AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,83

sur 199 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Donc il y a des gentils qui sont méchants et des méchants qui sont gentils, la vie est une coquine confuse qui se cache dans les gris »

Hop, j'ai terminé mon petit commentaire, puisque cette simple phrase résume idéalement l'esprit de ce roman.

Nan mais j'ai quand même envie de m'attarder encore un peu dans ce Camp des autres (mon deuxième Thomas Vinau). Car ici, comme dans La part des nuages (mon premier Thomas Vinau), il y a des arbres. Plein. Toute une forêt même, abri providentiel d'un enfant en fuite, et royaume clandestin de la Caravane à Pépère, cohorte hétéroclite de marginaux, insoumis, exclus, excentriques, excommuniés, récalcitrants et autres ébréchés de l'existence en rupture de ban.

Ça grouille de vie au fond des bois, et là chaque mot de Vinau donne à les vivre, à en humer l'humus, à en effleurer les mousses.

Ça grouille de vie aussi dans la Caravane à Pépère, et c'est une galerie de portraits formidables qui se déploie par la langue inspirée de Vinau et sous les yeux d'un enfant ébloui par la puissance de cette liberté noble et farouche.

Liberté, Thomas Vinau écrit à nouveau ton nom dans les frondaisons. Et c'est encore très bon.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
Commenter  J’apprécie          8413
« C'est fini!
Nous avons saigné et pleuré pour toi. Tu recueilleras notre héritage.
Fils des désespérés, tu seras un homme libre! »
Cette citation de Jules Vallès tiré de « l'insurgé » vient clore ce Camp des autres beaucoup trop tôt tant j'aurais aimé prolonger le voyage. Prolonger un voyage au coeur des mots de Thomas Vinau.
La dernière page tournée, je n'ai pas pu fermer le livre. Pas envie de défaire la valise, pas tout de suite, pas comme ça. Pas comme on passe à autre chose, nous les héritiers qui petit à petit dilapidons les combats des anciens… Alors j'ai repris une page au hasard et j'ai relu, puis une deuxième, une troisième et encore, encore, encore… un peu… s'il te plait.

Ce camp des autres, c'est celui que les gens biens, craignent, mettent à l'écart ou aimeraient effacer d'un coup d'oeillère. C'est le camp des exclus de tout horizon, des bandits de grand chemin, des déserteurs, des braconniers, des manouches, des saltimbanques, des rêveurs, des révoltés, des insoumis, des gens de rien. C'est le camp des Robin des bois dont les signes de ralliement sont synonymes de coeur et d'éthique contrairement aux apparences. C'est le camp de ceux pour qui famille est un lien du sans, un choix, une solidarité. C'est le camp de la nature, de la forêt qui accueille ce gibier de potence, le protège des puissants chasseurs bien pensant.
J'avais envie de continuer la route en compagnie de Gaspard, ce gamin chair à malheur, fuyant la noirceur et le drame de ses premières années au début du XXe siècle. Que j'aurais aimé que se prolonge la période où il prend conscience, entre crainte et fascination, que son futur ressemblera au présent de ses compagnons d'infortune. Il connaitra ses premiers instants de bonheur. Un bonheur simple, celui d'être ensemble, d'être dans le camp des autres quoi.
Pas envie de les quitter, je suis si bien avec eux, presque léger malgré le poids du destin, malgré les morsures du froid du coeur de l'homme. Il y a des chaleurs humaines qui pansent bien des plaies, qui protègent bien mieux que toutes les polices.

Inspiré de faits réels, nous sommes au début des brigades du tigre et déjà à l'époque Clemenceau envoyait la police contre les miséreux pour rassurer le bourgeois. Un siècle plus tard rien n'a changé mais je m'égare… si peu.
Quelle belle lecture. Plus qu'un livre, c'est presque un recueil de poésie où chaque portrait est tracé à la sanguine, noirci au charbon, jauni au temps qui passe. Chaque branche, chaque feuille, chaque buisson de ronces est une respiration. Chaque goutte de pluie ou de rosée, chaque souffle de vent est une caresse, un murmure.

