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sur 3305 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Même si nous n'avons pas affaire à des pages inoubliables, je ne m'associerai pas au choeur des grincheux qui qualifieront "Les gratitudes" de roman "feel good", agacés qu'ils auront été par les empathiques Marie et Jérôme qui se relaient auprès de Michka, la vieille dame qui vient d'entrer en EHPAD.
Marie, trentenaire, se souvient de ce qu'elle doit à Michka, quand, petite fille, elle allait se réfugier chez elle, faute d'avoir une mère en situation de s'occuper d'elle.
Jérôme, lui aussi trentenaire, est l'orthophoniste qui intervient auprès de Michka, devenue aphasique et de moins en moins capable de trouver les mots qui conviennent lorsqu'elle s'exprime. C'est auprès de lui que la vieille dame trouvera le soutien dans sa quête des traces de ceux qui l'ont accueillie alors que, petite fille juive, elle était sous la menace de l'occupant nazi. Jérôme manifeste ainsi sa gratitude à Michka, qui comme d'autres résidents, l'aide à guérir de ses blessures d'enfance.
Certainement moins intense que "Les loyautés", le précédent roman de Delphine de Vigan, "Les gratitudes" touchera pourtant les lecteurs pour lesquels la quête de haute littérature n'est pas une fin en soi.
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Marie la narratrice de ce court roman a pris en charge une vieille dame, ancienne voisine de ses parents. Enfant, elle trouvait souvent refuge chez cette vieille dame lorsque son appartement devenait moins accueillant et elle se serait sans doute retrouvée dans un Foyer de l'enfance sans elle. Mais Michka souffre d'aphasie (trouble du langage) et de pertes de repères. C'est pourquoi la vieille dame part dans un Ehpad. Où elle est prise en charge notamment par un orthophoniste avec qui elle se lie d'amitié. Mais rapidement la situation se dégrade. Pourtant malgré cela, Michka n'a qu'un dernier souhait : remercier enfin le couple qui durant la Seconde guerre mondiale l'a hébergée, à ses risques et périls. Ici la mémoire reste encore vive, plus que jamais.

Comme à son habitude, Delphine de Vigan décrit avec finesse les rapports humains et les sensibilités à fleur de peau. Ici la maladie est abordée avec délicatesse et bienveillance. L'auteure n'a pas peur des bons sentiments, et nous montre des êtres qui savent s'occuper de leurs prochains. Et même si les dialogues de la vieille dame peuvent se comparer parfois à ceux du Prince de Motordu, ce roman est un agréable îlot de douceur au milieu d'une littérature contemporaine qui se complait souvent dans un cynisme facile.
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Michka, Marie, Jérome...
Des vies qui se racontent...
Des vies qui se cherchent...
La puissance du Merci.
Un livre tout petit mais plein d'humanité, qui parle des petits pas, qui parle des mots qui s'envolent et de la difficulté de vieillir.
J'ai vraiment adoré ce petit livre que j'ai lu d'une traite.
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C'est le premier roman que je lis qui prend pour cadre une maison de retraite, sans être outrancièrement pathétique ou désespérant. L'effet est salvateur, et même vivifiant, car le roman ne manque pas d'humour.
Toutefois, on m'a objecté que la fin était peu vraisemblable, voire gnangnan. Je comprends... Mais quel serait l'intérêt d'une chute qui renverrait le lecteur à une morne existence quand les pages tournées l'ont moucheté de petits feux. L'infime merveilleux et les choix oscillant parfois vers la caricature servent je pense une économie de moyens, et le tout tisse un roman à ne pas oublier de prendre, aussi, comme un conte.
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C'est une belle histoire que celle de Michka, Marie et Jérôme malgré la maladie qui s'empare des mots de Michka. On sourit devant ses inventions langagières, mais on s'attendrit surtout devant les gestes qui, plus que les mercis, expriment la reconnaissance. Dès les premières pages, on est sous le charme et s'il n'y a pas à proprement parler de suspense, il y a ce mystère qui entoure l'enfance de Michka et qui se dévoile peu à peu. À qui voudrait-elle donc dire merci au soir de sa vie ? L'écriture est simple mais chaleureuse comme les personnages. J'ai beaucoup aimé.
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Michka était correctrice dans un journal, les mots étaient son domaine. Mais l'âge venant, ils s'embrouillent et lui échappent. Un court roman écrit à deux voix, celles de la jeune femme qu'elle a élevée et de son orthophoniste, sur la vieillesse, la lente extinction du corps et la solidarité humaine par-delà les générations. Dans un style pur et délicat, non dépourvu d'humour, un hommage aux mots et à leur importance émotionnelle.
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Je ne serais pas allé naturellement vers ce genre de livre à l'époque où je dévorais des polars à la suite et ça aurait été dommage. Cette lecture est un très bon moment. Ce roman à l'écriture concise et aux chapitres courts, aborde des thèmes que j'ai trouvés très touchants.

