Pour appréhender le talent de
Marc Villard dans sa véritable dimension, il faut lire ses nouvelles noires chez Rivages, et découvrir son style de poète et de musicien. Pour découvrir son humour, sa tendresse et sa dérision sur lui-même, il faut lire ses nouvelles d'auto fiction toutes disponibles chez Folio. Ici, il fait de la novela, moins long qu'on roman, plus long qu'une nouvelle, exercice auquel il s'est prêté aussi dans "
Petite mort sortie Rambuteau" et "
Quand la ville mord". Personnellement, j'ai un gros faible pour "
Un chat, deux privés, dix Corona", je mettrais en 2 "
Quand la ville mord" et en 3 "
Petite mort sortie Rambuteau".
D'abord sans doute parce que j'aime bien le film de
Robert Altman qui sert de cadre à cette intrigue. En effet, sur le tournage du film le Privé, d'après Chandler, Elliot Gould se prend de sympathie pour le chat qui partage les premières scènes avec lui. Mais le greffier disparaît brutalement et Elliot engage Jack Rivera, un détective désabusé qui erre entre Los Angeles et Tijuana. C'est donc la deuxième raison pour laquelle j'aime cette novela. Parce qu'ici, on ne cherche pas un magot ou une belle pépée, mais un chat. Et enfin et surtout parce qu'il se dégage un charme étrangement californien de l'ensemble, d'autant plus remarquable que
Marc Villard a peur de l'avion et n'a jamais mis les pieds en Amérique. Cette fausse désinvolture nait de la culture de l'écrivain en matière de roman noir, et surtout de son style qui swingue sans clinquant. "Classieux", comme aurait dit l'autre.