Ne plus y penser...
Comment Liv, cette mère de famille bien sous tous rapports, en arrive-t-elle à oublier l'inoubliable, son fils ?
Le petit Lino, trois ans et trois mois.
En plus, elle est coutumière du fait.
Les commerçants et autres caissières de son quartier le lui ramènent fréquemment.
Il faut dire que Liv à la tête ailleurs.
Dans une mission mariage qu'on lui a confiée, notamment.
Mais pas que.
Le cerveau en ébullition permanente, elle pense à mille choses à la fois, elle s'éparpille.
Bien sûr, elle sait qu'il existe, le petit Lino, mais à quoi bon se soucier, de toute façon il revient toujours à la maison... enfin, presque...
Inutile de dire que le lecteur peut s'agacer devant un tel personnage.
Étrange roman qui inaugure les futurs écrits consacrés à des vies de femmes par
Angélique Villeneuve.
Ici, déjà, l'homme est ombre, fantôme, on le devine.
Il existe, pourtant, mais il est secondaire, enfin, pour le chef de famille, parce qu'il y a un autre homme important dans le récit, l'un de ces invisibles, justement, de ceux que la société aimerait mieux ne pas voir. Angélique, elle, le sort de son milieu de misère pour une étrange rencontre.
Un roman déroutant, dérangeant peut-être parfois.
Partagé entre pitié et colère envers cette mère énigmatique pour laquelle on éprouve peu d'empathie et qu'on a plutôt envie de secouer.
Étrange aussi, le monde dans lequel la romancière la fait évoluer.
Ces noms, qui font que l'on ne sait même pas très bien, par moments, où situer l'action.
Elle a de l'imagination notre écrivaine, ou alors, si elle a pris les noms dans ses contacts personnels, elle a de bien curieuses connaissances...