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4,3

sur 737 notes
Clôturé aujourd'hui, sur la dernière page, après m'avoir retenue pendant de longues heures, il me hantera encore longtemps...
que dire? mais que dire?
D'abord: merci à cet ami de me l'avoir conseillé...
Ensuite, c'est un livre dur, terrible, glaçant.
Difficile aussi, difficile dans sa lecture, tant les intervenants et les flash-backs nombreux. Mais essentiel. Vraiment essentiel!
Lisez-le!
Surtout si devoir porter un masque en pleine pandémie vous fait penser que vous vivez en "dictatuuuuur"!
Les derniers jours de Trujillo, "dictateur-bienfaiteur" (horreur !!!) en République dominicaine, les derniers jours des membres de la conjuration qui a mené à son assassinat et les jours qui ont suivi, tout cela dans un roman mené de main de maître par Mario Vargas Llosa.
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Un dictateur aussi s'oublie (dans son pantalon)

Raphael Trujillo : j'avais oublié ce dictateur, l'Amérique latine en a tellement compté ! Mario Vargas Llosa nous le remet en mémoire d'une manière magistrale.
Dans ce roman très documenté, mais jamais ennuyeux, il nous décrit les derniers jours du Généralissime, aussi méprisant envers ses partisans qu'impitoyable envers ses ennemis. En plus d'une description fouillée des protagonistes, il ajoute le témoignage d'Urania à l'époque actuelle. Adolescente et fille d'un ministre obséquieux au moment des faits, son histoire fictive, distillée le long du roman complète magnifiquement ce livre. Mégalomanie, relations difficiles avec les Etats-Unis et le clergé, addiction sexuel et incontinence provoqueront la chute du Bouc.
Après avoir lu « L'homme qui parle » qui était bon mais où l'ethnologie tenait trop de place, j'ai retrouvé ici le plaisir de « La tante Julia et le scribouillard ».
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« La fête au Bouc » est le récit dense, très documenté, de la fin de la dictature Trujilliste à Saint Domingue au début des années 60. Deux temporalités et de multiples points de vue se mêlent pour livrer un réquisitoire contre la tyrannie exercé pendant 30 ans par Trujillo.

La première ligne du récit se situe dans les années 60 pendant et après l'assassinat du Tyran. Les points de vue des différents protagonistes (comploteurs en tête mais également Trujillo lui-même) sont tour à tour évoqués pour dessiner, par touches successives, l'horreur macabre de ce régime et la folie paranoïaque du dictateur. Mario Vargas Llosa n'épargne à son lecteur aucune description des violences ou des tortures.

L'autre ligne temporelle se situe dans un présent non défini et permet de suivre le retour d'Urania Cabral, fille de l'ancien président du Sénat, tombé en disgrâce peu de temps avant l'assassinat du dictateur. Elle revient au pays après plus de 30 ans d'absence et la rupture de toute relation avec sa famille, son père en particulier.

Ces deux récits s'entremêlent et progressent ensemble vers l'horreur et la violence. le derniers tiers du roman est particulièrement difficile et soulève même parfois le coeur – notamment lorsque les raisons du départ d'Urania nous sont expliquées.

A l'exception des passages les plus difficiles – notamment ceux d'Urania – l'empathie est néanmoins quelque peu brimée par un récit souvent très proche (trop ?) du document historique et du réquisitoire politique. Au fond, ça ne m'a pas gêné plus que ça mais j'avais été autrement plus touché par « La Maison aux esprits » d'Isabel Allende.

« La fête au bouc » reste un bon roman que je conseillerais volontiers à tous ceux qui aiment sentir dans leur lecture le souffle de l'Histoire.
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Le roman se passe sous la dictature de Trujillo président de la République Dominicaine. On suit alternativement la préparation d'un attentat contre le président, les derniers jours de la vie de Trujillo et le retour en République dominicaine d'Urania au pays. le présent et le passé vont s'imbriquer et les raisons qui motivent les actions actuelles vont trouver leurs justifications dans le passé, désir de vengeance ou désir de se racheter. C'est selon moi le meilleur livre de Llosa avec le Rêve du Celte, on y trouve l'analyse de tout ce qui fait la lâcheté des hommes, leur veulerie, leur aveuglement. C'est une terrible vision qu'il nous délivre sans grand espoir pour l'avenir. Brillantissime
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Impossible de lâcher ce livre avant la dernière ligne. C'est un condensé violent et passionnant. Pendant toute la lecture j'ai eu l'impression d'un syphon: les 3 livres se rapprochent dans des tourmentes circulaires. le président, les assassins et Urania sont imbriqués, à la vie et à la mort. Cette île supposée paradisiaque (plages et cocotiers) devient vite une chaudière invivable. Les 3 histoires ont évidemment un lien qui ne s'éclaircit vraiment qu'à la fin et heureusement. Je suis restée médusée et bouleversée.

