Cette 21e bande dessinée, adaptation du 147e roman de la saga "Bob Morane" intitulé "Les Fils du Dragon" et réalisé en 1968-1969 partage pas mal d'éléments avec la 27e bande dessinée, adaptation du 59e roman intitulé "Les Sept Croix de plomb" et réalisé en 1970/1971…
On retrouve encore une fois une mise en place du récit affreusement forcée : Bob Morane et Bill Ballantine font de la pêche en Mer de Chine avait de tomber par le plus grand des hasards sur Lister Harrington, agents spécial de Scotland Yard (à l'époque où a été écrit le livre, Hong-Kong est toujours sous direction britannique), poursuivi par une jonque à diesel des criminels appelés Fils du Dragons, tous reconnaissables à leurs tee-shirts noirs ornés du même dragon rouge… Il était en mission pour découvrir qui arrose le Japon d'opium pour faire baisser la productivité (sic) et Bob et Bill reprenne sa mission en parte à la recherche de son contact japonais Sesue Haïdo. On insiste donc sur le péril jaune prêt à inonder d'opium l'Occident pour d'insondables raisons, mais IRL c'est quand même le péril blanc qui a inondé d'opium l'Asie pour faire du pognon !
Dans une 1ère partie on respecte le cahier des charges jamesbondien avec poursuites en bateaux, poursuites en voitures, bastons, gunfights, et l'incontournable confrontation avec le génie du crime à la roulette du casino (mêmes combats Madame Lung et Leï Pin Tsing des "Sept Croix de Plomb" ?)… Dans une 2e partie on respecte le cahier des charges de la course au trésor à la Indiana Jones (avec un trésor comme dans "Les Sept Croix de plomb" datant de la révolte des Boxers) : île mystérieuse, temple perdu, exploration souterraine, énigmes tarasbicostées et mécanismes oubliés… Et dans le final on arrive à relier les deux parties, et ce n'était pas gagné tellement j'ai eu l'impression qu'on avait accolé deux récit différents. Reste que du coup pas mal de rebondissements n'ont aucune explication : OK Madame Lung la cheffe de triade utilise sa nièce Isabel pour trouver discrètement le trésor à sa place… Mais comment trafique-t-elle de l'opium avant d'en posséder ? Et pourquoi avoir choisi le Japon comme marché d'exportation ? Et si n'était pas elle qui mettait des bâtons dans les roues de son propre sherpa, qui sont donc ceux qui le font ? Ces insuffisances scénaristiques sont d'autant plus frustrantes, que pour une fois on avait des personnages féminins qui passaient outre le machisme et le sexisme récurrents de la saga : la tante et sa nièce sont des strong independant women respectant joliment le dress code des années 1960, et Isabel a même de faux airs de Yoko Tsuno ! Sinon bons dessins de
William Vance malgré une quadrichromie qui tire les graphismes vers le bas.