Une femme âgée en maison de retraite se retrouve en difficulté avec sa voix et avec la parole (elle inverse des mots, buttent sur certains, perd la mémoire). Elle va alors rencontrer deux personnes qui vont l'aider à surmonter ses difficultés. C'est un livre qui aborde la fin de vie, le quotidien des personnes âgées en maison de retraite mais aussi la vie des soignantes, des soignants et des proches. L'ensemble de ces thèmes est important pour moi pour diverses raisons et ce n'est bien sûr pas étranger au fait que j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Les dialogues très bien sentis touchent et restituent l'atmosphère de cette maison de retraite. Les chapitres sont écrits en étant dans la tête d'un des personnages, une idée maîtrisée par l'autrice et qui sert à merveille le propos. On peut aussi discerner plusieurs lectures, avec une réflexion sur la fin de vie (et ce que représenterait un soin palliatif par exemple) mais aussi une réflexion sur la maladie ou encore sur le pouvoir des mots, de la langue, des échanges entre générations.

Et oui, tout ça à la fois. Parfois les lectures courtes et qui apparaissent peu denses au premier abord le sont en réalité bien plus qu'on ne le pense.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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« Vieillir, c'est apprendre à perdre » et Mme Seld, qui préfère qu'on l'appelle Michka, commence à perdre ses mots… elle vieillit, les mots lui échappent. C'est tellement difficile pour cette femme si cultivée, qui a encore tellement de chose à dire…
Grâce aux visites de Marie, sa jeune amie dont elle s'est beaucoup occupée lorsqu'elle était gamine et Jérôme, l'orthophoniste qui l'a fait travailler deux fois par semaine, Michka se sent moins seule et se confie ; Elle souhaite plus que tout retrouver la famille qui l'a recueillie et sauvé de la déportation pendant la rafle… afin de leur montrer toute sa gratitude…

Ce livre nous conte avec justesse et intelligence une belle leçon de vie en 185 pages. Un concentré d'émotions ; Dire merci avant qu'il ne soit trop tard, dire aux gens qu'on les aime avant de ne plus les revoir.

L'histoire est belle, touchante, parfois on sourit, parfois on a les yeux qui brillent.

Comme dirait Michka, « Merdi » Delphine de Vigan de nous offrir un roman si doux. J'aime tellement les livres qui racontent vos aïeux.

A lire avec en fond sonore une valse à mille temps de Jacques Brel.
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C'est en lisant "No et moi" que j'ai découvert et apprécié l'écriture de Delphine de Vigan. Puis je suis restée des années sans lire cette écrivaine, sans raison... jusqu'à ce que le titre et la couverture de ce roman m'attirent.

Dans "Les Gratitudes", l'auteure aborde les thèmes de la vieillesse, de l'autonomie qui se réduit progressivement et de la dépendance qui en découle. Elle y évoque en effet le temps qui passe et balaie tout sur son passage, emportant des parties de nous, notre liberté... Elle y dépose la profondeur de la perte : perte des mots, perte d'amour, perte de contact (notamment charnel),...
Mais c'est aussi un livre sur la puissance des regrets et des non-dits, sur l'impérieuse nécessité de dire "merci" avant qu'il ne soit trop tard, dans lequel Delphine de Vigan nous interroge : "A-t-on su dire à quelqu'un qui nous est cher à quel point on l'aime et combien on le remercie?"

Le titre et le  résumé de l'éditeur sont d'ailleurs explicites :
« Vous êtes-vous déjà demandé combien de fois dans votre vie vous aviez réellement dit merci ? Un vrai merci. L'expression de votre gratitude, de votre reconnaissance, de votre dette. À qui ? On croit toujours qu'on a le temps de dire les choses, et puis soudain c'est trop tard. » 
Michèle, dite Michka, est en train de perdre peu à peu l'usage de la parole. Autour d'elle, deux personnes se retrouvent  : Marie, une jeune femme dont elle est très proche, et Jérôme, l'orthophoniste chargé  de la suivre.

