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3,89

sur 4996 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un petit roman choquant, percutant, un brin écoeurant il faut bien l'avouer car Lee Anderson n'est pas vraiment le gendre idéal. Buveur et séducteur notoire, il nous décrit avec forces détails les corps des jeunes filles qu'il "baise"ainsi que l'acte lui-même. Oui, le langage est cru, très cru, à la limite de la nausée post-cuite. La scène de pédophilie notamment m'a interloqué et choqué.

Ce pastiche de roman noir est profondément malsain car, sur fond de lutte contre l'intolérance et de dénonciation de la ségrégation, j'ai quand même eu du mal à cautionner le machiavélisme profond du narrateur, assez antipathique, misogyne, provocateur, manipulateur, cruel, libidineux et j'en passe. le foisonnement de scènes pornographiques et déviantes font naître un malaise à l'écoute qui ne m'a pas quitté jusqu'à la fin (et pourtant j'ai lu le Marquis que j'ai trouvé plus philosophe que pornographe dans ses écrits que Vernon Sullivan, pas la même époque sans doute).
Il faut reconnaître une écriture de génie, car, malgré cette atmosphère de plus en plus pesante et ce climat des plus putrides, on ne peut s'empêcher de vouloir savoir comme cela va se terminer (comme pour un vrai polar en somme). La fin est d'ailleurs assez suprenante. Au jeu de la provocation, Monsieur VIAN nous donne ici une belle leçon de maîtrise de l'art macabre et pousse son lecteur dans ses derniers retranchements.
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Vous, lecteurs, qui vous émouvez de la misère sociale en Amérique à travers les récits de Fante, Bukowski et autres SaFranko, mais qui ne reconnaissez pas cette misère à côté de vous,

Vous, défenseurs de la culture, qui vous offusquez de l'ignorance culturelle des masses, de nos jeunes, mais qui brillez dans l'ignorance crasse de vos voisins,

Vous, vieux schnoques de tous poils, qui voyez la jeunesse délinquante, ignorant les trésors de sagesse dont elle fait preuve en ne nous mettant pas des cocktails Molotov sur la gueule,

Vous qui pensez que la mixité c'est bien pour les autres mais que vos rejetons ne valent pas d'être rabaissés à leur rang, sans voir qu'eux-mêmes auraient à y gagner,

Vous qui prônez le retour de la morale à l'école (« - si ce n'est toi c'est donc ton frère ; - je n'en ai point ; - c'est donc l'un des tiens »), feignant de croire que le respect s'apprend à coup d'autorité qui n'a de naturelle que le réflexe de domination et de peur,

Vous qui vilipendez les peuples qui ne savent pas se défaire de leur dictature, si fier de votre démocratie, mais incapable de vous comporter autrement qu'en dictateur dans votre foyer,

Vous qui qualifiez de sacré la famille, quel que soit le sort qu'elle réserve à ses chérubins, qui à corps et à cris ne savent pas se passer de l'amour de leurs parents, même incestueux,



J'irai cracher sur vos tombes si je n'ai pas eu le courage de vous cracher mon mépris à la gueule de votre vivant.
Et je chargerai tous les autres d'aller cracher sur la mienne, épitaphe suffisante pour mon mépris…





“ Hey Joe, where you goin' with that gun in your hand ?
Hey Joe, I said where you goin' with that gun in your hand ?
Alright. I'm goin down to shoot my old lady,
[…]”

