % des citoyens, en s'octroyant la plupart des usines et des terres du pays. La République dominicaine, bastion d'anticommunisme, a par ailleurs longtemps été le meilleur allié des Américains dans l'hémisphère occidental, et a bénéficié d'une forte caution de l'Eglise, un Concordat liant le pays au Vatican.

La nation, en somme, lui a longtemps été reconnaissante. Ses proches collaborateurs ont quant à eux été comme aspirés par le froid magnétisme et l'aura d'incontestable autorité émanant de cet homme, et se sont laissé prendre au jeu des avantages que leur conférait une situation pour laquelle ils étaient près à des concessions toujours plus aliénantes. C'est ainsi une véritable cour de serviteurs de luxe, terrifiée et soumise, qui a orbité autour de Trujillo, chacun bataillant pour s'attirer les faveurs du chef, être remarqué, mentionné, loué… chacun étant aussi sur la sellette : à chaque instant, pour une broutille ou sur un caprice du Chef, la disgrâce pouvait survenir, préalablement annoncée dans les colonnes du courrier des lecteurs d'El Caribe -ramassis de délations, calomnies-, organe officiel du régime et instrument de sa propagande. L'auteur décrit certains membres de cette cour, qui compte des figures aussi repoussantes que fascinantes, tel Johnny Abbes Garcia, chef tout-puissant du Service d'Intelligence militaire, exécutant des basses oeuvres, maître de la terreur, en charge disparitions, exécutions, ou tortures pratiquées dans les salles de la Quarante, la tristement célèbre prison du Régime.

Il faut toute la maitrise d'un Mario Vargas Llosa pour rendre palpable ce pan d'Histoire dominicaine. On est pris comme par le suspense d'un roman policier, fasciné par sa capacité à donner chair à tous ses personnages…

C'est un nouveau coup de coeur pour cet auteur découvert l'an dernier avec "Le rêve du Celte"…
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Cette lecture fut une découverte d'un pan de l'histoire de la République Dominicaine. Trujillo était un nom qui avait déjà sonné à mon oreille, mais mis à part la prise du pouvoir de Fidel Castro à Cuba et l'emprise des États-Unis sur ce proche archipel, je ne connaissais rien des Caraïbes. Mario Vargas Llosa, par sa maîtrise de la composition narrative, parvient à tenir en haleine son lecteur plongé dans un récit macabre et peu attrayant qui dévoile les arcanes d'un pouvoir dictatorial et tortionnaire, qui montre bien comment ce type de régime, par une mainmise sur les richesses, les pensées et les corps de tout un pays, parvient à rendre plus ou moins chaque citoyen complice du système.
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Je suis vraiment très heureuse d'avoir lu ce livre qui parle de la dictature de Trujillo, dictateur dominicain qui régna sur la République Dominicaine de 1930 à 1961… au 30 mai 1961, date à laquelle il fut assassiné à Ciudad Trujillo (Santo Domingo), en bordure de la mer des Caraïbes.
Je ne connaissais rien de cette dictature ni de l'histoire de la République dominicaine avant d'y aller il y a quelques années en vacances. Et cette histoire m'a passionné… Lors d'une visite guidée à Santo Domingo, on nous a montré un drôle de monument, à l'emplacement même de l'assassinat de Trujillo, commémorant la libération du peuple dominicain d'une dictature sanguinaire et brutale.
Car l'ère Trujillo comme toutes les dictatures, s'est faite dans le sang, les tortures, les assassinats,… au mépris le plus total des droits de l'homme…
Ce livre de Mario Vargas Llosa est très intéressant, car il nous permet de plonger dans les profondeurs de cette dictature, dans les rouages de cette machination terrible, on est à l'intérieur de la bête, du bouc !
Tour à tour, on se trouve être dans la « peau » d'Urana, fille du sénateur Cabral dit Caboche, un des rouages de la dictature, un des proches de Trujillo pendant 31 ans, tombé en disgrâce peu de temps avant son assassinat.
Elle a quitté la République dominicaine 2 semaines avant l'assassinat, à 14 ans, pour les Etats-Unis. Elle y revient 35 ans après… Elle a un terrible secret…
On alterne aussi avec Trujillo lui-même, cet homme infâme, imbu de sa personne, manipulateur, cruel… Bienfaiteur de son pays comme il aime se nommer.
On suit de près également les conspirateurs qui attendent dans une voiture, les armes à la main que le « Chef » arrive dans sa voiture pour le tuer…
L'auteur nous emmène aussi dans les esprits de quelques personnages forts de la dictature… le très cruel chef du SIM, l'affreux, le terrible Abbes Garcia, qui ordonne, fait toutes les basses oeuvres, les tortures les plus horribles… en plus, il aime ça… dans l'esprit aussi du président fantoche sous l'ère Trujillo, le président Balaguer qui assurera la transition après l'assassinat pour aller vers une « démocratie ».
Et d'autres, je ne peux tous les nommer.
Ce livre est super bien écrit, dense, vraiment passionnant !
Et malheureusement terrible d'autant plus qu'il est entièrement basé sur des faits réels.
Franchement à lire si on s'intéresse un peu aux droits de l'homme, à l'histoire, à notre monde et à la nature humaine, qui peut être si faible et inhumaine.
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Quelle claque, quelle révélation, quelle oeuvre extraordinaire ! Despote peu connu sur une île coupée en deux, Trujillo, moins célèbre que Pinochet, Duvalier ou Perón, est pourtant l'un des pires tyrans qu'ait connus l'Amérique latine. La vraie force de ce roman est de le décrire, non comme un personnage semi-divin, mais comme un homme du commun, un simple mortel, souffrant de soucis de prostate, d'un orgueil démesuré, d'une soif de pouvoir inextinguible, porté par de grandes idées pour son pays, certes, mais aussi par une folie sans limite. Si l'histoire d'Urania est celle qui, au départ, semble la moins prenante des trois, le roman parvient peu à peu à l'équilibre en distillant prudemment des indices sur les motivations de cette femme brisée, qui n'a jamais pu se reconstruire qu'en se jetant à corps perdu dans son travail, fuyant le contact de ses congénères et notamment des hommes, qu'elle refuse d'approcher depuis son exil aux États-Unis, elle qui, lorsqu'elle était adolescente, aurait donné n'importe quoi pour un seul regard du beau Ramfis. le parcours des conjurés est également passionnant, chacun ayant ses raisons d'en vouloir au tyran, mais tous unis , pourtant, par la volonté définitive de l'éliminer. Jouant avec les temporalités, passant parfois, d'une phrase à l'autre, et sans aucune indication référentielle, de l'histoire présente au passé, d'une modeste table de cuisine aux salons luxueux des résidences de Trujillo, Vargas Llosa, prix Nobel de littérature en 2010, nous entraîne dans cette valse folle dont le rythme s'accélère insensiblement, à mesure que s'égrènent les minutes dans la voiture des conjurés, ou que les cadavres s'accumulent sur les traces du despote et de ses plus fidèles serviteurs, Johnny Abbes, chef du Service d'Intelligence Militaire, en tête. Certaines scènes, décrites avec une abondance de détails tous plus horribles les uns que les autres, sont particulièrement dérangeantes, mais il ne s'agit pas là de provocation ou d'esthétisme de mauvais goût ; Vargas Llosa se contente de narrer la réalité, sans en rajouter dans l'horreur, il n'en a malheureusement nul besoin.

(la suite en cliquant sur le lien ci-dessous !)
Lien : http://ars-legendi.over-blog..
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