Je ne suis pas une fan inconditionnelle de Delphine de Vigan mais quand, à travers des pages, l'auteur parvient à travers un exercice de style inédit à mettre un sourire sur un drame, à remuer ma conscience, à raviver mes souvenirs d'enfance et ressusciter ses émotions, intactes, au point d'en faire jaillir une larme, je me dis que ce livre, sans prétention, valait le coup d'être lu.
Ici, pas de considérations philosophiques, sociologiques, psychologiques, juste quelques dialogues empreints de tendresse et d'humour.
Les gratitudes est moins un roman destiné au bisounours qui sommeille en chacun de nous qu'un hommage à ceux (quels qu'Ils soient) dont la présence illumine la grisaille quotidienne des « vieux » (au sens noble) et les aide à surmonter cette dernière tranche de vie.
Car Il faut être jeunes pour croire que la vieillesse ne nous atteindra pas quand ce que nous renvoie le miroir semble éternellement lisse…
Jusqu'au jour où l'on ne se reconnaît plus, au sens propre et figuré...perte de repère, d'autonomie, d'indépendance, de moyens physiques, Intellectuels, pécuniaires.
Et quand tout bascule, on n'a d'autre alternative que de se soumettre et s'en remettre au bon vouloir des professionnels ou…. de sa famille.
Pour survivre à celui où celle qu'on a été.
Rester chez soi c'est impliquer l'armada des professionnels, services sociaux et médicaux, aide ménagère, infirmier à domicile, assistante sociale, toubib au moindre bobo (et Dieu sait si chaque jour apporte son lot de douleurs inédites), mais aussi et surtout, la famille qu'on a fondée, devenue le creuset de tous les petits besoins (qui deviennent le souci majeur), et de toutes les exigences puisque ses membres ont le bonheur d'être plus jeunes et valides, eux ! Et qu'en outre, ils ont la vie devant eux !!!
Être résident d'un EPHAD C'est l'autre solution quand cette même famille (entendue au sens large) n'est plus en mesure d'assumer sa mission d'assistance (mission qui peut tourner quelquefois à l'esclavage).
Alors quand les deux systèmes se complètent et qu'on rencontre une Michka, amoindrie certes, mais lucide et pleine de bons sens et d'empathie envers une jeunesse vulnérable, une Marie aimante et reconnaissante de l'amour donné, un Jérôme investi de son rôle d'aidant et à l'écoute de chaque mot, on a envie de croire que ça existe et que la mort sera plus douce.
les Gratitudes, c'est une jolie petite histoire qui réconcilie jeunes et vieux, qui rend hommage aux professionnels des EPHAD, et plus que tout, un hymne à la vieillesse…Comme le chantait le Grand Jacques :
Mourir cela n'est rien,
Mourir, la belle affaire !
Mais vieillir….oh vieillir