Extrait de “Hey Joe” de Jimi Hendrix :
https://www.youtube.com/watch?v=S2tv6u3m3dQ
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Nous avons tous eu, dans nos programmes scolaires à étudier "L'écume des jours" de Boris Vian. Et selon notre capacité de perception de l'époque, selon le prof qui nous l'a présenté, nous avons eu plus ou moins envie de découvrir le reste de l'oeuvre de Vian. Et là, cela a parfois été un choc, car alors que l'on attendait des écrits proches de "L'écume..." on a trouvé des productions pour le moins hétéroclites; Et on arrive bien sur à Vernon Sullivan, avec "j'irai cracher sur vos tombes". Bel ouvrage, mais écrit dans un style "roman noir", des thèmes abordés inhabituels pour l'époque (heureusement, aujourd'hui cela semble aller un peu mieux),, enfin une façon d'écrire déconcertante quand on vient du classique.
Aujourd'hui je me pose une question : Si j'avais commencé par lire Vernon Sullivan, est-ce que je serais allé vers Vian ?
Peut importe la réponse, il s'agit ici d'un autre monument référence, incontournable, qu'il faut avoir lu, quelle que soit notre approche de ce type de littérature.
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J'avoue qu'après cette lecture, je ne sais quoi en penser ni où me positionner. C'est un sentiment étrange mais bien loin de l'indifférence. Texte cru et direct qui nous balance la vie quotidienne de son personnage en pleine figure, c'est violent, certaines images sont terribles. Aucun personnage n'inspire la sympathie, et au bout du compte on ne sait pas bien qui sont les victimes ou les coupables. Tous? Aucun?
Toute l'histoire est menée par la haine aveugle envers l'autre, que ce soit par racisme, par jalousie ou par vengeance; pour moi ce sont les maître-mots de ce roman. Court mais une vraie claque, que l'on aime ou pas il est impossible de lui rester indifférent.
La jeunesse, désabusée, je m'en-foutiste, qui donne tout à celui qui leur permet de se noyer dans l'excès, ceux qui se complaisent dans leurs richesses qui leur permettent d'abuser de tout et de tous, consentants ou non.
Si j'y vois plutôt une dénonciation de la haine en général et des excès que la richesse et l'apparence permettent d'acheter, je n'ai qu'une envie, lire ce que Boris Vian a dit de son propre ouvrage, essayer de comprendre. On est bien loin de "L'écume des jours".

Pioche dans ma pal (pioché par Tinaju)
Challenge multi-défis 2018
Challenge 50 objets 2018-2019
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Un roman à la fois ignoble et admirable.
Ignobles la perversité des personnages, le racisme et le mépris, l'esprit de vengeance et la violence contenue qui finit par exploser.
Admirable la plume de Boris Vian. Avec quel brio il construit la lente machination conçue par Lee Anderson, le narrateur de ce faux roman noir américain ! Avec quelle précision il fait, justement, sonner son texte comme une parfaite imitation de ce genre ! Avec quelle finesse il articule ses dialogues, qu'ils aient pour but la séduction la plus habile ou la soumission la plus crue ! Avec quelle élégance il campe ses décors, ses ambiances, l'attitude de ses personnages, la délicate beauté des jeunes filles et la solide assurance des jeunes gens ! Et avec quelle virtuosité il jongle sans cesse avec tous ces éléments, mariant ainsi l'élégance à la bassesse, la beauté à la violence, l'ignoble à l'admirable.
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De Boris Vian, j'avais lu "L'écume des jours" et je gardais un très bon souvenir de cette lecture et de l'univers développé par l'auteur.
Si vous vous attendez à retrouver cet univers, ce n'est pas la peine d'y compter, car l'auteur livre ici un récit violent, choquant, perturbant, en somme, qui ne laisse pas indifférent le lecteur.

Ouvrage publié en 1946 sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, il fut très vite interdit et son auteur condamné pour outrage aux bonnes moeurs.
En effet, Boris Vian y aborde, sous couvert de se faire passer pour le traducteur de Vernon Sullivan, le racisme dans le sud des Etats-Unis et les difficultés rencontrées par les Noirs américains à travers le personnage de Lee Anderson.

Ce personnage cache un secret, c'est un nègre blanc, mais surtout il crache par écrit sa haine et son désir de vengeance, comme le titre du livre le laisse entendre, de son petit frère lynché pour avoir aimé une femme blanche.
Il rencontre Jean et Lou Asquith au cours d'une soirée finissant, comme toutes les autres, en beuverie et en orgie et n'a plus qu'une idée en tête, "l'idée de démolir ces deux filles".
Et il ne s'en cache pas, elles seront son coup d'essai, avant de viser plus gros, jusqu'à pouvoir vivre tranquille.

