Une vie

Quel parcours ! Quelle grande dame !
Dans ce récit, Mme Veil nous raconte son enfance, sa déportation, sa vie professionnelle après guerre au sein de la France et au sein de l'Europe, ses combats et ses rencontres.
Que l'on soit d'accord ou pas avec ses idées, que l'on soit d'accord ou pas avec les partis politiques qu'elle a cotoyé, on ne peut que se rendre à l'évidence qu'elle était une femme de conviction qui s'est battue pour ses idées et pour que L Histoire ne soit pas oubliée.
Cette biographie ne relate pas sa vie privée, ni ses sentiments personnels par rapport à ses proches, et pourtant elle se livre sur ce qui lui tient à coeur pour les hommes et les femmes. Une femme, une personne, non avide de pouvoir, qui a oeuvré pour ce qu'elle pensait être bon et juste pour ses compatriotes français, européens, humains.

Oui, il y a encore à découvrir chez celle qui incarna pour nombre de femmes de ma génération la loi du 17 janvier 1975, dépénalisant l'avortement et donnant à entendre la voix des femmes sur un sujet qui les concernait au premier chef, les rendant seules maîtresses de leur décision et de leur corps, enfin.

On croit tout connaître d'elle: ses combats, ses épreuves, ses défis, ses bannières.

Derrière le tailleur Chanel, le chignon bourgeois , la beauté de médaille du visage, ce sont sans doute ses silences, ou ses ellipses qui la disent le mieux.

Indépendance, vitalité qui puise son énergie dans le cocon - le lit - familial qui est comme un nid protecteur, fidélité farouche aux deux femmes qui la marquèrent- sa mère, sa soeur- inépuisable volonté face aux injustices...

Et cette pudeur qui soudain la crucifie et interdit aux mots de dire plus longuement la mort d'un fils, la disparition d'une famille, la perte irréparable de celles avec qui elle a partagé l'enfer, avec qui seules elle pouvait l'évoquer vraiment.

Forte, très forte jusque dans ses fragilités mêmes.

Une grande dame, Simone.

Ce 01 juillet 2018, Simone Veil et son époux sont accueillis au Panthéon. C'est le jour où jamais de lire "Une vie", celle du matricule 78651.

C'est précieux de voir se raconter Simone, elle qui fut si modeste, se considérant comme illégitime.
Mais c'est un peu le travers de ce livre, narratif et modeste : il manque des analyses historiques -notamment sur la bataille de l'IVG- qui montrent son impact sur l'histoire de notre pays.

Heureusement, les hommages en cours confirment l'importance de la trace laissée par celle qui n'est pas devenue aigrie par sa captivité, persuadée que l'humanité l'emporte toujours sur la barbarie.

Cela faisait plusieurs mois que cette biographie m'attendait dans ma pile de livres à lire et c'est la sortie du film relatant la vie de Simone Veil qui a fini par déclencher mon envie de m'y plonger.
Je ne ferai pas dans l'originalité en disant que cette grande dame a eu un destin exceptionnel.
Intelligente et dévouée à de nobles causes, Simone Veil était plus une femme de convictions qu'une femme politique et c'est en cela que je l'admire.
Un modèle... Oui, à n'en pas douter.

Petite, Simone appelle la vie. Tout lui sourit: une famille aimante à Nice, une élève studieuse, la chouchoute à la maîtresse. Un bonheur tout tracé. Mais ce n'est pas cette vie là que Simone vivra ensuite, ce sera une autre, faite d'horreurs et de souffrances dans les camps. Ces quelques pages sont un témoignage aussi puissant et indispensable que celui de Primo Levi.

Il s'en suivra une autre vie suivie de promesses politiques grâce à ses compétences mais grâce aussi à un réseau qui lui permettront d'arriver aux plus hautes fonctions politiques. Avec malgré tout un sentiment de fierté, pour les dossiers qu'elle a fait progresser avec un réel courage: les prisons, l'IVG bien sûr mais aussi le devoir de mémoire de la Shoah.

"Une vie" ou plutôt plusieurs vies. Elle a eu besoin de se frotter à des personnalités, elle les égratigne en passant: Hannah Arendt et sa banalité du mal qui excuse tant de crimes, Chirac qui n'en avait rien à faire des problèmes de bonnes femmes avec l'IVG, Bayrou, qui ne pensait qu'à devenir président et qui ne voulait pas dans son équipe d'une Simone qui parlait des migrants comme "une gauchiste".
Mais avant d'accéder aux plus hautes fonctions, elle aura trouvé, contrairement à la Jeanne de Maupassant, un bon mari avec des relations ce qui fait tout même un bon marchepied pour commencer en politique. Mais elle n'en parle pas vraiment.
"Une vie" est une autobiographie avec des morceaux choisis mais il n'y a ni autocritique ni erreur avouée, ce qui constitue pour moi une vie dévoilée incomplète. Mais à lire quand même.

Cette grande dame, décrit son incarcération à Auschwitz sans complaisance avec un retour en France et un accueil difficile de ces 'gênants'.