Je l'ai lu en español et j'ai dû zapper certains passages de tortures tant l'imagerie du vocabulaire español est plus "colorée".

En fermant ce livre (et Tiempos recios) on se demande un peu quelle malédiction ce continent doit payer: héritage español du Caudillo, du Jefe, du Comandante, du General .. bref tous ces histrions qui, pour ou contre les USA, ont mené l'Amérique latine sur un chemin malheureux. Il semble que les Caraïbes soient un chaudron propice à ce genre de personnage: macho compléxé, cruel et imbus.

Tout ceci profite aux USA qui "aident" soit à les mettre en place, soit à les déboulonner, c'est selon l'impératif économique du moment. Sauf à Cuba où ils n'ont pas (encore?) réussi à "intervenir".

Oui, c'est un roman, mais.. pas que. Tous les sujets ont encore aujourd'hui un écho et la réfléxion de la tante résonne terriblement actuelle: il faut pardonner car à cette époque c'était comme ça .. Il semble que certaines époquent durent plus longtemps que d'autres.

Dommage pour ce paradis, les cieux des Caraïbes sont les plus beaux du monde, où la vie est un peu une partie de poker.

Muchas gracias MVL.


longtemps après avoir lu le livre, j'ai trouvé cette lettre de Bolívar qui est plus que prémonitoire, c'est une vision terrible de ce qui va arriver plus d'un siècle plus tard ..