Ce livre va au-delà de la parodie du roman/polar noir américain en vogue à l'époque de la parution du livre.
J'ai été troublée par l'écriture, la violence des mots et le côté cru.
Tout est dit, Lee Anderson fait part au lecteur de ses moindres pensées, il ne cache rien, ni de ses intentions ni de son mode de vie.
Il y a de nombreuses scènes de sexe, c'est clairement de la pornographie, mais le passage qui m'a mis le plus mal à l'aise est celui ayant trait à de la pédophilie et où Lee Anderson conclut par "elle était brûlante comme l'enfer" après avoir pénétré une fillette.
Mais en creusant bien derrière tout cela, j'ai fini par retrouver le style de Boris Vian.
Au-delà des mots et de l'histoire, il faut aussi y voir une dénonciation du racisme qui sévissait aux Etats-Unis à cette époque-là.

A propos de l'enfer, il y est aussi question de Dieu et de la religion, à travers le personnage de Tom, le frère de Lee, qui est d'ailleurs son antithèse.
Souvent, il essaie de ramener son frère sur le droit chemin, sans jamais y parvenir, car pour Lee "Dieu s'en fiche bien".
Et malgré cette écriture crue, la fin de l'histoire est en partie morale.
Lee, après s'être laissé emporté par son désir de meurtre, meurt.
Le méchant est puni et les innocents sont vengés, mais le racisme est toujours sous-jacent : "Ceux du village le pendirent tout de même parce que c'était un nègre".
Boris Vian continue avec une dernière pirouette finale, afin de graver une certaine ironie : "Sous son pantalon, son bas-ventre faisait encore une bosse dérisoire".

Ce livre m'a mise mal à l'aise, mais d'un autre côté j'ai été prise par l'histoire, par le style narratif et je n'ai pas pu le refermer avant de l'avoir fini.
Il y avait aussi une partie de curiosité pour voir jusqu'où l'auteur oserait aller.
Finalement, il n'y a pas de limite à ce livre, et c'est sans doute l'un des messages qu'a voulu faire passer Boris Vian : voici ce que peut être une interprétation de la liberté.
Ce fut une lecture déroutante mais intéressante, qui m'a démontré toute l'étendue du talent de cet auteur.

Ce livre a été lu dans le cadre du challenge ABC critiques 2011/2012 - Lettre V ainsi que dans le cadre du club de lecture Babelio décembre 2011.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Une oeuvre frappante, d'une lucidité cinglante pour l'époque, un vocabulaire cru, des scènes choquantes, pas étonnant qu'elle ait fait scandale! Cette oeuvre est selon moi un mélange des Souris et des hommes de steinbeck publié en 1937 et du Conte de Monté-Christo publié un siècle plus tôt. Publié en Août 1946, soit environ un an après la fin de la deuxième guerres mondiale, j'irai cracher sur vos tombes, est en tout point avant gardiste, hors du temps pour les comtemporains de l'époque, et un préambule à l'oeuvre cinématographique le Mississippi brûle sorti en 1988 et inspiré des faits de l'Amérique des années 1960, en pleine ségrégation. Les ressemblances ou plutôt les inspirations sont frappantes à ceci près que l'auteur n'est pas un américain mais bel et bien un français, on est loin de l'ambiance, des années foles, saucissons, baguettes et french cancan.

Oui, c'est une histoire de vengeance dans un cadre raciste, l'Amérique a t-elle vraiment changée? Pourrait-on se demander. Si vous souhaitez retourner vos tripes, alors oui, lisez cette oeuvre, autrement, abstenez vous, à ne pas remettre entre toutes les mains.
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« le temps n'est pas encore venu où la justice règnera sur cette terre pour les hommes noirs ». Boris Vian dénonce, en 1946, le racisme dont sont victimes les Afro-américains.

Lee Anderson, métis à la peau blanche, va venger son frère, mort lynché, car il était amoureux d'une blanche, en humiliant et tuant en retour.

Mais pour une dénonciation remarquée, Boris Vian prend des libertés.

La liberté de se présenter comme traducteur à la place d'auteur.
La liberté d'inventer Vernon Sullivan, auteur américain.
La liberté de faire un pari avec son éditeur d'écrire un best-seller, dans la veine de « Tropique du Cancer » d'Henry Miller, dans un temps très limité.
La liberté d'écrire un livre, avec beaucoup de sexe et de violence, lequel peut choquer.
La liberté d'écrire un roman sur le racisme aux Etats-Unis en étant Français.
La liberté de dénoncer un comportement américain juste après la deuxième guerre mondiale.

