Cinq-Mars passe pour l'un des premiers romans historiques français, on peut aussi le qualifier de romantique et surtout le classer parmi les meilleurs.
Le jeune Henri d'Effiat marquis de
Cinq-Mars jeune noble de province est repéré par Richelieu pour en faire un proche du roi
Louis XIII sur lequel il a pris l'ascendant par ses qualités d'homme d'état et par la faiblesse de caractère de ce roi plus porté sur les arts que sur la politique.
Hélas pour le cardinal
Cinq-Mars est troublé par le procès inique des possédés de Loudun qu'a manipulé Richelieu et surtout déçu par l'opposition à son mariage avec Marie de Mantoue pour laquelle le ministre à d'autres projets. Dorénavant
Cinq-Mars fera partie des ennemis de Richelieu qui sont nombreux et comptent l'essentiel de la noblesse française que le cardinal affaiblit au profit du royaume.
Le naïf
Cinq-Mars va se retrouver à la tête d'une conspiration pour déposer Richelieu ourdie par les grands du royaume et pour laquelle
Louis XIII ne semble pas hostile.
Dès lors les aventures, rebondissements et trahisons se succèdent comme chez Dumas. Les sentiments sont extrêmes. L'amour et l'amitié sont exaltés mais la lâcheté, la duplicité, la coquetterie et la raison d'état vont faire le reste pour perdre le malheureux
Cinq-Mars, qui en bon romantique n'accepte aucun compromis et va au bout de son destin. La politique triomphe avec de tristes moyens mais finalement pour le bien du royaume, de l'état. Voilà une leçon bien connue à toutes les époques.
Vigny plus connu comme poète que comme romancier réussit un roman d'action qui respecte la vérité historique avec de magnifiques portraits même si l'on sent son parti pris contre Richelieu et ses sbires mais il n'est guère indulgent vis-à-vis du roi et de la grande noblesse qui a perdu son rang par lâcheté. Seul
Cinq-Mars semble avoir son indulgence même si sa naïveté et son sens de l'honneur le place parfois au bord du ridicule.
Le grand vainqueur est l'écriture,
Vigny dans un style superbe et nerveux embarque son lecteur, dans une langue qui n'est plus celle de
Molière mais qui garde la saveur et le brio du Grand Siècle.