Battante, elle convainc son mari de la laisser embrasser une carrière et débute dans la tripartite coincée entre gaullistes et communistes. Intègre, elle appuie ses choix et ses idées par des exemples, des cas concrets.

Son discours pour l'élaboration d'une loi permettant l'IVG montre sa clairvoyance, son humanisme, son intelligence, son travail et c'est une bosseuse à qui les 35 heures, générant entre autres d'insolubles problèmes dans les hôpitaux, font mal au ventre.

Comment ne pas avoir d'admiration pour cette femme forte, sincère dans ses convictions, intelligente, courageuse, et belle de surcroît? J'étais impatiente de lire cette autobiographie afin de mieux connaître son parcours et la connaître elle, cette dame présente depuis mon enfance dans les médias et qui m'avait toujours fascinée par ce sourire tout autant bienveillant que digne qu'elle affichait toujours.
Deux grandes parties divisent cette biographie: la première, très personnelle, aborde son enfance puis sa déportation ainsi que celle de toute sa famille lors de la deuxième guerre mondiale, la survie dans les camps de la mort, et enfin son retour, seule avec ses deux soeurs, après la Libération, l'ambiance d'alors dans les rues, l'incompréhension des autres de ce que les rescapés avaient traversé comme horreur.
La deuxième s'attache à sa vie professionnelle et politique auprès de Giscard D'Estaing notamment en tant que ministre de la santé, ses différents engagements politiques et l'importance qu'a eu pour elle sa présidence au parlement européen.
Je ne m'attendais pas, avant cette lecture, à ce que cette deuxième partie y prenne autant de place, mais j'ai beaucoup apprécié ce retour sur les quarante dernières années qui m'ont permis de découvrir sous un autre angle les personnalités politiques avec lesquelles elle a travaillé: Giscard D'Estaing, Raymond Barre, Balladur, Mitterrand bien sûr, Chirac, et enfin Sarkozy.
Même si je ne partage pas toutes ses idées, j'ai été intéressée par la manière dont elle explique les aléas auxquels elle a été confrontée, sa vision des choix politiques faits par les autres, adversaires ou non.
Cerise sur le gâteau, en annexe, quelques-uns de ces discours, dont celui tenu lors de la loi sur l'avortement et celui en mémoire de la Shoah.

Une vie... et quelle vie !
Simone Veil raconte son histoire, de son enfance jusqu'en 2007.

Née dans une famille juive « laïque » de la petite bourgeoisie, elle vécut une enfance protégée et heureuse jusqu'à la guerre 39-40. Son adolescence fut dévastée par la déportation et sa jeunesse (de rescapée), marquée par un grand mal-être.
Sans jamais oublier son passé, elle fonda une famille, reprit ses études et s'investit dans la magistrature et en politique : d'abord en tant que magistrate, puis en qualité de ministre (à plusieurs reprises), de présidente du Parlement européen, de membre du Conseil constitutionnel, et de présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah.

C'est peu de dire qu'elle marqua son époque.

Dans sa biographie, Simone Veil demeure assez discrète en ce qui concerne sa vie privée. Elle relate par contre toutes les étapes importantes de son parcours professionnel (ou public) qu'elle illustre d'anecdotes. La lecture se fait donc sans ennui, même si comme c'est mon cas, le lecteur n'est pas passionné par la politique.
Elle n'est pas avare de ses opinions, qu'elle revendique haut et fort. Elle parle des personnalités publiques qu'elle a rencontrées, de ses amitiés et de ses inimitiés. Plus que femme politique, on la sent avant tout femme d'action. Même si je ne partage pas toujours ses positions, je ne peux que reconnaître sa formidable ardeur au travail et l'importance des avancées qui lui sont dues dans de nombreux domaines tels que les libertés, la santé, la recherche, l'aide humanitaire, la lutte contre les discriminations... et la construction de l'Europe.
Contrairement à de nombreuses personnalités politiques, elle s'est consacrée uniquement à des missions pour lesquelles elle possédait des compétences. En outre, ses engagements sont le résultat d'un travail de terrain et de concertation auprès des personnes concernées et des professionnels au fait de la situation.

Une implication au service des citoyen(ne)s de France, d'Europe et du monde, garantie par une indépendance intellectuelle qui force le respect, est le fil directeur de la vie de Simone Veil.

Je suis tombée dessus au CDI de mon lycée et je n'ai pas hésité : je l'ai emprunté. Il n'était pas spécialement dans les lectures que je voulais lire à tout prix, néanmoins quand je l'ai vu, cela m'a directement donné envie.
Simone Veil est une femme dont j'admire énormément le parcours. J'étais par ailleurs allée voir le film Simone : le voyage du siècle au cinéma fin 2022, et même si les critiques ont été contrastées, j'avais, me concernant, beaucoup aimé.
L'idée de lire son autobiographie m'intéressait beaucoup. Et sans surprise, ce fut une très bonne lecture.