Cette liberté d'expression est revendiquée par Boris Vian en 1947 dans la préface, en réponse aux réactions suscitées par « J'irai cracher sur vos tombes », de son second roman écrit sous le pseudonyme de Vernon Sullivan « les Morts ont tous la même peau ».

Cette liberté sera à l'origine de poursuites pénales à l'encontre de Boris Vian pour incitation à la débauche suite à une action engagée par le « Cartel d'action sociale et morale » dirigé par l'architecte Daniel Parker.

Cette liberté est encore peut-être un peu plus mise en avant dans l'édition que j'ai lue avec la quatrième de couverture reprenant un article de 1973 de Delfeil de Ton de Charlie Hebdo : « Ils ne truquent pas, ils ne se déguisent pas. Ils sont tout entiers dans ce qu'ils écrivent. Ça ne se pardonne pas ça. Vian a été condamné. Flaubert a été condamné… ».

Une fois ce roman commencé, je n'ai pas pu le reposer. L'écriture n'est pas commune. Ce livre a généré un des grands scandales de la littérature française du 20e siècle. Il est dérangeant et violent, mais je ne regrette pas de l'avoir lu.

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L'histoire d'un blanc de peau, noir de sang qui évolue dans une société Américaine profondément raciste.
L'histoire d'un homme qui vit le deuil de son jeune frère, lynché a mort parce qu'un homme noir ne peut se permettre d'aimer une femme blanche.
L'histoire de Lee Anderson, qui décide de dissimuler ses origines pour mieux venger son frère.
Roman très fort et très dur de Boris Vian qui nous guide a travers la noirceur de l'âme d'un être en guerre contre le monde.
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Publié en 1946, best-seller l'année suivante, interdit deux ans plus tard pour pornographie et immoralité, « J'irai cracher sur vos tombes » vaudra à son auteur un procès retentissant. Écrit sous le pseudonyme de Vernon Sullivan comme d'autres romans noirs de style américain, il sera adapté au théâtre et au cinéma. C'est d'ailleurs lors de la projection du film, qu'il désapprouvait, que Boris Vian trouvera la mort à la suite d'un accident cardiaque à seulement trente-neuf ans.

Lee Anderson est un métis aux cheveux blonds et à la peau blanche, né d'une mère mulâtre dans une ville où la ségrégation raciale règne encore. Avec son physique avantageux, sa carrure de boxer et une lettre de recommandation, Lee arrive dans la bourgade de Buckton, dans le sud des États-Unis, pour y occuper un emploi de libraire. Rapidement, Lee y prend ses marques, fricote avec la jeunesse du coin portée sur le sexe et l'alcool, s'acoquine aux filles avec aisance, s'attache l'amitié d'un gars de bonne famille qui lui fera rencontrer les soeurs Asquith, deux jeunes blanches racistes issues de la bourgeoisie locale. Mais derrière son arrogance séductrice, Lee dissimule des inclinations violentes et une ivresse vengeresse, car l'image du « gosse » ne cesse d'occuper son esprit, ce jeune frère noir qui repose désormais six pieds sous terre après avoir été lynché pour être tombé amoureux d'une blanche…

On présente souvent ce roman comme un réquisitoire contre une Amérique ségrégationniste, mais je n'y ai trouvé aucune réelle réflexion politique ou sociale. La sexualité débridée y apparaît comme un instrument transgressif, censé menacer les frontières entre races. C'est aussi pour Lee un vecteur d'humiliation qui lui permet d'asseoir son ascendant sur ceux qu'il abuse grâce à son physique trompeur. Les « bonnes moeurs » ont bien changé en regard de l'après-guerre, et malgré les scènes d'abus sexuels sur mineurs et de violences faites aux femmes, on peut se demander aujourd'hui si ce roman a conservé son aura de scandale et s'interroger sur la légitimité de la violence déployée. N'est-ce pas le contraire qui serait scandaleux ?
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