Après la publication en 1942, dans la clandestinité, du « Silence de la mer » signé Vercors, un recueil de six
nouvelles portant le même nom prolongé par un « et autres récits » va paraitre aux éditions de minuit.
Parmi ces textes, on retrouve bien sûr le bouleversant « Silence de la mer » qui a eu un très grand succès mais aussi un autre texte essentiel « La marche de l'étoile ». Vercors était très attaché à ce récit, vibrant hommage à son père Louis Bruller.
Vercors raconte la vie de Thomas Muritz, jeune Hongrois nourri de culture française qui précipite son destin vers la France, pour lui terre de Justice et de Liberté. Mais il va y mourir abominablement trahi par sa patrie d'élection.
La construction du texte est intéressante, comme un témoignage ou un chant d'éloges à Thomas Muritz. le narrateur ainsi que tous ceux qui l'ont côtoyé, famille ou amis, dressent son portrait. Comme l'oncle Béla qui raconte la jeunesse studieuse de Thomas Muritz en Hongrie où il va découvrir la France par le biais de ses lectures. L'éclat spirituel de ce pays est en effet symbolisé par « Hugo,
Alexandre Dumas,
Balzac,
Eugène Sue », écrivains que le jeune garçon sacralise.
Cette valeur que Thomas donne à l'art est récurrente sous la plume de Vercors. Celui-ci n'est pas l'unique personnage à glorifier ainsi l'art : dans «
le silence de la mer », l'officier allemand Werner von Ebrennac voit aussi dans la littérature française l'incarnation de ce pays.
Les autres
nouvelles de ce recueil ont également leur intérêt. Et tous ces textes sont passionnants tant par le thème récurrent, la seconde guerre mondiale et son impact sur la vie des gens pendant l'occupation, que par le très beau style de l'auteur.