Simone Veil fait une rétrospection de sa vie, de l'insouciance de son enfance avant la guerre à son parcours en tant que magistrate et femme politique. le récit est écrit d'une manière simple, mais le texte est poignant. J'ai notamment été marquée par son témoignage de sa déportation, davantage que par rapport à l'aspect politique de sa carrière par la suite. Même si ce côté-là, qui représente une bonne partie de l'ouvrage, est aussi extrêmement intéressant, je dois avouer que j'ai moins été dedans. Tout cela me parut bien abstrait à certains moments ; mes connaissances en sont limités, mon intérêt pas assez approfondi… de ce fait, je n'ai lu cette partie sans être totalement plongée dans le récit, je dois bien le reconnaitre. Certains passages m'intéressaient plus que d'autres (j'admire profondément plusieurs de ses combats et les causes qu'elle a défendues tout au long de sa vie), mais ce ne fut pas la totalité. Simone Veil côtoya et rencontra tant de personnalités politiques, mais la plupart du temps, cela me paraissait bien confus, tant mes « connaissances » sur le domaine politique en sont limitées… (j'ai un peu honte de le reconnaitre, j'avoue. ^^')

En revanche, tout comme je l'avais été en voyant le film inspiré de sa vie, j'ai été extrêmement touchée et chamboulée de par son témoignage pendant la guerre et sur tout ce qui en a été lié.
Bien que j'aie ressenti une certaine « distance » avec le récit malgré la narration à la première personne (dû au fait qu'elle synthétise et résume sans rentrer dans tous les détails, et qu'on ressent cette ‘distance' entre elle et ces évènements passés il y a des années), cela ne m'a pas empêchée d'être heurtée par certaines phrases, certains passages. Certains mots si simples à comprendre peuvent provoquer une émotion puissante. Il m'est difficile de l'expliquer, mais cela ne peut laisser indifférent.

(D'ailleurs, note à part mais quand Simone Veil mentionne Si c'est un homme, qu'elle a lu, j'avais songé à cet ouvrage juste avant qu'elle dise son titre ! Il faut vraiment que je le lise.)

Encore une fois, ce qui me choque d'autant plus les atrocités de cette guerre, ce sont les réactions des gens juste après. La façon dont ils se sont comportés face aux rescapés des camps. Leurs phrases si inconvenantes, si déplacées, si… affreuses.
Tous étaient si peu conscients de tout cela.

J'ai profondément apprécié la dernière partie de l'ouvrage, ainsi que les annexes. Ces annexes qui regroupent les discours prononcés par Simone Veil. Certains mots qui ont profondément résonné en moi quand je les ai lu.
Le discours à Auschwitz, en commémoration soixante ans après la libération du camp.
Le discours à l'Assemblée nationale pour le droit à l'IVG.
Le discours lors de son accession à la présidence du Parlement européen.
Le discours à l'occasion de la cérémonie du Panthéon en hommage aux Justes de France.
Le discours à l'ONU, à la Journée internationale de commémoration dédiée à la mémoire des victimes de l'Holocauste.

Simone Veil est une femme qui, j'espère, ne sera jamais oubliée. Si je n'ai pas ressenti autant d'émotions que je l'aurais voulu en lisant cette oeuvre, je reste malgré tout très heureuse d'avoir lu son autobiographie. C'est un témoignage qui, je pense, mérite d'être lu. Sincèrement.

cette autobiographie a trainé longtemps dans mes livres avant de me décider à le lire. Je l'ai reçu dans le cadre d'un "héritage"
Amusant parfois comme le hasard fait les choses... lire ce bouquin au moment des éléctions présidentielles françaises.

Ce qui m'a le plus "passionné" c'est la partie ou Madame Veil raconte sa "détention" en camp d'extermination. Elle y raconte des évènements très forts en émotions, très durs, mais c'était la réaité et il est important de pouvoir en parler.

Elle nous parle très peu de sa vie privée de femme adulte, elle ne nous parle que de sa vie politique et c'est déjà très riche ainsi.

C'est la première personne que je lis qui ose remettre en questions les théories d'Anna Arendt. Et j'ai aimé, justement, qu'une personne se donne le droit d'écrire sur "la face inverse de l'ieberg", en tout cas qu'à un moment donné, quelqu'un se questionne différemment par rapport aux évènements de la Shoah.

Par rapport à son implication politique, je pense que SImone Veil ne peut qu'inspirer le respect, même si on est opposé à ses idées poliitique, on peut lui reconnaitre une fameuse force de caractère.

Sur ces idées politiques justement, je ne la rejoins pas tout à fait mais j'ai aimé découvrir les "dessous de la scène" à savoir, quels évènements politiques passés amènent aujourd'hui tel ou tel président français au pouvoir, c'est intéressant de pouvoir, à certains moments de l'histoire, pouvoir faire un retour sur image et comprendre le passé pour pouvoir appréhender l'avenir.

Sur le style de l'auteur, il n'est pas toujours très aisé à lire, non par le style mais par la complexité des enjeux politiques.
Madame Veil a un style d'écriture très recherché, mais très agréable à lire.

J'ai vu qu'elle est l'auteur d'autres livres que je ne manquerais pas de lire.