En symbiose avec la nature, elle laissa son esprit dévier et ses pensées dériver. Elle songea à la toute-puissance du soleil, source de vie, de joie et de réconfort, qui l'enveloppait en ce moment de son agréable chaleur. Puis, elle pensa à la polyvalence du vent, capable de la plus grande robustesse pour déplacer des voiliers et faire tourner des moulins, mais aussi de la plus grande délicatesse pour prodiguer des caresses aussi douces que de la soie sur le corps, que le pelage d'un félin sous les doigts, qu'un tendre baiser sur les lèvres...
Trois jours, c'était sans doute très vite passé lorsqu'on était occupée, mais lorsqu'on occupait ses journées à attendre, c'était bien autre chose. Alors, le temps s'écoulait à une lenteur languissante et les secondes paraissaient des minutes; les minutes, des heures; les heures, des jours; les jours, des semaines... Or, comment remplir le vide de trois jours ayant toutes les apparences de trois semaines?
Qu'elle regrettait maintenant de s'être réfugiée dans le champagne comme on s'appuie sur une épaule compatissante ! À présent alanguie, les sens engourdis, le discernement défaillant, elle se sentait prisonnière des bras possessifs de l'alcool, alors même qu'elle aurait eu besoin de sa pleine liberté pour empêcher la situation de dégénérer à son corps défendant.
Rien n'était plus beau ni plus apaisant au monde que des enfants assoupis, avec leurs petits yeux fermés, leurs petites bouches entrouvertes, leurs petites joues rebondies et leurs petits poings potelés. Quelque irritation qu'ils aient pu causer durant la journée, le calme et la candeur qui se dégageaient de leur sommeil étaient propres à inciter au pardon.
Comme cela se produit quelquefois, il ne s'aperçut réellement qu'il était amoureux que lorsqu'il dut quitter l'objet de son amour pendant plusieurs jours.