L'écriture de Thomas Vinau est juste terrible, belle, magnifique enfin je ne sais pas si elle est très « littéraire » et je m'en tape, elle est poétique à souhait et correspond complètement à ce qui me touche, à une part de ma sensibilité. Que demander de plus? Un prochain bouquin siouplait m'sieur.
J'avais déjà été conquis avec La part des nuages, le camp des autres confirme que Thomas Vinau fait maintenant partie des auteurs dont je vais attendre les prochaines publications avec impatience.
Sinon… j'ai adoré. Merci m'sieur Vinau.
Commenter  J’apprécie          7526
La nuit, un jour. le hasard d'une rencontre, et cette promenade dans l'obscure forêt qui entoure mon âme. La lune bleue n'illumine plus la clairière de la vie, elle s'enfuit à l'ombre des nuages, là où l'âme miséreuse ne peut la regarder, la sublimer. Un vent souffle, emportant tous ses parfums, de la résine de pins à la fleur de jasmin. Quelques étoiles, pour lesquelles on ne croit plus, j'hume ces 3 heures du mat', le meilleur instant de la journée, de cette vie, à peine recroquevillé pour garder une once de chaleur en moi. Un bouquin sur les genoux, qui sent plus le sapin que le jasmin. Je me trouve dans cette forêt aux milles senteurs, qui chatoient mon âme nocturne. C'est une putain de rencontre, peut-être la plus belle plume de l'année précédente. J'ai été émerveillé par la poésie de l'auteur.

En une nuit, j'ai visité « le camp des autres ». J'y suis resté plusieurs nuits, tant je me suis senti à mon aise, longtemps j'ai observé, jusqu'à ce que le temps s'estompe dans ma mémoire. le jour est apparu, le soleil est venu. La nuit est réapparue, pas la lune. Je fais avec, désormais. Tristement, je sens ces herbes sauvages qui s'envolent des pages comme les volutes d'une cigarette laissée à l'abandon dans un cendrier à la terrasse d'un café. Je n'ai jamais autant senti dans un bouquin, une ode aux parfums de la nature. Respire. Inspire. Fraîcheur d'hiver, senteur de la forêt. Une petite fumée sort de mon corps chaque fois que je respire, ce souffle qui s'échappe c'est un peu de mon âme qui s'enfuit. Et pendant ce temps, un petit enfant erre dans cette forêt. Et moi, en sauvage que je suis, je le poursuis, les pages se tournent comme le feuilles qui s'envolent. La brume entoure la brume. Elle devient intense, comme le plaisir que j'ai à lire cet étonnant bouquin, dans le genre jamais lu jusqu'à présent. A la limite, je me fous de Gaspard, probablement mon coté peu sociable qui ressort même dans mes lectures, mais je respire ces sensations olfactives parce que ce putain de bouquin est rempli d'odeurs et d'émotions.

C'est souvent l'heure des bilans à l'aube d'une nouvelle année, d'une vie ou d'une forêt. Pas besoin de revenir sur les souvenirs passés, les mots sont encore présents en moi. Et l'atmosphère. J'ai découvert de grands auteurs cette année, et parmi ceux-là, Thomas Vinau fut la plus grande surprise. Je ne m'étais pas attendu à ressentir tant de parfums et d'émotions dans cet auteur français qui écrit presque du nature-writing à la française. le pic épeiche s'envole, un loup hurle la mort ou la tristesse d'une putain de vie – c'est la même chose, le vent fredonne sa mélodie façon onomatopées saccadées comme un saxo alto jouant un jazz libéré, le bison finit son verre, le silence en main, le coeur perdu dans l'immensité de cette forêt.
Commenter  J’apprécie          637
Attention Pépite !
Ah LA LA LA … ! dès la première page vous allez être projeter dans le camp de Thomas Vinau pour l'éternité !
impossible de me libérer de son emprise ! une très belle écriture vous embarque , une histoire vraie, bouleversante sur des thèmes au coeur de nos faits de société : les relations filiales, la violence, la fugue adolescente..; un parcours difficile pour le jeune homme, mais le lecteur reste sur "le fil du rasoir" soupoudré par la plume poétique de l'auteur et qui vous cueille au plus profond de vos entrailles ! ...pas de résumé de ma part ! PLONGEZ vite et LISEZ !
Une écriture singulière et très personnelle qui ne laisse personne indifférent, je vous recommande "Ici ça va " et "Une part de nuages" mes coups de cœurs 2018
De la part d'un babelinaute qui m'a fait connaître l'excellent et étonnant blog de Thomas Vinau :
ETC-ISTE
Commenter  J’apprécie          6222
1907. Clémenceau vient de créer les « Brigades Régionales de Police Mobile », les célèbres « Brigades du tigre ». Brigades qui s'illustreront par le démantèlement de la Bande à Bonnot…