https://culturejunkie.medium.com/la-decepci%C3%B3n-de-bol%C3%ADvar-326e9f9c3599
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La République dominicaine est aujourd'hui l'un des fleurons du tourisme mondial, réputée pour ses plages et sa dolce vita. La fête au Bouc revient sur un évènement fondateur de la jeune république antillaise : l'assassinat du dictateur Trujillo, le 30 mai 1961, ce qui permit ensuite, après bien des remous politiques, l'instauration d'une démocratie. A travers un récit triple, Vargas Llosa trace le portrait d'une dictature où règnaient le népotisme et la corruption. le roman est comme un puzzle où l'on suit le récit de la chute d'Agustin Cabral, homme politique qui subit une disgrâce sans raison aucune, le récit de sa fille, Urania, revenue au pays après 35 ans d'exil, le récit des comploteurs qui assassinent Trujillo. A travers ces histoires personnelles transparait une dictature fatiguée, pourvoyeuse d'injustices terribles, et qui corrompt les hommes et leur honneur, comme c'est le cas pour Agustin Cabral.
Ce régime s'appuyait sur une police politique redoutable, une armée aux ordres, mais aussi sur la servilité volontaire des Dominicains. D'ailleurs, l'assassinat de Trujillo n'agit pas de façon magique, et il faut toute la maîtrise politique du président, autrefois personnage fantoche de la dictature trujilliste, pour mettre fin au système. Un autre grand roman sud-américain sur les bouleversements politiques d'un continent en ébullition constante.
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Je viens de refermer un livre que l'on n'oublie pas. Ce récit dont l'histoire est ancrée au sein de l'île de Saint Domingue durant le règne sans partage du dictateur Trujillo, nous plonge au sein d'une Amérique Latine mouvementée. A travers des personnages si bien dessinés, Mario Vargas Llosa démontre combien les travers de l'homme (lâcheté, avidité, égoïsme) bien manipulés peuvent changer le cours de l'histoire d'un peuple. Ce livre d'une fluidité remarquable devrait connaitre plus de renommée à l'heure où les tragédies historiques qui nous sont contées sont presque unanimement liées à la seconde guerre mondiale; il semble important d'exposer d' autres ignominies tant historiques qu'actuelles afin d'en éviter de futures.
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La fiesta del chivo, je l'ai lu en VO.
C'est effectiuvement la dictature de Trujillo dont on nous parle. Manigances pour tout exister, le pouvoir, oublier.
Un moment fort. La découverte de la tyrannie de Trujillo sur la République Dominicaine se mérite donc un peu. Mais quelle baffe! Description in-croyable au sens premier du terme d'un pouvoir totalitaire qui a bel et bien existé. Des pages mémorables quand Llosa nous plonge dans la tête du tyran, des images de cauchemar quand on assiste aux tortures et crimes que lui ou ses proches commanditent. On ne ressort pas indemne de ce grand roman. A lire et à faire lire autour de nous à une époque de montée de l'extrême droite et d'intolérances en tout genre en Europe...................
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Ce roman est aussi celui de la perversion sexuelle, de la souillure. On le sait, l'ivresse du pouvoir s'étend jusqu'au sexe, et les faits divers mettant régulièrement en cause des hommes politiques dans ce domaine ne démentiront pas ce fait bien établi : il faut que les détenteurs du pouvoir enfoncent leur chibre dans le con des femmes pour que leur sentiment de pouvoir sur autrui soit total, absolu. de jouissance, de volupté il n'en est pas question ici, le sexe n'est qu'instrument de domination et d'asservissement comme le dit très bien Mario Vargas Llosa : « Qu'elle participât ou non à sa propre défloration n'importait pas tellement à Son Excellence. Pour se sentir comblé, il lui suffisait qu'elle ait son petit con intact et que lui puisse le lui déchirer, en la faisant gémir — crier, hurler — de douleur, en y introduisant sa grosse verge tuméfiée et heureuse, en la sentant bien serrée entre les chairs de cette intimité fraîchement forcée. Ce n'était pas de l'amour, ni même du plaisir qu'il attendait d'Urania. Il avait accepté que la fillette du sénateur Agustín Cabral vienne à la Maison d'Acajou seulement pour se prouver que Rafael Leónidas Trujillo Molina était encore, malgré ses soixante-dix ans, ses ennuis prostatiques et les maux de tête que lui donnaient les curés, les Yankees, les Vénézuéliens et les conspirateurs, un mâle accompli, un bouc avec un chibre encore capable de durcir et de fendre les petites figues vierges qu'on lui présentait. »
Dans « La fête au bouc », on ne nous montre pas les exactions sexuelles des petits chefs, des séides du pouvoir, les « caliés » qui sentent la sueur et le pied, il y aurait trop à dire. L'auteur évoque la prédation des « petits chefs » en quelques lignes qui décrivent un général qui a plaisir à déflorer les jeunes filles avec les doigts… Les exactions sexuelles, sans doute innombrables, des « caliés », ne sont pas décrites dans le roman.
L'abjection montrée dans « La fête au bouc », c'est celle du dictateur Rafael Trujillo Molina qui a régulièrement recours à de jeunes filles parce que « Ça excite toujours les hommes de déchirer le petit con d'une vierge. ». Mais Trujillo ne s'intéresse pas qu'aux jeunes filles, il envoie ses ministres à l'étranger pour mieux s'inviter chez leurs femmes en leur absence afin de leur imposer son chibre. Et la souillure la plus grande est peut-être celle des ministres du « chef » qui acceptent en toute conscience d'abandonner leur femme au prédateur pour conserver leur poste.
La dégueulasserie infinie est atteinte par Augustin Cabral. Cabral, un des fidèles très proches du dictateur, vient d'être déchu de ses fonctions, de ses prérogatives, ses comptes bancaires sont même gelés. Dans l'espoir de revenir en grâce auprès de son maître, Augustin Cabral va offrir sa fille de 14 ans au dictateur afin que celui-ci la déflore.
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Quand on ouvre une oeuvre de Mario Vargas Llosa, on sait qu'on ne va pas rire. S'il est indéniablement l'un des plus grands écrivains vivants de la planète, il faut reconnaître que comme comique, il ne vaut pas tripette. Quand en plus il s'attaque à nous raconter une dictature et l'assassinat d'un tyran, mieux vaut être prévenu et s'accrocher à son estomac.
Car "le Bouc", ici, c'est Rafael Leónidas Trujillo Molina, une des plus belles ordures du XXe siècle, dictateur en République Dominicaine de 1931 jusqu'à son assassinat en 1960. Et à travers son récit, Mario Vargas Llosa, qui est particulièrement doué pour observer la noirceur des âmes et des sociétés, ne nous épargne rien de ce que peut être une dictature militaire.
La lecture en est donc pour le moins ardue. Pas par le style : Vargas Llosa n'est pas de ces auteurs qui étalent des phrases alambiquées sur trois pages. En fait, en terme de style, c'est du pur bonheur pour le lecteur et une énorme leçon façon claque dans la tronche pour qui écrit. Je ne connais aucun autre auteur capable de faire se superposer deux dialogues éloignés de quarante ans sans jamais égarer le lecteur. Mais si des centaines de livres ont été écrit pour parler de dictatures, celui-là est le seul qui m'ait franchement retourné l'estomac. Pas seulement parce qu'il y a trois pages de torture - c'est peu, trois pages sur plus de cinq cents - mais parce qu'on y comprend pourquoi et comment tout un peuple peut baisser la tête et se résigner. L'intérêt, la lâcheté et la fascination pour ce qu'il y a de plus abject, l'acceptation du pire : Vargas Llosa, auteur éminemment politique, sait nous les décrire sans la moindre concession et c'est d'autant plus difficile à accepter que c'est terriblement vrai.
En outre, j'ignorais absolument tout de la République Dominicaine hormis sa position géographique, et je ressors de cette lecture beaucoup moins ignorante. Une raison supplémentaire de ne pas hésiter à découvrir La fête au Bouc.
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