Ce roman bouleversant, d'une sensibilité à fleur de mots, est essentiellement construit autour des dialogues entre Michka et ses deux visiteurs, entrecoupés par les rêves ou cauchemars de Michka.

Je me suis terriblement attachée à ces trois personnages, même si je trouve qu'il manque un peu de relief au personnage de Marie. 
Et j'ai été particulièrement touchée par l'humanité qui se dégage de Jérôme, et de la relation particulière qui va naître entre lui et Michka, teintée de partage, de respect, de tendresse et de gratitude

J'ai adoré ce livre court (lu en une journée), qui est magnifique de bienveillance et de délicatesse, avec des pointes pétillantes d'humour.
J'ai juste un tout petit bémol à exprimer pour la fin.

L'écriture de Delphine de Vigan, toute en retenue, sans fioritures, transcende ces thèmes et nous emporte d'un bout à l'autre de l'histoire sans que l'on s'en rende compte. Je soulignerais l'extrême justesse de ce récit qui, je pense, ne laissera personne indifférent, et l'infinie empathie qui s'en dégage... 
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On les utilise très tôt, à tire-larigot, et pas toujours à propos : les mots ! On commence ce roman en comprenant qu'il va avant tout être question du mot « merci », que nous ne disons pas toujours. Et on suit la relation entre Marie et la vieille Michka, qui l'a sauvée d'une misère sociale et sentimentale. Mais Michka manque de plus en plus de mots. Ils s'enfuient. Au début, elle les remplace, se trompe. Cela donne de très jolies idées comme ces « larmes [qui] se sont mises à hurler », cette femme qui ne prend plus la peine de s'habiller et reste en « robe des champs comme si c'était du plus grand choc » …

De très jolies idées qui dissimulent en outre une part de vérité : les résidents de la maison de retraite sont d'abord évoqués comme des « résistants », puis des « résignants ». Et n'est-ce pas aussi ce que nous montre ce roman ? Michka fut correctrice dans un journal ; une femme forte, qui n'a pas eu une vie facile mais s'est assumée. Et vient le jour où elle reste clouée à son fauteuil. « C'est venu d'un coup. du jour au lendemain ». Elle a peur, « ça s'échappe », elle ne peut plus se lever et ne peut donc plus vivre seule. La maison de retraite s'impose alors. A ce moment, elle parle encore beaucoup, à sa manière. Elle garde encore sa vivacité d'esprit, ses remarques très pertinentes, comme ce jour où elle demande au jeune orthophoniste pourquoi on les appelle toujours « les personnes âgées » : on ne dit pourtant jamais « les personnes jeunes » ? ! Appelons un chat un chat : ce sont des « vieux », à contrario des « jeunes ». A ce moment, elle a encore ses petites doléances, ses petites gourmandises : les chocolats de Mme Danville, son dé à coudre de whisky (qu'elle cache au fond de son placard sous ses pulls !), ses petites critiques sur « celle qui se prend pour Grace Kelly »…

Puis les pages se tournent, les mots se perdent, les échanges de mots sont remplacés par des pointillés, on la comprend de moins en moins. Elle se fane. Et là, la première de couverture s'impose à nous : un coquelicot ! Cette fleur, sauvage, vivace, éclatante, ne soufre pas qu'on la déracine, qu'on la cueille, qu'on lui change son environnement. Elle se fripe alors, se ferme, et on la perd. Ce roman nous donne à comprendre la tragédie de l'âge : « Vieillir, c'est apprendre à perdre. Encaisser, chaque semaine ou presque, un nouveau déficit. […] Et plus rien ne figure dans la colonne des profits ». « Des petits pas, des petits sommes, des petits goûters, des petites sorties, des petites visites » : ne plus voir la vie en grand et vivre en petit. Chacun voit cela dans ce roman, le ressent fortement, ressent cette empathie et a envie de changer, de monter dans la voiture pour aller voir sa mamie, de préparer un gâteau aux pommes pour son « vieux » voisin… Discuter avec eux, être là !

Pour ma part, j'ai aussi vu un roman sur le poids des mots. C'est un récit qui nous aide à comprendre leur valeur. « Les mots abîment » quand ils sont là parfois : les menaces, les insultes, les critiques… Mais les mots abîment aussi quand ils ne sont pas là.
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