Point de bande de malfaiteurs ici. Non : juste la « caravane à Pépère », un regroupement de « chevaux de retour, de propres à rien » aurait chanté Brassens ; en fait un agrégat de traîne-savate, de gitans, trimardeurs, voleurs de poules, et Gaspard… On est à la foire de la Tremblade qui verra la première action spectaculaire des fameuses brigades.
Mais avant ça, on suit Gaspard : il s'enfuit. Il court. Il est blessé, son chien aussi, qu'il doit porter. Il se cache. Braconne… Il sera « récupéré » par une espèce de sorcier herboriste, Jean-le-blanc, avant de partir sur la route avec Sarah la belle, « belle parce qu'elle est libre… », de « la caravane à pépère ».

« Le camp des autres », mon second coup de cœur de 2018, et nous entamons tout juste février ! Ça commence fort…
« Le camp des autres », un petit bouquin dont les courts « chapitres » amènent un rythme fou : d'abord celui de la fuite de Gaspard, après un drame. Ensuite celui de la fuite devant les brigades de police chères à Clémenceau et à son compère Sébille, le tout de la forêt à l'océan…

Une découverte pour ce qui me concerne, alors qu'il s'agit du quatrième romande Thomas Vinau. Il me tarde de découvrir rapidement les précédents, de même que sa « production » poétique… Une vingtaine d'ouvrages…
L'auteur se réclame de Giono, Bosco, London… sans doute pour le côté nature…
Il évoque également Woody Guthrie … pour le côté trimardeur et révolté, probablement, Jules Vallès, aussi…

Bref : Un beau texte remarquable par le style, une histoire vraie magnifiquement menée… Un joli coup de coeur qui sent le sous-bois après la pluie ; et le vent vivifiant de la révolte sur fond de débrouille…
Commenter  J’apprécie          566
Une ruade libertaire .
Une ode à l'homo selvaticus.
Une échappée belle du côté des anars, des gens de sac et de corde, des insoumis, des marginaux.

Le camp des autres est une secousse salutaire, une rencontre en terre de liberté, un vrai poème.

Mais un poème qui s'ancre dans une réalité historique : la première - et lamentable- expédition punitive des Brigades du Tigre de Clémenceau contre les gens du voyage, à la foire de la Tremblade, en 1907.
On y croise la caravane à Pépère, et Raymond La Science, qui fourbit déjà ses machines explosives pour la bande à Bonnot...

Pour moi, j'ai presque regretté cette tardive incarnation historique d'un récit qui me paraissait, d'abord, affranchi de toutes les règles : la cavale sylvestre de Gaspard, avec son chien blessé, sa rencontre et son lent apprivoisement par Jean-Le-blanc, l'herboriste, ses frasques avec ceux de la caravane à Pépère suffisaient à mon bonheur- emportée que j'étais dans un torrent d'images, d'odeurs, de bruits, et par la langue magique de Thomas Vinau.

Je garde comme un talisman l'évocation puissante de la forêt, la nuit- avec ses mains de fourrure , ses mille bruissements de bêtes et ses caches de feuilles, douces aux fugitifs.

Merci à toi, Terrains Vagues. Je retournerai chez Thomas Vinau voir de quel bois se chauffe la poésie..
Commenter  J’apprécie          516
Il y a un moment que je vois passer des critiques élogieuses et qu'il me faisait de l'oeil celui-là ! Lu il y a quelques jours et comme tout bouquin qui me transporte, les mots me manquent. Je résume aux qualificatifs que j'ai éprouvé : liberté, anarchie, injustice, exclusion, solidarité, marginalité, nature, grandir. Difficile de quitter ce petit bonhomme des bois. Merci à ceux qui, en posant leurs critiques, m'ont fait découvrir cette pépite.
Commenter  J’apprécie          487
Vinau chante sublimement la forêt, la nuit, la liberté, la différence … C'est un vrai magicien qui fabrique des images et des atmosphères sensibles dans l'imagination des lecteurs. Peu d'action mais quelle vivacité, quelle fougue dans les discours de ces parias, Jean-le-Blanc ou le Général …

Le camp des autres, c'est la forêt où les marginaux, les réprouvés, les brigands, les anarchistes, les bannis, les bohémiens, les filles de joie, les éclopés de la vie trouvent refuge. Une soixante d'entre eux se sont regroupés en bande, appelée la Caravane à Pépère. le roman revient sur l'arrestation de cette bande en juin 1907 par les Brigades du Tigre, étape « naturelle » après la mise en place du délit de vagabondage et la création d'un registre de fichage de tous les itinérants arrêtés. Etape intermédiaire dans l'avènement de la police moderne et dans la création d'un Etat toujours plus clivant et plus liberticide. L'auteur dédie son roman aux sans-famille, aux sans-abri, aux sans-papiers, aux sans-patrie, bref à tous ceux que les braves gens préfèrent ne pas voir chez eux.

Un énorme coup de coeur et le début d'une nouvelle histoire avec Vinau.
Commenter  J’apprécie          2710
Dés les premières pages j'ai été happée par la plume, le langage de l'auteur qui décrit si bien la nature, la forêt, les odeurs, le froid qui entoure Gaspard et son chien, tous deux tapis dans les ronces. S'ensuit la rencontre avec Jean-le-Blanc, un reclus de la forêt, un beau personnage à découvrir. Mais il n'est jamais très seul cet homme de la forêt, des bohémiens, des voleurs, diseurs de bonne aventure, des romanichels, des laissés pour compte lui rendent visite, c'est une joyeuse bande de marginaux, ceux de la Caravane à Pépère qui défraya la chronique au début du XXe siècle.
Un très beau texte qui fait écho à nôtre époque et dédié aux sans-famille, sans-abris, sans-papier, sans-patrie. Un très beau texte, lumineux et empli d'humanité.
Commenter  J’apprécie          230
Encore un Thomas Vinau qui a su me toucher droit au coeur!
Gaspard est un enfant qui fuit, très mal en point, la cruauté de son père alcoolique, en portant dans ses bras son chien blessé.
La forêt l'accueille, le recueille et c'est d'une plume poétique que Thomas Vinau nous y invite aussi.
J'ai eu un instant envie de rester au milieu de ces arbres, de cette faune et de cette flore grouillante, odorante, humide mais il m'a fallu poursuivre car Gaspard avait faim, et froid, et besoin de se poser.
Dans une sorte de refuge , Jean-Le-Blanc le fait dormir, manger, et le soigne . Il veut lui apprendre les plantes et les reptiles. le corniaud de chien se trouve bien aux pieds de ce drôle de bonhomme.
Mais Gaspard poursuit sa route, sur la trace de ceux que la société rejette, dont les hommes se méfient, que la maréchaussée poursuit, que la police aimerait écraser pour les empêcher de nuire.
L'histoire de la "Caravane à pépère" est une histoire vraie.
Commenter  J’apprécie          152




Lecteurs (394) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1227 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}